"Suis-je vraiment prêt à partir en harrag moi aussi, et la laisser seule moisir dans l’attente et le chagrin d’amour ? Ou, au contraire, condamné à traîner toute ma vie comme ça en bohème dans les rues de Bab El Oued, sans boulot ni aucun centime dans la poche, ne serait-ce que pour offrir un café à un ami ? Dilemme ! Chaque fois que je la rencontrais et lui en touchais mot, Lamia me lançait des regards de travers, noirs, perçants, venimeux. J’apercevais, dans ses yeux en amande couleur châtaigne tirant sur le roux, quelque chose d’aigri et de mélancolique, un volcan qui écume de colère, comme menaçant les nuages avec ses laves. Terrible !"
"Je ne sais pas encore que compter est la pire des choses qui puissent étrangler un homme dans la vie. Compter l'argent, les heures du travail, les jours de repos, les fiches de paie, les déclarations d'impôts, les sollicitations d'amis, les ennuis, les fatigues, les déceptions, les trahisons...Compter n'a pas de sens, mais n'a pas de limites non plus."
De si près, Marseille me paraît maintenant comme un soldat géant que harcèlent d'immenses épées solaires. Ce python au corps sonore a trop de bouches pour parler, trop d'oreilles pour écouter, trop de pieds pour marcher, et extériorise un grand tumulte intérieur. C'est une ville qui a du chien, palpitante de vie, toute en senteurs, toute en saveurs. Une fée qui crache l'azur d'une lumière rendue triste par un grand départ