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4,09

sur 766 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je n'ai pas eu l'occasion de voir le film de Thomas Vinterberg mais il m'a fait découvrir le roman de Thomas Hardy qui est aussi l'auteur de Tess d'Urberville et de Jude l'Obscur. Écrivain britannique de la fin du XIXe siècle, il fut souvent proposé pour avoir le Nobel de littérature mais ne l'eut jamais car son oeuvre était jugée trop pessimiste.

Divers résumés du film m'avaient laissée penser que le personnage féminin Bathsheba était mis en valeur comme une femme courageuse et indépendante, qui refuse de se marier car elle veut diriger seule sa propre vie et sa ferme sans dépendre de personne.

Aussi ai-je été un peu déçue lors de ma lecture car, pour moi, c'est davantage Gabriel Oak, le jeune fermier qui tombe amoureux de Bathsheba, qui est la figure marquante de ce roman.

Thomas Hardy porte sur Bathsheba un regard satirique qui la fait passer pour une jeune fille inconséquente, qui ne réfléchit pas avant d'agir, qui manque de discernement et provoque ainsi des catastrophes. Quant à Gabriel, il apparaît comme un homme honnête qui doit faire face à la cruauté du destin et ne sait pas comment attirer l'attention de la femme qu'il aime. Il le prend avec philosophie et abnégation. Il se dévoue pour Bathsheba qui est hautaine et froide voire cruelle envers lui. Elle n'a d'yeux que pour le bellâtre Francis Troy qui est doué pour dissimuler ses défauts, à la différence de Gabriel, « dont les défauts sautaient aux yeux, et les vertus étaient enfouies comme le métal dans une mine. »

Cette attitude de Bathsheba m'a souvent agacée. Je n'ai pas aimé ce personnage qui joue avec ses prétendants comme une jeune fille écervelée. En revanche, j'ai fini par m'habituer au style sarcastique de l'auteur, à ses jugements qui donnent du mordant à l'écriture et ne sont pas que misogynes mais plus largement misanthropes. Il effectue une analyse sans concession de la nature humaine, des ravages de la passion qui peut rendre fou comme c'est le cas pour le fermier William Boldwood. Lui qui était le seul à ne pas être fasciné par la jolie fermière s'enflamme soudain pour elle quand, pour plaisanter, elle lui envoie un valentin avec écrit dessus : « épouse-moi ». Pourquoi agit-elle ainsi ? Pour s'amuser, parce qu'il est le seul homme qui ne la regarde pas. Elle n'a que vingt ans et considère l'amour comme un jeu. Ce valentin n'était à l'origine pas destiné à Boldwood. "Jouons-le à pile ou face, comme les hommes", dit étourdiment Bathsheba.

L'humour permet de mettre à distance le pessimisme de l'auteur, ses réflexions sur la cruauté du destin et l'absurdité du sentiment amoureux. Pourquoi Bathsheba n'aime-t-elle pas Gabriel Oak alors qu'il a toutes les qualités pour cela mais ne sait pas les montrer ? Il n'appartient pas non plus au bon milieu social depuis qu'il a perdu sa ferme à cause d'un chien mal dressé. La tante de Bathsheba le snobe dès le début lorsqu'il vient faire sa demande en mariage. Sa nièce ne va tout de même pas épouser un banal fermier ! Elle « aurait pu devenir institutrice si elle n'était pas si étourdie ». Quant à Bathsheba, elle lui court après sans réfléchir mais c'est pour lui dire avec un air hautain : « J'ai reçu plus d'éducation que vous et je ne vous aime pas. »

J'ai éprouvé de la compassion pour Gabriel lorsqu'il perd « tout le fruit d'un travail acharné, les économies d'une vie frugale » et l'espérance de devenir un fermier indépendant. Par le même coup du sort, Bathsheba devient l'héritière de la propriété de son oncle et la patronne de Gabriel qui sauve sa ferme d'un incendie et cherche désormais un emploi. J'ai eu plus de mal avec la vaniteuse Bathsheba, même si son jeune âge suscite l'indulgence. Les rudes épreuves qu'elle traverse à cause de ses mauvais choix, avec notamment le bellâtre Troy, l'humanisent.

