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EAN : 9782070377169
176 pages
Gallimard (12/03/1986)
3.38/5   53 notes
Résumé :
Le narrateur, un écrivain autrichien, trouve à son arrivée aux États-Unis un mot de sa femme lui interdisant de la revoir. Il lui obéit, la fuit à travers les États-Unis sans cesser de s'interroger sur elle et sur lui-même et en la tenant indirectement au courant de ses déplacements. Lorsque la jeune femme, qui n'a cessé de le poursuivre, finit par le rejoindre, le couple parvient de façon inattendue et spectaculaire au bout de la haine amoureuse et se réconcilie av... >Voir plus
Que lire après La courte lettre pour un long adieuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Un autrichien aux États Unis.....Un asocial arrogant au Pays des faux sociables,
" Et malgré mon désir d'être attentif et ouvert à ce qui m'entourait, j'évitais pourtant aussitôt quiconque venait à ma rencontre sur le trottoir, mécontent des autres visages, plein de mon vieux dégoût pour tout ce qui n'était pas moi-même."
Il a reçu une courte lettre de sa femme, qui a aussi débarqué aux E.U. et disparut, qui lui écrit simplement de ne pas la chercher. Lui écrivain, il y est en vagabond intello et cultivé, avec trois milles dollars en poche pour un voyage oisif......

Un road-movie en deux parties dont la forme est empruntée au septième art, et le fond s'appuie sur le western et le roman policier, le titre du récit faisant allusion à " The long good-bye" de Raymond Chandler. ( titre français " Sur un air de Navaja"),
Dans la première partie, "La courte Lettre", solitaire, introverti, l'angoisse existentielle du narrateur se déploie sur tout ce qu'il voit, regarde et observe.
Alors que dans la deuxième, "Un long adieu", il s'ouvre à autrui et aspire à changer d'identité.
Bref, énoncé comme cela, ça semble simple mais l'oeuvre de Handke est complexe, pas toujours facile à suivre dans ses réflexions. Il est souvent dans cet " AUTRE TEMPS", son espace à lui, où enfin débarrassé de sa nature toujours en proie à ses accès et à ses mesquineries, il voit plus clair, alors que nous lecteurs et lectrices beaucoup moins.

C'est un écrivain insolite, comme ses deux compatriotes Thomas Bernhard et Elfride Jelinek. Ce roman qu'il qualifie "d'un roman de formation trompe-l'oeil ", est en effet trop court et aucune moral ressort du parcours du narrateur, pour en être un vrai. Pourtant ce voyage en terre inconnu ( en fin de compte pas si inconnu que ça ) aux périples et secousses divers, sera bel et bien pour lui la voie d'une reconstruction de soi. Il atteindra une dépersonnalisation relative à laquelle il aspirait pour remettre les compteurs à zéro et quitter sa relation compliquée avec son Moi, " ce n'est pas de la compagnie que je désirais, c'était de ne plus me retrouver sur mon chemin". L'Amérique, où comme dit John Ford à leur rencontre, magnifique passage vers la fin du livre " Nous les américains, nous disons "nous".... Nous n'avons pas de relations aussi solennelles avec notre moi que vous", sera le catalyseur pour sa réconciliation avec ce Moi, son enfance et son mariage compliqués.

C'est un livre intéressant riche en références littéraires et cinématographiques, en rêves bizarres, en observations et réflexions intéressantes et même redoutables, qui bousculent notre zone de confort, comme celui du "couple d'amoureux", au début de la deuxième partie, "Un long adieu", où il nous relate superbement la complexité des relations humaines. Ce que nous béatifions ou voyons comme utopie souvent s'il s'avérait réel , peut se révéler malsain. Malheureusement le passage est trop long pour le mettre ici en citation.
Peter Handke n'est pas un auteur pour tous les goûts, mais si vous aimez les défis, êtes curieux ou curieuses, je vous le conseille.

Merci beaucoup Ambages, sans toi je ne l'aurais probablement pas lu, et ca aurait été trés dommage !

"Peut-être connaît-tu des gens...qui veulent toujours réduire tout ce qu'ils voient, même ce qu'il y a de plus étonnant, à un concept, qui veulent le dompter par une formulation et cessent ainsi de l'éprouver . Ils ont des mots pour tout."
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« Une courte lettre... » de rupture de Madame

Un narrateur, européen, arrive aux États-Unis et apprend, par le petit mot de son épouse laissé à son intention lors de son arrivée à l'hôtel qu'elle ne veut plus le voir. Ce n'est pas qu'elle ne désire plus ; non, elle ne veut plus ! Au fil de la lecture on comprend que c'est allé très loin entre eux, jusqu'aux coups. Donc elle ne veut plus rien, sauf peut-être le tuer ?

