AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,52

sur 84 notes
5
13 avis
4
25 avis
3
14 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Ils ont détruit le Krokodil". 5 mots qui vont pousser Mathieu, 23 ans, étudiant en médecine, spécialité psychiatrie, à prendre la route pour se rendre sur l'île d'Oléron. C'est là qu'enfant il passait ses vacances d'été. Il n'y est pas retourné depuis cet hiver 1999. Il venait alors de perdre son père. Sa mère avait décidé de fuir Noël en famille pour l'isolement dans cette maison du souvenir. Elle n'avait pas prévu que Mathieu rencontrerait Corentin et que la tempête ne soufflerait pas que dans leurs coeurs.

J'ai été très sensible à l'histoire de cet enfant confronté au deuil d'un parent. Chaque chapitre commence par Mathieu à 23 ans, sa redécouverte de la maison et de l'île, sa plongée nostalgique dans ses souvenirs de ces jours de décembre 1999. On glisse alors habilement vers le récit du Mathieu de 12 ans. L'intrigue progresse en parallèle entre les deux époques et Mélanie Guyard arrive à instaurer et distiller un suspense qui va grandissant. le temps est comme suspendu tant il semble progresser lentement tandis que nous suivons l'enfant sous le froid et gris crépuscule de l'hiver et le jeune homme sous la lumière chaleureuse du début de l'été.

"Et puis il fait si beau ...revoir l'océan, une dernière fois. Revoir le Krokodil, et redevenir adulte, si le pays imaginaire ne veut plus de moi. "

Dans un style plein de poésie et très imagé l'auteure décrit la densité des émotions qui traversent Mathieu. Comment faire le deuil de son père ? Comment calmer cette colère intense qui bouillonne au fond de lui ? Corentin, l'enfant des dunes, sera le catalyseur et cet élément qui va mettre Mathieu sur le chemin de l'acceptation du deuil. Cette rencontre va le sortir de l'inertie provoquée par la mort de son père, de la douleur qui l'engourdit lui et sa mère (quelle belle scène que celle où la mère et l'enfant se retrouvent, au sens propre comme au figuré).

A 12 ans Mathieu n'est plus un petit. Il n'est pas encore un grand non plus. Il est les deux à la fois. Corentin va le provoquer, le tester, le mettre au défi, l'amener à affronter ses peurs les plus profondes. En retournant sur l'île 9 ans plus tard et seul, Mathieu se confrontera à nouveau aux fantômes de son passé et fera la paix avec ses démons.

On sait ce qui s'est passé ces 26 et 27 décembre 1999, partout en France et en Europe. On n'a pas oublié ces deux tempêtes, Lothar et Martin, qui ont traversé le continent semant la mort et la désolation. Mais on reste suspendu dans l'attente du déclenchement de la fureur les éléments naturels qui font écho à la tempête intérieure du héros. Mélanie Guyard dissèque les bouleversements du monde intérieur de Mathieu et du monde extérieur, dans ses descriptions de la nature, du ciel et de la terre, du vent et de l'océan, des émotions de Mathieu et de ce qu'il perçoit de celles de sa mère.

"Ils ont détruit le Krokodil alors peut-être ai-je le droit d'être libéré "

Un roman qui a trouvé écho en moi et qui m'a touché au coeur.

