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3,4

sur 272 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le Grand Maître est un gourou convaincu d'avoir un zizi aux vertus magiques. Une prétention qui pourrait prêter à sourire si ce n'est qu'il persuade ses fidèles que ses fluides corporels doivent honorer de jeunes vierges tout juste pubères. C'est la dernière affaire confiée à Sunderson, un inspecteur de la Police du Michigan. Ne parvenant pas à arrêter le gourou, il continue son enquête après son départ à la retraite. Il se rend en Arizona où la secte s'est déplacée pour fuir la justice. L'affaire amène Sunderson à réfléchir sur les liens entre la religion, le sexe et l'argent. Mais on a surtout l'impression que tant que le dossier reste ouvert, Sunderson reste dans un statu quo qui lui permet de ne pas basculer dans l'inactivité. Il faut dire que le désoeuvrement fait resurgir ses vieux démons. Notre jeune retraité nage en pleine confusion, quelle soit sentimentale (il se remet difficilement de son divorce), professionnelle (de nombreux souvenirs remontent à la surface), familiale (quelques bons vieux traumatismes conservés dans le formol) et sexuelle (une lubricité à dompter avant que la machine ne s'arrête). de cette confusion découle un récit décousu où se juxtaposent les anecdotes et les considérations diverses. le lecteur comprend rapidement que la vraie-fausse ou la fausse-vraie enquête policière n'est qu'un prétexte habile pour nous dépeindre les tourments d'un sexagénaire au crépuscule de sa vie. le roman contient une flopée de questions existentielles court-circuitées par des petits bonheurs aussi simples que la cuisine mexicaine, l'alcool, les livres d'Histoire et le derrière des femmes. Heureusement, deux bons vieux remèdes vont offrir à notre héros un calme et une lucidité salutaires : la marche en pleine nature et la pêche à la truite. Une belle leçon de vie qui permet au lecteur de passer au second plan le désordre du récit.
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Le grand Jim prend de l'âge c'est sûr et il ne changera plus, il aime les Indiens, la Nature, la Bonne Bouffe, le sexe, mais il vieillit , alors il s'éloigne de notre monde contemporain, il balance sa bagnole, il marche, il vit moins dans sa maison, il va à l'hôtel, il dort moins à l'hôtel, il campe, il vend ses fringues et en achète en seconde main et pas n'importe lesquelles : de cowboy ceux-là même qu'ont dévasté 10 millions d'indiens, 500 tribus sur deux siècles.

Alors le grand Jim fait un acte de contrition, il pourchasse un gars qui change d'appellation de temps en temps, ce gars pourchassé est l'archétype de tout ce que le grand Jim déteste et rejette : le pouvoir, le fric, la société de consommation. le 21ème siècle...

Mais le grand Jim est humain, il a donc ses contradictions : il picole, il fume, il mange riche : viande, graisse, viande, graisse, il s'auto-médicamente, son corps est blessé et meurtri à l'image d'une Amérique le cul entre deux chaises historiques et surtout il erre dans un désert affectif

