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3,6

sur 300 notes
Deuxième incursion dans l'oeuvre du plus récent des Nobelisés, après "Près de la mer": un ton, un contexte, un propos différents dans ce "Paradis", et pourtant j'y ai eu la sensation de retrouver le même regard et la même voix de l'auteur, graves et perçants, lourds de souvenirs et d'amertume.
A travers le regard d'un jeune enfant qui mettra longtemps à comprendre que l'oncle Aziz qui l'a emmené de chez ses parents a fait de lui son esclave, c'est une Afrique méconnue qui se dévoile, celle dont les colons ont entrepris le saccage alors que les marchands arabes et indiens dominaient encore le commerce, celle des tribus royaumes et des terres inviolées.
Mais c'est aussi le voyage initiatique d'un enfant qui découvre le monde par le travail et le voyage, qui apprend la loi des hommes entre pouvoir et servitude pour se retrouver face aux maigres options offertes à lui pour faire le choix de sa propre destinée.
Un regard éclairant et un angle différent sur l'Afrique, sur les civilisations, sur la domination et la servitude, qui "rend service à l'humanité en faisant la preuve d'un puissant idéal", et donc parfaitement dans l'esprit du Nobel.
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Paradis c'est l'histoire de Yusuf (sorte d'épopée revue et corrigée du mythe de Joseph dans les livres saints) : jeune laissé en caution par ses parents débiteurs à son nouveau patron créancier. C'est ensuite un voyage initiatique à Zanzibar notamment, pour y croiser les autochtones mais aussi le début de la colonisation. C'est enfin ces vies dépendantes d'autres qui les jugent, les guident, les maltraitent. le titre est une provocation en réalité : un jardin clos peut-il être un Eden ou une prison ? certains fuient mais d'autres y restent. Car même lorsque sa maitresse rend la liberté à son esclave, qui, en outre, n'a plus où aller, il reste attaché à ce lieu et pour cause : " tu me comprends ? le travail qu'on m'a donné à faire, c'est le jardin. Qu'est-ce que cette femme peut m'offrir qui me rende plus libre ?". jdcjdr. Je n'ai pas été enchanté par ce roman qui a tant fait couler d'encre et d'analyses, et qui vaudra à son auteur de devenir en 2021 Prix Nobel de Littérature. Quant au final, il est sec et me laisse perplexe : la rudesse de la réalité à n'en pas douter..
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Nous sommes en Tanzanie, à une époque qui n'est pas explicitée. Quelques éléments peuvent nous faire penser à la fin du XIXe ou le tout début du XXe siècle. C'est une société complexe, où des populations arabes et indiennes sont venus se mêler aux populations africaines. le personnage principal, Yusuf, est pris à 12 ans comme une sorte d'esclave, par celui qu'il appelle oncle Aziz, à qui son père doit de l'argent qu'il ne peut rembourser. Aziz est un marchand aisé, pratiquant le commerce caravanier à l'intérieur du continent. Il amènera Yusuf qui aura grandi, dans l'une de ses expéditions, qui ne se passera pas comme prévue. Les échanges commerciaux deviennent en effet de plus en plus difficiles, en particulier à cause de la colonisation allemande en train de s'étendre, et qui secoue les équilibres entre les différentes populations, et les pratiques séculières.

C'est un étrange texte, dans lequel il y a de nombreuses références et sous-textes. Par exemple,certains éléments de la vie de Yusuf peuvent faire penser à son presque homonyme, le Joseph biblique. Par ailleurs Abdulrazak Gurnah aurait largement puisé pour écrire son roman, dans des récits oraux en swahili, recueillis par Carl Velten, un Allemand. L'un raconte le voyage d'une caravane en 1891 vers l'intérieur du pays, et l'autre un voyage effectué en Russie et en Sibérie par un Comorien d'origine en compagnie d'un Allemand, le Dr Bumiller. le premier récit est très largement repris pour narrer le voyage de Yusuf, et le deuxième est raconté par un personnage du roman.

