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sur 309 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sublime Royaume de Yaa Gyasi nous emporte dans un labyrinthe d'émotions et de réflexions. Elle y tisse une toile narrative complexe et envoutante, plongeant le lecteur dans les destins entrelacés de personnages vibrants et marquants. La richesse et la profondeur de son écriture vous invitent à explorer avec elle les recoins sombres et lumineux de l'histoire humaine.

À travers une prose certes lente mais surtout magistrale, Gyasi explore les thèmes universels de la famille, de la race, de la quête d'identité et de la résilience. Elle nous offre un regard poignant sur les effets de l'émigration au sein d'une famille dont le père n'arrive pas à se faire une place dans sa nouvelle vie loin du Ghana et de l'absence sous plusieurs formes : celle d'un père ayant abandonné sa famille, celle d'un frère perdant ses objectifs de vie et sa d'athlète ; ainsi que celle d'une femme tourmentée par l'abandon de son mari et la perte de son fils emporté par ses addictions. Tout cela en mettant en lumière la force et la beauté de la culture africaine et de sa diaspora, loin des clichés habituels.

Au milieu de ce tableau se trouve Gifty, chercheuse en neurologie, qui oscille entre foi et réalité scientifique ; espérant que ses expériences sur les neurones des souris soient la clé pour comprendre l'addiction et la dépression qui ont marqué sa famille.

Les personnages du livre sont dépeints avec une telle finesse et une telle humanité qu'ils semblent prendre vie sous nos yeux. Leurs parcours, empreints de douleur, de joie, de lutte et d'amour, résonnent avec une authenticité saisissante, nous invitant à nous interroger sur notre propre place dans le monde et sur les liens qui nous unissent les uns aux autres.
Mais au-delà de son exploration des thèmes profonds, "Sublime Royaume" est aussi une ode à la beauté de la langue et à la puissance de l'imagination. Gyasi manie les mots avec une habileté magistrale, créant des images et des sensations ardentes. “Sublime Royaume” est un livre à la beauté ardente et résistante. Il nous rappelle que derrière chaque histoire, il y a des vies complexes et des émotions profondes.
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Gifty est une jeune américaine d'origine ghanéenne. Chercheuse en neurologie, elle va devoir faire face à la maladie de sa mère et s'occuper d'elle. A cette occasion, Gifty va revoir les souvenirs de son enfance ressurgir et va devoir faire le point sur sa vie.

Un livre passionnant qui donne à se questionner sur l'importance de l'héritage familial, conscient ou inconscient. Dans ce livre, l'auteur aborde les difficultés des familles qui sont arrivées dans un pays où les coutumes ne sont pas les mêmes que les leurs, où les croyances et les discriminations sont toujours présentent. Dans cette histoire, Gifty doit se battre pour trouver sa place, se battre contre le monde, mais aussi contre elle-même.

Une histoire passionnante.
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Quitter l'équilibre précaire de leur terre natale en aspirant à un lendemain meilleur, promesse dudit songe américain; illusion à maintes fois bernée, et trop souvent pour qu'une simple question de pigmentation. Et quand l'espoir renaît, une force occulte quelconque s'assure de rapatrier optimisme et second souffle dans son giron. « Sublime royaume » de Yaa Gyasi, où Gifty n'a d'autre choix que de se réinventer, et loin des préceptes depuis son jeune âge inculqués, s'élever contre griffes et marées à hauteur de neuroscientifique, loin des troubles de consommation, de toxicomanie des uns, loin des souris, des doutes, de l'adversité, loin des problèmes de santé mentale, ternie et tamisée, des autres. D'une lecture qui envoûte, qui épris.
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Pour commencer, la petite histoire : j'avais repéré cette couverture depuis un moment en librairie (et, non : pas à cause des cosses de pavot ! je n'ai identifié ces dernières que tout récemment grâce à une complice d'un challenge ; moi je croyais naïvement que c'étaient des fleurs stylisées...) ; j'avais donc repéré la couverture, mais ce livre faisait partie de ceux qui m'attirent l'oeil dont je lis le 4e, et puis que je repose sans me décider, et ça a même dû arriver plusieurs fois ! (ce n'est pas que je perde la boule, mais je lis tant et tant de 4e de couverture lors de mes passages en librairie, que finalement je ne retiens pas tout par coeur, tout simplement !) Et puis, c'est encore une fois le destin appelé bibliothèque qui a tranché : visite sans but précis dans le catalogue des nouveautés, il y était et en disponibilité immédiate, j'ai donc tenté !

