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3,6

sur 300 notes
A douze ans, le jeune Yussuf est vendu par son père à Aziz, un marchand à qui il doit de l'argent.
D'abord il est affecté au magasin, sous la coupe du jeune Khalil.
La maison d'Aziz est entourée d'un jardin somptueux qui attire Yussuf.
Un véritable paradis.
Puis il accompagne le marchand dans ses longues tournées à travers la Tanzanie.
Yussuf est très beau, il grandit comme touché par la grâce.
Cette histoire est très belle.
Outre celle de Yussuf, émouvante, on assiste à la colonisation de l'Afrique
Superstitions et croyances occupent une grande place.
Si les blancs colonisateurs sont une réelle menace, les différentes tribus ne se font pas de cadeaux non plus.
Un livre qui est une réelle immersion dans l'Afrique de l'Est au début du XXème siècle.
L'auteur a parfaitement su en restituer l'ambiance.
Et il a dressé un très beau portrait d'adolescent qui peu à peu perd son innocence.
Malgré les violences, j'ai lu avec une certaine douceur.
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Le prix Nobel de littérature permet de mettre en lumière des auteurs peu connus du grand public et le challenge correspondant me permet de découvrir ces auteurs car il est certain que je n'aurai jamais lu ce roman sans ces deux incitations. Je ne suis d'ailleurs pas la seule dans ce cas puisque c'est également l'occasion pour les éditeurs français de rééditer ce roman qui était jusqu'alors épuisé.

Il s'agit d'un roman initiatique dans lequel le jeune Youssouf se voit arraché à ses parents par un riche marchand en tant que caution d'une dette. A travers son regard, son expérience, ses rencontres mais surtout son amour pour la nature, on découvre la Tanzanie au début du XXème siècle. Youssouf est à l'âge charnière entre l'enfance et l'adulte. Il perd progressivement ses illusions et se retrouve confronté à la réalité du travail et des règles imposées par l'argent et les codes sociaux. Pourtant il tente de garder une part de poésie dans le regard qu'il pose sur le monde qui l'entoure.

Ses rencontres sont l'occasion pour le lecteur de découvrir toute une galerie de portraits qui composent l'entourage du jeune garçon. Leur variété en fait un tour d'horizon intéressant même si on peut regretter le manque de femmes. Cela vient bien évidemment de la société qui reste cloisonnée et de l'univers très masculin des caravanes de marchands.

J'ai apprécié l'écriture fluide et simple de l'auteur et j'aimerai lire bientôt son roman plus connu Près de la mer pour poursuivre ma découverte de son oeuvre.
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Personnage biblique et coranique, Joseph (que la femme de Putiphar accusa d'agression car il s'était refusé à elle) est ici Yusuf, et il connait la même destinée. Vendu enfant comme esclave en paiement d'une dette à un riche marchand, il grandit à son service, d'abord dans un magasin, puis en accompagnant une expédition caravanière - et ses relations compliquées avec les villages de l'intérieur.
Yusuf est beau et angélique comme dans le mythe, et suscite de nombreuses convoitises, tout en restant chaste et réservé. C'est l'observateur silencieux de ce milieu commerçant où se côtoient plusieurs origines, langues et religions. Tous ces personnages font l'objet de portraits saisissants, d'une grande finesse, à travers leurs débats et leurs plaisanteries.
Les lieux sont peu définis : "sur la côte", "dans la montagne", "la grande forêt", mais c'est avec des yeux de poète que Yusuf les découvre et les décrit : la cascade merveilleuse, la lumière verte de la montagne... sont ses propres images du paradis, tout comme le jardin clos du riche marchand.
Sa vision du monde extérieur lui vient des contes (à l'Ouest, le pays des djinns) ou des propos de voyageurs, le soir autour du feu (la Russie, où l'on peut marcher sur les fleuves gelés) ; mais aussi des récits qui entourent la présence croissante, envahissante, des colonisateurs européens (qui mangeraient du métal).
C'est un extraordinaire voyage initiatique, de l'esclavage vers une liberté amère. Mais c'est aussi pour Gurnah l'occasion d'un voyage à travers la Tanzanie du début du 20ème siècle, retraçant comment la colonisation a marqué la fin d'un commerce caravanier séculaire en Afrique de l'Est.
Belle traduction d'Anne-Cécile Padoux.

