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4,09

sur 351 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tout sonne terriblement juste dans ce premier roman percutant qui dresse le portrait de la société française depuis la banquette d'un uber.

A commencer par les deux personnages principaux, Grand frère et Petit frère, mère bretonne partie trop tôt, père syrien. Etre enfin quelqu'un, trouver sa place dans la société alors que l'ascenseur social est cassé et que du coup faut l'escalader en étant souple et en s'adaptant. Tel est leur leitmotiv.

Chacun se livre, se raconte dans une alternance de chapitres. Mais chacun prend une voie différente pour se trouver un avenir. Grand frère est allé de magouille en magouille, à éviter de justesse la case prison et le voilà trainant son amertume dans son uber. Petit frère, le plus doué, a misé sur les études, infirmier, mais c'est un cérébral qui rêve d'idéal et croit le trouver dans la religion et la compassion.

Lorsque le roman commence, on sait qu'il est parti au Cham, en Syrie, des étoiles plein les yeux au sein d'une association humanitaire proche de Daech. Et voilà qu'il revient après avoir disparu des radars familiaux, trois ans après.

Magnifiques personnages ( sans parler de celui du père ou de la grand-mère syrienne ) qui nous ouvre à un monde qu'on s'évertue à ignorer. Ce roman nous parle des bordures, du sentiment de colère face à aux injustices de la vie sans aucun cliché, ni caricature ni tabou sur les banlieues.

Mais en fait, le personnage central de Grand Frère , c'est la langue de Mahir Guven. Ultra vivante, métissée de parler banlieue, de verlan, d'arabe. Elle tourbillonne sous nos yeux, bouillonne, percute, crée. Si vraie, et pourtant, on la sent très travaillée, on sent que l'auteur a pesé les mots pour les agencer, pour leur insuffler un rythme fou.

Et que dire de la montée en puissance qui te pousse
à tourner frénétiquement les pages … un véritable thriller psychologique qui t'achève essoufflé là vers un final que tu n'attendais pas. L'histoire se termine au dernier mot.
Un récit puissant, actuel, profondément humain. Gros coup de coeur !
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Je ne suis pas du genre à tomber en extase à tort et à travers. Mais là, avec Grand frère, j'ai été bluffé ! Bluffé par l'effervescence étourdissante de ce roman social et psychologique, dont la fin est aussi haletante qu'un thriller. Bluffé dès les premières pages, car ce qui frappe au premier abord dans ce livre, c'est la langue.

Une langue qui explose à la figure, qui coupe le souffle. Une langue brutale, mais émouvante, car on n'y trouve nulle haine. Juste de la colère et de l'amour au bord de l'ébullition. Une langue inspirée de celle des jeunes des banlieues, des cités, celles du neuf-trois, car c'est là qu'ont été élevés les deux narrateurs du roman, deux frères franco-syriens. Un univers social que connaît bien l'auteur, Mahir Guven, né apatride à Nantes d'une mère turque et d'un père kurde, tous deux réfugiés.

Une vie en HLM, ça n'était pas vraiment ce qu'envisageait le père de nos deux narrateurs, lorsqu'il avait quitté sa Syrie natale, dans les années quatre-vingt, pour terminer ses études à Paris. Dans le contexte socio-économique que nous connaissons, il a malheureusement dû se contenter d'une carrière d'artisan taxi. le daron – comme on dit dans la langue de ses fils – est un homme entier, pénétré de certitudes, profondément laïque malgré une éducation musulmane. Maman, une femme douce originaire de Saint-Malo, est morte subitement devant ses fils encore enfants. Dix-huit ans plus tard, c'est comme si c'était hier. Ce qui reste d'elle, hormis le chagrin, c'est l'amour.

L'amour de la famille ! La famille importe avant tout, même si le daron ne comprend rien à ses fils. Et entre ceux-ci, Grand frère et Petit frère, c'est à la vie à la mort. Depuis que maman est partie, rien ne compte plus pour l'un que l'autre. Ils se comprennent et savent ce que l'autre ressent sans se parler, sans même se regarder.