J'avoue que je partais, en commençant ce roman, sur une idée préconçue (rupture, tristesse, désir, envie, souvenirs, regrets...) et qu'au fil des pages j'ai été très surprise car Peter Handke, en laissant parler cet homme va nous faire découvrir une partie de sa vie, comment il voit et ressent les choses depuis son enfance «  (…) je laissais en même temps monter le souvenir en moi. », mais également il évoque de nombreuses différences entre les sentiments des Européens et ceux des Américains, y compris vis-à-vis de leur pays.

C'est beaucoup plus que l'histoire d'une séparation d'un couple qui est presque passée au second plan, c'est surtout l'évolution du narrateur lui-même qui est évoquée au travers de son périple américain

« ...pour un long adieu » de Monsieur avec lui-même

« A Saint Louis, j'avais à ce point été déshabitué de moi-même que je ne savais que faire de moi. Seul avec moi, je me sentais de reste. » Il m'a semblé qu'il avait dit au revoir à ses souffrances enfantines, à sa manière d'être hors du reste des hommes, à son sentiment d'une existence sans prise avec le monde réel. « Est-il donc toujours nécessaire que je me mette en représentation pour qu'on remarque mon existence ? » C'était un homme en dehors de lui et ce voyage va lui faire prendre conscience de certaines choses, le faire changer.

J'ai eu du mal pendant les premières pages avec ce roman et puis la magie est passée et j'ai refermé le livre ravie de cette découverte très dense, prenante et qui interroge beaucoup sur nous-même finalement.
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C'est mon premier livre de Peter Handke, choisi par hasard sur les rayonnages de ma librairie préférée. J'ai été séduit par la 4e de couverture qui parlait d'une errance à travers les USA et d'une séparation amoureuse. Pour moi, le nom de Peter Handke est d'abord lié au cinéaste Wim Wenders, le cinéaste des "Ailes du désir" et de l'errance au moins jusqu'aux années 90. le narrateur commence son récit à Providence, en Nouvelle-Angleterre. Ce sera le début d'un parcours qui l'emmènera jusqu'à la côte Pacifique. Au fil de ce road trip, l'ombre de son épouse, avec qui la rupture semble consommée, le suivra à chacune de ses étapes. Dans un premier temps il sera un fin observateur de ce qu'il voit, de ce qu'il traverse. Tout est potentiellement sujet d'observation, de description. Puis peu à peu, à partir de sa rencontre avec Claire, une femme qu'il a connu il y a quelques années, le récit va changer de registre et va se resserrer sur plusieurs références cinématographiques ou sur l'histoire de l'Amérique : Laureen Bacall, John Ford, Lincoln, les pionniers du chemin de fer... Et finalement la rencontre houleuse avec sa femme avec qui la séparation va pouvoir se réaliser. Il se dégage de ce livre une ambiance étrange. Bien souvent, je me suis demandé si j'étais dans le réel ou l'onirique. D'ailleurs le protagoniste nous fait souvent part du contenu de ses rêves. C'est un livre sur le questionnement sur soi, sur notre rapport à la vie, au monde, aux autres.
Même si le personnage est tout le temps en mouvement, sa manière d'être dans le monde qu'il traverse nous le fait paraître par instant, figé, rattrapé par les choses anodines dans la banalité du quotidien qu'il décrit. Est-ce que finalement, ce récit ne serait qu'un rêve ou un souvenir ? Dans un registre complètement différent, j'ai pensé pendant la lecture au "Nocturne indien" de Tabucchi. Une sorte d'errance à la recherche de notre propre existence. En extrapolant un peu (ou beaucoup), il y aurait presque quelque chose de l'ordre du mystique, comme une quête de soi, d'être en harmonie avec quelque chose qui nous dépasse. Peter Handke fut le scénariste des "Ailes du Désir". Cette histoire d'un ange qui décide de rester sur terre pour l'amour d'une femme. Dans ce livre, on peut peut-être s'interroger pour savoir où se situe le réel et le mystique/onirique. En tout cas, même si cette lecture peut ne pas convenir à tous/tes, j'en ressors un peu troublé.
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Véritable "road movie" à travers les Etats-Unis que nous offre là Peter Handke, auteur autrichien, nous racontant le parcours à partir de New-York ... d'un écrivain autrichien à la recherche de sa femme qui lui a laissé une lettre se résumant à une phrase en guise d'adieu. Il la cherche et peut-être est-ce l'inverse. Comme d'habitude chez cet auteur, rien n'est fait pour faciliter la route du lecteur. C'est lent, il y a beaucoup d'indicible, comme pourrait l'être une ballade de JJ Cale. Cela ressemble parfois aux errances des personnages de Vila-Matas. Il est question de cinéma aussi et de musique. Il y a la présence, troublante et quelque peu répulsive, de l'enfant de sa maîtresse. Et surtout, le héros est un anti-héros, loin d'être sympathique, faraud et autocentré.