Mon avis sur ce roman est donc assez mitigé. Il est très bien écrit et j'ai aimé l'analyse sans concession qu'effectue Thomas Hardy des sentiments humains qui sont complexes et ambivalents. Bathsheba veut être indépendante et gérer seule sa ferme mais elle tombe dans les filets de Troy qui la rend malheureuse. Pourquoi place-t-elle si mal son désir ? Grande question sans réponse car l'amour n'est pas logique et rationnel et ce roman n'est pas qu'une bluette mais une fine étude des rapports humains et amoureux. Certaines phrases retranscrivent la mentalité de l'époque mais elles peuvent être énervantes à lire tant elles apparaissent comme des jugements catégoriques de l'auteur. « En règle générale, la seule supériorité tolérable chez une femme est celle qui s'ignore ; néanmoins une supériorité consciente d'elle-même peut quelquefois plaire à l'homme en lui suggérant la possibilité de se l'approprier. »

Thomas Hardy, par ses petites phrases, ne contribue pas à rendre Bathsheba sympathique. Sa manière d'écrire donne l'impression que le fonctionnement des êtres humains est une énigme, tant il est soumis à des pulsions irrationnelles qu'il faut prendre avec philosophie et humour. « J'ai tellement pensé à vous depuis le jour où j'ai cru que vous ne vouliez plus me voir ! » dit Batsheba à Gabriel.

Cette petite phrase m'a fait sourire avec finesse et subtilité. C'est tout l'art de la satire. La fin n'est pas qu'un banal happy-end dont on se demande s'il arrivera un jour et par quel miracle cela pourrait-il se produire. Dans les romans classiques, les premières et dernières phrases sont très soignées et Loin de la foule déchaînée ne déroge pas à la règle. C'est un des employés de Bathsheba qui conclut, donnant une tonalité grisâtre et en demi-teinte à l'ensemble : « Enfin, c'est comme ça et ç'aurait pu être pire ; moi, je suis heureux de ce qui vient d'arriver. »
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Je ne partage pas tout-à-fait l'enthousiasme de la plupart des lecteurs de ce roman.
L'une des choses qui font la particularité de Thomas Hardy est cette description unique et réaliste de la campagne anglaise du 19ème siècle, inestimable tant du côté du style que de ce que cela apporte comme connaissance. Comme toujours dans ses romans, ça marche, nuit et jour, sur les routes. Combien de kilomètres a-t-il dû faire ainsi!
Ses descriptions sont magnifiques, comme toujours et on s'y croirait.
En revanche, contrairement à ceux que j'ai lu auparavant (Tess et Jude), j'ai été un peu gênée par l'intrigue que j'ai trouvée un peu décousue par moments, ce qui peut s'expliquer 1) parce que c'est son premier roman (ou l'un de ses premiers en tout cas) 2) parce qu'il n'y a pas deux mais trois prétendants qui se battent pour obtenir la main de Batsheba, l'héroïne, et que ça dilue forcément l'intrigue).
Cette héroïne, parlons-en! Décrite à plusieurs reprises dans le roman et dans les commentaires comme une jeune femme un peu capricieuse, limite arrogante, écervelée et autres caractéristiques peu flatteuses, je l'ai trouvée pour ma part jeune, sûre d'elle, compatissante, passionnée et une seule fois mais une fois de trop: impulsive.
Non mais franchement: Oak tombe amoureux d'elle en ne l'ayant vu qu'une seule fois et est offensé parce qu'elle lui refuse sa main?
Parce qu'elle a fait une grossière erreur de jeunesse en envoyant une lettre inconséquente à Boldwood, celui-ci la poursuit pendant des années, la harcèle et finit par l'acculer pour qu'elle lui promette de l'épouser une fois son deuil fini, tout en sachant pertinemment qu'elle ne l'aime pas mais qu'elle finira par accepter par culpabilité? Mais non, il la veut pour lui, qu'elle éprouve ou non des sentiments, il la veut comme on veut une poupée, une belle voiture.
Batsheba n'est rien d'autre qu'une jeune femme dans un monde de mecs, jugée de tous les côtés, qualifiée d'effrontée pour avoir préféré s'écouter plutôt que de se laisser posséder par l'un ou l'autre!
Sincèrement, j'ai trouvé Boldwood encore plus détestable que Troy, ce coureur de jupons antipathique, et j'ai trouvé Gabriel Oak légèrement paternaliste, la poussant à épouser Boldwood (et donc à lui appartenir) par pitié pour lui. Elle? Pff, quelle importance, c'est une femme...
Je ne sais pas ce que Thomas Hardy a voulu exprimer par ce roman, s'il a un parti pris, s'il critique l'attitude de ces hommes donc je ne jugerai pas. Quelques petites allusions discrètes au caractère féminin, cependant, ne m'ont pas échappée..;
Mettons ça sur le compte de son jeune âge et de l'époque, ce roman reste un beau roman, mais loin d'être aussi beau que ce que j'ai pu lire d'autre de lui et, vous l'aurez compris, dérangeant pour ma part.
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Tess d'Urberville, lu il y a maintenant une dizaine d'années, ayant été un vrai coup de coeur, il était temps que je découvre un nouveau roman de Thomas Hardy…