Merci à Babelio et aux Editions du Seuil pour cette découverte dans le cadre d'un Masse Critique Privilège
Commenter  J’apprécie          150
«Ils ont détruit le Krokodil»
La destruction d'un blockhaus sur une plage d'Oléron, va réveiller dans l'esprit de Mathieu, aujourd'hui interne en psychiatrie, des souvenirs douloureux enfouis dans sa mémoire. Hanté par le fantôme de ce blockhaus" en perdition" Mathieu, qui n' est jamais retourné sur l'île depuis ce mois de décembre 1999, décide de retrouver la maison de vacances où il séjourna ce dernier Noël, alors âgé de douze ans. Son père s'est suicidé quelques mois plus tôt, et sa mère décide de passé Noël avec lui dans cette maison familiale, pour s'éloigner du monde, échapper au chagrin et tenter de faire le deuil de cette disparition douloureuse : «nous avions cessé d'appartenir au présent. de bien des façons, nous n'avions pas survécu à l'automne. Ce monde n'était plus le nôtre, et nous cherchions tous les deux un endroit où nous poser, un jardin familier qui n'existait plus.» Accablé de tristesse, Mathieu rencontre Corentin, un enfant de l'île à la tignasse emmêlée, déluré et intrépide. Une solide amitié va lier les deux enfants du même âge - Mathieu au contact de Corentin retrouve une envie de vivre. Cette amitié sera scellée par le sang sur un galet noir traversé par une veine argentée. Ils vont explorer le blockhaus Krokodil, faire de grandes balades effrénées à vélo et, Corentin va pousser Mathieu à vaincre sa peur et sa tristesse jusqu'à tester la limite de son courage dans des jeux dangereux qui provoqueront la mort d'un chien et briseront leur amitié. l'enfant des tempêtes est un roman qui commence doucement, et qui, comme les tempêtes, va crescendo. Avec ce retour sur l'île, Mathieu cherche à retrouver l'enfant qu'il était, avec ses peurs, celle du noir, ses cauchemars, et comprendre l'homme qu'il est devenu pour faire table rase du passé. Finalement, sur le passé qui est comme" des grains de sable impossibles à retenir, tous mélangés" Mathieu sera troublé et aura un doute sur la véracité de ses souvenirs après la découverte d'une confusion sur le type et la couleur, rouge ou gris argenté, de son vélo. «où se trouve donc cette vérité que je cherchais ?».
Dans ce récit , Mélanie Guyard superpose le passé, le présent, l'enfance et l'âge adulte, l'hiver et le printemps et, avec beaucoup de talent, joue avec nos nerfs, et attise le suspens. le lecteur attend le drame à chaque page. Elle évoque avec acuité la souffrance et la tristesse ressenties après la perte d'un être cher, décrit fidèlement la somptuosité et la grandeur des éléments, mer et ciel.
N'oublions pas les descriptions d'Oléron, convaincantes de réalisme, et celle de cette fameuse tempête Martin, qu'il aurait été préférable d'appeler Corentin, Ouragan en langue Celte, qui sont aussi les personnages du roman. Ce roman est pour moi une belle découverte et je remercie Babelio et les éditions du Seuil de m'avoir permis de" rencontrer" Mélanie Guyard dont je n'ai pas encore lu "les âmes silencieuses" que je vais m'empresser de dévorer.
Commenter  J’apprécie          80
Il aura suffit d'une annonce: la destruction d'un blockhaus sur la plage d'Oléron proche de sa maison de vacances. Une nouvelle en apparence sans importance qui renvoie Mathieu, âgé de 24 ans, à la période la plus compliquée de sa vie. En 1999, pendant l'automne, son père s'est suicidé. Cette année-là, ni lui ni sa mère n'eurent envie de fêter Noël en famille. Ils fuirent sur leur île. Là, sa mère s'enfonça dans le chagrin et les médicaments. Encore enfant, Mathieu affronta seul ses démons, la friction entre son envie de vivre et la culpabilité qu'elle généra en lui. Chaque jour l'emmena un peu plus loin. Profiter de belles balades en vélo comme un enfant. Jouer à se faire peur. Tester les limites de ses forces et de ses convictions quitte à risquer sa peau et celle des autres. Alors qu'on le pense prêt à déraper arrive cette tempête Martin, dévastatrice. Comment vivra-t-il cet événement hors norme, dans son coeur et dans son âme?

Avant l'histoire et dès les premières pages, j'ai été séduite par l'écriture de Mélanie Guyard. J'y ai d'abord trouvé des petites phrases qui m'ont profondément touchées, que j'ai relues comme des bonbons au goût sans doute piquant mais emplis de sens: « Parfois quand on ne réfléchit pas trop, les décisions se prennent sans nous », ou « Elle n'avait pas attendu la réponse. La radio était trop enthousiaste pour sa chanson personnelle. » Son écriture est riche, extrêmement rythmée. Elle épouse les pensées de Mathieu, tumultueuses, pouvant se limiter à un nom ou glisser vers un lexique plus courant. Les descriptions de l'océan ou de la tempête nous immergent dans la scène. Les mots se font alors image ou bande son pour mieux servir le récit: « Autour de nous rugissait la tempête, nous obligeant à rester tapis, pour échapper à sa colère. Elle ronflait, roulait, enflait, refluait. Un océan dans le ciel, et nous glissions sous la surface. »