Il n'y a pas vraiment d'histoire dans ce livre, ou alors elle est réduite au minimum, au profit d'une longue introspection dans le passé de Gifty, la narratrice, au fil de divers flashes back présentés dans un certain désordre, mais où le lecteur se retrouve sans trop de mal. C'est l'histoire d'une petite fille née aux États-Unis de parents ghanéens, dans une famille qui compte déjà un frère aîné. le père retourne au Ghana alors qu'elle est toute petite et n'en revient jamais ; la mère est profondément croyante et participe à tous les services religieux de son Assemblée, ne se laissant jamais impressionner par son statut de mère célibataire, qui plus est Noire dans un Sud trop indolent pour être vraiment raciste. Sous ce modèle, Gifty est elle aussi une petite fille très pieuse, écrivant son journal intime adressé à Dieu, vénérant son grand frère, et respectant profondément sa mère malgré l'absence de marques d'affection entre elles. La mort brutale de ce frère adoré et pourtant plein de promesses d'avenir va lui révéler la profondeur du silence de ce Dieu, et changer à jamais sa façon de voir le monde, jusqu'à faire d'elle une chercheuse en neurosciences. Son objet d'études, menées entre autres avec des souris, porte sur les mécanismes du cerveau qui mènent (ou non) aux addictions et autres dépressions…

On pourrait croire que ce livre est une version romancée de l'éternelle dichotomie entre religion et sciences. Certes, cet aspect des choses est bien présent, mais l'autrice va bien plus loin que ça ! D'une part, elle démonte réellement cette religion, sans jamais le renier pourtant ; cette religion qui a bercé son enfance jusqu'au plus intime, mais qui a aussi fait d'elle une jeune fille vivant dans la culpabilité avant même de commettre le moindre péché, et profondément consciente de tant et tant de contradictions – ne serait-ce que : à travers les commérages des « bons chrétiens » qu'elle surprend par hasard, ou encore les différences de « style » d'un pasteur à l'autre ou, de façon encore plus frappante, d'un pays à l'autre, lorsqu'elle retourne (si l'on peut dire, puisqu'elle n'y avait jamais été) brièvement au Ghana, l'été de ses 11 ans.
Pourtant, à travers ce questionnement constant, ses doutes, ses avancées scientifiques et la défense de sa foi pure d'enfant dont elle garde une certaine nostalgie, cette « religiosité » reste à jamais présente au coeur de la chercheuse qu'elle est devenue.

Son étude scientifique quant à elle est menée avec rigueur et excellence – du moins, l'héroïne est présentée comme telle, mais en plus, l'autrice a vraiment fouillé le sujet, qui est détaillé dans un langage vulgarisé abordable, néanmoins très technique ! Précision pour les amis des animaux : Gifty précise à un moment donné, en parlant avec un autre personnage, qu'elle utilise des souris pour certaines expériences si et seulement si toutes les autres techniques possibles ont pu être utilisées ; que le but ultime est de comprendre le fonctionnement du cerveau –afin de trouver un médicament, une technique qui permettrait d'enrayer les addictions, car de telles expériences ne peuvent se faire sur un cerveau d'un être humain vivant… mais que cela ne veut pas dire qu'elle considère d'une quelque façon que ce soit l'humain comme supérieure à ses souris. Elle s'est prise d'une réelle affection pour « ses » souris ! Et en tout cas, Gifty est persuadée envers et contre tout que son étude n'est pas vaine, qu'un jour plus ou moins proche elle verra des résultats concrets.