Abdulrazak Gurnah agrège tous ces éléments pour en faire un récit cohérent, un roman d'apprentissage, de découverte et de désenchantement. le monde décrit par l'auteur a ses grandes beautés, Yusuf rencontre de personnages attachants, mais il a aussi ses noirceurs, ses cruautés, ses violences. Aziz malgré ses beaux dehors, et son discours empreint de dignité, apparaît de plus en plus comme un personnage trouble et malhonnête. L'auteur suggère la condition très difficile des femmes, questionne la religion et son rôle. Sans oublier les relations compliquées entre les communautés, leurs mutuelles haines et mépris. C'est un Paradis perverti, dans lequel le mal rôde, malgré parfois de belles apparences. C'est aussi un monde en sursis, qui vit ses dernières heures sous cette forme.

C'est incontestablement encore une très belle réussite de Abdulrazak Gurnah, qui puise dans l'histoire de son pays des récits à la fois ancrés dans une réalité très précise, et universels.
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Au début du 20e siècle, en Afrique de l'Est, dans l'actuelle région de la Tanzanie, le jeune Yusuf , 12 ans, est vendu par son père à un riche négociant afin de rembourser une dette. Yusuf ne sait pas qu'il a été vendu. Pour lui, il part avec « l'oncle Aziz » pour un séjour indéterminé. Il prend conscience de sa situation une fois arrivé dans le domaine du marchand, lorsque son nouveau compagnon, Khalil, lui apprend qu'Aziz n'est pas son oncle et qu'il est son esclave. C'est le début d'une nouvelle vie pour Yusuf qui, en compagnie d'oncle Aziz, va découvrir des contrées sauvages lors d'expéditions marchandes.

Abdulrazak Gurnah, Prix nobel 2021, nous offre ici un fabuleux voyage à l'intérieur des terres de l'Afrique de l‘Est du début du 20e siècle. Dans une écriture très belle qui nous rappelle parfois le style des contes africains oraux, l'auteur permet au lecteur d'appréhender la fin d'une époque, celle qui voit l'arrivée des nombreux colons européens – allemands, anglais, belges - alors que la vie traditionnelle et coutumière tente encore de résister.
A travers les yeux de Yusuf, personnage emblématique dont la naïveté et l'innocence collent à celles du lecteur, nous découvrons les peuplades locales où plusieurs cultures et religions se côtoient plus ou moins bien, nous nous enfonçons dans des régions inhospitalières où la superstition et la magie résistent et font peur aux hommes de la côte, nous ressentons la peur des autochtones face à ces envahisseurs blancs qui grignotent toujours plus de terrains et s'imposent avec la force de leurs armes de fer. L'expédition caravanière est un des moments très forts de ce livre où l'auteur renoue avec les traditionnels récits de voyage des grands explorateurs mais à la manière des contes oraux swahili qu'il introduit d'ailleurs dans son propre roman au gré des histoires racontées par les voyageurs.
Yusuf, personnage principal, est entouré de nombreux autres aux intérêts pas vraiment louables. Pourtant, l'auteur ne porte aucun jugement sur ces hommes qui pratiquent toujours l'esclavage. On y découvre surtout un mode de vie traditionnel. Yusuf lui-même est pris en étau entre son envie de liberté et une soumission facile qui semble être sa destinée.
A travers ce roman d'initiation, « Paradis » est la description d'une Afrique partagée entre la modernité et les traditions. On y ressent le sentiment d'angoisse qui monte parmi les peuples autochtones face aux Européens qui, sous prétexte de faire du commerce, s'accaparent les richesses de leurs terres.
Un très beau roman qui me fait découvrir un auteur au prix Nobel mérité.
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Je suis Yusuf, jeune garçon cerné par les disputes de mes parents. Un jour mon oncle vient m'amener en voyage. Pour m'éloigner de cette ambiance délétère ? Hélas non, pour régler une dette de mon père. Voilà comment je me suis retrouvé à vivre chez son créancier et à devoir travailler pour lui. Je l'appelle Oncle Aziz car j'ai du mal à prononcer son "nom" usuel.