Que des regrets, du cul vite fait, ouaip le grand Jim vieillit mais son écriture, elle, a gardé toute sa prime jeunesse
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Ca sent le sapin.
Je vous assure, j'ai un sixième sens pour ça : le grand Jim va tirer sa révérence. Et ce n'est pas ce faux double, ce Sunderland boursoufflé, jeune retraité, jeune divorcé, bibliophile et mateur invétéré qui me détrompera. Harrison en a bientôt fini avec nous, on l'emmerdait déjà avant mais là, ça y est, la coupe est pleine. Entre un internet du cul mondialisé, un Bush Jr va-t-en-guerre, une population américaine toujours plus prédatrice, une planète dont l'éternelle nature part complétement en sucette, le grand Jim a son compte. Et ne comptez pas sur moi pour tenter de lui prouver le contraire.
Bref, ça sent le sapin pour Sunderson, jeune retraité de la police et futur optenteur du temps de loisir maximum. D'accord. Mais que faire avec ce temps ? Continuer l'enquêtre sur l'autre imbécile manipulateur-pédophile-gourou-financier-escroc, le bien nommé Grand Maître ? Evidemment, d'ailleurs que représente ce type de gourou sinon l'incarnation de toute cette dérive sociétale auquel on assiste en ce début de XXIème siècle ?
Harrison ne va pas prendre de gants, son personnage sera molesté et éprouvé par toute l'expérience que le vieil auteur a accumulé durant sa carrière. Il ne sera pas épargné par le ridicule bien entendu, d'ailleurs c'est la marque de beaucoup d'entre nous lorsque nous commençons à prendre un peu le melon. J'aime Harrison pour ça, pour cette faculté inouie à casser les rêves de puissance de ses contemporains : voyez donc ce fou sur sa montagne comme en un paragraphe je le fais rouler en bas de la pente, à jamais défiguré.
Harrison, en écrivain, se pose naturellement en créateur, quelque part il dispute au divin la paternité du monde qu'il a créé. Grand Maître pose la question de l'univers spirituel, la fascination de la foule pour la transcendance et le soucis du vieil homme pour sa vieille carcasse : un homme regarde toujours vers soi lorsqu'il croit voir le divin.
"Il mit son étui d'épaule et son pistolet en se disant que ce serait marrant de flanquer une balle dans la tête de Daryl-Dwight ; pourtant, le vrai problème n'était pas le Grand Maître, mais le monde, et a seule vraie solution consistait à se flanquer une balle dans la tête."
Quand je vous disais que ça sentait le sapin...
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Anecdote: en farfouillant dans ma PAL pour dégoter un nouveau livre, j'ai fait tomber un joli cadre derrière ma bibliothèque et c'est en essayant de le récupérer que j'ai trouvé ce poche qui devait y être coincé depuis un moment… Je n'ai pas réussi à récupérer mon cadre mais j'ai immédiatement mis le nez dans « le grand maître » car ce ne pouvait qu'être un signe du génial Jim - je viens de finir Ce qui a dévoré nos coeurs de Louise Erdich et maintenant je crois aux esprits.
L'histoire de ce Grand Maître n'est pas hyper originale quand on connait l'auteur: Sunderson, un policier divorcé fraichement à la retraite, enquête sur un Grand Maître de secte qu'il suppose être pédophile en plus d'être un escroc. Il le suit à travers plusieurs États. Cette enquête est plus un alibi qu'autre chose, c'est surtout l'occasion pour l'auteur de décrire la lente décrépitude d'un homme sur le retour, amateur de bonne chair et de whisky, de pêche (mais pas de chasse), et de jolies fesses féminines, qu'il mate sans vergogne tout en sachant qu'il n'y touchera pas.
Évidemment, tout du long de ce « faux roman policier » (sous titre du livre), on s'interroge sur la part d'autobiographie du livre car ce que l'on sait de Jim Harrison semble vraiment proche de l'introspection de Sunderson, mais tout livre est bon à lire tant le talent de Harrison pour l'introspection est immense (cf Wolf).
Donc, pas de surprise désagréable ici, on a un bon livre, lent et profond, plein d'amour pour la nature et de sagesse égrillarde…
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Qu'étaient donc censés faire les retraités toute la sainte journée ? lire et boire ? s'inscrire aux Alcooliques Anonymes ? apprendre à cuisiner ? - p 145 - C'est ce que demande Sunderson, frais retraité de la police.
Bon, heureusement il y a la bouteille qu'il aime tutoyer, la bouffe bien carnée et bien grasse dont il se goinfre avec délectation, les femmes qu'il adore reluquer, en obsédé du cul qu'il est, et puis surtout la pêche à la truite, son occupation favorite, mais l'ouverture de la saison n'est que dans six mois.
D'ici là, eh bien d'ici là il va chasser le gourou, un représentant de la trilogie : argent, sexe et religion, un "Grand Maître" dirigeant d'une des nombreuses sectes qui fleurissent dans cette Amérique malade de ses contradictions et de son excès de puritanisme.