Un petit paragraphe, assez désespéré mais tellement réaliste, résume à mon avis tout l'esprit du livre : « Mais cette tension, cette idée que nous devons nécessairement choisir entre la science et la religion, est fausse. J'avais été accoutumée à voir le monde à travers l'objectif de Dieu, et quand cet objectif s'est obscurci, je me suis tournée vers la science. L'un et l'autre sont devenus pour moi des moyens valables d'y voir clair, mais en fin de compte, l'un et l'autre ont échoué à remplir totalement leur fonction : apporter la clarté, donner un sens. »

Le tout est écrit dans une langue absolument extraordinaire, d'un niveau plutôt soutenu, et il faut s'accrocher à plus d'un endroit sur le contenu ! C'est que les notions scientifiques abordées, comme dit plus haut, sont certes vulgarisées, mais il y aurait de quoi faire tout un exposé sur le sujet ! Ce n'est pas du tout mon domaine, et je dois bien avouer que certains passages me sont à peu près passés par-dessus la tête, et j'ai dû les relire pour les comprendre un minimum. Quant aux aspects religieux, l'autrice part visiblement du principe que son lecteur a un minimum de connaissances bibliques… Elle cite de nombreuses références, qui sont quelque peu expliquées, mais pas de la même façon que les aspects neurologiques me semble-t-il.
Un exemple : « Je ne sais pas pourquoi Jésus a ressuscité Lazare d'entre les morts, tout comme je ne sais pas pourquoi certaines souris cessent d'appuyer sur le levier et d'autres pas. » Alors, oui : dans les chapitres précédents, Gifty a expliqué en long et en large en quoi consistent ses expériences, et cette histoire de levier –que je ne vais pas expliquer ici : lisez ce magnifique livre !- est quelque chose que le lecteur « maîtrise » à ce stade du livre. En revanche, Lazare arrive là comme un cheveu dans la soupe et ne sera pas davantage expliqué, pas plus que les références de ce texte ne seront citées (ce qui aurait été un début). Or, en-dehors d'un public « averti », qui connaît l'histoire de Lazare?...

Bref, ces passages de la Bible (car elle cite des passages de l'Ancien Testament, pas que les Évangiles !) sont beaucoup plus « intuitifs » et, à vrai dire, je me suis bien un peu retrouvée dans cette petite fille tellement pieuse qui parlait à son Dieu – dans un contexte complètement différent, j'ai moi aussi pratiqué l'église que j'ai connue plus qu'à mon tour, j'ai eu moi aussi une « période mystique » autrefois, et j'ai connu un détricotage progressif similaire de tout ce qui avait fait ma foi pendant longtemps… mais je n'ai pas connu d'épisode aussi dramatique que la perte d'un grand frère, et je ne me suis pas tournée vers la science ! Tout cela pour dire : quand je lisais ces passages-là, qui résonnaient de façon tellement personnelle, je me suis quand même demandé comment un lecteur moins « averti » pouvait appréhender ces parties-là…

Et à part ça, j'adore le titre ! "Transcendant Kingdom" en anglais, trop bien (comme dirait ma fille ;) ) traduit en Sublime Royaume (car « transcendant » n'aurait pas résonné de la même façon à l'oreille, or c'est important aussi, et le synonyme choisi s'applique tout aussi bien à ce livre)… mais de quel Royaume s'agit-il ? Il faut savoir que Gifty mentionne une et une seule fois le mot « royaume » dans le corps même du livre, presque par hasard ; pourtant tout le monde sait ( ?) que les chrétiens, toutes subdivisions confondues, parlent du Royaume de Dieu / des Cieux. Mais ce Royaume n'est-il pas aussi celui que son frère a rejoint bien trop jeune, à cause de cette impression de sublime, de transcendance qu'il pouvait offrir ? et qui reste une menace constante pour tant d'autres grands frères, car on comprend encore bien mal les mécanismes du cerveau qui conduisent à la recherche d'un tel royaume, les recherches de Gifty (qui, d'après les remerciements en fin de livre, ont réellement été menées !) ne sont que le début de tout un processus…

Bref, un très beau livre mais qu'il faut savoir apprivoiser, l'esprit suffisamment ouvert pour découvrir toute une série de notions en neurosciences, certes accessibles mais pas évidentes pour autant, pour moi c'était une totale nouveauté ; et pour se (re)plonger, en réalité, dans sa propre relation à la religion, ça fait réfléchir et éventuellement se souvenir, ce n'est pas un exercice difficile en soi… mais pour moi ça a eu un écho très personnel, il faut pouvoir l'accueillir car ça secoue bien un peu.
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Gifty, neurologiste américaine d'origine ghanéenne, a mis de la distance entre elle et son Alabama natal et abandonné un mode de vie où Dieu occupait jadis une grande place. À San Francisco, toute son attention est concentrée sur ses expériences sur des souris de laboratoire. Mais un appel du pasteur de son ancienne église la contraint d'accueillir chez elle sa mère, léthargique et dépressive. Cela fait des années que cette dernière n'est plus que l'ombre d'elle-même -précisément depuis que Nana, son fils aîné et grand frère adoré de Gifty, a été aspiré dans la spirale des opiacés... jusqu'à en mourir. La jeune chercheuse a ellemême cadenassé ses failles derrière l'excellence de ses résultats. Elle s'est choisi une voie ardue, de celles où une femme noire fait exception alors qu'elle-même rêverait qu'on la