L'histoire se situe dans une Afrique australe en pleine recomposition avec des rapports de force qui évoluent au gré des formes de domination. Nous suivrons les aventures de Yusuf dans ses péripéties et à travers lui les moeurs sociales en cours, l'organisation du commerce local depuis l'approvisionnement jusqu'à la vente en passant par le traitement des "employés".
Intéressant et instructif malgré quelques longueurs.
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Yusuf quitte ses parents. Il ne sait pas que son père l'a vendu à « son oncle » pour régler une vieille dette. Ce dernier en fera son esclave et lui fera découvrir les duretés de la vie dans l'Afrique de l'Est du début du XXe siècle.
S'il s'agit d'un roman d'apprentissage, Yusuf est le symbole de l'évolution du territoire sur lequel il évolue. Population bigarrée, culture multiple, ce qui deviendra la Tanzanie vit les premiers effets de la colonisation et cherche sa place sous le joug allemand.
Si le style est simple, le propos est complexe. L'auteur nous fait parcourir les différentes facettes de cette région avec ses trésors mais aussi ses faiblesses et ses cruautés.
Un beau roman qui donne matière à réflexion sur le sens de la liberté.
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Yusuf, jeune garçon vendu par son père pour payer ses dettes à un marchand "oncle Aziz" est le fil conducteur de ce long et lent voyage à travers l'Afrique de l'est . Dans un premier temps confiné dans la boutique du marchand avec un autre esclave Khalil qui va le chaperonner, Yusuf découvre sa nouvelle vie et le jardin du maître. Puis gagnant la confiance du marchand il part pour un long périple avec la caravane de ce dernier. Ce voyage va l'ouvrir au monde, aux hommes, l'initier à la lecture, le faire grandir. Parmi les fils conducteurs du récit il y a l'esclavage qui est une longue tradition et la richesse des échanges commerciaux existants avant l'arrivée des européens.

Les personnages font la richesse de ce récit dépaysant qui nous montre une Afrique tournée vers l'Asie, le monde arabe et le commerce.
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Depuis plusieurs semaines, je dois rédiger cette note. Je m'y suis enfin mise. Entre chercher le vocabulaire et mettre en place mes idées, il m'a fallu tout ce temps.

D'abord une remarque sur la forme, j'ai parfois été gênée par l'absence d'explication de nombreux termes non traduits. La langue maternelle de Gurnah est le Swahili, mais il écrit en Anglais. A noter que Paradis est le seul roman de Gurnah qui a été traduit en Swahili. Un peu ironique, non ? En effet Abdulrazak Gurnah est Tanzanien, réfugié en Angleterre, il écrit en Anglais, et donc ce roman est traduit de l'Anglais. Ce qui explique sans doute pourquoi, la traductrice Anne Cécile Padoux, a gardé les mots en Swahili et Arabe, qui existaient dans le texte anglais. Mais sans note de bas de page, de contexte, cela fait perdre une partie de l'ambiance / des parfums, …


Le roman narre l'histoire d'un enfant : Yusuf, vendu par son père pour éponger des dettes mais sans lui dire… Cet enfant se retrouve chez un « oncle », en fait un marchand qui prend des esclaves lorsqu'il n'est pas remboursé. On suit Yusuf dans ses aventures chez et avec cet « oncle ».

Il y a une partie initiation au monde adulte avec des voyages en caravansérail mais aussi l'observation d'un monde qui change, en pleine mutation. Car le marchand, venu du moyen orient, est également un trafiquant et pas seulement d'êtres humains. Et ce marchand se trouve en compétition avec de nouveaux concurrents les Allemands, qui colonisent cette partie de l'Afrique de l'Est. Gurnah raconte donc l'histoire de cette zone d'Afrique où cohabitent les Africains d'origine (animiste), avec des gens venus d'Inde (hindouiste), du moyen orient (musulman) qui vont ensuite être colonisés par les Allemands.

En parallèle, Yusuf va chercher à lier des liens avec un jeune homme, esclave comme lui, et sa soeur, domestique de la première femme de son « oncle » et la seconde femme de ce fameux « oncle ». Mais quel espoir dans un monde qui n'est pas sans foi (car l'islam est très présent) mais n'a pas beaucoup de loi, en dehors de celle du plus fort / riche.

C'est une histoire d'initiation. Une histoire, symbole de cette Afrique, qui est la proie de tous les fantasmes et qui souffre de tous les abus, tant par ses habitants les plus aisés que par les colonisateurs qui existent depuis fort longtemps (et bien avant que les Européens arrivent.).

Le style est à la fois poétique et imagé. Il est question de choix pour Yusuf qui va devoir choisir entre rester esclave (avec une certaine forme de sécurité et s'enfuir sans savoir si sa situation s'améliorera. Gurnah fait également passer des messages sur la religion, la tolérance vis-à-vis des différences.

