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4,09

sur 772 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'aime énormément la littérature du 19ème siècle et je n'avais toujours pas découvert la plume de Thomas Hardy. C'est enfin chose faite !
Mais... je ne sais pas si le moment était mal choisi ou si je n'ai simplement pas accroché à la plume de l'auteur mais j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire et à m'attacher aux personnages. J'ai trouvé l'héroïne, Batsheba, vraiment agaçante !

J'ai tout de même apprécié l'ambiance, les descriptions de la campagne anglaise et de ses moeurs. J'ai bien aimé Gabriel et les autres ouvriers qui donnaient beaucoup de saveur à ce roman malgré des héros un peu trop caricaturés à mon goût.

Bref une découverte en demi-teinte qui me donne envie de lire un autre roman de l'auteur pour me faire vraiment un avis mais pas tout de suite, je choisirai un moment plus propice cette fois !
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Je ne partage pas tout-à-fait l'enthousiasme de la plupart des lecteurs de ce roman.
L'une des choses qui font la particularité de Thomas Hardy est cette description unique et réaliste de la campagne anglaise du 19ème siècle, inestimable tant du côté du style que de ce que cela apporte comme connaissance. Comme toujours dans ses romans, ça marche, nuit et jour, sur les routes. Combien de kilomètres a-t-il dû faire ainsi!
Ses descriptions sont magnifiques, comme toujours et on s'y croirait.
En revanche, contrairement à ceux que j'ai lu auparavant (Tess et Jude), j'ai été un peu gênée par l'intrigue que j'ai trouvée un peu décousue par moments, ce qui peut s'expliquer 1) parce que c'est son premier roman (ou l'un de ses premiers en tout cas) 2) parce qu'il n'y a pas deux mais trois prétendants qui se battent pour obtenir la main de Batsheba, l'héroïne, et que ça dilue forcément l'intrigue).
Cette héroïne, parlons-en! Décrite à plusieurs reprises dans le roman et dans les commentaires comme une jeune femme un peu capricieuse, limite arrogante, écervelée et autres caractéristiques peu flatteuses, je l'ai trouvée pour ma part jeune, sûre d'elle, compatissante, passionnée et une seule fois mais une fois de trop: impulsive.
Non mais franchement: Oak tombe amoureux d'elle en ne l'ayant vu qu'une seule fois et est offensé parce qu'elle lui refuse sa main?
Parce qu'elle a fait une grossière erreur de jeunesse en envoyant une lettre inconséquente à Boldwood, celui-ci la poursuit pendant des années, la harcèle et finit par l'acculer pour qu'elle lui promette de l'épouser une fois son deuil fini, tout en sachant pertinemment qu'elle ne l'aime pas mais qu'elle finira par accepter par culpabilité? Mais non, il la veut pour lui, qu'elle éprouve ou non des sentiments, il la veut comme on veut une poupée, une belle voiture.
Batsheba n'est rien d'autre qu'une jeune femme dans un monde de mecs, jugée de tous les côtés, qualifiée d'effrontée pour avoir préféré s'écouter plutôt que de se laisser posséder par l'un ou l'autre!
Sincèrement, j'ai trouvé Boldwood encore plus détestable que Troy, ce coureur de jupons antipathique, et j'ai trouvé Gabriel Oak légèrement paternaliste, la poussant à épouser Boldwood (et donc à lui appartenir) par pitié pour lui. Elle? Pff, quelle importance, c'est une femme...
Je ne sais pas ce que Thomas Hardy a voulu exprimer par ce roman, s'il a un parti pris, s'il critique l'attitude de ces hommes donc je ne jugerai pas. Quelques petites allusions discrètes au caractère féminin, cependant, ne m'ont pas échappée..;
Mettons ça sur le compte de son jeune âge et de l'époque, ce roman reste un beau roman, mais loin d'être aussi beau que ce que j'ai pu lire d'autre de lui et, vous l'aurez compris, dérangeant pour ma part.
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La très belle Miss Everdene hérite d'une ferme qu'elle s'emploie à diriger seule malgré son inexpérience. Gabriel, ancien exploitant devenu berger que la jeune fille avait repoussé, veille sur elle tandis que deux autres hommes commencent à la courtiser.