Dans les premiers chapitres, j'ai craint une bonne douche froide, retrouvant tous les poncifs de la littérature victorienne que j'exècre, avec l'amour au centre, et une jeune fille, Bathsheba, que j'ai trouvé tout aussi exécrable, en ce que, bien qu'elle semble indépendante et moderne pour son époque, n'en est pas moins une jeune fille en fleur naïve comme toutes les autres. On est bien loin d'une Elizabeth Bennet ou d'une Margaret Hale, des jeunes filles avec, au contraire, une véritable force de caractère, un refus complet du statut de femme qu'on leur propose, et bien plus proche de Tess, autre héroïne du romancier qui, tout aussi naïvement, se fera abuser. Mais la suite du roman, plus sombre et plus à même de déconstruire tous ces poncifs, de donner plus de consistance à la majorité des personnages, notamment à notre héroïne, a commencé à me plaire davantage… jusqu'aux ultimes chapitres, qui en reviennent aux travers du début, avec une happy end que j'ai trouvé bien peu crédible.

Lecture qui, au premier abord, pourrait sembler plus que décevante, mais heureusement, – car il y a un heureusement -, Thomas Hardy a le don de créer dans ses romans une atmosphère si particulière, à la fois réaliste par le quotidien raconté, mais en même temps fantasmatique et poétique par les paysages anglais qu'il décrit avec beaucoup de délicatesse, que je parviens à lui pardonner en partie ce que je n'ai pas apprécié dans l'intrigue. Il est vrai que, malgré mes réticences face à celle-ci, le roman m'a entraînée bien malgré moi à sa suite sans trop de difficulté.

Lecture paradoxale en somme que celle de Loin de la foule déchaînée, que je ne regrette pas, même si je reste sur une petite pointe de déception.
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La très belle Miss Everdene hérite d'une ferme qu'elle s'emploie à diriger seule malgré son inexpérience. Gabriel, ancien exploitant devenu berger que la jeune fille avait repoussé, veille sur elle tandis que deux autres hommes commencent à la courtiser.

Du même auteur, j'avais lu Tess d'Urberville, qui m'avait à la fois beaucoup plu, en particulier pour sa plume, et beaucoup indignée pour la description/dénonciation de la condition des femmes en Angleterre au 19e siècle.