Le titre indique une réflexion sur ce à quoi peut correspondre l'idée de paradis… qui varie fortement d'un individu à l'autre et puis ce paradis n'est-il pas parfois très proche de l'enfer !

J'ai mis un abécédaire de certains des mots que je ne connaissais pas ou pour me souvenir de ce roman...

A comme : Anna n.m. : une unité de monnaie anciennement utilisée en Inde et au Pakistan, égale à ¹⁄₁₆ de roupie. le terme appartenait au système monétaire islamique. P 15

B comme : Bismillah : « Au nom de Dieu ». Formule employée par les musulmans comme un bénédicité ou avant d'entreprendre quelque chose

C comme : Caravansérail, on assiste à des voyages en caravansérail où le troc et le trafic sont étroitement liés.

D comme : Dhow : est un type de voilier arabe traditionnel en bois, à un ou plusieurs mâts gréés avec des voiles triangulaires ou trapézoïdale, originaire de la mer Rouge. Aussi appelé Boutre ou Daou.

E comme : équanimité : Égalité d'âme, d'humeur.

F comme : Fable, le roman est parsemé de diverses fables.

G comme : Gog et Magog : sont deux noms propres figurant dans le livre d'Ézéchiel, Gog est un nom de personne, Magog un nom de lieu. Ils apparaissent cinq fois dans la Bible et deux fois dans le Coran. Dans le livre d'Ézéchiel, les peuplades païennes Magog vivent « au nord du Monde », et représentent métaphoriquement les forces du Mal, ce qui l'associe aux traditions apocalyptiques.

H comme : Hérat : une ville de l'Ouest de l'Afghanistan proche des frontières de l'Iran et du Turkménistan. Elle est la troisième ville d'Afghanistan derrière Kaboul et Kandahar.

Ou comme Honneur qui est la raison invoquée pour supporter des maltraitances car un jour, un père a conclu un contrat et a vendu ses enfants. Et ces enfants se trouvent liés à ce contrat… On fait avaler beaucoup de choses aux pauvres en leur vendant l'HONNEUR.

I comme : Inde, certains des personnages sont d'origine indienne (Kalasinga).

J comme : Jacaranda ou arbre fougère

K comme : Kiswahili est la principale langue écrite de l'Afrique subsaharienne. D'après l'Unesco, il fait partie des 10 langues les plus parlées au monde, avec plus de 200 millions de locuteurs.

Kipande : jeu de type marelle.

L comme : latérite : sol rouge vif ou rouge-brun, très riche en oxyde de fer et alumine, formé sous climat tropical. (Ce sol se transforme en une cuirasse impropre à la culture sous l'effet de l'alternance saison sèche/saison humide.)

M comme : Maandazi forme de pain frit originaire de la côte swahili. Il est également connu sous le nom de bofrot ou puff puff dans les pays d'Afrique de l'Ouest tels que le Ghana et le Nigeria. C'est l'un des principaux plats de la cuisine du peuple swahili qui habite la région côtière du Kenya et de la Tanzanie.

Malai : type de crème caillée, originaire du sous-continent indien, utilisé dans la cuisine du sous-continent indien, notamment en ce qui concerne les friandises du sous-continent indien.

Mganga : guérisseur / docteur

Mofa : aucune définition trouvée mais d'après la phrase : c'est de la nourriture agréable (p43).

Mnyapara : contremaitre.

Mukki : aucune définition trouvée mais d'après la phrase : préteur à gage

N comme : Nyundo un traducteur qui doit jongler avec les phrases et les sentiments des participants.

O comme : Ouzbeks. Les voyages emmènent certains jusqu'aux confins du monde musulman. Avec des « Rusi » (russes) qui s'étonnent qu'il existe des musulmans noirs. Tout comme ceux à qui la « Rusi » est narré s'étonnent de ces musulmans blancs.

P comme : Paradis le titre du livre… Mais de quel paradis parle-t-on ?

Q comme : Qasida : Poème arabe classique, d'au moins sept vers, à rime unique. (Précédé d'un prologue amoureux, il a pour thèmes un voyage, l'amour, la louange, la satire.)