Du même auteur, j'avais lu Tess d'Urberville, qui m'avait à la fois beaucoup plu, en particulier pour sa plume, et beaucoup indignée pour la description/dénonciation de la condition des femmes en Angleterre au 19e siècle.

Avec Loin de la Foule déchaînée, j'ai retrouvé avec plaisir le style très agréable de Thomas Hardy, bien que ses descriptions bucoliques m'aient semblé extrêmement idéalisées et donc pas toujours très crédibles. Une fois encore, j'ai eu l'occasion de m'indigner des comportements masculins: comme dans un autre classique lu récemment, le harcèlement (carrément pathologique, ici, pour au moins un des personnages) en tant que technique de drague reste une thématique trop présente pour que la lecture soit toujours très agréable. S'y ajoutent d'autres détails courants à l'époque qui ont de quoi indigner et nous faire réellement plaindre les femmes qui ont vécu à cette époque. C'est un bon point malgré tout, car on ne peut certainement pas idéaliser la vie au 19e siècle (contrairement à ce que beaucoup de romances écrites aujourd'hui essaient de faire).

Le thème principal du roman est celui de la fidélité, approfondi à travers le personnage de Gabriel. Cet aspect m'a semblé traité de façon un peu dérangeante également: tout ce qu'une femme devrait attendre d'un homme, ce serait qu'il soit fidèle, même si elle ne l'aime pas?

Une lecture intéressante, que j'ai appréciée surtout pour la plume et le contexte rural (ça change des filles de pasteurs et de la haute-bourgeoisie/noblesse des écrivaines de l'époque), mais dont le propos m'a très souvent ulcérée. Un classique à découvrir, je lui avais cependant préféré Tess d'Urberville.
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Après Nord et Sud, me voilà de nouveau plonger dans un classique. Il faut dire qu'avec ma collection de chez Romans Eternels, j'ai de quoi découvrir, redécouvrir les grands classiques qui ont marqué les esprits depuis de nombreuses années. Je n'avais encore jamais lu de romans de Thomas Hardy et j'étais curieuse de voir ce que cela allait donner sur moi.

Dans Loin de la foule déchaînée, nous faisons la connaissance de plusieurs personnages. Gabriel Oak, l'un des principaux, un "jeune" plus si jeune pour l'époque, berger ruiné qui à la suite d'un incendie va travailler pour cette ferme qu'il vient tout juste de sauver des flammes. Face à lui et non des moindres, Bathsheba Everdene. D'abord venue s'installer avec sa tante, la jeune femme va ensuite être suffisamment fortunée pour avoir une ferme et tout un tas d'employés, dont Gabriel. Puis vient les nombreux prétendants de la jeune femme et les personnes qu'ils côtoient tout deux.

Lorsque j'ai commencé ma lecture, j'ai été assez dérouté par le rythme du récit. La plume de l'auteur est certes plutôt fluide mais j'ai trouvé que le tout avait pas mal de longueurs. Ainsi, j'ai mis quelques chapitres pour me mettre dans l'histoire.

Côté personnages, je suis assez mitigée. Si j'ai apprécié le personnage de Gabriel, le travailleur, l'homme dévoué, patient, qui n'est ni trop présent ni pas assez, j'ai très vite été frappé par sa naïveté et surtout, le fait qu'il se fasse marcher sur les pieds par Bathsheba. Elle en fait ce qu'elle veut et honnêtement, j'avais pitié de lui.

Parlons maintenant de Bathsheba. D'abord, j'ai buté sur son prénom tout du long. Je l'avoue, j'ai fini par m'arrêter à Bath, parce que... vraiment, je butais dessus à chaque fois. La jeune femme est souvent comparée à Lizzy d'Orgueil et Préjugés. Pour le coup, mise à part cette volonté d'indépendance, pour moi, les comparaisons s'arrêtent là. Bathsheba est une femme indépendante, qui voit le mariage comme une privation de liberté (en soit, pour l'époque c'est pas si loin), mais elle est également égoïste. Ce qui m'a le plus agacé, c'est sa manie de jouer avec les hommes.

