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Jacques Thiériot (Traducteur)
EAN : 9782264028600
112 pages
10-18 (07/04/2000)
3.45/5   20 notes
Résumé :
Un chasseur à demi indien reçoit dans sa cabane la visite inattendue d'un voyageur égaré. La langue déliée par l'alcool, il parle sans discontinuer, raconte ses chasses au jaguar, célèbre la férocité et la beauté du fauve, et son remords d'avoir à le traquer pour vivre du commerce de sa peau.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La terre n'est que poussière, le chemin sauvage. Ici, dans le Sertao, tout le monde peut venir, parce qu'ici il n'y a rien. Un soleil ivre de rage tourne dans le ciel et dévore le paysage de terre et de sel où se découpe au passage l'ombre du jaguar. Une cabane perdue aux abords d'une forêt, un petit feu et un hamac juste au-dessus. le parabellum à la ceinture, je m'approche, la silhouette encore plus triste qu'une musique de bandonéon. Là-bas, un vieux probablement à moitié indien à moitié animal. Solitaire depuis des années, quelques négros qui l'ont accompagné qui ont été tué, comme des cangaceiros de la libération. La bouteille de cachaça bien entamée, conjuguée au soleil enragé, il soliloque dans un mélange de sa langue indienne, de brésilien et de feulement d'animaux. Il n'a plus vraiment l'habitude de croiser des âmes sur la poussière de ces terres.

D'ailleurs, son langage est difficile à suivre, à comprendre par moment, à croire que sa cachaça est frelatée. Il discourt de façon incessante, me racontant les jours où il a tué tels négros, ou tels jaguars, tout au pluriel, car c'est un grand chasseur, le plus grand, l'unique… Si bien qu'il a commencé à se transformer lui-même en jaguar dans ses moments de délires, les griffes acérées prêtes à me sortir le coeur de mon poitrail. On se partage la bouteille, de mon pan de chemise j'essuie le goulot. Ouah, elle cogne, la cachaça du Sertao. Comme un vieux charognard il crache sur la gueule jaune des caboclos, Antonio Des Morte ou les Capangas machos à la solde des fazendeiros... Calé dans mon fauteuil, avec vue sur les chiottes, je m'appelle Bernard.

Une rencontre presque mystique qu'on n'oublie pas, même si on ne comprend pas tout de cette langue et de ces étranges mots tupis. Une première rencontre qui se veut presque plus ethnique que littéraire où les délires de l'homme reviennent souvent sur ses regrets, ceux d'avoir chasser les siens, car avec le temps, il est devenu lui-même jaguar dans l'âme et la peau, alors lorsqu'il se rend compte qu'il a tué son oncle, le jaguar, massacré ainsi sa famille pour les peaux et quelques cruzeiros…
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Voici un récit très singulier de l'auteur brésilien Joao Guimaraes Rosa. Dans une cabane de la forêt, où les hommes ne s'aventurent guère, un métis, indien de par sa mère, s'adresse tout en buvant de la cachaça à un hôte de passage. Dans un long et étrange monologue où s'enchevêtrent des mots Tupis et Portugais ainsi que des rauquements d'animaux, nous découvrons la vie de ce métis solitaire qui chasse les jaguars de la forêt avec lesquels il semble avoir une relation particulière jusqu'à vivre une métamorphose….
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Livre aussi beau qu'étrange, aussi étrange que beau.
Difficile d'en parler.
Dans la forêt amazonienne, un homme perdu se réfugie dans la cabane d'un chasseur.
Cet homme qui vit là est un métis abandonné par son père un homme blanc, et qui pleure la mort de sa mère une indienne de l'une des tribus qui peuplent la forêt.
Il a été assigné dans cette cabane pour chasser les jaguars qui menacent les villages à l'orée de la forêt.
Mais tous l'ont abandonné à son sort dans cette cabane de la forêt.
Alors petit à petit, il a quitté le monde des hommes qui l'ont délaissé pour celui des jaguars qu'il était censer tuer mais qui l'ont adopté.
Ce récit est en fait un long monologue de cet homme qui explique qui il est, ce qu'il est.
C'est une mélopée qui mélange à la fois le portugais, la langue des indiens toupi et la langue des jaguars.
Etrange livre que le traducteur nous conseille de lire à haute voix.
Mais même à haute voix, il n'est pas facile de pénétrer dans cet univers, l'univers de ces hommes qui peuplent la forêt amazonienne et dont la langue est un chant qui oscille entre les sons humains et ceux des animaux qu'ils cotoient.
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Mon oncle le Jaguar fût ma deuxième expérience roséenne et fût assez semblable à ma première, Diadorim.

Tout d'abord, nous faisons face à la même trame narrative, à savoir : un narrateur s'adressant dans un long monologue à un narrataire qui n'a pas loisir d'intervenir dans la conversation, le premier nommé répondant à chaque fois à sa place.

Il faut se mouiller la nuque, bien plus que pour Diadorim, pour bien entrer dans cette courte nouvelle tant la langue est spéciale et décontenançante. Mélange de portugais vulgaire, de tupi mais aussi de grognement de félin.

