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4,09

sur 350 notes
Le bouquin oscille entre ce que raconte Grand Frère dans son langage traficoté entre "arabe mal appris de fils de Syrien et français de manouche" et ce que dévoile Petit frère nommé "l'autre con" par son frangin parce que parti là bas faire quoi d'ailleurs, infirmier ? combattant ?
L'arbitre c'est le père, communiste et monosourcil sur les yeux et vocabulaire énigmatique d'émigré, qui sait ce que c'est de "de recevoir des ordres de types moins bien cablés", qui a tout quitté (son pays et sa position sociale) pour la liberté.
La femme fantôme c'est la mère, bretonne, douce, un rève...
La femme réalité c'est la grand-mère, instigatrice peut-être...
Et le Grand Frère nous donne son avis sur tout, des pensées faciles et des reflexions de journée, ça pourrait être chiant mais c'est super bien, l'écriture est légère, entortilleuse, on s'y colle aux pages, le ton est juste et ne tombe jamais dans le pathos. Y'a de quoi recevoir le gongourt du 1er roman wesh !
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J'ai sélectionné pour le Prix des lecteurs Livre de Poche d'avril, « Grand frère » de Mahir Guven, un bouleversant premier roman à 2 voix, où grand frère et petit frère se livrent à chaque chapitre.

Nés d'un père syrien chauffeur de taxi et d'une mère bretonne décédée alors qu'ils n'étaient qu'enfants, ces gosses des cités ont choisi deux directions différentes. Des gosses qui ont toujours cherché leur place dans cette France métissée. Ni vraiment syriens, ni vraiment français, ni musulmans ni chrétiens. « Comment retrouver son chemin quand on sait pas d'où l'on vient ? »

Grand frère, chauffeur de VTC, a décidé de se ranger et de laisser derrière lui les conneries de quartier. Grâce à le Gwen, le policier, il a évité d'aller en prison pour du trafic de drogue, et depuis, l'aide en répétant ce qu'il entend dans la rue. Son quotidien se résume à ses courses Uber et retrouver ses amis chez Mehmet le Turc, tout en pensant à son frère dont il n'a plus de nouvelles.

Petit frère, infirmier passionné à l'avenir prometteur, est parti du jour au lendemain pour faire de l'humanitaire, soit disant en Afrique. Mais son père et grand frère savent qu'il est parti pour d'autres raisons, en Syrie, au Cham, Terre sainte, terre de leurs ancêtres et terre de Djihad. « Mon seul espoir, c'était le départ, de me casser pour sortir du noir, et trouver la lumière. Faire mon djihad en sauvant des vies. Réparer celle des autres et, au passage, la mienne. »

Jusqu'à ce soir où grand frère croit apercevoir petit frère à une gare routière à Paris. Pourquoi est-il rentré sans donner de nouvelles ? Que faisait-il en Syrie ?