D'abord avec Gabriel, qu'elle sait, fou d'elle. Bon soit, pourquoi pas, elle le repousse assez rapidement et passe son chemin en femme libre et indépendante. Puis vient Boldwood. Avec une mauvaise blague par lettre "épousez-moi", elle le rend fou de désir. Insistant à l'extrême, il revient sans cesse tenter sa chance. Concrètement, à chacune de ses apparitions, je levais les yeux au ciel parce que... trop, c'est trop. J'avais envie de secouer la demoiselle pour qu'elle l'envoie bouler une bonne fois pour toute. Arrive enfin Troy. A partir du moment où il débarque, vous pouvez dire adieu à l'héroïne réfléchie, indépendante qui ne se laisse pas faire. Elle s'aplati littéralement devant lui, à peine le premier compliment énoncé. Pire que ça, elle croit dur comme faire à ses paroles, qui bien sur, ne sont que du vents.

Arrivé à ce stade de l'histoire, je ne savais plus quoi faire. Je suis déjà anti-triangle amoureux en temps normal, mais là, c'était le summum. Fort heureusement, Loin de la foule déchaînée était une lecture commune et donc, j'ai été au bout de ma lecture, bien décidée à savoir comment l'histoire allait s'achever.

Ai-je souris lorsque Bathsheba se fait avoir à son propre jeu ? Séduire des hommes pour les laisser sur le carreaux et tomber sur un mari qui ne l'aime pas et s'en rendre compte après coup ? Fait. Pour le coup, je me suis faite la réflexion que c'était un peu le karma qui la rattrapait...

Si dans l'ensemble j'ai apprécié la fin de l'histoire et la tournure des événements, je dois dire que j'ai trouvé ça assez bref et peu développé en comparaison avec le reste. J'aurais aimé davantage de profondeur sur les événements finaux et toutes les mésaventures qu'il arrive à Bathsheba. Car en soit, j'ai apprécié la conclusion, du moins le chemin qu'elle prenait.

Avec les classiques, il est difficile - parfois - de mettre des mots sur une lecture. Je crois que le style de Thomas Hardy n'est pas pour moi. le rythme du récit est un peu trop dans le descriptif et les longueurs sont assez présentes durant tout le roman. Quant aux personnages, je reste vraiment mitigée. Je n'ai pas apprécié l'héroïne, et ai eu du mal avec ses prétendants. Seul Gabriel sort du lot mais... trop gentil à mon goût. En conclusion, si l'ensemble est plutôt pas mal, je n'ai pas eu vraiment de plaisir à découvrir cette histoire. le triangle amoureux joue pour beaucoup. Je ferais donc l'impasse sur les autres romans de l'auteur.
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Loin de la foule déchaînée est un livre que l'on m'a offert en étant persuadé qu'il me plairait. L'aspect vie à la campagne fin 19ème me laissait perplexe sur le fait que ça pourrait me plaire. Il a donc trainé plusieurs années et il a fallu un défi pour me le faire enfin sortir. Je n'ai pas vu l'adaptation cinématographique et ne savait rien de l'histoire avant de mis plonger. Apparemment, ce classique anglais n'avait pas eu le droit à une vraie traduction intégrale avant l'édition qu'on m'a offert, je ne sais pas si lire une ancienne traduction aurait changé mon avis sur cette lecture mais il parait important de noter ce fait. Si je comprends pourquoi on me l'offert, il y a des points qui ne m'ont pas permis de me concentrer sur les aspects qui effectivement pouvait me plaire. Si ma lecture a été mitigée, je suis contente d'avoir franchi le pas et de l'avoir terminé.
Ce qui m'a le moins plus ce sont les personnages. Gabriel est le narrateur principal, c'est la bonne pâte. Il est d'une fidélité sans faille et fait tout pour aider tout le monde en particulier Bathsheba. Son amour sans faille même quand Bathsheba le traite vraiment mal m'a agacée, c'était trop de dévouement pour moi. Bathsheba, pour l'époque, a des idées assez avant-gardistes. Elle est instruite, a confiance en ces compétences et considère que le mariage ne pourrait que nuire à sa liberté, elle préfère prendre sa vie en main. Ce petit côté féministe avait tout pour me plaire s'il avait été un fil conducteur et non un point de départ qu'on pourrait jeter aux oubliettes dès l'arrivée d'un beau mâle ou de deux. C'est un fait gravé dans le marbre, une femme perd son cerveau et ses principes dès qu'un homme passe par là. Ensuite, il y a un personnage particulièrement détestable, c'est évident qu'il ne va pas bien se comporter et pourtant personne n'anticipe. Il est caricatural, c'est définitivement le personnage le moins bien construit de mon point de vue mais il semblerait qu'il y avait une volonté humoristique que je n'ai pas vue. Les autres personnages sont plus nuancés et m'ont moins énervée mais ils sont secondaires. Passons aux points plus positifs. C'est bien écrit/traduit. C'est très plaisant à lire et on ressent peu les traces de la publication originale sous forme de feuilleton. Les paragraphes sont très courts et centrés autour de la vie quotidienne à la ferme. Ce n'est pas le truc qui me passionne mais j'ai apprécié lire des scènes qui ne sont pas celles que l'on met en général en avant autour de cette thématique. Si les relations entre les personnages ne m'ont pas plu, il y a assez de rebondissements pour plaire aux lecteurs en particulier à ceux qui ont peur des classiques.
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Au vu des critiques dithyrambiques sur Babelio, j'étais très enthousiaste à l'idée d'entamer enfin la lecture de ce roman… Comme j'ai été déçue !