R comme : Rikwama : longue charrette

S comme : Seyyid : titre honorifique traditionnellement appliqué aux gens reconnus descendants du prophète de l'Islam, Mahomet. le mot signifie littéralement « seigneur », « prince » ou « maître », et il est aussi fréquemment donné à des musulmans de haut rang.

Shuka : le Shuka Masai est un tissus traditionnel originaire d'Afrique de l'Est, porté par le peuple Maasaï au Kenya et en Tanzanie. C'est une étoffe à carreaux en coton sous forme de couverture, souvent de couleurs vives. le rouge est la couleur la plus courante mais les Maasaï utilisent aussi le bleu pour envelopper leur corps. Ce tissus est connu pour être solide, durable et épais pour protéger les guerriers Maasaï contre le temps et les dangers de la savane.

T comme : Tanzanie pays de Abdulrazak Gurnah. Taskent où l'une des caravansérail passe.

V comme : Vibarua : ouvrier payé à la tâche.

W comme : Wallahi : Un serment par Allah, qui se fait généralement au moyen de l'interjection arabe « wAllah », signifiant littéralement « par Allah » ou par Dieu, consiste pour un locuteur de confession musulmane à prendre à témoin Allah pour prétendre que ses propos ne sont pas mensongers.

Washenzi : Paien / sauvage : p 18

Y comme : Yusuf le héros de cette histoire,

Z comme : Zanzibar : archipel de l'océan Indien situé en face des côtes tanzaniennes, formé de trois îles principales
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« Les événements avaient décidé de sa vie, il avait gardé la tête hors de l'eau, les yeux fixés sur l'horizon le plus proche, préférant ignorer plutôt que savoir ce qui l'attendait. Il ne voyait rien qui pût le libérer de sa condition d'esclave. »
Sur la côte tanzanienne au début du XXe siècle, Yusuf, douze ans, est remis aux mains d'un marchand par ses parents afin d'acquitter une lourde dette qu'il leur est impossible de payer autrement. le gamin effectue le voyage en train avec cet « oncle » Aziz jusqu'à son magasin tenu par un adolescent, Khalil, lui-même soumis aux mêmes conditions de traitement. Un soutien mutuel se développe entre les deux jeunes à travers les tâches quotidiennes à effectuer et un destin commun de plus en plus difficile à supporter en grandissant.
Paradis, c'est un roman d'apprentissage à la dure, la fin abrupte d'une enfance protégée par le cocon familial et soumise aux aléas d'une vie d'adulte, esclave de surcroît. Heureusement, le regard candide de Yusuf sur toutes choses, même les plus vilaines, permet au lecteur de respirer et de se laisser porter par les contes et superstitions qui sont légion dans cette partie du monde. Une fin ouverte, déstabilisante, vient conclure le récit et après réflexion, c'était la fin souhaitée pour un tel récit.
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C'est la première fois que je lis un roman qui se passe en Tanzanie (ou plus exactement sur le territoire de l'actuelle Tanzanie). Ce n'est pas courant mais cela s'imposait avec le prix Nobel de littérature 2021 décerné à Abdulrazak Gurnah qui se justifie, selon le comité, pour "son récit empathique et sans compromis des effets du colonialisme et le destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents".
"Paradis" raconte l'enfance et l'adolescence de Yusuf au début du XXème siècle. A douze ans, sa vie paisible va être bouleversée quand son père lui demande de suivre l'oncle Aziz pour voyager avec le riche marchand.
Seulement oncle Aziz n'est pas son oncle et le garçon va mettre du temps à comprendre qu'il est chez lui pour travailler afin de rembourser les dettes de son père. C'est un adolescent, le jeune Khalil, qui va l'initier quand il n'est pas sur le départ pour de grandes expéditions commerciales qui lui feront découvrir des régions nouvelles et des hommes prêts à toutes les compromissions pour le commerce. Il y découvrira aussi différentes cultures et des lieux merveilleux comme des cascades dans la montagne pourtant chasse gardée d'un colon allemand.
"Paradis" est donc un roman d'initiation mais contrairement à ce que j'imaginais le ton est presque léger pour évoquer le drame de l'esclavage et de la colonisation. Abdulrazak Gurnah sait se mettre à hauteur d'enfant avec innocence et humour pour raconter l'histoire de Yusuf qui m'a fait passer un bon moment de lecture.


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