Avec Loin de la Foule déchaînée, j'ai retrouvé avec plaisir le style très agréable de Thomas Hardy, bien que ses descriptions bucoliques m'aient semblé extrêmement idéalisées et donc pas toujours très crédibles. Une fois encore, j'ai eu l'occasion de m'indigner des comportements masculins: comme dans un autre classique lu récemment, le harcèlement (carrément pathologique, ici, pour au moins un des personnages) en tant que technique de drague reste une thématique trop présente pour que la lecture soit toujours très agréable. S'y ajoutent d'autres détails courants à l'époque qui ont de quoi indigner et nous faire réellement plaindre les femmes qui ont vécu à cette époque. C'est un bon point malgré tout, car on ne peut certainement pas idéaliser la vie au 19e siècle (contrairement à ce que beaucoup de romances écrites aujourd'hui essaient de faire).

Le thème principal du roman est celui de la fidélité, approfondi à travers le personnage de Gabriel. Cet aspect m'a semblé traité de façon un peu dérangeante également: tout ce qu'une femme devrait attendre d'un homme, ce serait qu'il soit fidèle, même si elle ne l'aime pas?

Une lecture intéressante, que j'ai appréciée surtout pour la plume et le contexte rural (ça change des filles de pasteurs et de la haute-bourgeoisie/noblesse des écrivaines de l'époque), mais dont le propos m'a très souvent ulcérée. Un classique à découvrir, je lui avais cependant préféré Tess d'Urberville.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Au vu des critiques dithyrambiques sur Babelio, j'étais très enthousiaste à l'idée d'entamer enfin la lecture de ce roman… Comme j'ai été déçue !

J'ai eu surtout beaucoup de mal avec le style de l'auteur. Malgré quelques pointes d'ironie ici et là que j'ai appréciées, je l'ai trouvé lourd et artificiel (notamment les descriptions de la nature qui se veulent poétiques mais qui sont pour moi surfaites). Quant aux remarques misogynes qui émaillent le roman, j'ai d'abord essayé de me dire que c'était une autre époque et qu'il ne fallait pas juger, mais elles sont tellement nombreuses que c'est devenu franchement insupportable.

Quant à la traduction, elle est catastrophique ! Quiconque a fait un peu d'anglais voit que la « traductrice » (a-t-elle vraiment fait des études de traduction ou est-ce simplement une personne qui parlait anglais à qui l'on a demandé de faire ce travail ??) a transcrit du mot à mot, respectant l'ordre anglais quand ça ne fonctionne pas du tout en français et tombant dans tous les pièges des « faux amis » et des « transpositions ». A titre d'exemple, « newly married », c'est très courant, mais « nouvellement marié », ça passe beaucoup moins…
(Et je ne parle pas des coquilles ou du personnage de Coggan qui s'appelle tantôt Jan tantôt Jean…)

Je n'ai pas non plus réussi à m'intéresser à l'intrigue pendant la majeure partie du livre. Si la psychologie des personnages est travaillée, la lourdeur du style rend l'intrigue lente et artificielle, et je n'ai été touchée par aucune des émotions ressenties par les personnages. J'ai commencé à me passionner pour l'intrigue vers la page 300 (sur 470, il était temps), lorsque tout s'accélère et que l'écriture, qui devient plus dynamique et moins alambiquée, permet enfin d'apprécier les événements et les personnages. J'ai mis deux mois à lire les 300 premières pages et trois jours à lire la fin, et c'est cette dernière impression positive qui explique ma note de 3 étoiles.
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L'adaptation cinématographique avec Carey Mulligan m'a donné envie de découvrir d'abord le roman.

L'histoire est celle de Bathsheba, une jeune femme indépendante malgré les convenances de l'époque et qui devient la propriétaire d'une ferme. Fière, elle aime faire ce qui lui plait mais sa beauté parfaite attire la tentation et elle doit faire face à plusieurs prétendants. Son arrogance la poussera à faire des erreurs qui lui coûteront beaucoup.

Son personnage est intéressant même si elle m'a assez vite rendu lasse de son caractère trop changeant et contradictoire surtout envers M. Oak qui ne mérite pas son arrogance.

Concernant le style de Hardy. Il y a beaucoup de descriptions de paysages qui alourdissent le fil de l'histoire. Ensuite l'écriture est difficile à suivre. Est-ce dû à la traduction française, je l'espère mais ma lecture a été longue. Parfois il passe d'un sujet à l'autre sans raison première puis quelques pages après il nous explique son récit, mais cette façon de faire est perturbante.

