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EAN : 9782081262089
349 pages
Flammarion (05/09/2012)
3.39/5   270 notes
Résumé :
Sur le point de prendre sa retraite au terme d’une longue carrière dans la police du Michigan, l’inspecteur Sunderson enquête sur une secte hédoniste qui a pris ses quartiers à quelques kilomètres de chez lui.

Simple hurluberlu inoffensif au premier abord, le gourou se fait appeler Grand Maître. Au fil de leurs recherches, Sunderson et son improbable acolyte de seize ans, Mona, découvrent un personnage bien plus sinistre qu’il n’y paraît.

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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
3,39

sur 270 notes
"Grand Maître" est un roman de Jim Harrison (415 pages), édité chez J'ai Lu en Février 2014. le sujet du roman ? Comment vous dire ? Et bien, messieurs qui me lisez, que feriez-vous si vous constatiez que vous prenez de l'âge, des rides, de l'embonpoint et que vous n'avez plus le goût à rien si ce n'est qu'à vous alcooliser, qu'à engloutir force nourriture, qu'à mater les rares jeunes filles qui passent encore devant vos fenêtres et à vous enfoncer dans une demi-léthargie en rêvant à cette époque heureuse où vous étiez un jeune homme, beau, fort, séduisant avec plein de projets ? Vous feriez peut-être comme Jim Harrison : vous songeriez à vous tirer une balle dans la tête !

Dans cet ouvrage, Jim va nous brosser un tableau long comme le bras et très émouvant (non, je n'ai pas écrit "larmoyant") de son mal être, tout en dénonçant à fleuret moucheté les dérives sociétales de son pays, le tout sur fond de fausse enquête menée sur un gourou pédophile et fondateur d'une secte dont le nombre d'adeptes grossit dangereusement (tiens, comme notre bon vieux Jim). Les dix premiers chapitres, soit plus des deux tiers du livre (qui est un faux roman policier), sont d'un ennui profond, quant à la fin, je ne voudrai pas spoiler mais sachez qu'elle ne casse pas trois pattes à un canard, comme le dit si élégamment ma concierge.

Bon, au final, qu'en penser ? Puisque c'est un faux roman policier, inutile de chercher un assassin, une intrigue, du suspense, des faits et des rebondissements et des personnages pittoresques. Reste un roman avec des descriptions fastidieuses, des évènements plus ou moins consistants - qui ne contribuent qu'assez peu au projet littéraire et qui ne sont analysés que superficiellement-, et puis des obsessions sexuelles qui inondent le roman (à raison d'une toutes les 3 pages), et en prime une dérive existentielle dont on pressent l'issue.

Un livre raté ? le livre de trop dans la production du grand Jim ? Pas tout à fait. Au-delà de la dénonciation de l'état catastrophique de la société américaine dans laquelle il vit, une société qui a oublié qu'elle a commis le génocide des Indiens d'Amérique (500 tribus, 10 millions d'hommes en 2 siècles), Jim dénonce la financiarisation du monde et la déliquescence des rapports parents enfants. Et puis il se confesse : oui, son divorce a flingué sa vie ; oui, malgré son sang indien, il n'a jamais bougé le petit doigt pour venir en aide à la cause indienne ; oui, il est vieux, ravagé, sans espoirs ; oui, il s'emmerde avec ce trop plein de loisirs qui l'envahit ; oui, il lui reste les plaisirs de la table, la nature, les rivières où il fait bon pêcher la truite et les sentiers qui lui permette de faire de la rando et de chasser la gélinotte.

