L'héritage des Feä

Au royaume de Nestryn, le jeune Gweth se rêve soldat et Helya apprend les rudiments pour devenir guérisseuse auprès de sa mère et de sa grand-mère. Au demeurant rien ne les lie car tous deux ne se connaissent pas et pourtant dans ce monde sur le point de sombrer dans la guerre, leurs chemins pourraient bien se croiser d'une manière ou d'une autre. Ainsi, alors que Gweth rejoint les rangs de l'armée royale, Helya, elle, voit sa vie voler en éclat avec le départ de son père à la guerre, et les restrictions que ce genre d'incident ne manquent pas d'amener. Vaille que vaille, sa famille et elle doivent survivre. Pour Helya c'est aussi l'occasion d'en apprendre plus ses ancêtres féeriques car après tout c'est bien la forêt enchantée de ses aïeux qui est au coeur des enjeux de ce conflit. Bien que les Feäs aient disparu depuis cinq siècles, leurs ombres planent toujours sur le destin de leurs descendants et qui sait si leur influence n'est pas encore à l'oeuvre ?

Clair de Lune ouvre un cycle de fantasy directement inspiré des légendes celtiques car le merveilleux s'y épanouit tout aussi généreusement. Celui-ci s'exprime notamment à travers l'existence des Feäs, qui bien que disparus, influencent toujours, ne serait-ce par l'héritage transmis à leurs héritiers. En outre, leur magie se manifeste par l'intermédiaire des rêves que font Helya et Gweth. En effet, ils se rencontrent dans le monde onirique, peuplé de licornes qui remplit leurs rêves de présages. le merveilleux insufflé par l'autrice dans ce livre est pour le moment ténu mais il est également porteur de mille promesses au vu des mystères qui entourent les Feäs.

Avec ce premier roman, Delfyne Gwenn pose les bases de son univers. Aussi, Clair de Lune propose deux temps de narration avec une première partie qui sert à faire connaissance avec les principaux personnages et à également s'approprier les lieux et une deuxième partie qui se concentre davantage autour de l'enjeu narratif de ce premier tome, à savoir la guerre opposant le royaume de Nestryn et le pays Andhem. Si au début du livre le rythme est plutôt lent, il en va tout autrement par la suite avec l'accélération des péripéties et la survenue de nombreux rebondissements qui ne vont pas manquer d'advenir.

Dans Clair de Lune, Delfyne Gwenn a repris les codes traditionnels du roman initiatique en mettant en scène de jeunes héros qui, au fil de leurs expériences vécues, vont grandir et mûrir assez abruptement. Si Gweth est un garçon relativement insouciant au début de l'aventure, les drames et l'horreur qu'il va connaître sur le champ de bataille vont l'endurcir et le rendre plus amère. Au fil des chapitres, Gweth change énormément. Fin bretteur, il développe ses talents en faisant ses classes militaires et va rapidement devenir un excellent combattant. A travers le relationnel qu'il entretient avec ses camarades, l'autrice explore des valeurs fortes comme l'amitié, la solidarité et la fraternité. Quant à Helya, elle est une petite fille charmante. Curieuse et aventurière, elle est de toutes les bêtises avec son jeune frère. le choc de la guerre, l'absence de son père et l'omniprésence de la mort vont la transformer en profondeur. L'enchaînement de ces dramatiques événements vont l'amener à embrasser son héritage féerique et à mieux comprendre qui elle est et où elle va.

Première pierre d'un cycle qui présente déjà quelques qualités qui font les grandes sagas du genre, Clair de Lune est donc très prometteur.

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Faire l'arbre généalogique de sa famille est toujours un exercice difficile. Il faut connaitre méticuleusement chaque membre, chaque ascendance ou descendance. Pour Helya, c'est d'un grand ennui. Surtout que sa famille a de nombreuses origines. Helya vient de recevoir son nouveau et définitif nom, à sept ans, qui déterminera son avenir. Pour le moment, la jeune enfant grandit avec espièglerie. Elle apprend les secrets des plantes et l'art de guérir. A-t-elle un don? Sa mère le pense et son père s'en doute. Indifférente à tout cela, Helya s'amuse innocemment pendant que ses frères aînés défendent leur terre. Elle a des signes qui démontrent sa différence du commun des mortels. Elle est très mature et connait le secret des plantes. Secrets que sa mère lui a inculqués.

Ce roman nous invite à un voyage curieux. En effet, le peuple de Nestryn et son roi se préparent à un grand évènement: la guerre pour protéger la terre de leurs ancêtres: les Feä. Réussiront-ils? Tous les novices doivent y participer. Reviendront-ils un jour fouler les pavés de la ville? Gweth fait partie de ces novices. Ses yeux, son regard restent voilés par la violence des combats. Par la perte de ses amis et les privations. Quand finira cette guerre qui l'a façonné corps et âme? le voyage est éprouvant aussi bien sur les routes que dans l'esprit du jeune homme. Les voyages forment le jeunesse. Gweth en est l'incarnation.

