Il existe, au coeur du mouvement, un grand repos. Ainsi l'ivresse est-elle la clef du calme.
Lire consiste à deviner un monde dans les petites choses ; à suivre ces choses dans les plis d'un récit ; à faire étinceler leur solitude. Lire consiste à distinguer le bruit de gouttes de sang qui tombent sur le plancher - à savoir écouter des gouttes.
La littérature est une provision de détails qui comblent. Les détails, écrit Nabokov, sont des "étincelles sensuelles". Un livre sans détails n'agira pas ; non seulement il ne vous réveillera pas, mais il ne pourra pas vous sauver.
- et pourtant je n'étais plus là.
Où étais-je ? Je flottais dans un intervalle de douceur. Les rayons du soleil ne m'atteignaient plus. J'étais débarrassé des proportions, je ne faisais partie de rien - ni de la cité, ni de l'école, ni de l'espèce : je n'étais plus que cet éblouissement, un feuillage, une plume, un flocon. Je m'ébrouais dans ce rien, avec un bonheur fou.
[...] je pensais réellement que je ne vivais pas, que j'étais sans vie, que tous ici nous traversions notre mort.
Je m'en fous : j'ai vu le feu. Pas celui qui vous destine à cette guerre nocturne où les esprits vous abîmes - l'autre feu : celui qui brûle entre les corps, celui qui les rapproche, et consacre leur jouissance.
Le bleu est la couleur de l'étranger, celle de la différence, c'est la barbe du paria. Le rouge est celle du sacrifice, il accompagne à la fois le désir et la mort.
Je dois revenir des morts -je dois remettre la vie dans la vie. Ma tête n'y suffit pas, ni mes provisions de lectures.
Mais si c'était le contraire ? Si l'on ne vivait pas du côté où l'on croit vivre ?
Un savoir effrayant fonce aujourd'hui sur vous, et vous traverse, comme une brûlure.