Ce n'est donc pas la porte idéale à laquelle venir frapper si l'on veut découvrir l'univers si riche de cet auteur, car cela pourrait rebuter. Pour ceux qui connaissent déjà, c'est un jalon sûr à découvrir.
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Un homme fait un voyage aux USA. Nous ne saurons que très peu de choses de lui, il est Autrichien, en train de se séparer de sa femme. Une histoire visiblement passionnelle, entre amour et haine. Vient-il la rejoindre ? Veux-t-elle ou non le voir ? Ils s'évitent et se recherchent, de ville en ville, d'hôtel en hôtel, de souvenir en souvenir. Parviendront-ils à se rejoindre ? Quelle sera l'issue de cette rencontre ? Voilà comment est construit ce livre. Les souvenirs ou impressions de voyage du narrateur sont tous suspendus à ces interrogations, à cette historie de couple.

L'écriture de Handke, précise, au scalpel, au millimètre près, fait de ce récit un texte magnifique, d'un lyrisme qui vient paradoxalement d'une écriture qui semble descriptive et peu émotive au premier abord. le ressenti du narrateur se déroule devant nous comme les paysages américains à travers la vitre d'un bus, aride parfois, répétitif, ne prenant pas forcement sens à première vue. Un beau voyage que j'aurais envie de prolonger par la lecture d'autres textes de l'auteur.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
À côté du téléviseur était posée une cage où un canari donnait des coups de bec dans un os de seiche........Lorsque nous traversames le parking pour retourner à la voiture, je vis par- dessus le dos d'une colline un petit nuage mince qu'éclairait encore le soleil derrière elle. Il était si blanc ce nuage au-dessus de la colline sombre redevenue une simple surface plate, que je vis d'abord sans le vouloir dans le ciel un os de seiche. Et tout à coup je compris comment des métaphores peuvent naître à partir des erreurs des sens et d'illusions optiques.
p.75
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Jamais je n'avais vu les seins des femmes si beaux et si provocants. Leur vue faisait presque mal et pourtant j'étais heureux de ne rien vouloir d'autre que regarder les femmes contentes d'elles passer et repasser en flânant, devant les vastes panneaux publicitaires. L'une d'elles s'immobilisa même un instant dans l'encadrement de la porte, elle semblait chercher quelque chose. Je fus presque effrayé du désir qui me prit d'aller vers elle, mais je me dis aussitôt "Que vais-je faire avec elle ? Ce ne serait pas raisonnable". J'avais tant de mal à m'imaginer caressant une femme.
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Maintenant les détenteurs du pouvoir ne sont plus les bienfaiteurs de l'humanité, tout au plus se comportent-ils en bienfaiteurs à l'égard d'individus isolés et ce ne sont plus que les pauvres, ceux qui n'ont ni moyens, ni pouvoir, qui imaginent des choses nouvelles. Seuls ceux qui pourraient changer quelque chose ne se posent jamais de questions et c'est ainsi que tout reste comme cela a toujours été.
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(...) Mais, en réalité, je suis sûr que tu n'as pas le sens du temps parce que tu n'as pas le sens d'autrui. » Elle répondait : « Non, ce n'est pas ça, seulement, voilà, je n'ai pas le sens de moi-même. (...)
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A Saint-Louis, j'avais à ce point été déshabitué de moi-même que je ne savais que faire de moi. C'était ridicule d'être seul à ce point. Si je m'étais écouté, je me serais battu, tellement je me paraissais ennuyeux. Ce n'est pas de la compagnie que je désirais, c'était ne plus me trouver sur mon chemin.
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Videos de Peter Handke (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Peter Handke
Découvrez l'entretien de Peter Handke, prix Nobel de littérature 2019, consacré au volume Quarto, "Les Cabanes du narrateur. Oeuvres choisies".
Depuis cinquante ans, Peter Handke bâtit une « oeuvre influente qui explore les périphéries et la spécificité de l'expérience humaine ». Embrassant toutes les formes de la littérature, elle présente comme constante une fidélité à ce qu'il est, c'est-à-dire un homme de lettres, un promeneur dont la création ne peut prendre forme que grâce à la distance propice, paradoxalement, à une plongée dans l'intériorité des personnages, à la description imagée et vivante de la nature, à l'attention au quotidien. Pierre angulaire du patrimoine littéraire d'Europe centrale, servie par un style tranchant et unique, cette écriture se définit par le besoin de raconter — faux départs, difficiles retours, voyages, etc. — la recherche d'une propre histoire, de la propre biographie de l'auteur qui se fond dans ses livres : « Longtemps, la littérature a été pour moi le moyen, si ce n'est d'y voir clair en moi, d'y voir tout de même plus clair. Elle m'a aidé à reconnaître que j'étais là, que j'étais au monde. » Cette édition Quarto propose au lecteur de suivre le cheminement de l'écrivain à travers un choix qui comprend des récits qui l'ont porté sur le devant de la scène littéraire dans les années 1970-1980 comme d'autres textes, plus contemporains, imprégnés des paysages d'Île-de-France, et reflets de son écriture aujourd'hui. Et, le temps d'une lecture, de trouver refuge dans l'une de ses cabanes.
En savoir plus sur l'ouvrage : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Quarto/Les-Cabanes-du-narrateur
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