J'ai eu surtout beaucoup de mal avec le style de l'auteur. Malgré quelques pointes d'ironie ici et là que j'ai appréciées, je l'ai trouvé lourd et artificiel (notamment les descriptions de la nature qui se veulent poétiques mais qui sont pour moi surfaites). Quant aux remarques misogynes qui émaillent le roman, j'ai d'abord essayé de me dire que c'était une autre époque et qu'il ne fallait pas juger, mais elles sont tellement nombreuses que c'est devenu franchement insupportable.

Quant à la traduction, elle est catastrophique ! Quiconque a fait un peu d'anglais voit que la « traductrice » (a-t-elle vraiment fait des études de traduction ou est-ce simplement une personne qui parlait anglais à qui l'on a demandé de faire ce travail ??) a transcrit du mot à mot, respectant l'ordre anglais quand ça ne fonctionne pas du tout en français et tombant dans tous les pièges des « faux amis » et des « transpositions ». A titre d'exemple, « newly married », c'est très courant, mais « nouvellement marié », ça passe beaucoup moins…
(Et je ne parle pas des coquilles ou du personnage de Coggan qui s'appelle tantôt Jan tantôt Jean…)

Je n'ai pas non plus réussi à m'intéresser à l'intrigue pendant la majeure partie du livre. Si la psychologie des personnages est travaillée, la lourdeur du style rend l'intrigue lente et artificielle, et je n'ai été touchée par aucune des émotions ressenties par les personnages. J'ai commencé à me passionner pour l'intrigue vers la page 300 (sur 470, il était temps), lorsque tout s'accélère et que l'écriture, qui devient plus dynamique et moins alambiquée, permet enfin d'apprécier les événements et les personnages. J'ai mis deux mois à lire les 300 premières pages et trois jours à lire la fin, et c'est cette dernière impression positive qui explique ma note de 3 étoiles.
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Tess d'Urberville, lu il y a maintenant une dizaine d'années, ayant été un vrai coup de coeur, il était temps que je découvre un nouveau roman de Thomas Hardy…