Car le thème principal du récit est le félin. A proprement parler de l'once (onça en portugais), plus connu dans notre pays sous le terme de jaguar, et de sa relation/cohabitation avec l'Homme.
Le narrateur nous raconte sa mission qu'un riche propriétaire lui a confié : désonçer (pour reprendre le terme employé dans la nouvelle. Comprendre : exterminer les jaguars) les terres de ce dernier. S'en suit une introspection et un cheminement spirituel qui poussent notre "héros", métis d'un père portugais et d'une mère amérindienne, à changer son fusil d'épaule et de se prendre d'affection pour ses "soeurs" onces.
Le tout dans un mélange de croyances amérindiennes mais aussi chrétiennes qui caractérisent bien la dualité et l'errance psychologique du personnage.

Ce fût au final une belle expérience.
Petite nouvelle difficile d'accès mais qui mérite que l'on tente l'expérience.

P.S. : cette édition de la nouvelle n'est plus éditée. Se reporter vers Mon oncle le jaguar et autres histoires.
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Difficile à apprécier. Est-ce intraduisible ? Je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire. M'a mise mal à l'aise.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je me suis fait un hamac, avec des palmes de bouriti, près de la tanière de Maria-Maria. Han-rhan, le négro Tiodoro, faudrait bien qu’il vienne chasser par là... Sûr, pour sûr. Le négro Tiodoro chassait pas l'once – ‘l avait menti à Mait Nhiouão Guede. Le négro Tiodoro, un brave homme, ‘l avait peur, mais peur, une peur carabinée. ‘l avait quatre grands chiens - des chiens toujours à aboyer. Apiponga en a tué deux, un autre a disparu dans les halliers. Maramoniangara a mangé l'autre. Hé-hé-éé.. Ces chiens... D'once, i’ z’en ont chassé aucune. Et puis, le négro Tiodoro, ‘l a habité la cabane qu'une nouvelle lune : alors il est mort, et voilà.
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Ses yeux se rapprochaient l'un de l'autre, ses yeux brillaient - une goutte, une goutte : l'oeil sauvage, pointu, fixe, qu'elle vous plante, elle veut enjôler : elle le détourne plus. Elle a passé un bon moment à rien faire non plus. Après, elle a posé sa grosse patte sur ma poitrine, tout doucement. Je me suis dit - maintenant j'étais mort : pasqu'elle a vu où était mon coeur. Mais elle appuyait qu'un peu, sa patte était légère, et de l'autre elle me tapotait, soc-soc, elle voulait me réveiller. Hé, hé, j'ai compris... Une once qui était une once - que je lui plaisais, j'ai compris...
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J'avais dormi dans la forêt, tout près d'ici, au pied d'un p'tit feu que j'avais fait. Au p'tit matin, je dormais encore. Elle est venue. M'a réveillé, elle me flairait. J'ai vu ces beaux yeux, des yeux jaunes, avec les petites taches jaunes qui flottaient, c'était bon, dans cette lumière...
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Bon. Tout beau. Ha-hang ! Vot' cachaça elle est de la meilleure. Je cracherais pas sur une mesure d'un litre... Ah, mounian-mounian : sottise. Je dis des sottises, je jaguaragouine. Suis pour la paix. Houla ! Z’êtes un homme tout beau, riche riche. Hein ? Non m'sieu. Des fois. J'apercie. Quaji jamais. Je sais faire, j'en fais : j'en fais de cajou, de fruits de la forêt, de maïs. Mais c'est pas de la bonne, non. Elle a pas ce feu beau-bon non plus. Ça donne un sacré travail. Jourd'hui j'en ai pas. Pas une goutte. C'est pas pour vot’ goût. C’est de la sale cachaça, de pauvre...
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Vidéo de João  Guimarães Rosa
À l'occasion de leur venue à la librairie Dialogues pour une rencontre autour de leur livre, "Escale en Polynésie" publié aux éditions Au vent des îles, Titouan et Zoé Lamazou nous ont confié plusieurs conseils de lecture !
La femme de Parihaka de Witi Ihimaera : hhttps://www.librairiedialogues.fr/livre/6737338-la-femme-de-parihaka-witi-ihimaera-au-vent-des-iles le baiser de la mangue d'Albert Wendt : https://www.librairiedialogues.fr/livre/702160-le-baiser-de-la-mangue-albert-wendt-au-vent-des-iles Diadorim de Doão Guimarães Rosa : https://www.librairiedialogues.fr/livre/999016-diadorim-joao-guimaraes-rosa-editions-10-18 Pina de Titaua Peu : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20130193-pina-titaua-peu-au-vent-des-iles Au temps des requins et des sauveurs de Kawai Strong Washburn : https://www.librairiedialogues.fr/livre/18956184-au-temps-des-requins-et-des-sauveurs-roman-kawai-strong-washburn-gallimard Manières d'être vivant de Baptiste Morizot : https://www.librairiedialogues.fr/livre/16090590-mondes-sauvages-actes-sud-manieres-d-etre-vi--baptiste-morizot-actes-sud Calanques, Les entrevues de l'Aiglet de Karin Huet : https://www.librairiedialogues.fr/livre/16651719-calanques-les-entrevues-de-l-aigle-karin-huet-parc-national-des-calanques-glenat-livres
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