Cette excursion de Mathieu, adulte, sur l'île, me fait l'effet d'une balade méditative. N'y voyez rien de calme ou d'apaisant. Il s'agit plutôt ici, en observant les lieux, l'océan tel une ancre entre le présent et le passé, de retourner dans cette année traumatique pour peut-être parvenir enfin à guérir de la perte de ce père, de cette insouciance à jamais envolée, de ce nouveau rôle pris auprès de sa mère. Nous suivons Mathieu dans ses réflexions, ses souvenirs, ses peines. Cela peut paraître parfois un peu décousu et pourtant. Mélanie Guyard fait grandir en nous comme dans son héros une tension dramatique dont on craint la résolution. La tempête arrive alors, allégorie des émotions qui se déchainent en chacun lors d'un deuil. Cette épreuve laisse Mathieu exsangue, meurtri à jamais, avec un véritable chantier de reconstruction à entamer sur lui-même. Les stigmates sur l'île reflètent ceux de son coeur. J'ai trouvé cette image d'une grande beauté et surtout extrêmement juste. On comprend parfaitement bien la violence du deuil pour cet enfant et ce qu'il traverse alors.
J'ai été touchée par ce roman et par le personnage de Mathieu. J'ai marqué ma lecture de nombreuses pauses pour laisser les mots s'ancrer doucement. On n'a jamais totalement fini de grandir et « l'enfant des tempêtes » nous y aide.
Commenter  J’apprécie          60
Certains livres vous font passer un bon moment, tant ils sont goûteux, marrants ou séduisants. D'autres, inattendus, vous ouvrent les portes de mondes imaginaires différents, fictionnels ou scientifiques. Lus d'une traite ou de manière gourmande, par petites touches, ils se laissent lire puis refermer vous laissant libre de passer à autre chose. « L'enfant des tempêtes » n'est pas de ses lectures dont vous pourrez vous débarrasser au point final. Il y a d'abord ce point de vue interne, affirmé dès la première ligne du premier chapitre. Ce « je » de l'auteur qui n'est pas le « moi » du lecteur, gêne et dérange. C'est d'abord un refus, viscéral d'endosser cette histoire et de se sentir concerné par « ses » mots. Pourtant, page après page, ce « je » deviens vous. Il colle à la peau, au point qu'il importe peu désormais que le narrateur soit un jeune garçon ou un jeune homme, que vous n'en ayez ni le genre ni l'âge.
Ensuite, il y a cette perméabilité du temps. Sans avertissement, passé et présent s'interpénètrent. Or être adulte, c'est vouloir gérer le temps, « son temps à soi », le répartir entre action, souvenirs, espoirs ou projets. Au fil des chapitres, les limites se floutent, disparaissent. Avec cet enfant, on se débat dans des espaces transitionnels, des bunkers que la mer mange, des îles que la tempête enrobe, des nuits rêvées ou vécues, une réalité toute de souvenirs, des « oui » qui devraient être « non » et des refus qu'il faudrait apprendre à transformer en acceptation.
Certains livres seront ainsi toujours plus que des livres. Ceux-là vous parlent, intimement au point que le « je » de l'auteur devient un écho à nos propres vies. Cette histoire existe au-delà des mots, quant à ceux-ci, ils répondent à ce quelque chose que nous vivons tous, qui font de nous ce que nous serons toujours, des enfants face à la vie et en deuil de l'enfance.
Commenter  J’apprécie          30
