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EAN : 9782021419078
304 pages
Seuil (08/10/2020)
3.52/5   84 notes
Résumé :
Charente-Maritime, quelques jours avant Noël. Le cœur de Mathieu, douze ans, n'est pas à la fête.

Incapable de supporter leur domicile et la présence de la famille après la mort de son mari, sa mère a décidé de se réfugier dans leur maison de vacances sur l'île d'Oléron. Tous deux s'y retrouvent pour une semaine, face à l'océan sous l'hiver, entre culpabilité et deuil. Dans l'espoir d'endormir sa peine et son incompréhension du monde des adultes, Math... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
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De Mélanie Guyard, j'ai lu et adoré le premier roman « adultes », Les âmes silencieuses, et j'avais eu la chance de l'écouter en parler de manière passionnante lors d'une rencontre organisée par Babelio. J'ai donc sauté sur l'occasion de lire son deuxième roman, envoyé lors d'une masse critique privilégiée par les éditions du Seuil, que je remercie, ainsi que Babelio.

Ce deuxième livre est très différent.

J'ai beaucoup aimé le fait qu'il soit organisé autour de la terrible tempête qui avait terminé le vingtième siècle (à un an près, d'accord), car la tempête est à peine une métaphore de ce qui se passait au même moment à l'intérieur de Mathieu : c'en est comme une matérialisation, une véritable extériorisation. Il avait onze ans, venait de perdre son père, restait avec un monde de questions sans réponses et une douleur sans fond partagée avec sa mère, et il a trouvé le moyen de traverser les pires expériences initiatiques au moment où la nature lui offrait des obstacles exceptionnellement difficiles à surmonter, pour pouvoir surmonter aussi le saccage de sa vie. Nous avons tous en tête les images de cette tempête : le décor n'est pas exagéré, la violence décrite par l'auteure s'est réellement produite en France.

Ce livre est un chemin initiatique, construit sans suspense sur les personnages puisqu'on sait dès le départ que douze ans plus tard, il revient sur les lieux tout en étant en contact avec sa mère, qui a donc elle aussi survécu : tout est dans le chemin initiatique qu'il a fait, refait et revit.

Le livre passe véritablement comme une tempête, et si le dénouement surprend, désarçonne et est donné avec trop peu de détails pour qu'on puisse être vraiment sûr qu'on a compris l'intention de l'auteure, ce n'est curieusement pas grave : parce que quelle que soit la manière dont Mathieu a surmonté les tempêtes, celle de la nature et celle de sa vie, il les a véritablement surmontées. Cela laisse quand même une étrange impression qui altère un peu ma chronique au moment de la poster, mais qui ressemble finalement à la vie de Mathieu : elle aurait pu être un ouragan, elle est finalement un cadeau de Dieu. Pour comprendre cette énigmatique remarque finale, une seule solution : lisez le livre jusqu'à sa dernière ligne !
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Mathieu, petit garçon de 12 ans, se retrouve avec sa mère sur l'île d'Oleron , après la mort de son père. Ils viennent passer les "fêtes de Noël " pour échapper au poids de la famille. La façon dont Mathieu vit le deuil et son passage à l'adolescence m'a extrêmement touchée.
J'ai vraiment été en symbiose avec lui et ai été complètement séduite par l'écriture de Mélanie Guyard que je trouve particulièrement profonde.
S'il ne se passe pas beaucoup de choses, qu'il n'y a pas beaucoup d'actions il se passe beaucoup de choses émotionnellement.
La tempête n'est pas que météorologique, elle est tout autant mentale.
L'écriture est fine, agréable à lire et la psychologie des personnages est soignée .


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"Ils ont détruit le Krokodil". 5 mots qui vont pousser Mathieu, 23 ans, étudiant en médecine, spécialité psychiatrie, à prendre la route pour se rendre sur l'île d'Oléron. C'est là qu'enfant il passait ses vacances d'été. Il n'y est pas retourné depuis cet hiver 1999. Il venait alors de perdre son père. Sa mère avait décidé de fuir Noël en famille pour l'isolement dans cette maison du souvenir. Elle n'avait pas prévu que Mathieu rencontrerait Corentin et que la tempête ne soufflerait pas que dans leurs coeurs.

J'ai été très sensible à l'histoire de cet enfant confronté au deuil d'un parent. Chaque chapitre commence par Mathieu à 23 ans, sa redécouverte de la maison et de l'île, sa plongée nostalgique dans ses souvenirs de ces jours de décembre 1999. On glisse alors habilement vers le récit du Mathieu de 12 ans. L'intrigue progresse en parallèle entre les deux époques et Mélanie Guyard arrive à instaurer et distiller un suspense qui va grandissant. le temps est comme suspendu tant il semble progresser lentement tandis que nous suivons l'enfant sous le froid et gris crépuscule de l'hiver et le jeune homme sous la lumière chaleureuse du début de l'été.