Malgré ces petits détails j'ai apprécié ma lecture. Hardy dépeint parfaitement la société anglaise à la campagne et avec beaucoup d'ironie qui selon allège l'histoire ou la rend pénible lorsque ça devient rébarbatif et trop appuyé.
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Cela faisait bien longtemps que je voulais découvrir ce classique de la littérature britannique, mais j'avais préféré découvrir l'auteur avec Tess d'Urberville (lu il y a deux ans). Je n'ai pas hésité quand je l'ai vu à la médiathèque !

Trois hommes veulent épouser la jeune fermière Bathsheba Everdene : Gabriel Oak, berger loyal mais pauvre, le vieux fermier Boldwood et le fringant sergent Troy. Il faudra bien des mésaventures pour que la jeune femme trouve celui qui lui correspond vraiment...
Le cadre campagnard du roman et le terre-à-terre de la gestion d'une ferme était rafraîchissants pour un livre de cette époque !

J'ai bien aimé observer les circonvolutions de la relation entre Gabriel et Bathsheba. Gabriel est super attachant et, si Bathsheba peut agacer par son indécision, son courage et son honnêteté m'ont touchée.
Cependant, je déplore que certaines (ré)actions des personnages sortent totalement de nulle part ou soient justifiées par une explications tirée par les cheveux, alors que l'auteur met visiblement un point d'honneur à détailler leur psychologie...

La question se pose du féminisme. D'un côté Hardy place une femme à la tête d'une ferme et insiste sur sa compétence. Mais ce modernisme est terni par quelques remarques misogynes placées ici et là... Difficile de trancher !

Je suis contente d'avoir enfin découvert ce classique, mais Hardy ne sera décidément pas l'auteur de cette époque que j'affectionne le plus !
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Loin de la foule déchaînée de Thomas Hardy, classique de la littérature britannique publié en 1874, raconte l'histoire de Bathsheba Everdene, jeune femme indépendante d'une grande beauté et de Gabriel Oak, un fermier, éleveur de moutons dans l'Angleterre rurale. Bathsheba hérite au début du récit de la ferme de son oncle et elle décide de s'occuper de la gestion de sa propriété en n'embauchant pas d'intendant. Gabriel, ayant perdu son bien et son troupeau de moutons en raison d'un chien mal dressé, se retrouve par hasard à venir en aide à son ancienne soupirante lorsqu'un incendie se déclenche. Après le fâcheux événement, Bathsheba offre un emploi de berger à cet ancien amoureux qui, au fil du temps, lui devient indispensable. Deux autres soupirants, un fermier et un sergent, courtiseront la belle fermière et tenteront de lui ravir son coeur et de l'épouser. Qui la jeune dame choisira-t-elle comme époux? Écoutera-t-elle son coeur ou sa raison?

Ce roman affiche des forces et des faiblesses. D'une part, les aspects positifs de ce roman sont certainement les valeurs associées à chaque personnage. Hardy a réussi à créer des figures discursives très typées et tout au long de l'histoire, le lecteur est amené à apprécier leurs qualités ou à détester leurs défauts. Par exemple, Hardy permet à l'instance lectrice de constater le changement de perception de Bathsheba par rapport à l'amour. le narrateur mentionne au début :


“L'action avait été commise étourdiment, sans aucune réflexion. Bathsheba considérait l'amour comme un jeu; mais elle ne se faisait aucune idée de l'amour vrai, de celui qui subjugue. (p. 111)”

En ce sens, l'héroïne apparaît comme une jeune femme irréfléchie, sans jugement en ce qui a trait à l'amour. Toutefois, à la fin, elle change complètement d'attitude en ce qui concerne le sentiment amoureux… Elle semble plus posée, capable de réfléchir…


