Alors que j'écris ces lignes, le bouleversement qui m'a saisi quand j'ai tourné la dernière page et ai refermé l'ouvrage, est encore bien frais. Frais car les mots raisonnent dans mon esprit, ils tourbillonnent et ils me touchent ; à tel point que la larme qui menace de dévaler ma joue depuis l'avant dernier chapitre se perd sur le rebond de mon sourire, dégoulinant non pas de tristesse mais de sympathie et de compréhension. Ma chronique ne sera pas négative, loin de là, vous l'avez compris en lisant mes premières lignes. Et je vais vous expliquer pourquoi, du mieux que je le peux, cette histoire m'a touché au plus profond du coeur.
En 2011, Mathieu, jeune interne en psychiatrie, décide de se rendre sur les traces de son passé, retrouvant la maison d'Oléron, riche en souvenirs heureux mais aussi ternis par le décès de son père. Et en prenant la route de son enfance perdue, et surtout de l'hiver 1999, quelques mois après la mort de son père, il nous emmène avec lui pour nous conter les mémoires de ce mois de décembre. L'enfant de presque 12 ans, accablé par le décès, mais aussi sa mère, dévastée de la perte de l'amour de sa vie, nous emmène dans leur reconstruction lente et semée d'embuche.
Le lecteur assiste, spectateur impuissant, à la rupture d'une dynamique familiale, ambiance sombre et dramatique qui plane tout le long de la lecture. Et l'esprit invente des leurres, des ruses, pour faire oublier la douleur du deuil. On nous introduit Corentin, l'Ouragan de la vie de Mathieu, qui l'aide à faire fi du passé en l'entrainant dans des expériences plus que dangereuses, motivées par l'envie d'exaltation, de frisson... mais surtout par l'envie de vivre de nouveau. On y découvre la culpabilité du vivant, la "fleur empoisonnée" qui ronge le coeur meurtri de l'enfant, qui ne cesse d'enfoncer ce dernier dans une voie plus sombre alors qu'il essaie tant bien que mal se relever. Une tempête dans l'esprit comme une tempête sur l'océan, la vie du jeune garçon est sens dessus dessous, malmenée par les marées, la houle puissante, les vents violents, les carreaux arrachés, les maudits trois voeux pour trois ricochets...
C'est sous la narration du Mathieu de 23 ans, l'adulte, celui qui a vécu un peu plus longtemps, qui semble un peu plus apaisé (même si ses démons ne sont jamais bien loin), que l'on suit cette épreuve, de bout en bout, sans jamais perdre le fil de l'histoire. Car si le cerveau "malade" invente sans cesse de nouvelles choses pour alléger le poids des épreuves, l'espoir persiste. Au sortir d'une tempête, le jour se lève pour laisser place aux rayons du soleil. Des rayons de joie, d'amour, de réconciliation ; l'idée qu'un jour, nous pourrons guérir et nous relever malgré les blessures du passé. Alors merci à
Mélanie Guyard de nous avoir donné - grâce à sa superbe plume alternant rime, prose, métaphores, et dotée d'une stylistique sans pareil - ce récit bouleversant qui continuera, je suis sure, d'en toucher plus d'un.
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