"Et puis il fait si beau ...revoir l'océan, une dernière fois. Revoir le Krokodil, et redevenir adulte, si le pays imaginaire ne veut plus de moi. "

Dans un style plein de poésie et très imagé l'auteure décrit la densité des émotions qui traversent Mathieu. Comment faire le deuil de son père ? Comment calmer cette colère intense qui bouillonne au fond de lui ? Corentin, l'enfant des dunes, sera le catalyseur et cet élément qui va mettre Mathieu sur le chemin de l'acceptation du deuil. Cette rencontre va le sortir de l'inertie provoquée par la mort de son père, de la douleur qui l'engourdit lui et sa mère (quelle belle scène que celle où la mère et l'enfant se retrouvent, au sens propre comme au figuré).

A 12 ans Mathieu n'est plus un petit. Il n'est pas encore un grand non plus. Il est les deux à la fois. Corentin va le provoquer, le tester, le mettre au défi, l'amener à affronter ses peurs les plus profondes. En retournant sur l'île 9 ans plus tard et seul, Mathieu se confrontera à nouveau aux fantômes de son passé et fera la paix avec ses démons.

On sait ce qui s'est passé ces 26 et 27 décembre 1999, partout en France et en Europe. On n'a pas oublié ces deux tempêtes, Lothar et Martin, qui ont traversé le continent semant la mort et la désolation. Mais on reste suspendu dans l'attente du déclenchement de la fureur les éléments naturels qui font écho à la tempête intérieure du héros. Mélanie Guyard dissèque les bouleversements du monde intérieur de Mathieu et du monde extérieur, dans ses descriptions de la nature, du ciel et de la terre, du vent et de l'océan, des émotions de Mathieu et de ce qu'il perçoit de celles de sa mère.

"Ils ont détruit le Krokodil alors peut-être ai-je le droit d'être libéré "

Un roman qui a trouvé écho en moi et qui m'a touché au coeur.

Merci à Babelio et aux Editions du Seuil pour cette découverte dans le cadre d'un Masse Critique Privilège
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Mathieu, jeune interne en médecine, décide de partir quelques jours en week-end à Oléron, dans la maison de vacances où il allait avec ses parents quand il était enfant. La dernière fois qu'il y est allé, c'était pour Noël 2000, quelque temps après le décès de son père. Lui reviennent des souvenirs de cette époque : sa rencontre avec Corentin qui avait son âge, leurs promenades en vélo dans l'île, la tempête terrible, les cachettes de Corentin et son goût pour tout ce qui était interdit... jusqu'au drame dont Mathieu s'est senti responsable et qui l'a fait s'éloigner de Corentin. Mathieu ressent vite un certain malaise dans l'île et confronte ses souvenirs d'adulte à ce qui s'est réellement passé cette année là.

