La radio met à portée d'imaginaire un monde en noir et blanc dont vous êtes libres d'inventer les couleurs, les contours, les reliefs. Comme elle ne parle à personne en particulier, elle vous incite à croire que c'est à vous seul qu'elle s'adresse.
Il faut se méfier des enfants sages. Ils portent parfois en eux des océans de désespoir.
A mes yeux, l'écriture était avec la musique, le plus noble talent dont on puisse disposer.
J'ai douze ans, et ce soir, je serai morte.
Ce matin, j'ai vidé les tubes de somnifères et tous les médicaments que Maman range en haut du placard de la salle de bains pour éviter qu'on y touche. Il m'a fallu cinq grands verres d'eau pour tout avaler. Ensuite, j'ai mangé une tartine, bu mon jus d'orange, et je suis partie à l'école.
Je n'ai rien dit à personne. Je ne suis ni abattue ni surexcitée. Je me sens sereine, comme on l'est quand on fait ce qu'on a vraiment envie de faire. Et moi, j'ai envie de disparaître. (p.11)
Se cogner à la vie au lieu de la regarder passer.
Il était facétieux, impérial. Il comprenait tout et je pouvais lui confier des secrets effrayants dont il n'aurait pas songé à se moquer. Il ne jugeait pas, ne condamnait jamais et, mis à part les bonnes manières sur lesquelles il était intransigeant, il avait la pardon facile (p.37)
Pour me punir ce soir-là, je me suis endormie sans allumer la radio. Privée d'oxygène.
A quoi bon vivre quand on craint à ce point d'être soi-même ?
J'avais peur de tout. Des baisers des garçons, du jugement de ma tante, du rire de ma soeur, du regard de ma mère.
Il n'y avait qu'avec mon grand-père que je n'avais peur de rien.
Ce soir-là, en éteignant la lumière, j'ai pensé pour la première fois qu'il serait doux de le rejoindre. (p.92)
Une vie qui en vaille la peine, qu’est-ce qui fait qu’on la mérite ?
Mourir d’ennui à l’école, pour ensuite se faire toute petite, s’enfermer dans sa tête et ses pensées à la maison, cela ne s’appelait pas vivre. Dépérir plutôt.