Dans les premiers chapitres, j'ai craint une bonne douche froide, retrouvant tous les poncifs de la littérature victorienne que j'exècre, avec l'amour au centre, et une jeune fille, Bathsheba, que j'ai trouvé tout aussi exécrable, en ce que, bien qu'elle semble indépendante et moderne pour son époque, n'en est pas moins une jeune fille en fleur naïve comme toutes les autres. On est bien loin d'une Elizabeth Bennet ou d'une Margaret Hale, des jeunes filles avec, au contraire, une véritable force de caractère, un refus complet du statut de femme qu'on leur propose, et bien plus proche de Tess, autre héroïne du romancier qui, tout aussi naïvement, se fera abuser. Mais la suite du roman, plus sombre et plus à même de déconstruire tous ces poncifs, de donner plus de consistance à la majorité des personnages, notamment à notre héroïne, a commencé à me plaire davantage… jusqu'aux ultimes chapitres, qui en reviennent aux travers du début, avec une happy end que j'ai trouvé bien peu crédible.

Lecture qui, au premier abord, pourrait sembler plus que décevante, mais heureusement, – car il y a un heureusement -, Thomas Hardy a le don de créer dans ses romans une atmosphère si particulière, à la fois réaliste par le quotidien raconté, mais en même temps fantasmatique et poétique par les paysages anglais qu'il décrit avec beaucoup de délicatesse, que je parviens à lui pardonner en partie ce que je n'ai pas apprécié dans l'intrigue. Il est vrai que, malgré mes réticences face à celle-ci, le roman m'a entraînée bien malgré moi à sa suite sans trop de difficulté.

Lecture paradoxale en somme que celle de Loin de la foule déchaînée, que je ne regrette pas, même si je reste sur une petite pointe de déception.
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Voici un classique de la littérature anglaise considéré comme un des 50 meilleurs romans par la BBC. Il a été publié à l'époque dans un magazine, sous forme de feuilleton. de ce fait, les chapitres ont tous un intitulé et sont relativement courts. Thomas Hardy nous plonge dans la vie rurale du 19e siècle. le lecteur assiste aux travaux à la ferme, rythmés par les saisons, respectueux de la nature et où la moindre erreur peut être fatale pour un troupeau et une récolte. Comme si le succès ou l'infortune ne tenait qu'à un fil, à une bonne ou mauvaise décision. Ce témoignage du monde agricole de l'époque est porté par toute une galerie de personnages secondaires dont Thomas Hardy dresse le portrait et dissèque le moindre petit défaut.

L'auteur livre également une fine analyse des relations humaines à travers les déboires amoureux de ses quatre personnages principaux. C'est là que se trouve ma petite pointe de déception. J'ai trouvé à certaines phrases des relents de misogynie qui m'ont profondément déplu.

Comme chez beaucoup de femmes, les sentiments de Bathsheba dépendaient en grande partie de ses nerfs."

Et bim! On en prend pour notre grade! Alors certes, il faut se remettre dans le contexte de l'époque mais ses phrases toutes faites sur les femmes que l'auteur assène comme des vérités ont fini par m'agacer. Je trouvais également que le personnage de Bathsheba ne relevait pas le niveau. Elle est impétueuse, vaniteuse et se conduit parfois comme une écervelée.

"Bathsheba considérait l'amour comme un jeu; mais elle ne se faisait aucune idée de l'amour vrai, celui qui subjugue."

Ces traits de personnalité ne l'aident pas à prendre les meilleures décisions. Et pourtant, au fil des chapitres, on la voit douter, réfléchir à ses erreurs et prendre acte des conséquences. Cette évolution la rend plus humaine, j'ai fini par lui pardonner ses erreurs et ses inconséquences et éprouver pour elle une forme de compassion. Au final, on prend conscience de la modernité du personnage qui doit prendre des décisions, faire sa place dans un milieu d'hommes à une époque où pour les femmes, le salut ne passait que par un bon mariage.

Autour d'elle gravitent ses trois courtisans: le patient et fidèle Gabriel Oak, M. Boldwood au caractère passionné et le sergent Troy, un séducteur un brin cynique. Bathsheba arrivera-t-elle à faire le bon choix? C'est le fil rouge du roman. Ma petite fleur bleue a été un peu déçue voire même malmenée. Je ne me suis pas sentie emmenée par la description du sentiment amoureux, l'auteur portant même sur l'amour en général un regard assez pessimiste.