Challenge Nobel
LC thématique d'avril 2022 : ''La Nature dans tous ses états”
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Le jeune Yusuf a douze ans, et admire son oncle Aziz, riche commerçant qui ne manque jamais de donner une petite pièce au garçon lors de ses passages. Lorsque ses parents lui annoncent qu'il va partir en voyage avec cet oncle, il en est donc ravi, et mettra un certain temps à se rendre compte qu'Aziz n'est pas réellement son oncle, mais que ses parents avaient une dette envers lui, et qu'il devient ainsi l'un de ses esclaves. Yusuf s'habitue peu à peu à une nouvelle vie sans ses parents, où il aide à tenir une boutique. Il est très curieux de la grande maison avec jardin de son « oncle », où il n'a pas le droit d'entrer… mais Yusuf va devoir encore repartir sur les routes de Tanzanie.

C'est une découverte que ce roman du tout récent prix Nobel Abdulrazak Gurnah, écrit en 1994 et réédité tout récemment.
J'ai aimé découvrir la Tanzanie au travers du regard d'un jeune garçon déraciné. Il est un peu difficile de s'attacher à ce jeune personnage, sa naïveté m'en a empêché dans une certaine mesure. Sa personnalité demeure assez longtemps malléable et presque inconsistante, contrairement aux personnages secondaires, qui ont plus d'épaisseur. Certains sont d'infatigables conteurs et grâce à leur volubilité, ouvrent les yeux de Yusuf sur le monde qui l'entoure. Et quel monde ! La société tanzanienne est en effet très cosmopolite, les indigènes swahilis y croisent de riches Omanais, des Hindous, et enfin des colonisateurs allemands, chacun essayant de s'approprier richesses, productions locales et main-d'oeuvre à bon marché. Il va sans dire que la paix n'y règne pas.
[...]
L'écriture de Abdulrazak Gurnah fait merveille pour décrire les paysages de la Tanzanie, du désert à la forêt tropicale ou à l'atmosphère urbaine de Zanzibar, pour évoquer les différentes langues qui permettent de commercer et d'échanger, pour représenter les différentes communautés et leurs conflits, pour montrer les petites choses de la vie quotidienne du jeune Yusuf.
Un voyage, à la fois dans le temps et dans l'espace, très intéressant.
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Après avoir lu 'Adieu Zanzibar', je n'ai pas hésité à cocher 'Paradis', lors de la Masse Critique littérature et j'ai eu la chance d'être sélectionnée. Je remercie Babelio ainsi que les éditions Denoël.
Abdulrazak Gurnah nous propose un long voyage à travers l'Afrique de l'Est, au début du XX siècle. Dès les premières pages, nous faisons la connaissance de Yussuf, douze ans qui vit pauvrement avec son père et sa mère. Il n'a jamais quitté sa famille et puis un jour, on l'envoie vivre chez oncle Aziz. Pour Yussuf la déception sera grande. D'abord il va apprendre que son père l'a vendu pour rembourser une dette trop lourde et ensuite découvrir que celui qu'il croyait être son oncle, est en réalité un riche marchand. On va suivre son parcours lorsqu'il s'installe chez Aziz et travaille avec Khalil. Beaucoup de rencontres l'attendent lorsqu'il va voyager avec les marchands. C'est l'occasion pour le lecteur d'avoir un aperçu de l'Afrique de l'Est dans les débuts de la colonisation. On découvre l'accueil des autochtones, la violence qu'ils montrent envers les marchands, les dangers, les superstitions, la lutte pour survivre...
Même si le rythme est lent, je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer. J'ai beaucoup apprécié cette lecture que j'ai trouvé agréable.
Une belle découverte.
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"D'abord le garçon. Il s'appelait Yusuf ; il avait quitté brusquement sa famille dans sa douzième année. Emmené par "l'oncle Aziz" pour payer les dettes que son père ne peut rembourser, il va découvrir le monde et sa condition d'esclave.
Roman d'apprentissage d'abord mais surtout histoire de cette jeune Afrique de l'Est , victime des marchands qui échangent verroteries et tissus contre les valeurs sûres de l'or ou de l'ivoire avant l'arrivée des colons blancs.
Le regard de Yusuf est naïf mais scrupuleux et juste . Il découvre la beauté des paysages naturels ( cascades, désert) ou fabriqués (jardin, le paradis sur terre ). Il découvre surtout la fragilité des hommes sous leur comportement impassible ou cruel. Il va connaître la faim, la soif, la peur et les premiers émois amoureux.
Un vrai plaisir de lecture : outre Yusuf, on s'attache aussi au sort de Khalil et de sa soeur Amanda, livrés eux aussi pour remboursement de dettes au marchand Aziz et à son homme de main Mohammed Abdalla.
