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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On en a jamais fini avec la mort d'un parent. le deuil est un processus qui prend du temps et qui se réactive à intervalles réguliers. Je pensais pourtant en avoir fini avec mon déballage personnel sur Babelio de ce deuil qui a déjà colonisé deux de mes critiques. C'est sans compter les livres et leur propension à venir nous chercher sans que nous l'ayons voulu, à des moments étonnamment pertinents pourtant. Ce fut le cas de ce "malheur indifférent", récit du Nobel Handke écrit juste après le suicide de sa mère... et que je décide de commencer sans me rendre compte que je le fais le jour de l'anniversaire de ma mère, celui qu'elle ne pourra jamais fêter.

C'est assez fou de se rendre compte que cette lecture était programmée depuis le 16 septembre, puisque dans le cadre du challenge ABC du site, pour la lettre H. Je suis à peu près sûr de ne pas avoir particulièrement remarqué le sujet du livre, plutôt qu'il validait un Nobel et qu'il n'était pas trop long. Mais le battement d'ailes du papillon a amené cette lecture à la date du 25 Août, après la lecture du Paradis de Gurnah et sa lettre G.

Passons au livre lui-même maintenant. La démarche de l'auteur est touchante. Il vient d'acquérir la notoriété avec son "angoisse du gardien de but", adaptée l'année même au cinéma par Wim Wenders (excusez du peu...). Il se retrouve confronté à ce décès et ne voit qu'une façon d'y faire face, ce qu'il sait le mieux faire, écrire. S'agissant d'un suicide on se dit que le livre va être une recherche du pourquoi cette mort, mais au final il répond plutôt à celle du comment cette vie. Il est tiraillé tout au long du récit au risque de n'intéresser personne avec cette histoire si personnelle et également à l'écueil de tomber dans une description trop généraliste, d'en faire la vie de tout le monde. Tel un albatros baudelairien, il semble maladroit dans sa démarche, fragile et donc d'autant plus émouvant. Il rend un hommage au final très réussi à cette mère qu'on aura empêché de vivre son bonheur rêvé et idéalisé et qui n'aura donc pu que se contenter de ce malheur indifférent du titre.

Comme il fallait s'en douter, plusieurs moments m'ont tendu un miroir sensible, les regrets d'une vie qu'on aurait voulu pour elle plus aboutie, une personnalité qui se coule mal dans le moule que d'autres voudraient lui voir respecter, la maladie qui transforme les derniers instants et les derniers rapports... Heureusement, j'ai été aussi rassuré de ne pas la reconnaitre dans le malheur d'un mariage subi, content qu'elle ait pu ainsi goûter à un bonheur différent.

Je sais que l'auteur est diversement apprécié, notamment chez les Nobéliens que je fréquente. Cette première rencontre originale et fraternelle en fera forcément un auteur à qui je donnerais plus d'une chance de me séduire... surtout qu'il a déjà commencé à le faire !

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"Aujourd'hui maman est morte" dit le narrateur de l'Etranger. "Voilà près de 7 semaines " dit Peter Handke et il est temps d'écrire sur elle et sur son suicide.
Naître femme en Autriche en 1921, c'est se plier aux convenances sociales et religieuses, suivre les rituels et abolir toute forme de désirs. Un destin tout tracé pour la petite fille qui pourtant désirait "apprendre quelque chose".
L'auteur en faisant sa biographie se heurte aux difficultés de l'écriture. Il utilise le "on" impersonnel avant le "elle" de la dernière partie pour parler d'elle et se tenir à distance semble-t-il des faits rapportés. Drôle de vie marquée par les restrictions de la guerre et l'indifférence au malheur comme le suggère le titre.
Un récit troublant que j'ai eu plaisir à découvrir.
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Après le suicide de sa mère en novembre 1971, Peter Handke sent la nécessité de raconter sa vie (celle de sa mère). Raconter et non pas écrire, car son projet est bien entendu littéraire. Cette nécessité se confronte alors à l'exigence d'une oeuvre artistique et Peter Handke fait le choix de croiser voix de l'auteur en création et voix narrative, comme le fera quelques années plus tard Nathalie Sarraute dans son roman autobiographique Enfance, pour mettre en valeur les multiples dangers inhérents à l'écriture sur soi ou sur ses proches. le personnage du roman, la mère, se construit donc de différentes manières au fur et à mesure du récit. Personnage type au départ, sa présence se formule par le pronom impersonnel "on", puis sa personnalité se dessine plus nettement en fin de récit avec le pronom "elle".
Enfin, le malheur indifférent témoigne aussi, à travers la vie de cette mère, de l'histoire du XXe siècle en Autriche et en Allemagne, entre montée du nazisme et lourde défaite, société en reconstruction et société de consommation, et émancipation des femmes.
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Étrangeté des livres abandonnés sur un banc. Trouvé hier soir, après une semaine à ne penser qu'à Israël et Gaza, ce court roman de Peter Handke lu d'une traite ce dimanche matin. le dramaturge autrichien écrit ces pages entre janvier et février 1972, sa mère vient alors de se suicider à 51 ans. Qu'on puisse dire qu'il existe "quelque chose d'indicible" cesse de lui apparaître comme un "mauvais faux-fuyant". Par là, se trouve inscrite dans les pages de cette simple histoire la question de "l'écriture véritable". Plus tard, conclut-il, "j'écrirai sur tout cela en étant plus précis".
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quelque chose qui n'est pas là - jamais - nulle part - à aucun moment et pourtant tout semble aller de soi -pas besoin d'agir , l'encouragement à renoncer , l' épouvante et le déni d'un être-société jusqu'au suicide qui répond enfin et éclaire la scène d'une lumière juste ?
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L'auteur livre a nu la vie de sa propre mère incomprise et enfermée à une époque qui n'était pas la sienne. Rangée dans une case alors qu'elle rêvait de bien plus.

Un portrait intime et pudique qui révèle autant de sensibilité que de misère social.

Une jolie parenthèse.
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Mon premier livre de Peter Handke, amené à lui par le prix Nobel, à la fois séduit par la façon de traiter le thème, il atteint l'universel, souvent, ai pensé à l'Etranger, et aussi un peu gêné par la distance créée par l'exercice littéraire.
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Le style de Peter Handke est inimitable.
Les phrases sont courtes , ce sont surtout des propositions indépendantes avec peu de subordonnées. Les faits sont relatés à l'état brut , chronologiquement, à la manière d'un rapport journalistique. L'auteur semble se distancier du personnage unique de son récit comme si il parlait d'une étrangère .alors qu'il nous raconte avec force détails la vie somme toute banale de sa propre mère, morte dans des circonstances tragiques. En utilisant ce procédé il fait d'elle un personnage universel , presque une héroïne invisible des temps modernes et rend à sa mère et à toutes les femmes de l'entre deux guerres un hommage posthume ,à ces femmes allemandes , prisonnières de leur condition, à l'existence rythmée par les 3 K ( cuisine, enfants, église). L'auteur donne ainsi une force et une grande émotion à son récit.
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Note aux amateurs d émotions fortes, de romans morbides et toutes obscénités qui peuvent parfois accompagner les questions qui tournent autour du deuil et encore plus de la perte d un proche par suicide : passez votre chemin.

Alors livre raté ? Hommage à une mère suicidée trop nombrilste ? Traité sociologique ? Ou encore déversoir maladroit d un fils sous le choc et endeuillé ?

Personnellement j y vois un portrait touchant de
femme. Un brin féministe qui aborde la question de la dépression avec brio.



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