Autrefois, les femmes comme elle quittaient l’île pour se rendre dans les grandes villes d’Europe ou des États-Unis et tenter de vivre comme des Blanches. Les yeux bleus et de « bons » cheveux étaient leur ticket de sortie de la « négritude ». Il se demanda si ces femmes, mariées à des Blancs dans des banlieues discrètes, avaient jamais entendu l’appel du tambour ? Senti l’odeur de la mer ? Songé au voyage de leurs ancêtres et à ce qui s’était passé à fond de cale, qui leur valait d’avoir ces « bons » cheveux ?
C’était un des bienfaits de sa couleur de peau : les Noirs vieillissent en apparence moins vite que les Blancs.
Il ne reste plus une once d’amour en elle maintenant, ni quoi que ce soit d’autre probablement. Elle est la sécheresse même. Le lait de la bonté humaine définitivement tari.
Le mur qui séparait la presse à sensation du vrai journalisme était battu en brèche de toute part, sapé par des rédacteurs en chef trentenaires qui n’avaient qu’une ambition dans la vie : parvenir au sommet. Être le type aux commandes, tout en haut, celui qui fait la pluie et le beau temps.
Les gens se souciaient bel et bien des guerres — comment imaginer le contraire ? C’était leur argent qu’elles engloutissaient.
Aucune autre femme ne pouvait lui convenir. Il avait eu quelques occasions, bien sûr, mais chaque fois qu’une autre femme avait croisé son chemin il s’était montré indifférent — non pas à la beauté féminine, mais parce qu’il manquait toujours cette chose indescriptible qui fait que la présence de quelqu’un vous devient aussi indispensable que l’air ou la nourriture. Il ne s’imaginait pas vivre sans elle.
La curiosité est un vilain défaut. C’est la première chose qu’on m’a apprise à l’armée. Ça m’a toujours bien servi.
Il se remémora la liste des ingrédients : lait de coco, ananas, rhum. Il aimait bien ce cocktail, mais lui préférait la margarita, les deux étant toutefois considérés comme des boissons de femme dans les bars fréquentés par les journalistes. Même l’alcoolisme n’était pas exempt d’une certaine misogynie étroite.
Personne n’aime les écrivains. Pas réellement. Personne n’aime les soldats non plus, mais on a besoin d’eux, contrairement aux écrivains.
Les molosses médiatiques avaient saisi l'histoire de cette fille dans leur gueule et la secouaient sans lâcher prise, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.