Au final, j'ai apprécié ma lecture grâce à l'évolution que l'auteur a donné à Bathsheba (j'ai vraiment été circonspecte au début!) et à la description de la vie dans les campagnes anglaises à l'époque. J'y étais venue chercher une belle et grande histoire d'amour, j'ai été un peu déçue de ce point de vue là. Je dois également préciser que la traduction dans cette édition m'a paru particulièrement mauvaise. La mise en page également, l'absence de saut de ligne dans les paragraphes entre deux scènes complique nettement la lecture.
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Cela faisait bien longtemps que je voulais découvrir ce classique de la littérature britannique, mais j'avais préféré découvrir l'auteur avec Tess d'Urberville (lu il y a deux ans). Je n'ai pas hésité quand je l'ai vu à la médiathèque !

Trois hommes veulent épouser la jeune fermière Bathsheba Everdene : Gabriel Oak, berger loyal mais pauvre, le vieux fermier Boldwood et le fringant sergent Troy. Il faudra bien des mésaventures pour que la jeune femme trouve celui qui lui correspond vraiment...
Le cadre campagnard du roman et le terre-à-terre de la gestion d'une ferme était rafraîchissants pour un livre de cette époque !

J'ai bien aimé observer les circonvolutions de la relation entre Gabriel et Bathsheba. Gabriel est super attachant et, si Bathsheba peut agacer par son indécision, son courage et son honnêteté m'ont touchée.
Cependant, je déplore que certaines (ré)actions des personnages sortent totalement de nulle part ou soient justifiées par une explications tirée par les cheveux, alors que l'auteur met visiblement un point d'honneur à détailler leur psychologie...

La question se pose du féminisme. D'un côté Hardy place une femme à la tête d'une ferme et insiste sur sa compétence. Mais ce modernisme est terni par quelques remarques misogynes placées ici et là... Difficile de trancher !

Je suis contente d'avoir enfin découvert ce classique, mais Hardy ne sera décidément pas l'auteur de cette époque que j'affectionne le plus !
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Je n'ai pas eu l'occasion de voir le film de Thomas Vinterberg mais il m'a fait découvrir le roman de Thomas Hardy qui est aussi l'auteur de Tess d'Urberville et de Jude l'Obscur. Écrivain britannique de la fin du XIXe siècle, il fut souvent proposé pour avoir le Nobel de littérature mais ne l'eut jamais car son oeuvre était jugée trop pessimiste.

Divers résumés du film m'avaient laissée penser que le personnage féminin Bathsheba était mis en valeur comme une femme courageuse et indépendante, qui refuse de se marier car elle veut diriger seule sa propre vie et sa ferme sans dépendre de personne.

Aussi ai-je été un peu déçue lors de ma lecture car, pour moi, c'est davantage Gabriel Oak, le jeune fermier qui tombe amoureux de Bathsheba, qui est la figure marquante de ce roman.

Thomas Hardy porte sur Bathsheba un regard satirique qui la fait passer pour une jeune fille inconséquente, qui ne réfléchit pas avant d'agir, qui manque de discernement et provoque ainsi des catastrophes. Quant à Gabriel, il apparaît comme un homme honnête qui doit faire face à la cruauté du destin et ne sait pas comment attirer l'attention de la femme qu'il aime. Il le prend avec philosophie et abnégation. Il se dévoue pour Bathsheba qui est hautaine et froide voire cruelle envers lui. Elle n'a d'yeux que pour le bellâtre Francis Troy qui est doué pour dissimuler ses défauts, à la différence de Gabriel, « dont les défauts sautaient aux yeux, et les vertus étaient enfouies comme le métal dans une mine. »

Cette attitude de Bathsheba m'a souvent agacée. Je n'ai pas aimé ce personnage qui joue avec ses prétendants comme une jeune fille écervelée. En revanche, j'ai fini par m'habituer au style sarcastique de l'auteur, à ses jugements qui donnent du mordant à l'écriture et ne sont pas que misogynes mais plus largement misanthropes. Il effectue une analyse sans concession de la nature humaine, des ravages de la passion qui peut rendre fou comme c'est le cas pour le fermier William Boldwood. Lui qui était le seul à ne pas être fasciné par la jolie fermière s'enflamme soudain pour elle quand, pour plaisanter, elle lui envoie un valentin avec écrit dessus : « épouse-moi ». Pourquoi agit-elle ainsi ? Pour s'amuser, parce qu'il est le seul homme qui ne la regarde pas. Elle n'a que vingt ans et considère l'amour comme un jeu. Ce valentin n'était à l'origine pas destiné à Boldwood. "Jouons-le à pile ou face, comme les hommes", dit étourdiment Bathsheba.

