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EAN : 9782840492696
Seguier Editions (28/09/2001)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Un portrait du peintre chilien Roberto Matta, par son ami Paul Haim, qui publie ici des entretiens enregistrés entre 1985 et 1990. Lié aux surréalistes, il élabora une peinture où l’espace est construit à l’aide d’objets imaginaires, de plans et de volumes formant des structures irréelles, des créatures énigmatiques, mi-insectes, mi-mécanismes.
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ouvrage emprunté à la Réserve centrale des Bibliothèques de la Ville de Paris- septembre 2022

**Une lecture détonante qui m'a appris beaucoup sur cet artiste singulier...tout en complétant, avec bonheur, mon approche du surréalisme ...de ses grandes figures, célèbres ou non !


Un enchaînement de liens et de sympathiques découvertes m'ont amené à ce volume d'entretiens entre le marchand d'art, Paul Haim et l'artiste d'origine brésilienne, Roberto Matta...

Je dépose régulièrement dans un de mes endroits préférés de promenade, des ouvrages...et en retour, il m'est arrivé de "tomber" sur des petits trésors dont "Le roman de Guernica" de Paul Haim, qui m'a fait découvrir ce marchand d'art peu banal , comme son ami, Matta, le surnomme "Le John Wayne du marché de l'art", qui fut l'ami d'un grand nombre d'artistes, dont Roberto Matta, durant plusieurs décennies, ainsi que de Picasso et de tant d'autres...

Je me suis donc lancée dans des recherches complémentaires quant à Paul Haim, qui, en plus de sa passion dévorante pour l'Art, a également une fine plume !
J'ai ainsi , par ricochet, fait la connaissance de Matta, ami de Breton, et qualifié par ce dernier de "surréaliste" ...dès 1937....

Une publication, à plus d'un titre, importante et enrichissante, pour tous les amateurs d'Histoire de l'Art, ainsi que pour les passionnés du mouvement surréaliste, etc.
Une vraie mine d'informations et de "clefs" pour mieux comprendre ce mouvement et ces artistes, engagés, voulant réunir l'Art et la Révolution !

Cet ouvrage en est un apercu, car en plus des entretiens, eux-mêmes, Paul Haim, nous raconte avec un style très vivant et coloré , moult anecdotes sur les rencontres, le quotidien avec Matta...sans se mettre en avant, en essayant de donner le portrait le plus juste et le plus sensible, de son ami , sa personnalité comme son oeuvre ...!

"Comment définis-tu ta marginalité et pourquoi cette marginalité ?

Il existe une logique du marginal, de l'exclu. L'exclu, lorsqu'il ressent son exclusion, se met à agir suivant une logique qui n'est pas celle du persécuteur. Il doit inventer d'autres
" routes", ce qui le pousse à l'aventure. Tu sais de quoi je parle, tu as été toi aussi un exilé et un marginal. Je pense que tu as été le John Wayne du marché de l'art.( rire de Matta)

Ce recueil a un sous-titre, on ne peut mieux, choisi : " Errances, souvenirs et autres divagations" , au pays de l'Art et des artistes !

Une lecture très vivante, rayonnante, car on sent très vivement entre les lignes et les mots de Paul Haim, l'admiration de l'auteur pour l'artiste, Matta, mais aussi l'amitié profonde qui le liait à cet homme.... plusieurs décennies durant...

Je terminerai cette chronique par les dernières lignes de Paul Haim, insistant dans son hommage à l'Ami-poète et à l'artiste audacieux et inclassable :

" Il n'a jamais appris à peindre. de même qu'il "sculpte comme quelqu'un qui n'a jamais sculpté". Marcel Duchamp a fait l'éloge de sa profondeur d'esprit, mais c'est par la poésie qu'il s'est toujours et en premier lieu exprimé. (...)
Il se sera acharné à "trouver une nouvelle image de l'homme". (...)
Comment expliquer qu'indépendamment des milieux professionnels de l'art du XXe siècle, dans le monde, le grand public ne semble pas informé, aujourd'hui encore, de l'apport colossal de Matta à l'histoire de l'art de notre époque ? William Rubin, célèbre historien d'art..(...) directeur du département au MOMA de 1965 à 1990, n'hésite pas à écrire dans la préface du catalogue de la rétrospective Matta du centre Pompidou (1985) : "...il est l'un des rares artistes dont la peinture ait bouleversé ma vie"



**Ouvrage accompagné et enrichi d'illustrations , de photographies légendées, de repères biographiques et d'un index des artistes cités, in-fine.
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Un livre d'entretiens où se fait sensible l'amitié de Paul Haim (marchand d'art) pour le peintre Roberto Matta, auquel il donne la réplique tout du long malgré leur profond désaccord quant au marché de l'art et au devenir-marchandise des oeuvres. On y vient, clandestin, assister à leurs débats. On y trouve quelques photos soigneusement légendées qui mettent sur les mots un visage et une physionomie. Enfin, Paul Haim glisse çà et là, sur le ton de la confidence, quelques anecdotes impliquant son ami. En définitive : un portrait disparate, parfois inégal, et cependant d'une lecture toujours fluide et agréable.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Peindre ou être peintre

Un jour, il y a environ dix ans, nous visitions ensemble une exposition Bonnard au Centre Georges Pompidou. Je rejoignis Matta, perplexe devant un grand paysage ensoleillé du Cannet qui déroulait ses vallonnements devant la maison de la famille Terrasse.