Mahir Guven a obtenu le Goncourt du premier roman pour cet étonnant récit aux allures de polar. Dans une langue mêlant argot, arabe et verlan, d'une justesse et d'une humanité désarmante, percutante, il joue avec les mots, associe l'humour à la gravité. Un récit plein de rage. Un livre magnifique, véritable coup de coeur, que l'on referme les larmes aux yeux et complètement étourdis par ce puissant portrait sociétal terriblement d'actualité.
Lien : https://aurelivres57.wordpre..
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Tel de Niro dans « Taxi Driver », Grand frère arpente les rues de la capitale au volant de sa Toyota noire, ancien petit délinquant, Grand frère s'est construit petit à petit sa vie, il est aujourd'hui chauffeur de VTC, fume son oinj régulièrement et observe le monde au volant de son bolide.
Issu d'une famille syrienne, dont le père est chauffeur de taxi, ce qui ne manque pas de créer des tensions sur fond de guerre taxis VTC, il a un frère « petit frère », élève brillant qui est aujourd'hui infirmier en bloc opératoire dans un hôpital parisien.
C'est donc un roman à deux voix que nous propose Mahir guven. Celle de petit frère qui malgré sa réussite se demande à quoi se résume son existence alors que dans l'ex-pays de son père, des enfants meurent tous les jours sous les bombes du régime de Bachar al Assad. Il décide donc de se rendre sur place au sein d'une ONG pour aider du mieux qu'il peut dans un hôpital de fortune. La voix de grand frère occupe une place prépondérante dans le roman. C'est lui qui nous raconte sa vision de la société, la difficulté de trouver son identité lorsque l'on n'a pas de colonne vertébrale « ni vraiment français, ni vraiment syriens, ni vraiment autochtones, ni vraiment immigrés, ni chrétiens, ni musulmans. Des métèques sans savoir pourquoi on l'est ».
Un jour, après de nombreux mois sans nouvelles, grand frère aperçoit petit frère descendre d'un bus en provenance d'Allemagne, il essaye de le suivre mais le perd dans la circulation jusqu'à ce qu'il sonne un jour chez lui sans lui donner réellement d'explications sur ce qu'il a fait ou ce qu'il compte faire.
Mais le personnage principal du livre, c'est la langue, la langue parlée par beaucoup de jeunes banlieusards, mélange de français, d'arabe, de verlan, de gitan. Vivante, contemporaine, loin de celle qui sort de la bouche de certains jeunes de banlieue dans des romans plus conventionnels qui nous rendent peu crédibles ces mêmes personnages.
Mahir Guven, comme Céline en son temps ou Xaura Xilonen avec son « Gabacho », met un grand coup de jeune dans la littérature, tout en nous livrant un roman abouti qui m'a tenu en haleine jusqu'à la dernière page. Voilà un Goncourt du premier roman bien mérité et je suis heureux que les académiciens aient reconnu le talent de ce jeune auteur.
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Bien que j'aie terminé ma lecture depuis plusieurs semaines, cette chronique a eu du mal à voir le jour. Quand un roman me touche vraiment, j'ai toujours du mal à le mettre en mots, et surtout à assembler mes ressentis de façon cohérente. J'espère y être parvenue.

Grand frère est un ex-délinquant devenu chauffeur Uber en Seine-Saint-Denis. Petit frère est un ex-infirmier parti pour sauver des vies en Syrie. Tous deux sont franco-syriens, ni tout à fait Français ni vraiment Syriens, morcelés, n'appartenant finalement à aucune terre. Mais unis par un amour fraternel puissant, violent. Incandescent.

L'un après l'autre, sans clichés ni fausse pudeur, ils se livrent. le besoin viscéral, chacun à sa manière, de tout envoyer valser, de tout "niquer" pour changer le monde. le manque de racines qui les étouffe progressivement. Et surtout l'absence. de leur mère décédée, de leur père dépassé, de leur grand-mère décrépite. Et surtout d'eux. Les frères incompris, séparés par la distance mais toujours ensemble par le coeur. A travers leurs mots, la Syrie nous est servie sans jamais larmoyer, la Banlieue sans rabaisser, et l'Islam sans juger. Tout au long du récit on oscille entre espoir et résignation, le doute s'insinue. On glisse engourdi vers la fin inéluctable et pourtant...

Le style de Mahir Guven est fort et juste, le langage "cité", mélange d'argot et d'arabe, véritable trait d'union entre les deux frères, ne sonne pas forcé comme dans d'autres ouvrages. Utilisé à bon escient il embrase le texte sans l'alourdir. Paradoxalement, j'ai trouvé harmonieux ce langage cru, parfois vulgaire ; j'irai jusqu'à oser dire qu'il relève de la poésie ! Comme quoi la littérature n'a pas besoin d'être classique pour être belle.

S'attaquer à de tels sujets pour un premier roman, c'était un sacré défi, mais le résultat est là. Un récit d'une intelligence rare, qui ne tombe dans aucun des poncifs du genre. Monsieur Guven, je vous dis tout simplement, merci.
Lien : https://www.labiblidekoko.cl..
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Grand frère est chauffeur Uber à Paris, Petit frère est parti en Syrie, pour une étrange mission humanitaire qui s'appelle Djihad. Leur maman, bretonne, est morte, leur père est chauffeur de taxi, ils sont venus se réfugier en France petits lorsque la situation en Syrie a mal tourné.
Aucune nouvelle de Petit frère depuis 3 ans. Grand frère et son père l'ont attendu des jours, puis des semaines, qui sont devenus des mois. Un soir, alors que Grand frère se perd dans les volutes de sa Marie-Jeanne, Petit frère sonne à la porte. Que faire de son retour ? L'aider à se cacher ? Lui pardonner, le dénoncer ?

