Un jour...

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique Jeunesse. Cet album s'adresse à de jeunes enfants. On y découvre un petit garçon qui est confronté à plein d'interdictions ou qui doit se plier aux règles des adultes qui l'entourent, ce qui crée chez lui des frustrations. Interdiction de manger des bonbons sans autorisation, obligation de tenir la main de ses parents... Lui rêve d'avoir un chien au lieu de son vieux chat, d'aller voir au cinéma des films qui font peur au lieu de dessins animés, de devenir un héros et de changer le monde, de vivre dans une cabane... Un jour, il sera grand et pourra faire tout ce qui lui plait. Et il pourra lire des histoires à ses parents en se souvenant de quand il était petit. Les dessins illustrent bien les souhaits de l'enfant et tout ce qu'il peut imaginer de sa vie d'adulte. Un album qui amène une discussion avec les enfants sur les frustrations qu'ils peuvent rencontrer et sur leurs visions de leur vie d'adulte. Et qui permet de leur faire comprendre que même à l'âge adulte, il existe des obligations et que l'on ne fait pas toujours ce que l'on veut même quand on est grand.
Merci à Babelio et aux Éditions de la Martinière.

Hou qu'il n'est pas content, ce petit garçon-là ! Mais il s'en fiche, un jour, il sera grand et alors là… Assis à la table du dîner, en famille, il maugrée, pfff qu'est-ce qu'il s'en fiche de la boite de bonbons, d'être puni ou de devoir tenir la main (entre autres), parce quand il sera grand, un jour, ses parents regretteront de ne pas avoir voulu lui acheter un chien (le sien sera tellement affectueux), qu'il inventera un rasoir connecté à son smartphone qui transformera ses poils de moustaches en note de musique et en rayons laser, et que ce sera lui qui racontera une histoire à ses parents avant qu'ils ne s'endorment (entre autres). Et là, il se souviendra de quand il était petit… Un album grand format à proposer dès 4 ans aux petits grognons ou aux pressés de devenir grand, pour leur rappeler de profiter de ce temps béni où ils sont petits ! Les illustrations sont super chouettes en plus.

Voilà un album plutôt agréable à lire avec ses dessins colorés et détaillés. Un livre qui répond à cette irrépressible envie de grandir qu'ont les enfants, sur le mode "Un jour je..." équivalent à "Quand je serai grand...". Mais est-on vraiment plus libre quand on fait ce qu'on veut ? Quand on est adulte ? D'ailleurs adulte n'implique pas de "faire ce qu'on veut", mais surtout beaucoup de responsabilités - comme celle d'élever un enfant, par exemple.

De ce point de vue cet album répond de manière détournée à ces questions, sans forcément impliquer de morale (l'enfant rêve de se gaver de bonbons, de s'affranchir du père Noël - mais au fond est-ce vraiment souhaitable ?), plutôt en mettant en scène cette opposition régulière de l'enfant aux adultes, à partir d'un certain âge.

J'ai eu l'impression que cet album s'adressait plus aux adultes, ou du moins nécessitait des explications pour être compris par un enfant (de presque 4 ans). Surtout avec cette petite touche mélancolique à la fin...

Pâle copie à mon sens de la part de Guillaume Guéraud dont j'ai pourtant lu jadis une excellente chose plus adulte, "Je mourrai pas gibier". Seul le dessin de Sébastien Mourrain m'a bien parlé, léger, attrayant, tout sourire, positif, plein de petits détails qu'on s'amuse à relever.

Pour le reste, le garnement se plaint de tout. Tout est négativité, méchanceté gratuite et confrontation parents/enfant/soeur. Nulle morale ne vient contraster l'affaire, nulle éducation non plus. On reste dans le conflit et les mauvais sentiments. Pire, lorsque Tom Sawyer ou TomTom et Nana font une bêtise, se vautrent en grossièreté ou autres, ils mesurent la portée de leurs actes, ils le font en bonne conscience, ce qui apporte une note éducative au jeune lecteur qui jubile des âneries de ses héros, mais prend la mesure des limites. Ici, rien. On reste en permanence sur la voix de l'égoïste mioche qui pense déjà tout savoir sur tout ("ex : "Et ils regretteront de ne pas avoir voulu m'acheter un chien pareil quand j'étais petit").

Je ne perçois pas la portée éducative à tout cela ? Je peux concevoir alors qu'on prenne le parti-pris de la voix de l'enfant, mais dans ce cas, la pensée semble trop articulée, les phrases trop bien ficelée pour toucher à la vérité. Je ne crois à rien dans ces pages, gentiment expédiées par les éditions De La Martinière via les masses critiques Babelio. Une fois n'est pas coutume, je reste vraiment sur ma faim, pas du tout convaincu.

Nous rirons beaucoup de ce catalogue de résolutions d'un petit garçon qui se refusera au bien fondé des punitions de ses parents ou tout simplement qui boudera ce qu'un petit de son âge devra faire, pour finir son assiette, aller à l'école, pour avoir son animal préféré, pour manger des bonbons quand il veut.

" Quand je serai grand", voila le mot que brandira la petite frustrée, et en gros il pourra faire tout ce qu'on lui refuse.

Bien entendu, c'est la vue d'un petit qui n'a pas l'expérience d'un grand et nous sourirons de ces projections de liberté joyeusement fausse pour un peu se consoler de n'être encore que trop petit.

La revue des privations sera pleine d'humour.

" Je m'en fiche des monstres.

Un jour, j'aurai des poild comme eux.

Mais je me raserai la moustache

parce que ça pique et c'est moche.

Mon rasoir sera connecté à mon smartphone

et avec je pourrai transformer mes poils

de moustaches en notes de musique

ou en rayon laser..."

Un peu d'observation, d'imagination de quand je serai grand et vous obtiendrez des mots d'enfants irrésistibles.

"- Ça y est? a demandé ma mère. Tu as fini de râler? Tu es calmé?

-File te laver les dents et au lit! a ordonné mon père.

- Je m'en fiche d'aller au lit.

Un jour, je me coucherai tard si je veux. Et je raconterai une histoire à mes parents avant qu'ils s'endorment..."

J'ai adoré le texte de Guillaume Guéraud qui m'a beaucoup fait rire. Je m'y suis retrouvée enfant face à ces situations où l'on a l'impression que les parents ont droit à beaucoup plus de choses que les enfants.
Le trait de Sébastien Mourrain correspond très bien à l'histoire et sa version de l'adulte qu'on rêve de devenir me plait bien.
Lien : http://boumabib.fr