Comme pour celle de
Diadorim, je suis insatisfait de ma première critique, où je me contentais de "synopsiser" ma nouvelle favorite de ce recueil : "L'heure et le tour d'Augusto Matraga".
Une relecture de certaines nouvelles fait ressortir une des obsessions de JGR, le temps. le temps passé, le temps qui passe. Pas étonnant pour un auteur qui a clos son chef d'oeuvre par une lemniscate !
Quoiqu'on fasse, le temps passé nous rattrapera toujours, que ce soit en bien ou en mal d'ailleurs, un bon souvenir peut donner autant le cafard qu'un mauvais. Notre passé est-il notre pire ennemi ? Voué à nous hanter même quand notre situation actuelle est meilleure que celle d'autrefois, voué à nous rappeler nos choix, nos oublis etc.
Comme ce personnage, qui après une vie de vagabondage parsemée d'escroqueries en tout genre, s'installera dans une petite bourgade du sertão et montera un commerce tout à fait licite et florissant. Mais au hasard d'une rencontre, son passé resurgira et...
Marche aussi avec le gros bras, frôlant la mort après une trahison, qui profitera de sa survie pour choisir la voie de la rédemption... Mais encore, le passé tentateur s'en mêle...
Ou ce personnage, frappé de saudades de sa terre natale et de tout ce qu'il y a laissé, après être parti sur un coup de tête à la Capitale pour vivre la vie qu'il prétendait mensongèrement avoir mené. La vie simple convenait-t-elle mieux à ce mythomane que la vie rêvée qu'il vit pourtant comme souhaitée ?
Idem pour ce personnage qui a fuit à la grande ville après une affaire d'honneur qui a mal tourné. Mais le temps qui passe veut-il dire qu'il nous oublie ?
Ou ces amours manqués par couardise ou bêtise, qui ne cessent de nous tourmenter...
Une des plus belles allégories du temps qui passe, de ce recueil, est quand l'auteur décrit une course-poursuite entre deux ennemis mortels, dont l'un fuit en ligne droite et le second use de détours et de raccourcis, ce qui fait que la droite est coupée de tangentes trop longues ou de sécantes trop courtes. Parfois, on arrive trop tard, parfois on monte dans le train trop tôt.
Enfin, c'est ce qui rend la Vie belle. On sait ce qu'on a, on devine ce qu'on a loupé. Peut-être ce qu'on possède est ce qu'on l'on pouvait rêver de mieux ou peut-être que nos mauvais choix nous ont fait passé à côté de la vie qu'on aurait mérité. Et l'inverse est vrai aussi.
On le saura de toute manière jamais donc autant vivre notre vie telle qu'elle est!
Sagarana est le premier texte publié de l'auteur. Son style est loin d'être "
diadorimesque" mais reste malgré tout très agréable à lire. Et on découvre un vrai talent humouristique de JGR.
Je conseille de débuter l'oeuvre roséenne par ce texte avant de tenter
Diadorim.