Les temps changeaient, dans la lenteur rapide des temps.
Tout, d'ailleurs, est le début d'un mystère. Les faits y compris. Ou bien leur absence. En doutez-vous ? Lorsque rien n'arrive, il se passe un miracle que nous ne voyons pas.
Mais, à ce lever du jour, il savait et pensait : qu'on ne pouvait jamais apprécier, exactement, vraiment, les choses belles ou bonnes, qui arrivaient. Parfois parce qu'elles survenaient vite et de façon inespérée, on n'y était même pas encore prêt. Ou alors elles étaient attendues, et alors elles n'avaient pas la même saveur des bonnes choses, ce n'était qu'une grossière imitation. Ou bien c'était parce que les autres choses, les mauvaises, continuaient aussi, d'un côté et de l'autre, sans laisser place nette pour les bonnes. Ou parce que d'autres choses manquaient encore, survenant en des occasions différentes, mais qui n'arrivaient pas à former avec celles-ci, un tout complet. Ou enfin parce que, même lorsqu'elles arrivaient, on savait qu'elles s'acheminaient vers leur fin, rongées par les heures, en train de se défaire...
Il avait quitté la fête à ses débuts, s'étant à peine aperçu de sa présence ; car la vie ne lui permettait pas d'écourter son sommeil : il s'étirait au moment de s'endormir, pour gagner du temps au réveil.
La vie est une méconnaissance constante, progressive...
Il a dit qu'il était sain, mais que, en voyant l'humanité déjà folle, et à la veille d'une transaliénation plus grande, il avait inventé la décision de s'interner, volontaire : ainsi, lorsque la chose deviendrait pire qu'infernale, il serait déjà en sécurité là, avec un lieu, un traitement, et une défense, qui manquerait à la plupart, d'ici, du dehors...
C'est avec finesse et considération que le respect s'acquiert ; avec honneur, douceur et intelligence.
Celui qui se regarde dans un miroir, le fait à partir d'un préjugé affectif, d'un présupposé plus ou moins fallacieux : personne ne se trouve laid en réalité : dans le pire des cas, à certains moments, nous nous déplaisons parce que provisoirement déviants par rapport à un idéal esthétique déjà accepté.
Si moi, si tu m'aimes... Et comment savoir si c'est le vrai amour, l'unique ? On peut tellement se tromper, dans les embûches de la vie... Serais-tu capable de m'oublier, et, quand même, après et après, sans savoir, sans vouloir, continuer à m'aimer ? Comment peut-on le savoir ?
Mais le Garçon désirait que les deux personnes ne cessent jamais de se regarder ainsi. Tous les yeux manquent de fond ; la vie, aussi.