considère comme une scientifique tout court. Mais que va devenir son rempart de rigueur face à cette mère dont l'absence au monde occupe tout l'espace?
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Gifty, une jeune californienne, consacre toute ses journées à la recherche sur la dépendance aux opioïdes. Elle n'a pas d'amoureux-se, très peu d'amies, une mère qui habite loin, en Alabama. Or cette mère lui est adressée par le pasteur car elle est en profonde dépression. Elle se retrouve ainsi à avoir la charge de cette femme qui ne se lève pas de son lit, refuse de manger et ne parle plus.
Gifty est obligée de faire face, et tous les souvenirs enfouis refont surface. La mère pensait offrir un bel avenir à son fils, ce fils a disparu tragiquement, le père a préféré la culture ghanéenne à l'américaine. Gifty – un cadeau ? - sait qu'elle n'avait pas été désirée, sa mère le lui a dit bien souvent.
Toutes ces douleurs sont évoquées en douceur, par petites touches délicates, sur fond d'église omni-présente, de déracinement culturel et de racisme ordinaire.
Yaa Gyasi dévoile peu à peu la façon dont les malheurs sont arrivés, avec des chapitres courts, pour laisser souffler son lecteur reconnaissant. La narration est délicate, rythmée, parfaite.
Le sujet central de ce magnifique roman est la perte, comment l'accepter ? Comment se reconstruire après ?
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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C'est l'histoire de Gifty et de sa famille émigrée du Ghana aux USA. Tout commence par le rêve américain de sa mère qui gagne sa carte verte à la loterie. Aujourd'hui Gifty a 28 ans et elle est étudiante en doctorat de neuroscience. Elle fait souvent le parallèle entre ses études menées sur les cerveaux des souris et sa vie. Sa mère fait une dépression et elle décide de l'accueillir dans son studio.
On découvre par flashbacks différents moments de sa vie, sa relation avec sa mère, dure, très croyante. Son enfance est pauvre et marquée par le racisme ainsi que par la mort de son frère aîné, Nana, lorsqu'elle a 10-11 ans. Son père est très vite reparti au Ghana, ne supportant pas les emplois sous-payés et humiliants, les seuls accessibles aux noirs. Sa mère est aide-soignante et aide à domicile pour des personnes âgées. Yaa Gyasi dénonce à travers la mère ce dur métier peu considéré.
C'est la mort de son frère à 15 ans par overdose suite à une addiction à un antidouleur qui va faire basculer toute la vie de sa famille. Gifty consignera tous ces moments durs et honteux dans son journal intime. Notamment une conversation marquante avec sa mère :
« Tu sais que je ne voulais pas d'enfant après Nana ? Je ne désirais que Nana et maintenant je n'ai que toi. »
Au fil des pages on se rend compte que Gifty n'a pas choisi ses études au hasard. Elle veut trouver des réponses et savoir comment aider des personnes ayant des addictions ou dépressives. Elle aura toujours des difficultés à se faire des amis, à faire confiance à se camarades ou à son petit ami, déçue par la vie et n'ayant eu comme modèle que sa mère. Une mère qui ne pleure pas et retient tout en elle.
Gifty mène des recherches sur la dépression ou l'anhédonie. Elle parle des évolutions des soins psychiatriques. Elle évoque aussi à plusieurs reprise l'opposition entre religion et science. Par moment le texte devient philosophique, mais sans prise de tête rassurez-vous !
La religion et notamment la foi en Dieu tient une place importante dans le roman.
Yaa Gyasi aborde un thème dont j'ai peu lu d'écrits, la crise des opiacés qui est la première cause de décès aux Etats-Unis. Elle en parle comme d'une vraie maladie à prendre au sérieux.
L'écrivaine met en avant également un problème de société qui est plus que d'actualité avec le mouvement « Black Lives Matter », le racisme et ses effets traumatisants sur plusieurs générations.
Il y a des extraits du journal intime de Gifty. Les chapitres sont courts, l'écriture est agréable à lire, le personnage est attachant, bref ce livre se dévore tout seul ! Les sujets abordés sont graves mais l'écriture dynamique et légère de Yaa Gyasi vous emportera dans l'histoire de Gifty à coup sûr.
J'ai trouvé des références à Toni Morrison et je pense que Yaa Gyasi sera certainement une grande écrivaine américaine. J'ai très envie de lire son précédent livre, « No Home » pour lequel elle a eu de nombreux prix.
Ce roman est encore une belle découverte de cette rentrée littéraire, un vrai coup de coeur.
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Un très beau roman sur la difficulté de cette femme, Gifty, 28 ans, née aux Etats-Unis de parents ghanéens, à concilier son éducation, pétrie de religion, ses racines (qu'elle ne connait que très peu), ses études scientifiques, le poids de la mort de son frère, de l'abandon de son père et de la maladie de sa mère.
Pourquoi cherche-t-elle à comprendre ce qui dans un cerveau pousse/retient un individu (dans son étude des souris) à/d'aller vers un plaisir, une récompense malgré un mal inévitable?
C'est bien écrit et passionnant. Un deuxième roman de cette auteure que j'ai un peu moins aimé que le premier (doit4.5 étoiles) mais un très bon moment de lecture.
Merci à Massé critique/Babelio et aux éditions Calmann-Lévy pour ce cadeau.
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Grand moment de cette rentrée littéraire!