Mais ne vous méprenez pas. Il ne s'agit pas ici d'un roman policier classique avec enquête et résolution d'une affaire criminelle.
Non, cette chasse sert de prétexte à une sombre méditation du héros sur l'état débilitant de l'Amérique. Sunderson, tout en enquêtant de façon décousue sur les activités peu reluisantes du Grand Maître, qui se rebaptise pompeusement "le roi David", se livre au gré de ses déplacements aux divagations d'un homme qui se sait devenir hors course et jette un regard désemparé sur son environnement.
"Je suis un homme minuscule parmi les herbes hautes" dit le héros conscient de sa faiblesse, vivant dans le regret de son mariage rompu et qui n'a que la nature pour se ressourcer, au cours de ses longues promenades, tant dans les paysages enneigés du nord, au bord du lac Supérieur, que dans les grands espaces déserts de l'Arizona.

Il fait le constat désenchanté d'une Amérique sans repères, sans morale, pourrie, utilisant la religion comme moyen de se faire plein de fric. Quant à lui, vivant en partie pour et par les livres, il ressasse la tare originelle de son pays qui est d'avoir exterminé les amérindiens, acte qui constitue le "squelette monstrueux enfermé dans le placard de l'Amérique".

Tout cela est fort intéressant, quoique bien déprimant, si ce n'était que la lubricité exaspérante du héros a fini par réduire singulièrement l'intérêt que j'ai pu prendre à la lecture de cet ouvrage !
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Ce n'était peut-être pas la meilleure idée de commencer par le tout dernier livre de cet auteur, car je n'aurai nécessairement pas le même point de vue que les fans de la première heure. Est-ce grave ? Non, cela l'aurait été si je n'avais pas aimé ce livre, et ce n'est pas le cas.
Je n'irai pas jusqu'à dire "âme sensible s'abstenir", néanmoins certaines scènes sont relativement crues, et abordent sans fard le désir et la sexualité, entre adultes consentants. Bien que Mona ait 16 ans, je dirai qu'elle l'est, puisqu'elle est parfaitement consciente de ce qu'elle fait et de l'émoi qu'elle provoque.
Ce n'est pas le cas, malheureusement, des victimes du grand maître, et d'autres victimes encore, qui sont évoquées dans ce roman. Simon Sunderson ne cache pas son empathie envers les victimes et s'interroge sur la manière dont on peut se reconstruire, après, et vivre malgré tout. Il a beau être à la retraite, il s'est juré de mettre fin aux agissements de ce grand maître, qui l'entraînera du Michigan au Nébraska, après un séjour mémorable et douloureux dans l'Arizona. Sunderson n'a plus vingt ans, et il paie largement de sa personne, au grand dam de son ex-femme, de ses soeurs, et de sa mère. Lui-même est loin d'être dupe, et sait fort bien que cette ultime enquête n'est qu'un moyen de retarder l'inéluctable mise à l'écart, le vieillissement, la solitude, lui qui est divorcé et loin de sa famille. Simon (qui déteste son prénom), se penche sur son passé, son enfance, les liens qui continuent de l'unir aux siens – et aussi sur les liens bien particuliers qui unissent certaines personnes rencontrées lors de son périple. Simon n'a pas envie d'être tabassé à mort, et je le comprend.
Grand maître, faux roman noir, vrai réflexion sur le temps qui passe.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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GRAND MAÎTRE de JIM HARRISON
Du Michigan à l'Arizona l'inspecteur retraité Sunderson traîne son mal être à la recherche d'un leader d'une secte improbable qui aime les très jeunes filles et l'argent. Ballade drôle a travers l'Amérique, Harrison pose un regard désenchanté et bien imbibé sur son pays. Merveilleux écrivain qui me ravit dans chacun de ses livres.
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l'argent serait formidable si nous ne mourions jamais mais vu que nous sommes mortels c est une obsession ridicule
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