Grand frère est chauffeur VTC affilié à une plateforme, une trahison pour le daron, un plan B acceptable pour ceux qui, dans les quartiers, n'ont pu réussir dans le foot ou la musique. Dans les chapitres dont il est le narrateur, au volant de sa japonaise noire, il commente avec un humour teinté d'amertume le quotidien de précarité, de trafics, de prêches islamiques et de menaces policières dans lequel il zigzague avec ses potes. Il finit par dévoiler, au compte-gouttes, les turpitudes les plus inavouables de son passé et les lésions probablement irréversibles résultant de son addiction au bédo, au cône, au pilon, à l'oinj, au sbah, au spliff, au tonton…

Vous ne comprenez pas ?... Mais moi non plus, je ne savais pas qu'il y avait autant de mots pour dire « un joint ».

Petit frère est infirmier. Soigner les gens est une vocation pour cet idéaliste. Il travaillait en salle d'opération dans un grand hôpital parisien. Il raconte comment, à l'insu et au grand dam du daron et de son grand frère, il s'est engagé dans une ONG humanitaire musulmane, qui l'a fait passer en Syrie, là où sont ses racines. Son voeu : apporter ses services de soignant aux populations civiles martyrisées par les troupes de Bachar el-Assad. Mais les ONG se font phagocyter par l'état islamique et les deux parties s'entretuent au même cri d'Allahou Akbar. Petit frère, plus idéaliste que jamais, est désorienté par ce qu'il découvre. Que faire ? Lui est-il possible de rentrer en France ? Et comment ?

Le fait est qu'il est rentré, et Grand frère – on ne se refait pas ! – fera tout pour l'aider… jusqu'au moment où un doute terrifiant le saisit…

Le roman vire au thriller, d'autant plus crispant et oppressant, que l'on ne le voit pas venir. Des retournements de situation à couper le souffle.

Et comment reprendre son souffle, si ce n'est en prenant conscience, dans les toutes dernières pages de ce livre génial, que tout est littérature ?

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Disons qu'on l'appellera Grand frère. Moitié syrien, moitié breton, Grand frère est chauffeur de VTC en banlieue parisienne.

Il raconte.
Le taf, la cité, le père désenchanté, la mère décédée il y a longtemps, et aussi Petit frère, l'infirmier, parti sans laisser d'adresse voilà près de trois ans.

Vif et attachant, Grand frère se livre à travers l'intelligente poésie de son regard et de ses mots, arabe, verlan, argot des cités, mêlés au rythme d'un réjouissant sens de la formule (à noter que si t'es vénère pasque tu piges walou, un glossaire en fin d'ouvrage te permettra de tout capter quilletran).

En ce journal d'un slameur solitaire se glisse aussi parfois un autre monologue, celui de Petit frère que l'on retrouve en Syrie. Mission humanitaire parait-il…

Insensiblement le dialogue fraternel se musclera façon polar pour progresser vers un épilogue habile et désarmant, dénouement inattendu qui m'a définitivement attachée à ce roman très juste, unique et percutant.


Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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Un premier roman étonnamment vivant, et appréhendant de nombreux sujets de société, délicats et fortement d'actualité...:

"Pas de colonne vertébrale: ni vraiment français, ni vraiment syriens, ni vraiment autochtones, ni vraiment immigrés, ni chrétiens ni musulmans. Des métèques sans savoir pourquoi on l'est. (...) Comment retrouver son chemin quand on sait pas d'où l'on vient. "(p. 72)


l'émigration, le mal-être des jeunes de banlieue, qui ne trouvent pas leur place, le déracinement, les difficultés avec la langue française qui induit une aggravation de l'exclusion sociale...
Le besoin de se jeter dans une cause , pour se sentir exister (et parfois les choix proposés se révèlent plus dangereux et suicidaires, que le mal premier)....La radicalisation des jeunes, qui cherchent leurs racines, une identité...mais c'est aussi un très bel hommage aux liens fraternels. Là, le grand frère dit son exaspération, ses énervements envers son cadet,
mais aussi son amour inconditionnel, irremplaçable à son encontre !

"Petit Frère
Tu sais , Frérot, je suis comme toi. J'ai deux moi. (...) Et y avait l'autre moi, celui qui voulait sauver la Terre. Parce que le monde m'appelait au secours. La nuit, j'entendais les pleurs des enfants palestiniens, maliens, soudanais, somaliens et syriens, et de tous les autres; Les bombes pleuvaient sur les
innocents, et moi, impuissant, je devenais fou; Il paraît qu'on vivait dans le pays de la liberté, des droits de l'homme, mais rien que l'Etat sponsorisait des bombardements sur les innocents. Je me suis longtemps demandé pourquoi j'étais parti. La vie, c'est complexe. Les choix qu'on fait, les routes que l'on emprunte dépendent du boy caché au fond de notre cerveau. de la manière dont il se construit. Dont il s'enrichit jour après jour. Et de l'état d'esprit du moment. Y a des routes où tu peux faire demi-tour
et d'autres où, quand tu y mets le pied, c'est fini. Et encore d'autres, où tu ne sais pas ce qu'il y aura au bout. "(p. 15)


Une fois passée la petite contrainte d'aller au glossaire final pour saisir certains mots, qui ne manquent pas de couleur, ni de pittoresque , on est entraîné dans un tourbillon : celui de l'histoire de cette famille franco-syrienne!!...