Chai pas ce que j'avais dans la tête. J'ai cru que j'allais me poser comme une colombe au milieu de la mort.
Mon avis
Par les thèmes qu'il aborde autant que par son style, je dirais que ce roman manquait à notre paysage littéraire. Si tant est qu'il faille faire évoluer la littérature, ou plutôt l'adapter aux changements du monde, à ses nouveaux codes, alors je suis d'accord pour celle-ci.
Lorsque le langage de la rue peut se mettre au service de l'émotion, c'est gagné !
La narration alternée des deux frères offre deux regards complémentaires sur les affres de l'errance humaine. Entre déracinement, souffrance, absence de perspective, deuil maternel, il règne dans ce roman positif et bien construit une profonde envie de sauver les choses, les autres, soi-même.
Les sujets sont traités avec humour et finement explorés, prendre la narration d'un djihadiste n'était pas forcément évident et ces récits de Petit Frère à Raqqa ne sont ni documentaires ni imaginaires, ils résonnent d'une justesse déconcertante.
Le Paris vu des yeux d'un chauffeur VTC offre un pied à terre confortable et rassurant au lecteur, lui permet par la distance effectuée de tenter de comprendre ce qu'il se passe dans la tête de tous les gens qui comme Petit frère cherche désespérément une mission sur cette terre. À lire !
>> Interview riche de l'auteur dans le lien ci-dessous :

Lien : https://agathethebook.com/20..
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Avez-vous déjà observé la société à travers les yeux d'un chauffeur Ubber ? C'est ce que propose Mahir Guven dans cette histoire qui a obtenu le prix Goncourt du premier roman. Il nous happe dès la première page avec sa langue truffée d'argot et son style direct. Chaque chapitre nous plonge dans la tête de deux frères syriens : Grand frère, c'est celui qui est chauffeur de VTC à Paris. Au quotidien, il observe le monde depuis sa carlingue et se dit que finalement, après son passé douteux et la fumette de temps en temps, il est maintenant plutôt rangé avec ce métier. Il a réussi tant bien que mal à échapper à sa condition. Petit frère, c'est un infirmier qui a toujours eu le nez dans les bouquins et est parti en Syrie dans une organisation humanitaire musulmane. Il n'a plus donné signe de vie depuis trois ans. Et ça, ça occupe pas mal l'esprit de Grand Frère.

Forcément, quand le Petit frappe à la porte du Grand après toutes ces années de silence, ça remue pas mal le passé et aussi les interrogations. Pourquoi est-il parti ? Pourquoi est-il revenu ? Que s'est-il passé pendant  ces années ? Ce n'est pas si simple à raconter. Et finalement peu importe, juste après les attentats de 2015 à Paris, quiconque part en Syrie ne peut espérer revenir en France et vivre normalement, comme si de rien n'était. Alors ils vont imaginer s'enfuir tous les deux, pour une autre vie. La famille, c'est sacré. Même si on ne sait pas exactement ce que l'autre a fait ou va faire, on a envie de croire en un futur meilleur...

Le fait d'être dans les pensées d'un frère ou de l'autre maintient le suspense et nous les rend sympathiques l'un comme l'autre. C'est un vrai roman à la fois social, psychologique et qui se prend des allures de thriller. La fin m'a complètement bluffée !
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Ce livre se lit d'une traite sans respirer. Subtil, poétique, puissant, on assiste là à une plongée dans la société française, dans les allers-retours entre Paris et la banlieue, dans les souvenirs d'une famille où papa est Syrien est maman est bretonne. Très juste, ce roman touche et désarçonne. Je le recommande chaudement.
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" Grand frère " de Mahir Guven ( 269 p)
Ed. Philippe Rey