Je découvre cet auteur grâce aux challenges Babelio !
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À quoi ressemble le Paradis ? Pour le jeune Yusuf, il est peut-être à l'image du jardin clos de son maître, le seyyid Aziz, le lieu enchanteur des fleurs parfumées et des arbres chargés de fruits, du chant des oiseaux et du murmure de l'eau vive. Il se découvre aussi en contemplant une fraîche cascade après une journée harassante de marche dans la savane. À d'autres moments, il apparaît dans les récits de voyageurs et de conteurs qui le situent parfois aux confins de contrées lointaines, sous les coupoles rutilantes de Samarcande ou d'une cité inconnue. Et si le Paradis n'était qu'un mirage, une illusion, un rêve qui se délite devant la dureté de la condition humaine ?
Yusuf n'a que douze ans quand il est retiré à sa famille par le riche marchand Aziz, l'enfant devant servir à payer la dette que son père est incapable d'honorer. Conduit chez celui qu'il appelle « Oncle Aziz », il est confié à Khalil, un garçon lui aussi donné en gage (rehani) au marchand et qui tient l'un de ses magasins. Sous sa surveillance, Yusuf apprend les rudiments du commerce et du calcul, intégrant peu à peu sa condition servile. le cours du temps semble se figer dans l'immobilité d'un destin rendu illisible parce qu'entre les mains d'un homme impénétrable, dont on ne connaît rien sinon le goût du commerce et de l'enrichissement.
À seize ans, Yusuf est conduit chez un autre marchand, Hamid, lui aussi en affaires avec Aziz. S'il acquiert un peu plus d'instruction, il reste un serviteur dévolu à la boutique, aux tâches ménagères et à la garde des enfants. Un premier voyage en compagnie de Hamid et d'un camionneur sikh lui ouvre brièvement quelques horizons, avant la grande expédition qui suivra, menée par Aziz.
Peut-on parler de roman d'initiation ? Difficile à dire tant le héros est englué dans une situation qui le ramène toujours à la sujétion et à l'absence de perspectives. Celui qu'il continue à appeler « oncle », en dépit de la distance les séparant, ne lui dévoile rien de ses intentions. Autour de ce négociant prospère, tous les êtres sont ses débiteurs, ses obligés ou ses serviteurs, parfois asservis par leur statut d'esclave, ou d'épouse. Les voyages – entreprises initiées et menées par le marchand – placent Yusuf en position d'observateur, voire d'otage, l'assignant à la passivité au coeur même de l'itinérance. L'émancipation arrivera tardivement et d'une manière surprenante, après l'ultime épreuve qui dévoilera au jeune homme de dix-huit ans son impuissance à conquérir la liberté.
Au cours de ma lecture, j'ai souvent été perplexe devant l'absence de progression du récit qui tourne autour de scènes répétées. Par ailleurs, l'auteur ne nous livre presque rien des états d'âme de ses personnages, laissant une sorte de flottement s'installer, une hébétude léthargique. Et si c'était cela qui faisait le mieux ressentir le vide qui se creuse autour de ces destinées soumises à la volonté d'un maître ?
Je n'ai pas évoqué la colonisation allemande du pays, le déclin du commerce caravanier et de la domination omanaise sur la côte de l'Afrique de l'Est. S'ils constituent la toile de fond du roman, il me semble que le propos de l'auteur se concentre sur le poids d'un système social qui ôte à l'individu sa faculté de décider pour lui-même.
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Se déroulant dans l'Afrique de l'Est sous domination allemande, Gurnah dresse un tableau du colonialisme à travers les yeux d'un ingénu. Lacunaire à beaucoup d'égards (et manquant pour ma part probablement également de clefs de compréhension), le point de vue de Yusuf nous permet de suivre son passage à l'âge adulte d'un point de vue très neutre et à la fois très naïf – ce qui rend le tout très long et répétitif par moments, puisque ce pauvre protagoniste n'a aucune foutue idée de ce qui se passe autour de lui, comme le lecteur. Ses relations, les enjeux sociaux, culturels et politiques, la place de la religion et du colonialisme, la présence allemande et indienne, etc. tout est brossé d'une main inintéressée, puisque Yusuf prend tout comme ça vient, sans trop s'interroger, ni s'inquiéter. Outre sa beauté louée toutes les 12 pages (et dont il n'a ni conscience, ni l'intention d'user), Yusuf est juste un moule vide qui parcourt le monde en laissant celui-ci l'impacter sensiblement, en y prêtant une attention très vague et s'y intégrant uniquement parce que d'autres personnages font l'effort de le faire pour lui.