1er coup de coeur pour 2024, J'ai adoré. Cette histoire m'a touchée.Un très beau prologue, une écriture superbe, juste. Quelques jours avant Noël , Mathieu et sa mère vont sur leur île, s isoler, n ont pas la tête à la fête. Comment faire face à la perte d un être cher. Passé - Présent . Survivre aux tempêtes de la vie . l'atmosphère est sombre, triste et pourtant M. G conte ce récit d une façon lumineuse, éblouissante. C'est d une beauté, d une puissance émotionnelle... de magnifiques descriptions des tourments, ravages de la nature comme ceux des personnages. Tout est parfait dans ce livre, superbement maîtrisé de l incipit à l excipit. Sauf erreur de ma part je n'ai pas vu de prix littéraire pour ce livre et j en suis très surprise. Merci Mélanie Guyard
Commenter  J’apprécie          20
Mathieu a 12 ans, il a perdu son père il y a peu. Sa mère décide de l'emmener fêter Noël juste tous les deux dans leur maison de vacances sur l'île d'Oléron, officiellement pour éviter qu'il voit tous ses cousins heureux avec leurs deux parents, officieusement elle ne se remet pas de la perte de son mari. Tout ne se passera pas simplement pendant ces vacances, en parti à cause de l'arrivée de la tempête 99. Des années plus tard, Mathieu maintenant interne en médecine retourne à Oléron et se remémore tout ce qui s'est passé pendant ces fêtes particulières.
Quand la masse critique privilégiée babelio me l'a proposé, je me suis contenter de Mélanie Guyard et île d'Oléron pour postuler. J'aurai pu lire un peu plus la quatrième de couverture, ça m'aurait éviter une lecture éprouvante à un moment où je n'avais pas forcément le capital moral qu'il fallait.
La plume de Mélanie Guyard fonctionne avec moi, elle réussit à m'embarquer aussi bien sur le vélo de Mathieu, autour de l'île d'Oléron, que dans la tête de celui-ci. L'aspect psychologique des personnages est pour moi le point fort de ce roman. On est Mathieu, on ressent tout, comme si on était lui. 
C'est si bien fait que c'est devenu éprouvant pour moi la combinaison père décédé, Charente Maritime et Noël étant trop proche de mon vécu, ce n'était pas bon pour mon moral. J'ai apprécié ce « pèlerinage », que ça soit les aventures vécues à l'époque que les réflexions sur l'influence du passé sur le présent. se reconstruire : comment, pourquoi, à quel rythme, quel influence le passé a sur notre construction et l'adulte que l'on devient…
Beaucoup d'aspects liés à son deuil sont abordés et le tout sans négliger les soucis de communications entre les personnes qui restent. Ca sonne juste.
Et puis il y a Corentin qui repousse les limites de Mathieu. La relation entre ces deux jeunes est très réaliste, elle colle au vécu des amitiés, pas toujours positives, qui se développent, en particulier, pendant les vacances. J'ai apprécié la fin et les réflexions qui en découlent.
C'est une très belle lecture qui bien que tombée au mauvais moment m'a beaucoup touchée et que je relirai avec plaisir quand ce sera plus le moment.
Commenter  J’apprécie          20
Je ne connaissais pas la plume de Mélanie Guyard, mais c'est chose faite grâce à Babelio et aux éditions du Seuil, après avoir été sélectionnée dans le cadre d'une masse critique privilégiée. Quand j'ai été contactée, mon intuition m'a soufflé de tenter ma chance. J'avais été séduite par la couverture. Puis j'ai vu le mot "Oléron" (où j'ai passé de nombreuses vacances) et j'ai senti qu'une relation mère-fils se jouerait au fil des pages (ce à quoi la maman que je suis est très sensible). Et bien je suis ravie d'avoir écouté mon intuition.