Bonjour les fous de lectures

Lecture réalisée pour le défi " je lis tous les Goncourt" .
Ce livre a reçu le Goncourt du premier roman 2018

C'est l'histoire de deux frères issus d'une famille franco-syrienne et qui vivent en banlieue parisienne.
L'ainé est chauffeur Uber, ancienne petite frappe qui essaye de se ranger mais qui subit de plein fouet la crise avec les taximen.
Le cadet est un jeune infirmier qui rêve de se rendre utile et s'engage dans une ONG, direction la Syrie. C'est la découverte de l'horreur.
Il disparait sans laisser de traces.
Après trois ans d'absence, le petit frère est de retour.
Mais qu'est-il devenu ? Que reste-t-il de ses rêves, de ses illusions?
Quoiqu'il arrive , un grand frère reste un grand frère...

Récit a deux voix où les chapitres s'enchainent donnant alternativement la parole à chacun des frères.
Sans tomber dans le misérabilisme social, l'auteur nous brosse un tableau de la vie dans les quartiers de banlieue où l'intégration reste illusoire d'une part et d'autre part, il évoque l'implantation du djihadisme sur le sol français de plus en plus tentaculaire ainsi que la vie de ces français partis "là-bas" quelles que soient leurs raisons.

Narration au langage bien particulier de ces jeunes banlieusards.
Mélange de Verlan, d'anglo-arabe, d'expression rencontrées dans les cités.
Une fois la surprise des premières pages passée, on assimile très vite ce langage "fleuri".
(un glossaire explicatif de certains mots se trouve en fin de livre pour les non initiés).

Une belle histoire sur la fratrie: deux frères que tout oppose mais qui restent soudés comme les doigts de la main.
Mais également un portrait de la vie dans ces cités ou règne l'ennui et le désabusement entrainant le dépassement de la ligne blanche à un moment ou un autre.

Lecture agréable, plume surprenante mais contrairement à beaucoup, je n'ai pas été totalement engloutie par ce récit.
Je suis restée un spectatrice à distance.

Néanmoins, ce livre est atypique ne serait-ce que par son écriture.
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Je me suis plongée dans cette lecture sur conseil des professeurs documentalistes de mon lycée et je l'ai grandement appréciée pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, l'histoire est très intéressante. C'est celle du "Grand frère", conducteur chez Uber, qui voit revenir en France son petit frère, parti quelques années plus tôt en Syrie. Des thèmes très actuels sont abordés, tels les difficultés des chauffeurs de taxi face à la plateforme Uber ou encore la radicalisation et le terrorisme.
De plus, le vocabulaire "jeune", les phrases courtes et incisives ainsi que le style plutôt oral de l'auteur permettent une description pertinente des tourments d'une jeunesse se sentant délaissée et qui peine à gérer les deux cultures dans lesquelles elle a grandi; à savoir celle héritée du pays d'où a émigré sa famille et celle de son lieu de vie, la France.
En outre, ayant moi même une petite soeur, j'ai trouvé très juste la description de ce que ressent le grand frère envers son petit frère. cela rend, selon moi, l'histoire encore plus touchante.
Enfin, ce roman soulève un dilemme profond : le narrateur doit-il accueillir son frère sans le dénoncer à la police alors que celui-ci est peut-être lié à la préparation d'un attentat ? le lecteur ne peut s'empêcher de se mettre à la place du grand frère et de tenter de résoudre ce choix cornélien. Pour ma part je n'y suis pas parvenue, et le suspense m'a forcé à le lire en une journée.
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Ce que l'on peut dire c'est que ce livre est atypique.

En effet, le sujet traité est difficile et le langage utilisé est rare pour les romans que je lis. L'association des deux est encore moins fréquent.

La Syrie, la religion, la famille, ces trois sujets liés ne m'attirent pas forcément. Mais l'écriture de Mahir Guven rend tout cela accessible et nous plonge dans cette aventure. Nous avons l'impression de faire partie de l'histoire.
En revanche, le fait de devoir aller au glossaire de temps en temps nous coupe un peu dans la lecture.

Ce n'est pas le coup de coeur, mais je suis contente d'avoir lu un roman qui sort de l'ordinaire pour moi.
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