Citations sur La Femme gauchère (42)
Je suis si seul que le soir avant de m'endormir, je ne trouve personne à qui penser, simplement parce que de toute la journée, je n'ai été en compagnie de personne. Et comment écrire, si on n'a personne à qui réfléchir ?
(p. 80)
Pensez ce que vous voudrez. Plus vous croirez pouvoir parler de moi, plus je serai libre à votre égard. Parfois, il me semble que ce qu'on apprend de neuf sur les gens n'a déjà plus de valeur. À l'avenir, si quelqu'un m'explique comment je suis - et fût - ce pour me flatter ou me rendre plus forte , je n'admettrai plus une telle insolence.
(p. 33)
L'enfant avait terminé et lut à haute voix ce qu'il avait écrit : «Comment je me figure une vie plus belle - J'aimerais qu'il ne fasse ni chaud ni froid. Il faut qu'il souffle toujours un vent tiède, parfois il y a une tempête contre laquelle il faut s'accroupir. Les autos ont disparu. Les maisons seraient rouges. Les buissons seraient de l'or. On saurait déjà tout et on n'aurait plus besoin de rien apprendre. On habiterait sur des îles. Dans les rues les voitures restent ouvertes et on peut s'y mettre quand on est fatigué. Mais on n'est plus fatigué du tout. Les voitures n'appartiennent à personne. Le soir on reste debout. On s'endort là où on est. Il ne pleut jamais. De tous les amis on en a quatre de chaque et les gens qu'on ne connaît pas disparaissent. Tout ce qu'on ne connaît pas disparaît.»
ici dans le cadre prospère de propriétaires fonciers où la vie ne consiste qu'à imiter ce qu'on voit à la télévision.
Franziska : "[...] Tu n'éprouves donc jamais le besoin du bonheur avec d'autres?"
La femme : "Non, je j'aimerais pas être heureuse, tout au plus apaisée. J'ai peur du bonheur. Je crois que je n'y tiendrais pas, là dans ma tête. Je deviendrais folle pour toujours ou je mourrais. Ou je tuerais quelqu'un."
Etre seul produit la souffrance la plus glacée, la plus dégoûtante qui soit: on devient inconsistant. Alors on a besoin de gens qui vous apprennent qu’on n’est tout de même pas aussi détérioré que cela. (p107)
“Le père: “Ce que vous avez à dire vous gêne toujours. C’est pourquoi ça devient vraiment gênant.”
L’homme rit et détourna encore le regard.
Le père: “Vous êtes aussi lâche que cela en privé?”
L’homme rit et détourna les yeux puis ramena très vite son regard.
Le père: “Votre tort, je crois, est de toujours garder un peu de vous pour vous-même. Pour un acteur, vous n’êtes pas assez culotté. Vous voulez être un type comme dans ces films américains et pourtant vous ne vous mettez jamais en jeu. C’est pourquoi vous ne faites que poser.”
L’homme regarda la femme mais elle n’intervint pas.
Le père: “A mon avis vous devriez un jour apprendre à courir vraiment, à crier vraiment, à ouvrir la bouche toute grande. J’ai observé que même quand vous bâillez, vous n’osez pas ouvrir la bouche toute grande. (p85)
Jamais encore je n’ai suivi une femme. Voilà des jours que je vous cherche. Votre visage est si doux -- comme si vous aviez sans cesse conscience de ce qu’il nous faut mourir. Pardonnez-moi si je dis des bêtises.” Il secoua la tête. “Toujours, je veux retirer ce que je viens de dire! (p100)
Mon mari dit de moi: “Michèle est forte.” En réalité il veut que je sois forte pour ce qui ne l’intéresse pas: les enfants, le ménage, les impôts. Mais il me détruit dans mon travail, tel que je me l’imagine. Il dit: “Ma femme est une rêveuse. “Si rêver veut dire, être ce qu’on est, alors je veux être une rêveuse. (p52)
Oh! Buvons encore un verre, j'ai eu, tout à coup, l'impression de quelque chose qui échappe à chaque minute de solitude, qu'on ne peut plus jamais rattraper. La mort vous savez. Pardonnez-moi ce mot. ça m'a fait mal, en tout cas. J'espère que vous ne me comprenez pas mal.