J'ai été extrêmement touchée par ce roman qui oscille, très habilement, entre présent et passé. On découvre Mathieu, interne en médecine, qui décide subitement de revenir sur l'île d'Oléron, dans la maison où sa mère avait décidé de les emmener pour échapper aux fêtes de fin d'année, après la mort de son mari. Au fil de ses souvenirs, on le découvre à l'âge de 12 ans. Un pèlerinage comme un exorcisme dans l'espoir d'une délivrance.

Le deuil à faire, par l'enfant et par la mère, est poignant. On a envie de les soutenir, de les aider. Mais ils doivent faire ce chemin, seuls, et passer à travers la tristesse, la colère, l'incompréhension, le désarroi, la culpabilité. En espérant atteindre le pardon et l'acceptation,  en espérant se retrouver...

Sur ce chemin, Mathieu rencontre Corentin. On se dit alors que c'est une histoire d'amitié entre deux jeunes adolescents que l'on va lire, de celles qui pourraient redonner à Mathieu l'envie de vivre et de rire. Mais tout à coup, le rythme s'accélère et les expériences deviennent plus extrêmes... peut-être pour se sentir vivant mais jusqu'à quel point ?

L'ambiance triste et mélancolique du début du roman cède alors la place à une sensation oppressante. le stress et la tension montent progressivement. La nature s'y met aussi avec l'arrivée inéluctable de cette tempête meurtrière qui avait traversé la France dans les derniers jours de l'année 1999, comme un écho à la tempête intérieure qui fait rage dans le coeur de Martin. Jusqu'à cette fin qui nous rappelle que les souvenirs ne sont pas toujours des réalités...
Commenter  J’apprécie          20
Juin 2011. Matthieu, 23 ans, sort de sa garde et sur un coup de tête prend la route direction le passé. le ruban d'asphalte qui se déroule sous ses roues devient le cordon sur lequel il enfile les perles de ses souvenirs. Il vient d'apprendre que Krokodil a disparu. Il file donc vers Oléron, vers la maison que sa mère a mise en location de vacances, mais dans laquelle ni lui ni elle ne sont retournés depuis cet hiver 1999. Il veut voir de ses yeux les restes de Krokodil, le blockhaus qui gisait sur cette plage d'Oléron et qui a hébergé 12 ans auparavant sa rencontre avec Corentin.

Décembre 1999. Matthieu, 12 ans, vient de subir de plein fouet le suicide de son père. Avec sa mère qui a voulu éviter d'affronter les regards familiaux, il vient d'arriver dans la maison de vacances d'Oléron. L'ambiance est aussi fraîche que l'eau ; le coeur de Matthieu mouille dans un bain de tristesse laissant remonter des bulles de colère qui profitent d'un vent de culpabilité pour éclater au visage d'une mère désabusée. Des bourrasques d'émotions que transcrit avec beaucoup de justesse Mélanie Guyard.
Et puis apparaît Corentin avec qui, très vite un lien d'amitié se crée. Ils ont le même âge, le même besoin de l'autre qui fait de leur relation une échappatoire.

Le Matthieu de 2011, arrivé dans la maison d'Oléron, se remémore ces jeux d'ados dans lesquels les limites entre risque et danger deviennent aussi ténues qu'excitantes, pendant que le lecteur constate avec appréhension l'emprise qu'exerce Corentin sur son nouvel ami et se demande jusqu'où Matthieu est prêt à aller pour briller aux yeux de Corentin et noyer la douleur causée par le départ trop tôt, trop violent, trop définitif d'un père autour duquel flotte la brume d'une funeste solitude intérieure. Et alors que la France de 1999 est à la veille de vivre l'un des ouragans les plus dévastateurs de son histoire, le jeune Matthieu s'apprête à vivre en parallèle une tempête intérieure susceptible d'arracher brutalement les racines d'une enfance récemment fragilisée.

Je retrouve dans cet « Enfant des tempêtes » la plume que j'avais aimée dans « Les âmes silencieuses » et les thèmes inépuisables de la famille et de la mémoire dans laquelle s'instille l'imagination pour faire de ses héros des hommes confrontés au doute, aux souvenirs réels, transmis ou fabriqués. Si j'ai trouvé que le roman souffrait parfois de quelques longueurs météorologiques vite rattrapées par un suspens bien présent, il n'en reste pas moins que j'ai beaucoup aimé ces tempêtes qui se succèdent, s'entrechoquent, discordent puis s'accordent pour créer une harmonie aussi destructrice que salvatrice.

Pour ce deuxième roman adulte, Mélanie Guyard signe une fois encore une oeuvre riche dont l'écriture, suspendue aux émois de ses personnages et aux caprices du ciel, fait passer un très agréable moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          20
corally4
corally4 07 novembre 2020
Un peu de retard pour donner ma critique, si tentait, une critique. Mais j'ai relu le livre de Mélanie Guyard « L'Enfant des Tempêtes »
J'avais beaucoup apprécié cette auteure avec dans le premier ouvrage : Les Ames Silencieuses.
Quel plaisir de retrouver son style d'écriture si fluide, lumineux, et bien imagé. le passé, le présent, les âges de la vie, les saisons, se déroulent avec facilités tout en maintenant un suspens.
Nous somme en 1999, lors des tempêtes si dévastatrices, dans l'Ile d'Oléron, où même si l'on ne connait pas vraiment, on sent le vent, l'embrun et les grains de sable se coller à nous….Mathieu, 12 ans et sa maman vont passer les fêtes de fin d'année, seuls, dans leur maison d'été. Une idée de maman car ils sont en deuils. le père s'est suicidé. L'enfant va s'extraire de l'ambiance morose et aller courir sur la grève prés de deux blockhaus. Il y rencontre Corentin, un enfant de l'ile très déluré qui entraîne Mathieu dans ses aventures dans un des blockaus « Krokodil », et aussi dans de grande escapade à vélo, pour tester le courage de Mathieu. Une grande amitié se noue mais rompu par la mort d'un chien.
ET en parallèle, Mathieu à 23 ans, étudiant en médecine à Paris qui apprend que l'on a détruit le Krokodil….
.Aucune hésitation, il part à Oléron, retrouver sa maison d'enfance. . En y retournant une dizaine d'années plus tard, Mathieu retrouvera t il les fantômes de son passé, ses peurs et aussi ses cauchemars. Les albums photos récupérés et la confusion sur le genre de son vélo d'enfant et sa couleur : rouge ou gris vont ils l'aider à avancer dans sa vie d'adulte ? Certainement, car son retour vers sa mère le montre plus serein