Je remercie Babelio et la maison d'éditions le Seuil de m'avoir permis de découvrir ce nouveau roman de Mélanie Guyard dont j'avais lu récemment Les âmes silencieuses que j'avais bien apprécié.
Entre les deux romans, il y a de grandes différences, les thèmes ne sont pas les mêmes mais on retrouve néanmoins dans les deux ce même climat oppressant dans une maison familiale à la campagne, pleine de souvenirs mais dont l'atmosphère devient vite inconfortable. C'est d'ailleurs plus de ce côté que consiste l'intérêt du roman et non du côté de l'action, relativement réduite. C'est une certaine atmosphère, un climat particulier qui est vraiment au coeur du roman et qui en fait son intérêt.
Certaine scènes sont très dures, je pense à celle du chien, j'ai eu du mal avec cette scène violente, heureusement qu'il n'y en a pas trop de ce type dans le livre.
Il plane aussi un certain mystère dans ce roman, on se demande comment la mère occupe ses journées et où elle disparaît ainsi. du coup, le jeune garçon délaissé et livré à lui-même, suscite la compassion du lecteur.
Ce roman met aussi en avant les dangers des "mauvaises" rencontres, lors de l'enfance ou non. On voit comment un personnage va se mettre en danger en suivant un autre personnage, plus effronté que lui.
J'ai donc apprécié ce roman dépaysant et à l'atmosphère un peu oppressante.
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«Ils ont détruit le Krokodil»
La destruction d'un blockhaus sur une plage d'Oléron, va réveiller dans l'esprit de Mathieu, aujourd'hui interne en psychiatrie, des souvenirs douloureux enfouis dans sa mémoire. Hanté par le fantôme de ce blockhaus" en perdition" Mathieu, qui n' est jamais retourné sur l'île depuis ce mois de décembre 1999, décide de retrouver la maison de vacances où il séjourna ce dernier Noël, alors âgé de douze ans. Son père s'est suicidé quelques mois plus tôt, et sa mère décide de passé Noël avec lui dans cette maison familiale, pour s'éloigner du monde, échapper au chagrin et tenter de faire le deuil de cette disparition douloureuse : «nous avions cessé d'appartenir au présent. de bien des façons, nous n'avions pas survécu à l'automne. Ce monde n'était plus le nôtre, et nous cherchions tous les deux un endroit où nous poser, un jardin familier qui n'existait plus.» Accablé de tristesse, Mathieu rencontre Corentin, un enfant de l'île à la tignasse emmêlée, déluré et intrépide. Une solide amitié va lier les deux enfants du même âge - Mathieu au contact de Corentin retrouve une envie de vivre. Cette amitié sera scellée par le sang sur un galet noir traversé par une veine argentée. Ils vont explorer le blockhaus Krokodil, faire de grandes balades effrénées à vélo et, Corentin va pousser Mathieu à vaincre sa peur et sa tristesse jusqu'à tester la limite de son courage dans des jeux dangereux qui provoqueront la mort d'un chien et briseront leur amitié. l'enfant des tempêtes est un roman qui commence doucement, et qui, comme les tempêtes, va crescendo. Avec ce retour sur l'île, Mathieu cherche à retrouver l'enfant qu'il était, avec ses peurs, celle du noir, ses cauchemars, et comprendre l'homme qu'il est devenu pour faire table rase du passé. Finalement, sur le passé qui est comme" des grains de sable impossibles à retenir, tous mélangés" Mathieu sera troublé et aura un doute sur la véracité de ses souvenirs après la découverte d'une confusion sur le type et la couleur, rouge ou gris argenté, de son vélo. «où se trouve donc cette vérité que je cherchais ?».
Dans ce récit , Mélanie Guyard superpose le passé, le présent, l'enfance et l'âge adulte, l'hiver et le printemps et, avec beaucoup de talent, joue avec nos nerfs, et attise le suspens. le lecteur attend le drame à chaque page. Elle évoque avec acuité la souffrance et la tristesse ressenties après la perte d'un être cher, décrit fidèlement la somptuosité et la grandeur des éléments, mer et ciel.
N'oublions pas les descriptions d'Oléron, convaincantes de réalisme, et celle de cette fameuse tempête Martin, qu'il aurait été préférable d'appeler Corentin, Ouragan en langue Celte, qui sont aussi les personnages du roman. Ce roman est pour moi une belle découverte et je remercie Babelio et les éditions du Seuil de m'avoir permis de" rencontrer" Mélanie Guyard dont je n'ai pas encore lu "les âmes silencieuses" que je vais m'empresser de dévorer.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Depuis combien de temps est-ce que je ne rêve plus? C'est comme le pays imaginaire, les rêves. Quand on est enfant, on y a accès, et on n'y pense pas. Nos rêves sont un dû, que nous rapportons avec nous de nos nuits d'aventures, comme des trésors à garder précieusement. Et puis on grandit. On y accorde moins d'importance, on les froisse dés l'aube pour mieux les oublier. Ils sont remplacés par le besoin de café, de jouir, de sauter hors du lit parce que merde, j'ai raté le réveil, de courir à la vie qui nous attend hors des draps.
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L'automne que je n'avais pas vécu. Cet automne-là avait taillé dans ma vie une frontière infranchissable, me privant pour toujours de ce que j'avais pris pour acquis. Après l'automne, la seule chose qui demeurerait à moi pour toujours, c'était la douleur.
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Après tout, la seule maison qui compte est sans doute celle qui abrite les gens qu'on aime, et celle qui les garde à l'abri du vent.
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On trouva du bois flotté pour faire des épées acceptables et après avoir échangé suffisamment de coups et de jurons, on esquissa sur le sable des dessins immenses que l'océan dévora. Une méduse titanesque, flasque et morte, retint notre attention et nous y perçâmes consciencieusement quelques trous pour voir l'eau couler. Puis nous enlevâmes nos chaussures et nous courûmes à la frontière des vagues avant de reculer en criant, et c'était à celui qui s'enfuirait le dernier devant les brisants. La houle nous chahutait et le sel couvrait notre peau. La plage n'avait jamais été à personne avant d'être à nous. La lumière décroissait lentement, libérant sur le sable la morsure de l'hiver et la nuit de décembre. Nous étions immortels.
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Nous faisons semblant d'être des adultes. Mais il suffit de regarder à travers une vitre brisée pour constater qu'en réalité, on ne fait que grandir. Nos monstres ne cessent jamais de nous accompagner tout au long du chemin.
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Videos de Mélanie Guyard (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mélanie Guyard
C'est Noël chez les Descroix. Tout le monde s'offre des cadeaux, mais un présent en particulier va déclencher un débat inattendu qui va chambouler le déroulé de la fête. Dans cette vidéo, Mélanie Guyard a choisi les mots Famille, Dîner, Rôle, Cadeau et Peinture pour nous parler de ce roman qui confronte les aspirations individuelles et la pression familiale.
Retrouvez 'De si jolies boîtes' (Seuil) de Mélanie Guyard sur Babelio : https://www.babelio.com/livres/Guyard-De-si-jolies-boites/1396476
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