L'humour permet de mettre à distance le pessimisme de l'auteur, ses réflexions sur la cruauté du destin et l'absurdité du sentiment amoureux. Pourquoi Bathsheba n'aime-t-elle pas Gabriel Oak alors qu'il a toutes les qualités pour cela mais ne sait pas les montrer ? Il n'appartient pas non plus au bon milieu social depuis qu'il a perdu sa ferme à cause d'un chien mal dressé. La tante de Bathsheba le snobe dès le début lorsqu'il vient faire sa demande en mariage. Sa nièce ne va tout de même pas épouser un banal fermier ! Elle « aurait pu devenir institutrice si elle n'était pas si étourdie ». Quant à Bathsheba, elle lui court après sans réfléchir mais c'est pour lui dire avec un air hautain : « J'ai reçu plus d'éducation que vous et je ne vous aime pas. »

J'ai éprouvé de la compassion pour Gabriel lorsqu'il perd « tout le fruit d'un travail acharné, les économies d'une vie frugale » et l'espérance de devenir un fermier indépendant. Par le même coup du sort, Bathsheba devient l'héritière de la propriété de son oncle et la patronne de Gabriel qui sauve sa ferme d'un incendie et cherche désormais un emploi. J'ai eu plus de mal avec la vaniteuse Bathsheba, même si son jeune âge suscite l'indulgence. Les rudes épreuves qu'elle traverse à cause de ses mauvais choix, avec notamment le bellâtre Troy, l'humanisent.

Mon avis sur ce roman est donc assez mitigé. Il est très bien écrit et j'ai aimé l'analyse sans concession qu'effectue Thomas Hardy des sentiments humains qui sont complexes et ambivalents. Bathsheba veut être indépendante et gérer seule sa ferme mais elle tombe dans les filets de Troy qui la rend malheureuse. Pourquoi place-t-elle si mal son désir ? Grande question sans réponse car l'amour n'est pas logique et rationnel et ce roman n'est pas qu'une bluette mais une fine étude des rapports humains et amoureux. Certaines phrases retranscrivent la mentalité de l'époque mais elles peuvent être énervantes à lire tant elles apparaissent comme des jugements catégoriques de l'auteur. « En règle générale, la seule supériorité tolérable chez une femme est celle qui s'ignore ; néanmoins une supériorité consciente d'elle-même peut quelquefois plaire à l'homme en lui suggérant la possibilité de se l'approprier. »

Thomas Hardy, par ses petites phrases, ne contribue pas à rendre Bathsheba sympathique. Sa manière d'écrire donne l'impression que le fonctionnement des êtres humains est une énigme, tant il est soumis à des pulsions irrationnelles qu'il faut prendre avec philosophie et humour. « J'ai tellement pensé à vous depuis le jour où j'ai cru que vous ne vouliez plus me voir ! » dit Batsheba à Gabriel.

Cette petite phrase m'a fait sourire avec finesse et subtilité. C'est tout l'art de la satire. La fin n'est pas qu'un banal happy-end dont on se demande s'il arrivera un jour et par quel miracle cela pourrait-il se produire. Dans les romans classiques, les premières et dernières phrases sont très soignées et Loin de la foule déchaînée ne déroge pas à la règle. C'est un des employés de Bathsheba qui conclut, donnant une tonalité grisâtre et en demi-teinte à l'ensemble : « Enfin, c'est comme ça et ç'aurait pu être pire ; moi, je suis heureux de ce qui vient d'arriver. »
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