Cette histoire m'a émue car être confronté à la perte d'un père ou d'une mère n'est jamais facile quand on est enfant.

Un grand Merci à Babelio et aux Editions du Seuil pour cet envoi dans le cadre d'un Masse Critique Privilège, cela n'a que conforté mon bonheur de lire à nouveau cette auteure.
Commenter  J’apprécie          10
Alors que j'écris ces lignes, le bouleversement qui m'a saisi quand j'ai tourné la dernière page et ai refermé l'ouvrage, est encore bien frais. Frais car les mots raisonnent dans mon esprit, ils tourbillonnent et ils me touchent ; à tel point que la larme qui menace de dévaler ma joue depuis l'avant dernier chapitre se perd sur le rebond de mon sourire, dégoulinant non pas de tristesse mais de sympathie et de compréhension. Ma chronique ne sera pas négative, loin de là, vous l'avez compris en lisant mes premières lignes. Et je vais vous expliquer pourquoi, du mieux que je le peux, cette histoire m'a touché au plus profond du coeur.
En 2011, Mathieu, jeune interne en psychiatrie, décide de se rendre sur les traces de son passé, retrouvant la maison d'Oléron, riche en souvenirs heureux mais aussi ternis par le décès de son père. Et en prenant la route de son enfance perdue, et surtout de l'hiver 1999, quelques mois après la mort de son père, il nous emmène avec lui pour nous conter les mémoires de ce mois de décembre. L'enfant de presque 12 ans, accablé par le décès, mais aussi sa mère, dévastée de la perte de l'amour de sa vie, nous emmène dans leur reconstruction lente et semée d'embuche.
Le lecteur assiste, spectateur impuissant, à la rupture d'une dynamique familiale, ambiance sombre et dramatique qui plane tout le long de la lecture. Et l'esprit invente des leurres, des ruses, pour faire oublier la douleur du deuil. On nous introduit Corentin, l'Ouragan de la vie de Mathieu, qui l'aide à faire fi du passé en l'entrainant dans des expériences plus que dangereuses, motivées par l'envie d'exaltation, de frisson... mais surtout par l'envie de vivre de nouveau. On y découvre la culpabilité du vivant, la "fleur empoisonnée" qui ronge le coeur meurtri de l'enfant, qui ne cesse d'enfoncer ce dernier dans une voie plus sombre alors qu'il essaie tant bien que mal se relever. Une tempête dans l'esprit comme une tempête sur l'océan, la vie du jeune garçon est sens dessus dessous, malmenée par les marées, la houle puissante, les vents violents, les carreaux arrachés, les maudits trois voeux pour trois ricochets...
C'est sous la narration du Mathieu de 23 ans, l'adulte, celui qui a vécu un peu plus longtemps, qui semble un peu plus apaisé (même si ses démons ne sont jamais bien loin), que l'on suit cette épreuve, de bout en bout, sans jamais perdre le fil de l'histoire. Car si le cerveau "malade" invente sans cesse de nouvelles choses pour alléger le poids des épreuves, l'espoir persiste. Au sortir d'une tempête, le jour se lève pour laisser place aux rayons du soleil. Des rayons de joie, d'amour, de réconciliation ; l'idée qu'un jour, nous pourrons guérir et nous relever malgré les blessures du passé. Alors merci à Mélanie Guyard de nous avoir donné - grâce à sa superbe plume alternant rime, prose, métaphores, et dotée d'une stylistique sans pareil - ce récit bouleversant qui continuera, je suis sure, d'en toucher plus d'un.
Lien : https://thereadingsession.fr..
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (141) Voir plus



Quiz Voir plus

Freud et les autres...

Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

3
4
5
6

10 questions
436 lecteurs ont répondu
Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

{* *}