L'auteur , en effet, mélange à dessein, à la fois, le verlan, l'argot français, l'argot arabe ,le gitan, etc.... à l'image de cette société de jeunes, issus des communautés les plus diverses ! [ Comme il est précisé dans la présentation finale du glossaire: "Chers lecteurs, pour vous faciliter la lecture et vous faire découvrir le vocabulaire énergique et vivant d'une partie de la jeunesse, voici un glossaire " !]

Un roman des plus percutants sur les jeunesses des banlieues, leur mal-être , leur recherche d'une autre destinée que celle de leurs parents, la crise, le racisme, les dérives religieuses et quasi-sectaires, la famille, les copains...et le besoin universel de trouver une "Raison de vivre"...envers et contre tout !

"La seule vérité, c'est la mort. le reste n'est qu'une liste de détails. Quoi qu'il vous arrive dans la vie, toutes les routes mènent à la tombe. Une fois que le constat est fait, faut juste trouver une raison de vivre." (p. 9)

Un premier roman que je trouve très réussi; une vraie pépite, qui aborde des sujets sociétaux préoccupants, avec une langue originale et un rythme vigoureux...Du sombre, de l'inquiétant...mais aussi la lumière incroyable résidant dans l'amour de ces deux frères, aussi dissemblables qu'inséparables , que complémentaires ! ...

"Mon frère, c'était un homme qui a trouvé sa voie en s'occupant de la vie des autres. Un coeur tendre, bousculé par la détresse du monde. Hier, il aurait prié pour l'abbé Pierre, aujourd'hui, c'est pour la Syrie et la Palestine, et après-demain, il aurait pu courir vers n'importe quelles larmes. Ainsi était mon frère. (...) Ma moitié. Mort ou vivant, il est avec moi, partout, tout le temps, à chaque instant, dans chaque geste, dans chaque mot.
(...) Il a pris une route. Une simple route. Et il aurait pu en prendre une autre. C'était son choix. (...) Ma plus grande leçon d'humanité, c'est lui. " (p. 264)
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Voilà un livre dont je n'avais pas entendu parler et que je n'aurais sûrement jamais lu sans l'insistance de ma bibliothécaire que je remercie.
Sous la plume de Mahir Guven, nous découvrons une famille franco-syrienne vivant en banlieue parisienne. le père et le fils aîné déroulent leur triste quotidien sur le macadam. Ils sont chauffeurs, le premier de taxi, le second de VTC. Entre les deux, il y a l'absence du Petit frère, un infirmier parti en Syrie avec une organisation humanitaire musulmane. Lorsque ce dernier revient trois ans plus tard, il est transformé et sème le doute dans l'esprit du Grand frère.
Les chapitres alternent donnant la parole tantôt à Grand Frère qui parle de son quotidien, de ses galères de sa famille et des questions qu'il se pose au sujet du retour de Petit frère, lequel se souvient de son séjour en Syrie, de la guerre, de la peur, de son engagement pour sauver les autres, de ses motivations.
Cette fiction qui décrit de l'intérieur une réalité tragiquement actuelle est portée par un style très personnel. L'écriture de Mahir Guven est un savoureux mélange qui donne au langage des banlieues une musique toute particulière et me semble en parfaite adéquation avec l'histoire.
Ce roman a reçu le Goncourt du premier roman, ce qui est amplement mérité.
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Récompensé notamment du Prix Goncourt du Premier roman et du Prix Régine Deforges 2018 Grand frère, premier roman de l'écrivain Mahir Guven publié en octobre 2017 par les éditions Philippe Rey.


