La dernière page tournée, je n'ai pu m'empêcher de penser au livre "la jeune fille et le fleuve", lu il y a deux ans, je crois. Comme dans le livre de Bernard Housseau, il 'agit, pour une bonne part, d'une histoire de rapprochement entre deux personnalités que beaucoup de choses opposent. L'histoire contée par
Anne Guglielmetti (encore une romancière que je ne connaissais pas) est profondément touchante parce qu'elle met en scène des êtres simples, sensibles aux petits bonheurs du quotidien. L'histoire ne se limite pas à ces deux personnages puisqu'il faut bien trouver un terrain de rencontre, un lieu qui joue un rôle à part entière dans le déroulement des faits. Dans l'autre livre que j'évoque, le troisième luron était le fleuve, la Garonne. Dans ma nouvelle découverte, c'est un jardin abandonné.
Le fil de l'histoire n'est pas d'une très grande originalité, mais il tient. Un jour, Mariette Copiel reçoit le courrier d'un notaire lui annonçant qu'elle hérite d'une lointaine cousine. L'objet de l'héritage c'est une petite maison abandonnée dans un hameau en plein milieu de la campagne normande. Pour cette femme qui n'a jamais rien possédé, la nouvelle fait l'effet d'un coup de tonnerre terrifiant. Toute sa vie, Mariette a été femme de ménage, plus ou moins domestique, employée par des patrons peu généreux et surtout peu soucieux de son bien être. Elle loge dans un appartement minuscule sous les toits de la capitale, et cette folie lui coûte déjà plus de la moitié de son revenu mensuel. L'annonce de cet héritage la déboussole complètement, même si elle sait parfaitement qu'il ne s'agit pas d'un château en Espagne. Premier effet : elle donne son congé à sa patronne, plutôt estomaquée, puis organise et finance un voyage à Saint-Evroult-Notre-Dame-des-bois. Pour quelqu'un qui n'a jamais quitté Paris, jamais voyagé, c'est sacrément compliqué. Je vous passe les péripéties de cette entreprise.
Mariette découvre la petite chaumière entre deux grands arbres, au milieu d'un jardin ensauvagé. Elle se prend d'affection pour les lieux (après moult tergiversations) et décide de s'y installer. Bien que le hameau de la Gonfrière soit pratiquement désert, son arrivée n'est pas passée inaperçue. Une jeune adolescente, fille d'un professeur plus occupé par ses femmes successives et son travail que par l'éducation de sa descendance, observe attentivement les premiers efforts désordonnés de la vieille dame pour prendre possession des lieux.
Entre elles, progressivement, va se nouer une relation difficile, faite de petits échanges quotidiens, de silences bienveillants et de questionnements multiples. C'est empreint d'humanité, de délicatesse, de poésie...
La suite à découvrir dans les 95 pages de ce court roman. Vous n'aurez pas le temps de vous ennuyer. La fin proposée par l'auteur est à la hauteur de ce récit palpitant. Encore une écrivaine que je vais suivre de près.