La narratrice est chercheuse en neurobiologie et étudie les mécanismes de l'addiction, avec tous les outils magiques pour le béotien, dont disposent les laboratoires pour mettre en évidence les circuits de la récompense. Hasard ou nécessité ? Ce que nous révèle peu à peu Gifty de son passé, des épreuves qui ont secouées sa famille, son frère, son père, reparti au Ghana en les laissant seuls avec leur mère, la lente descente aux enfers de celle-ci, sont autant de confidences poignantes.

On découvre avec les révélations progressives de la jeune femme son rapport ambigu avec la religion, de la foi sans limite, au doute puis au rejet, alors que les traumatismes ordinaires de la vie malmènent les certitudes.

Les combats intérieurs qui se nourrissent de la discordance entre raison et instinct, les petites vies intérieures qui déchirent le cours de la réflexion, le temps qui vient ajouter à la confusion, tous ces aspects sont habilement analysés et proposés dans une démonstration profondément humaine et poignante?

C'est aussi une observation pudique et sensible des relations complexes mère-fille déclinées tout au long d'une vie.

C'est un roman très émouvant et très profond, qui laisse des traces.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Un Sublime Royaume multiple ou démultiplié : le Royaume de Dieu qui est celui qui obsède la mère de notre protagoniste, et celui de sa fille, Gifty (prénom proche de "gifted", "douée") qui elle se tourne vers le domaine de la science afin de tenter de trouver des réponses à ce qui pousse les êtres à s'auto-détruire.
Prières de l'une, recherches et expérimentations pour l'autre : deux appels à comprendre, deux côtés d'une même tentative de déchiffrer la création divine et, plus intimement, leur drame familial. Finalement une même démarche au-delà des divergences ? Quête de réponses, quête de sens...
Royaume qui, d'ailleurs, questionne Gifty, qui la torture presque.
Une vie qui se tourne vers ce royaume mais aussi celui des origines "perdues", oubliées, aux airs de Jardin d'Eden, de Parasis Perdu.
Tout, dans cet ouvrage, nous ramène au divin : même les recherches en neurosciences de Gifty, qui, le temps de ses expériences, se transforme en un dieu des souris, un dieu dur mais bienveillant, aimant malgré tout, une sorte de métaphore / allégorie de l'amour de celle qui a toujours été, en apparence, rejetée.
Un texte fort sur la différence et son acceptation, le racisme et son absurdité, les marques indélébiles qu'il laisse dans le coeur des victimes de ce fléau, sur le déchirement que provoque l'appartenance à deux pays (celui d'origine et celui d'adpption), deux cultures, deux traditions.
Un roman étonnant, différent, extrêmement touchant !
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