"Le message du Morne" doit être l'un de mes écrits roséens favori. Même si "Dão Lalalão", une histoire de jalousie où Soropita est rongé par le passé libidineux de sa femme, et la "Fête à Manuelzão", une ode à la Liberté, valent le détour, la première nouvelle mentionnée est tout de même au-dessus. Tant par son originalité que par son dénouement inattendu.
Pedro Orosio, un Apollon qui fait fondre toutes les femmes et à qui tout réussi, guide dans le sertão des notables de la grande ville. Habitué à ce genre de personnage, Pedro Orosio ne prêtera pas attention aux mots d'un vieil ermite rencontré sur le chemin et qui sera très loquace face à ces visiteurs d'un autre monde. D'une trainé de poudre, ces mots se transmettront grâce au bouche à oreille sur tout le trajet qu'emprunteront les protagonistes et deviendront limpides pour Pedro Orosio, après moultes déformations, une fois arriver à la destination finale.
C'est ce qui fait tout le charme de cette nouvelle.
Nous sommes entrainés dans la langueur de cette excursion de découverte comme si nous étions Pedro Orosio, pour qui rien n'apparaît extraordinaire dans cette virée avant que ces fameux mots nous fassent dessiller, comme lui, lors du dénouement de cette histoire.
Retour au Brésil et plus particulièrement dans le Sertão pour l'inauguration d'une chapelle qui sera l'occasion d'une grande fête. Dans cette langue si particulière d'Amérique du sud, l'auteur de Diadorim nous livre une fresque pleine de poésie et de tendresse.
Parmi ses histoires, il y a celle d'un prince qui est allé combattre les méchants très loin de chez lui et s'est épris d'un autre guerrier, dom Mâle, qui est en fait une demoiselle travestie en homme. Mais dom Mâle a des yeux noirs, avec des cils très fournis, et le coeur du Prince ne se trompe pas, il ne peut faire attention à rien d'autre. Alors le Prince se rend auprès de ses parents pour leur demander conseils :
Père, Mère, auteurs de mes jours,
Je me consume et meurs d'amour.
Car les yeux de dom Mâle sont
Yeux de femmes mais d'homme non !
Alors la Reine enseigne à son fils trois stratagèmes, trois ruses pour que dom Mâle laisse voir le sexe auquel il appartient réellement. La vérité se connaît enfin; alors le Prince et la Demoiselle se marient, avec grandes messes, et tout est pour le mieux.
Dès après-demain il faut que je parte et prêche car la fin du monde est prochaine. Je ne lui accorde que trois mois, et encore ! Mais que voit l'humanité ? Elle ne voit rien ! Chacun se cramponne à ses nombreux péchés !
La musique, toute cette musique, vous captive parfois; c'est beau comme de l'argent... La musique vous arrache à la réalité morose; mais elle est inquiétante, elle amollit la fibre d'un homme qui doit lutter, atténue sa volonté de parvenir. Peut-être est-elle faite pour être entendue la nuit, dans son lit, quand la vie se dépouille un peu des laideurs du quotidien, quand votre esprit a plus de loisirs.
Les autres sont les autres; ils ont beau se montrer aimables, ce sont des gens instruits, des gens du monde, et celui qui vit de son travail n'a pas toujours envie de la société de ceux qui le paient.
Et le moine, frère Sinfrão, qui prie pendant des heures et des heures avec son rosaire ou son missel ; il prie énormément, joyeux de cette occupation, comme si c'était un travail payé. Il ne prie pas comme les gens du commun, qui dépêchent distraitement leurs oraisons s'ils ne sont pas sous l'empire d'une tristesse anxieuse ou dans des moments d'affliction.
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