Il frappe fort avec ce Grand frère, l'histoire de deux frères franco-syrien, tous les deux coincés entre deux cultures et à la recherche de leur identité.
À travers leurs témoignages croisés, Mahir Guven nous plonge dans des mondes parallèles, un peu marginaux, chacun à sa manière.

le style de l'auteur est réellement percutant. :pas de clichés, pas de fausses notes (l'auteur parle de son vécu, et il possède un véritable sens de la formule qui fait mouche.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La mère elle est allée sonner à la porte de Dieu un 8 septembre, il y a 18 ans, ses mains, son odeur, sa voix lui manquent. le père moitié arabe, moitié kurde, mais avant tout communiste est chauffeur de taxi, il rêve de monter une petite entreprise familiale avec ses deux fils. Mais le Petit frère, surnommé Pansement, car il est infirmier, veut partir de la France pour soigner dans son pays ceux qui en ont vraiment besoin. La vie est trop courte, il veut l’aventure, la vraie. Alors il est parti sur la terre des fous et des cinglés, en Syrie. Le Grand frère, surnommé Pilote, travaille pour les traites, il est chauffeur VTC chez Uber, son seul diplôme, le permis de conduire, sa seule maitresse, sa voiture. Mais trois ans après, Petit frère revient, on ne rentre pas de Syrie par hasard.

Ce qui fait la force de ce roman c’est que tout sonne juste, l’utilisation du langage imagé des jeunes où verlan, argot et Arabe se mélangent y est pour beaucoup et le glossaire à la fin du livre est le bienvenu. Un style particulier, vivant, rapide, avec deux narrateurs qui alternent dans le récit. L’auteur nous parle de deux mondes qui se côtoient sans jamais se rencontrer, la vie des banlieues, les trafics, les indics, la mosquée, les joints, les meufs qu’ont emmènent au formule 1, des jeunes qui ne peuvent trouver leur chemin, qui ne savent pas d’où ils viennent, qui n’ont pas de colonne vertébrale, ni vraiment français, ni vraiment arabe. L’histoire de jeunes perdus, qui partent combattre en Syrie, et qui reviennent en France se faire exploser.

Mahir Guven nous entraine avec Petit frère, dans un hôpital de fortune, à 30 km d’Alep, sous les tirs meurtriers des partisans de Bachar, opérer, soigner, recoudre, sans aucun matériel. Nous roulons dans la grosse voiture de Grand frère, la précarité des conducteurs de VTC qui sont soumis au diktat des plateformes et leur conflit avec les taxis.

Un livre puissant et percutant, qui traite de ce qui gangrène notre société, cela fait mal, mais c’est la vérité. Une immersion dans une jeunesse qui se sent rejetée et qui est tentée par le terrorisme seul moyen d’exister, avec une fin qui est loin de tout ce que le lecteur a pu imaginer tout au long du récit. Un premier roman de grande qualité, qui a déjà été salué par de nombreux prix dont le Goncourt du premier roman.