Intéressant, mais probablement qu'avec une connaissance plus approfondie de l'Histoire locale et des enjeux, j'aurais plus apprécié les nombreuses descriptions.
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Le Paradis pour Yusuf, enfant  c'est un jardin enclos dans des murs à Dar es Salam où coulent des ruisseaux, où des arbres fruitiers donnent fleurs et fruits, grenades, oranges, amandes...., où des petits miroirs reflètent les fleurs, où s'élèvent les chants des oiseaux et celui d'une femme.

Le Paradis pour Yusuf adolescent, c'est une cascade dans la montagne dans une végétation luxuriante - Paradis où règne un colon européen qui chasse les intrus - le Paradis, les jardins d'Hérat, dans le récit d'un voyageur...

Le Paradis, c'est l'Afrique de l'Est avant la colonisation britannique, mosaïque de cultures et de peuplement. Traversée de la Tanzanie par la caravane des marchands arabes ou omanais, "sauvages" aux corps peints de rouge - probablement masaïs, commerçants indiens, pêcheurs des Grands Lacs, quelques aventuriers européens...La colonisation allemande se met en place, le commerce des caravanes commence à être entravé, et la mobilisation pour la Grande Guerre mettra fin à une époque.

Le Paradis , c'est un conte oriental. L'enfant Yusuf, illettré, est sensible aux récit des conteurs, il se souvient des contes de sa mère, il boit les paroles des anciens. Son monde et ses rêves sont peuplés de créatures étranges, d'hommes-loups, de djinns, d'afrits, de chiens menaçants. Ses rêves rappellent ceux de Joseph, son homonyme qui a sauvé l'Egypte de la famine. Conte d'une caravane avançant avec tambours et trompettes avec à sa tête l'altier Oncle Azziz et ses séides qui commandent aux porteurs. Il y a aussi une Maîtresse recluse, une fille de roi amoureuse, une orpheline à sauver....

Le Paradis, c'est un roman d'apprentissage : Yusuf est retiré à ses parents alors qu'il est encore enfant, enfant-otage des dettes de son père, enfant-esclave? On va croiser d'autres enfants de cette traite,  d'un esclavage qui ne dit pas son nom. Yusuf en apprentissage du métier de commerçant, dans la boutique de son maître, puis dans un entrepôt, enfin en expédition quand il arrive vers l'âge adulte. Au cours de ses tribulations il va apprendre à lire le Coran (alors qu'il ne comprend pas l'arabe), des rudiments d'anglais avec un indien un peu mécanicien, un peu trafiquant...

Yusuf est un beau personnage qui traverse un monde souvent cruel. A côté du paradis, il verra un peu de l'Enfer sur terre mais n'en concevra pas d'amertume. Et le lecteur le suivra émerveillé.
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Ma découverte du prix Nobel de littérature 2021 me laisse une impression mitigée.

Le début intrigue et donne envie de tourner les pages. La découverte de l'Afrique de l'Est, le nom envoûtant de Zanzibar, et ce jeune garçon de 12 ans (Yusuf) que son père "vend" à son créancier, l'oncle Aziz, pour rembourser ses dettes. Tous ces ingrédients attisaient ma gourmandise.

Mais rapidement, l'histoire s'ensable et j'ai commencé à m'ennuyer. le personnage de Yusuf ne m'a jamais semblé incarné ou réel, j'ai perpétuellement lu dans un sentiment de flou, sans repère temporel clair, sans réelle intrigue.

Alors que les déplacements et les voyages se succèdent, j'ai ressenti de l'immobilisme, et cette impression désagréable "qu'il ne se passait pas grand chose". Pourtant, les romans contemplatifs ou assez lents dans leur déroulement ne me dérangent pas. Mais ici, j'ai regretté un manque de vigueur, de dynamisme, de tonus.



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