Ce roman ressemble à un joli conte de fée, parfois entrecoupé des dures réalités de la vie: chacun de leur côté et à leur manière, Gweth et Helya découvrent la partie fantastique de la légende. Ce monde qu'ils vénèrent silencieusement s'offrira t-il à eux? Il paraitrait que ce monde a disparu depuis des décennies. Quelle est la part de vérité dans la légende? Que leur apporteront ces découvertes? le monde de leur enfance a bien changé. Et cela bouleverse leur destin. Et si le monde des Feä n'existait pas? A quoi aurait servi cette guerre violente? Gweth et Helya ont l'impression de percevoir des signes venant de la forêt qui les entoure. Et s'ils avaient raison?

Se plonger dans le moyen âge où les contes se mêlent à la vie des suzerains, voilà où on retrouve Helya et Gweth. Tout les séparent, leur rang, leur ascendance, leur futur, pourtant, quelque chose d'éteind va allumer une nouvelle destinée.
Les Feà ont disparu, une malédiction à été prononcé et des siècles plus tard, il ne reste qu'une descendance que beaucoup rejettent et injurient. Les descendantes de ce peuple ont perdu une partie de leur histoire, mais un don leur est transmis, celui de guérir par des plantes, au songe ou un 6ème sens. Helya est la dernière descendante.
Gweth, lui, est un esprit libre, passionné par la tranquillité et le dessin. Son désir, rejoindre l'armée sous la dirigeance du roi. Son désir sera des ordres, pensant juste apprendre et développer son apprentissage, celui-ci sera avorté par une mise en pratique non-attendue: la guerre avec les Andhems.
On pourrait se demander le lien entre les deux. J'avoue n'avoir pas trop bien compris. Surtout que j'avais envie d'en apprendre plus sur Helya, les Feà, leur légende mais aussi leur histoire. Seulement, on va suivre la bataille, Gweth et son escouade, la brutalité d'une guerre et ses conséquences.
C'est vrai que les manoeuvres et batailles sont bien détaillées, un vrai recueil du passé. Très réalistes qui nous en apprend plus sur l'époque.
Pour le moment les Feà restent autant une énigme pour Helya que pour moi. J'ai hâte d'en apprendre davantage avec, je l'espère, le second tome. Savoir ce que renferme le journal de Gwyleth, qui est la licorne, c'est quoi cette malédiction et cessera-t-elle, pourquoi ils se rencontrent en songe, leur lien ? Bref j'en attends beaucoup plus.

Le récit qui plante son décor au royaume de Nestryn dans un univers médiéval fantastique raconte le parcours d'Helya, la fille d'un seigneur local à qui des dons de guérisseuse ont été octroyés et de Gweth, un garçon soucieux de s'intégrer dans l'armée royale. Deux jeunes gens qui ne semblent avoir rien en commun. Pourtant, chacun à sa manière et le moment venu, devra se tenir prêt à accomplir son destin. Pour ce faire, il faudra compter avec quelques adjuvants magiques. Ainsi en saura-t-on un peu plus sur les Feä, ce peuple de légende qui habitait autrefois la forêt enchantée. Or ces créatures ont beau avoir tiré leur révérence depuis cinq cents ans, le lien avec elles n'en est pas rompu pour autant.
Eh oui, on ne se défait pas comme ça d'un héritage magique ; celui-ci perdure par-delà les vicissitudes du temps. Ainsi en apprendra-t-on davantage sur les capacités exceptionnelles d'Helya, qui s'avère être la dernière descendante Feä.
Par ailleurs, dans leur quête initiatique, Gweth et Helya devront affronter un péril imminent, car le monde qu'il connaissait jusqu'ici s'apprête en effet à basculer dans la guerre.

Ressenti : J'ai d'emblée été séduite par le joli dessin de la couverture, qui à première vue évoque une fleur hybride entre lotus et coton. Des lignes sobres et épurées qui conjuguent à merveille  simplicité et élégance. Et ce, même si de prime abord, on ne voit pas très bien le rapport avec le titre. Mais qu'à cela ne tienne, en allant plus avant dans l'histoire, ma soif de curiosité n'a pas tardé à être assouvie.
Puis, on se laisse sans peine emporter par le charme envoûtant de ces créatures de légende évoluant dans une atmosphère fortement imprégnée de tradition celtique. J'ai trouvé là beaucoup de poésie et d'inventivité.
J'ai également apprécié que ce conte de fées où sont abordés des sujets graves – et hélas d'actualité – comme la survenance de troubles dans une contrée jusqu'ici épargnée par la guerre, puisse être accessible à tout public.
Tout en composant un vibrant hymne à la nature, l'auteure a construit un environnement  enchanteur très élaboré ; un premier tome qui lève le voile sur certains mystères tout en préservant le suspense sur les événements à venir. Pour conclure, c'est avec impatience qu'on attend la suite !
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