" C'est quand je regarde Bonnard que je regrette le plus de ne pas être devenu peintre. "

Combien de fois l'ai-je entendu affirmer qu'il n'était pas peintre. Plutôt architecte mental, géographe de rapports humains, sociaux, révélateur et provocateur, curieux de tout, déambulant sans relâche à travers le monde.( p.63)
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- Ce que l'on appelle art aujourd'hui reflète une situation épouvantable. Chacun s'étonne de n'importe quoi. Et le marché de l'art est devenu comme celui de la viande. C'est La Villette. L'oeuvre, c'est la transpiration ou les larmes ou la merde ou le sang de l'artiste. Mais le catalogue que je viens de feuilleter là-bas découragerait n'omporte qui. Si j'étais jeune aujourd'hui, jamais je n'entrerais dans ce monde-là. C'est pour cela que je déteste ce malheureux Castelli. On était amis, tu sais. (...) Il s'est transformé en boutiquier, en coopérative. Il est devenu l'esclave de la règle du jeu.

-Je comprends tout à fait ce que tu dis, mais je ne crois pas que ce tu dis, mais je ne crois pas que ce catalogue que tu incrimines et le jeu des grandes ventes publiques ne soient le produit d'un système, d'une stratégie de marchands. Ils résultent de ce que devient notre société capitaliste qui consomme tout, qui veut consommer de l'art. J'en reviens à Castelli. Tu es marchand à New-York, bastion, pourrait-on dire, du capitalisme. Il n'y a pas de honte à être marchand. Après tout, Breton l'était. (...) Tu choisis des artistes et tu les montres. Peu à peu, ce marché devient terriblement demandeur. Ce n'est pas Castelli qui décide qu'un Rauschenberg vaut sept millions de dollars. Ce sont des amateurs qui commencent à se battre et font monter les prix. Il y a une cohérence chez Castelli à l'intérieur d'un système qui est lui-même cohérent, même s'il est détestable...

-En 1917, un communiste en Russie coupait la tête du tsar. Il y a des poisons qu'il faut éliminer. Il y a des refus. Il y a des concepts également.
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Hommage à André Breton

"Tu es surréaliste ! " déclara abruptement Breton à Matta lorsqu'il le rencontra.C'était à Paris, en 1937.

Breton avait connu Apollinaire. Il avait fréquenté Philippe Soupault, Reverdy, Aragon tout de suite après la Première Guerre mondiale. Il exerça sur Matta une fascination et un ascendant qui durèrent près de trente ans.En dépit de leurs brouilles, de l'exclusion du groupe surréaliste qu'il infligea à Matta ( et à quelques autres).Il jouit jusqu'à sa mort, en 1966, d'un prestige considérable auprès de ses contemporains, artistes, poètes et philosophes.
Pour lui, la Poésie était l'arme unique contre les forces d'oppression de toute nature. " L'Art et la Révolution " est le thème qui lui tient, ainsi qu'à Matta, le plus à coeur. Matta prêchait pour la création d'un Comité de Salut poétique et Breton incarnait cet esprit révolutionnaire.

( p.113)
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Les artistes qu'il a connus

Michaux

(...)Je me souviens de multiples dîners chez Matta dans les années quatre-vingt.
Germana préparait de généreux plats de pâtes. Michaux y assistait (...)
Ces soirs- là je m'efforçais de ne pas parler.D'ecouter et essayer de me souvenir.Les échanges entre Michaux et Matta étaient brillants, empreints à la fois de dérision et de poésie. Comme il arrive souvent en de telles circonstances, j'avais le sentiment que le simple fait de suivre leur conversation me rendait intelligent.
Cela me rassurait, sans doute à tort, sur mon quotient intellectuel.Un soir, au cours de ces joutes, Germana (** femme de Matta) murmura à mon oreille : " Je ne comprends presque rien de ce qu'ils disent, mais je trouve cela si beau..." Cette remarque m'avait beaucoup touché.

( p.95)
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Introduction

Matta est mon ami depuis des décennies.Je le précise d'emblée au lecteur afin qu'il n'attende pas de ma part la moindre objectivité. Le portrait de l'homme Matta qui pourra, je l'espère, se faire jour au fil des pages suivantes sera d'une partialité intransigeante. Je pardonne tout à Matta.Ce n'est pas toujours chose aisée. C'est le prix à payer, le tribut à l'amitié d' un personnage d'exception.

Après tant d'années, son talent de créateur et d'inventeur de formes, sa subtile et originale appréhension des choses de la vie, sa poésie enfin, me surprennent encore.Matta est un volcan en éruption permanente. Ses métaphores, ses glissements de sens, ses manipulations verbales et sa logique de l'absurde mettent mon esprit en joie ou le déconcertent.
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