“Elle aurait donné tout au monde pour être comme ces enfants, qui ne comprenaient pas les paroles qu'ils chantaient, parce que leurs coeurs étaient trop innocents pour en sentir la consolante signification. Toutes les scènes de passion humaine, qu'avaient connues sa jeune expérience, se dressèrent devant elle, plus poignantes, peut-être plus émouvantes qu'au moment où elles avaient eu lieu. Cependant, la jeune veuve trouvait une âpre jouissance dans sa douleur, à la place de l'aiguillon d'autrefois. (p. 453)”

À cet égard, le lecteur peut être témoin de ce retournement de perception chez la jeune héroïne et il est amené à ressentir beaucoup de sympathie pour cette dernière et à lui pardonner ses erreurs…

Le personnage de Gabriel Oak m'apparaît comme une belle figure discursive. Il est solide et fidèle à l'image des chiens de berger de moutons. Ses sentiments à l'égard de l'être aimé demeurent intacts durant toute l'histoire.

L'autre aspect positif de ce roman est sans aucun doute la façon dont Hardy décrit la nature et la vie dans une ferme. Ainsi, le lecteur retrouve au fil des pages de splendides descriptions de l'Angleterre rurale ou encore des éléments tributaires de dame nature. Par exemple, Hardy dresse un portrait grandiose d'un orage pour le plus grand plaisir du lecteur car ce dernier peut se représenter en détail ce qui se passe autour des personnages.


“Le ciel sembla s'ouvrir. L'éclair était presque trop subit pour que les deux jeunes gens se rendissent compte du danger; ils ne pouvaient qu'admirer la magnificence de cette scène. L'horizon s'embrasait à l'est, à l'ouest, au nord, au sud. C'était une véritable danse macabre. La forme des squelettes se trouvait dessinée par des flammes bleues qui dansaient, sautaient, bondissaient, couraient ça et là dans une confusion inexprimable. Puis, ailleurs, ondulaient en s'enlaçant, des serpents de feu verdâtres, et, derrière le tout, on voyait un ensemble de lumière moins vive. de partout on entendait dans le ciel bouleversé, une sorte de clameur, si l'on peut s'exprimer ainsi au sujet d'un bruit qui n'avait rien de terrestre. (p. 281)”

J'ai beaucoup apprécié toutes les descriptions des paysages, de la vie dans une ferme, de l'élevage des moutons, etc. Par ailleurs, ce qui me semble être un élément négatif, c'est la façon dont le narrateur juge les femmes… J'ai eu beaucoup de difficulté avec certains de ses propos et c'est ce que je n'ai pas apprécié… Voici deux exemples parmi tant d'autres… :


“Comme chez beaucoup de femmes, les sentiments de Bathsheba dépendaient en grande partie de ses nerfs. (p. 452)”


“Il est des occasions où des jeunes filles telles que Bathsheba sont toutes disposées à pardonner une conduite qui n'est pas irréprochablement correcte. Cela arrive quand elles recherchent les compliments, chose fréquente, ou quand elles ont besoin d'être dominées, ce qui est plus rare. (p. 185)”

Jane Austen fait de l'ironie avec les traits de ses personnages tandis que chez Hardy, j'ai plutôt perçu ses commentaires comme étant des jugements sur les femmes…

Donc, je suis contente d'avoir lu ce roman…, mais je ne peux pas dire que je vais le relire, contrairement à Jane Austen qui m'amuse avec ses personnages qui ont des problèmes avec leurs nerfs comme Mme Bennet dans Orgueil et Préjugés.

https://madamelit.wordpress.com/2016/07/08/madame-lit-loin-de-la-foule-dechainee/
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Cest à travers le livre "Hiver" de Christopher Nicholson que j'ai découvert l'écrvain Thomas Hardy. Livre qui retrace une tranche de la fin de la vie de l'écrivain.
La finesse du personnage, ainsi que l'ambiguïté de ses relations avec la gent féminine m'a donné envie de connaître quelques unes de ses oeuvres.
C'est chose faite avec "Loin de la foule déchaînée".

