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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lors du procès de Michèle Chevalier qui a aidé sa fille mineure à avorter illégalement, en 1970, Gisèle Halimi plaide pour la dépénalisation de l'avortement. Cette plaidoirie sera retentissante. Non seulement la jeune Marie-Claire, victime d'un viol à seize ans, sera acquittée et sa mère symboliquement condamnée à une amende de 500 francs avec sursis, mais cette plaidoirie précèdera la loi Veil votée en 1975.
Quelques années auparavant, Gisèle Halimi faisait partie des 343 signataires du manifeste pour la légalisation, révélant également publiquement qu'elle s'est faite avorter par le passé. Elle n'est pourtant pas dupe: ces signataires, pour la plupart des femmes publiques - actrices, auteures, militantes féministes - ou de classes privilégiées, ne risquent pas grand chose, au contraire des femmes de classe populaire qui seront les premières jugées et condamnées; Ce sont ces femmes essentiellement que l'avocate choisit de défendre, prônant la liberté et la responsabilité civile.
C'est un texte fort, percutant qui nous renvoie dans un passé pas si lointain. Depuis, même s'il y a encore du boulot, beaucoup de choses ont évolué dans nos droits.
Une femme admirable!
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Gisèle Halimi fait partie de ces femmes qui par leur histoire, leur parcours et leurs combats me touchent. Notre liberté d'aujourd'hui nous fait trop souvent oublier les interdictions de nos aïeules et le poids d'être une femme il y a encore 50 ans. Préambule du code civil à sa rédaction : « La femme est donnée à l'homme pour qu'elles fassent des enfants… » « Elle est donc sa propriété comme l'arbre à fruits est celle du jardinier. »….Dois-je vraiment commenter?
Cette plaidoirie prononcée lors du procès de Bobigny en 1972 fait suite à l'accusation de Michèle Chevalier et de sa fille Marie-Claire qui suite à un viol a avorté. Au-delà de la défense du droit à l'avortement, Gisèle Halimi nous livre un texte lumineux hommage aux femmes. Elle clame haut et fort les inégalités sociales, l'absence d'éducation sexuelle, l'accès quasi impossible à la contraception, l'aide financière de l'état retirée aux plannings familiaux, le traitement exécrable réservé aux filles-mères célibataires. Avant même le discours de Simone Veil à l'assemblée nationale, elle soulève par ses mots des montagnes. Une grande dame à qui l'on doit beaucoup.
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Petite lecture pour inaugurer ce mois qui célèbre les droits de la femme. A travers ce discours nous replongeons dans une France d'après 1968 qui reste très conservatrice, où les tabous sur les corps restent d'actualité - c'est presque risible quand on voir que notre société tente d'aller dans un extrême inverse en ce moment en faisant entrer à l'école des considérations qui n'y ont pas leur place.
En effet, difficile de se représenter un temps où la prévention et l'accès à la pilule ne sont pas aussi automatique que les vaccins obligatoires des enfants. Et pire encore, un temps où pour interrompre une grossesse qu'elles ne souhaitent pas mener à bien, les femmes parfois très jeunes se mettent en danger - risquant une hémorragie sévère ou des mutilations les rendant infertiles à vie.

Le débat revient d'actualité en ce moment , même si j'avoue ne pas avoir trop suivi les discussions où biologie et morale ne font pas bon ménage. L'intelligence et le sentiment d'injustice qui animent ce discours m'ont beaucoup touchées, et par certains côté on ne peut que constater (tristement) que certaines mentalités ont peu (voir pas du tout) évoluées.
Ce que j'ai trouvé le plus frappant c'est tout ce que Gisèle Halimi dit de la Justice en France : qu'il y a celle pour les riches (enfants de dirigeants ou magistrats) et celle pour les autres , "ceux qui ne sont rien" dans la société, qui sont plus précaires et pour qui le fait d'obtenir une forme de Justice est une utopie. Même s'il est réconfortant de voir qu'il y a pu avoir des avocats engagés et animés par un réel sentiment de vouloir faire Justice et avec le courage de dénoncer les limites et les contradictions du système, difficile de ne pas revenir à notre époque et de se dire que nous sommes devenus bien conformistes... La faute à la politique qui a trop séduit le judiciaire et qui entretiennent maintenant une relation douteuse ? le débat est ouvert, toujours est-il que 52 ans après, ce discours résonne encore.

L'éditeur a ajouté des références, notes de bas de pages et appendix pour se faire une idée plus global sur ces accusées de Bobigny. Mais j'ai regretté ne pas avoir plus de renseignement sur les partis adverses et leurs arguments. Enfin, au-delà de l'intérêt historique et militant, c'est un texte qui interroge sur nos valeurs et celles de la société dans laquelle nous vivons.
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Très juste et percutant, et un sujet très intéressant non seulement par rapport au droit à l'avortement mais aussi une réflexion apportée sur les choix de la justice, l'application des lois...

Et également qui renseigne. Gisèle Halimi a su poser les mots sur le paradoxe étrange de la prohibition de l'avortement, qui est revenu récemment sur la table. La taille est parfaite en tant que court discours/plaidoirie pour ne pas rendre le tout indigeste.


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