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Histoire banale de deux frangins, une histoire qui ne fait jamais la "Une" des journaux, sauf le jour où....une histoire qui vous explose à la figure...
Azad, le Grand-frère est chauffeur Uber, il conduit 11 heures par jour une grosse berline étrangère, noire. Il aime conduire, c'est d'ailleurs pour cela qu'il fait ce boulot. Conduire vite, c'est pour ça qu'il n'a presque plus de points sur son permis et que Le Guen, un flic l'a dans le collimateur.
Hakim, Petit frère est quant à lui infirmier à l'hôpital Pompidou à Paris.
Maman, bretonne d'origine, est partie rejoindre les anges, et Papa quant à lui guérit sa solitude en conduisant un taxi depuis qu'il est arrivé en France. Il râle contre ce fils qui, avec sa grosse voiture noire, lui prend le travail...Le sien et celui de tous ses collègues.
Une famille banale de banlieue. Papa est venu de Syrie il y a longtemps, pour fuir Assad qu'il ne porte pas dans son coeur.
Petit-frère s'ennuie. Idéaliste et le coeur sur la main, il trouve peut d'intérêt dans son travail parisien. Il y a tant à faire pour aider le peuple syrien, calmer et soigner les souffrances dues à la guerre....alors il s'engage dans une organisation humanitaire musulmane et part vers cette Syrie qu'il ne connaît pas.
Il ne sait pas ce qui l'attend...on s'en doute un peu.
Grand frère est superficiel, il veut "tout niquer", ne se pose pas de questions. Sa bagnole est son monde, rouler, rouler, faire des heures..là est son plaisir. Cravate et mocassins sont de mise, bien éloignés de la casquette des copains de banlieue.
Opposition apparente de deux personnalités, des deux personnages.
Début d'un roman, qui bouscule le lecteur, à la fois par l'écriture et l'histoire. Ce premier roman fut couronné de prix littéraires. Et pourtant des puristes n'apprécieront peut être pas l'écriture, regretteront d'avoir à consulter le glossaire pour comprendre les mots des personnages de banlieue. Mais comment raconter ce monde de banlieue, ce monde d'immigrés de la première et de la deuxième génération autrement, sans en adopter les mots et les codes.
Cette vérité de la langue donne vie au roman, et plaisir au lecteur.
On s'en doute. On sait que Mahir Guven va nous bousculer, nous émouvoir. Mais comment ?
Chacun des trois personnages, le père, Grand frère, Petit frère m'a ému, même s'ils ne sont pas tous des anges, loin de là. Impossible de rester indifférent face à leurs histoires, face au drame.
Je pense avoir compris le destin de chacun des deux frères, ce qui ne veut pas dire excuser, loin de là. Ni pardonner.
Tous deux traversent la vie "hors des clous", chacun à leur façon.
Solitude et mal-être dans notre société, intégration, racisme...On se pose des questions sur le comportement des deux frères.
La faute à qui ? Peut-on espérer pardonner sans expliquer, sans tenter de comprendre ? Peut-on simplement pardonner ?
Tout l'intérêt de ce roman !
Nous retourner, nous bousculer...
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Waouw quel livre! Sur fond de djhiadisme, l'histoire de 2 frères issus d'un couple mixte (père syrien et mère française).Le père, taximan "légal" a tout fait pour "bien" élever ses 2 garçons après le décès de son épouse. Grand Frère , après une adolescence chaotique est devenu chauffeur VTC. Il mène une vie plus ou moins normale. Petit frère est devenu infirmier et travaille à l'hôpital tout proche. Il fréquente de plus en plus assidument la mosquée.Et puis un jour, il part en Syrie, officiellement en tant qu'infirmier. Qu'est-il vraiment devenu ? Il ne donne plus de nouvelles. Jusqu'au jour où ....
Le livre alterne le point de vue de Grand Frère et le point de vue de Petit frère. le style est dynamique, jeune (utilisation de mots d'argot pour lesquels on trouve un glossaire en fin de livre),poignant , captivant.
Ce roman (biographique ?) a reçu plusieurs prix bien mérités.
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On apprend leurs noms seulement en fin de roman mais cela n'a pas d'importance, ils restent pour nous « Grand frère » et « Petit frère ». le grand, resté seul, orphelin de son petit frère, désemparé, au volant de son VTC à bord duquel il passe de longues heures, à tourner dans la ville, avec à son bord des passagers qui, parfois, ne lui parlent pas. Ce qui l'agace. Tiens, j'ai toujours trouvé les chauffeurs de taxis bavards assez fatigants, j'apprends qu'ils ont besoin de s'occuper l'esprit et la langue...

Quant à Petit frère, ce qu'on sait c'est qu'un jour il a disparu, entraîné en Syrie par un membre d'une association humanitaire qui oeuvre au service des citoyens dans les zones de guerre contre Bachar el Assad. Disparu, envolé, sans un mot, sans même que sa famille puisse imaginer son projet ! D'infirmier le voilà promu médecin voire chirurgien à l'occasion, sous les tirs de kalachnikov.

Derrière lui, un père, taxi (donc totalement en désaccord avec le Grand frère, VTC), effondré, abasourdi, d'autant que la mère est décédée depuis longtemps et que sa vie ressemble à un long trajet triste. Où donc se trouve son jeune fils ?

Les textes alternent, sous la plume de l'un et de l'autre frères. Les sentiments et les émotions affleurent, discrets, bien réels, entre rancune, colère, ressentiment et tendresse ineffable, émergence des souvenirs doux de l'enfance.

Un joli texte, qui nous donne quelques clés pour comprendre ce qui se passe dans la tête de jeunes Arabes dont le pays est à feu et à sang, entre désir d'aider leurs frères et terreur de se faire engager quasi malgré eux dans des combats cruels.

Le dernier looping final vient déconcerter le lecteur et maintient l'intérêt jusqu'au bout de la lecture. Intéressant et sensible.

Merci à Archie dont la chronique m'a incitée à lire ce livre!
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