J'ai bien ressenti, dans l'écriture de ce roman, le personnage décrit par Nicholson : c'est une véritable épopée romanesque, avec personnages flamboyants, des paysages magnifiques, une belle description des métiers liés à la terre, le tout écrit avec finesse et lyrisme.

Mais une chose m'a gênée tout le long de ma lecture. Je n'ai pas ressenti le côté rugueux, terre à terre, rustique, du paysan.
Tout est question d'ascension sociale, de hiérarchie au sein du personnel d'une exploitation agricole. Nous avons le maître ou la maîtresse, la dame de compagnie et l'intendant, les ouvriers et ouvrières avec leurs tâches respectives. Et pourtant, les dialogues de chacun, leurs pensées, les mots qu'ils emploient pour les exprimer, sont quasiment identiques. Comme si l'écrivain n'arrivait pas à endosser les costumes de ses personnages.
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Voici un classique de la littérature anglaise considéré comme un des 50 meilleurs romans par la BBC. Il a été publié à l'époque dans un magazine, sous forme de feuilleton. de ce fait, les chapitres ont tous un intitulé et sont relativement courts. Thomas Hardy nous plonge dans la vie rurale du 19e siècle. le lecteur assiste aux travaux à la ferme, rythmés par les saisons, respectueux de la nature et où la moindre erreur peut être fatale pour un troupeau et une récolte. Comme si le succès ou l'infortune ne tenait qu'à un fil, à une bonne ou mauvaise décision. Ce témoignage du monde agricole de l'époque est porté par toute une galerie de personnages secondaires dont Thomas Hardy dresse le portrait et dissèque le moindre petit défaut.

L'auteur livre également une fine analyse des relations humaines à travers les déboires amoureux de ses quatre personnages principaux. C'est là que se trouve ma petite pointe de déception. J'ai trouvé à certaines phrases des relents de misogynie qui m'ont profondément déplu.

Comme chez beaucoup de femmes, les sentiments de Bathsheba dépendaient en grande partie de ses nerfs."

Et bim! On en prend pour notre grade! Alors certes, il faut se remettre dans le contexte de l'époque mais ses phrases toutes faites sur les femmes que l'auteur assène comme des vérités ont fini par m'agacer. Je trouvais également que le personnage de Bathsheba ne relevait pas le niveau. Elle est impétueuse, vaniteuse et se conduit parfois comme une écervelée.

"Bathsheba considérait l'amour comme un jeu; mais elle ne se faisait aucune idée de l'amour vrai, celui qui subjugue."

Ces traits de personnalité ne l'aident pas à prendre les meilleures décisions. Et pourtant, au fil des chapitres, on la voit douter, réfléchir à ses erreurs et prendre acte des conséquences. Cette évolution la rend plus humaine, j'ai fini par lui pardonner ses erreurs et ses inconséquences et éprouver pour elle une forme de compassion. Au final, on prend conscience de la modernité du personnage qui doit prendre des décisions, faire sa place dans un milieu d'hommes à une époque où pour les femmes, le salut ne passait que par un bon mariage.

Autour d'elle gravitent ses trois courtisans: le patient et fidèle Gabriel Oak, M. Boldwood au caractère passionné et le sergent Troy, un séducteur un brin cynique. Bathsheba arrivera-t-elle à faire le bon choix? C'est le fil rouge du roman. Ma petite fleur bleue a été un peu déçue voire même malmenée. Je ne me suis pas sentie emmenée par la description du sentiment amoureux, l'auteur portant même sur l'amour en général un regard assez pessimiste.

Au final, j'ai apprécié ma lecture grâce à l'évolution que l'auteur a donné à Bathsheba (j'ai vraiment été circonspecte au début!) et à la description de la vie dans les campagnes anglaises à l'époque. J'y étais venue chercher une belle et grande histoire d'amour, j'ai été un peu déçue de ce point de vue là. Je dois également préciser que la traduction dans cette édition m'a paru particulièrement mauvaise. La mise en page également, l'absence de saut de ligne dans les paragraphes entre deux scènes complique nettement la lecture.
Lien : https://caro-lit.blogspot.co..
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