En plein désert affectif, Jim, fatigué et en fin de vie, nous livre un ouvrage attachant d'où la poésie n'est pas absente. Ce livre mélancolique, à l'humour grinçant, tendre et lucide n'est fait ni pour les dépressifs, ni pour les hyper-actifs. Les inconditionnels de Jim Harrison trouveront probablement l'ouvrage en-deçà de la qualité de ses productions précédentes. Je mets 3 étoiles.
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Le Grand Maître est un gourou convaincu d'avoir un zizi aux vertus magiques. Une prétention qui pourrait prêter à sourire si ce n'est qu'il persuade ses fidèles que ses fluides corporels doivent honorer de jeunes vierges tout juste pubères. C'est la dernière affaire confiée à Sunderson, un inspecteur de la Police du Michigan. Ne parvenant pas à arrêter le gourou, il continue son enquête après son départ à la retraite. Il se rend en Arizona où la secte s'est déplacée pour fuir la justice. L'affaire amène Sunderson à réfléchir sur les liens entre la religion, le sexe et l'argent. Mais on a surtout l'impression que tant que le dossier reste ouvert, Sunderson reste dans un statu quo qui lui permet de ne pas basculer dans l'inactivité. Il faut dire que le désoeuvrement fait resurgir ses vieux démons. Notre jeune retraité nage en pleine confusion, quelle soit sentimentale (il se remet difficilement de son divorce), professionnelle (de nombreux souvenirs remontent à la surface), familiale (quelques bons vieux traumatismes conservés dans le formol) et sexuelle (une lubricité à dompter avant que la machine ne s'arrête). de cette confusion découle un récit décousu où se juxtaposent les anecdotes et les considérations diverses. le lecteur comprend rapidement que la vraie-fausse ou la fausse-vraie enquête policière n'est qu'un prétexte habile pour nous dépeindre les tourments d'un sexagénaire au crépuscule de sa vie. le roman contient une flopée de questions existentielles court-circuitées par des petits bonheurs aussi simples que la cuisine mexicaine, l'alcool, les livres d'Histoire et le derrière des femmes. Heureusement, deux bons vieux remèdes vont offrir à notre héros un calme et une lucidité salutaires : la marche en pleine nature et la pêche à la truite. Une belle leçon de vie qui permet au lecteur de passer au second plan le désordre du récit.
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Ca sent le sapin.
Je vous assure, j'ai un sixième sens pour ça : le grand Jim va tirer sa révérence. Et ce n'est pas ce faux double, ce Sunderland boursoufflé, jeune retraité, jeune divorcé, bibliophile et mateur invétéré qui me détrompera. Harrison en a bientôt fini avec nous, on l'emmerdait déjà avant mais là, ça y est, la coupe est pleine. Entre un internet du cul mondialisé, un Bush Jr va-t-en-guerre, une population américaine toujours plus prédatrice, une planète dont l'éternelle nature part complétement en sucette, le grand Jim a son compte. Et ne comptez pas sur moi pour tenter de lui prouver le contraire.
Bref, ça sent le sapin pour Sunderson, jeune retraité de la police et futur optenteur du temps de loisir maximum. D'accord. Mais que faire avec ce temps ? Continuer l'enquêtre sur l'autre imbécile manipulateur-pédophile-gourou-financier-escroc, le bien nommé Grand Maître ? Evidemment, d'ailleurs que représente ce type de gourou sinon l'incarnation de toute cette dérive sociétale auquel on assiste en ce début de XXIème siècle ?
Harrison ne va pas prendre de gants, son personnage sera molesté et éprouvé par toute l'expérience que le vieil auteur a accumulé durant sa carrière. Il ne sera pas épargné par le ridicule bien entendu, d'ailleurs c'est la marque de beaucoup d'entre nous lorsque nous commençons à prendre un peu le melon. J'aime Harrison pour ça, pour cette faculté inouie à casser les rêves de puissance de ses contemporains : voyez donc ce fou sur sa montagne comme en un paragraphe je le fais rouler en bas de la pente, à jamais défiguré.
Harrison, en écrivain, se pose naturellement en créateur, quelque part il dispute au divin la paternité du monde qu'il a créé. Grand Maître pose la question de l'univers spirituel, la fascination de la foule pour la transcendance et le soucis du vieil homme pour sa vieille carcasse : un homme regarde toujours vers soi lorsqu'il croit voir le divin.
"Il mit son étui d'épaule et son pistolet en se disant que ce serait marrant de flanquer une balle dans la tête de Daryl-Dwight ; pourtant, le vrai problème n'était pas le Grand Maître, mais le monde, et a seule vraie solution consistait à se flanquer une balle dans la tête."
Quand je vous disais que ça sentait le sapin...
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Le grand Jim prend de l'âge c'est sûr et il ne changera plus, il aime les Indiens, la Nature, la Bonne Bouffe, le sexe, mais il vieillit , alors il s'éloigne de notre monde contemporain, il balance sa bagnole, il marche, il vit moins dans sa maison, il va à l'hôtel, il dort moins à l'hôtel, il campe, il vend ses fringues et en achète en seconde main et pas n'importe lesquelles : de cowboy ceux-là même qu'ont dévasté 10 millions d'indiens, 500 tribus sur deux siècles.

Alors le grand Jim fait un acte de contrition, il pourchasse un gars qui change d'appellation de temps en temps, ce gars pourchassé est l'archétype de tout ce que le grand Jim déteste et rejette : le pouvoir, le fric, la société de consommation. le 21ème siècle...

Mais le grand Jim est humain, il a donc ses contradictions : il picole, il fume, il mange riche : viande, graisse, viande, graisse, il s'auto-médicamente, son corps est blessé et meurtri à l'image d'une Amérique le cul entre deux chaises historiques et surtout il erre dans un désert affectif

Que des regrets, du cul vite fait, ouaip le grand Jim vieillit mais son écriture, elle, a gardé toute sa prime jeunesse
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Livre abandonné pour moi vers la 30ème page. Je ne rentre pas dans l'histoire et je trouve l'écriture rébarbative.
En aucun cas je ne critique ici ce grand auteur qu'est Jim Harrison. Je crois juste que ce n'est pas le bon moment pour moi de lire ce livre ! Peut être y reviendrai-je une autre fois...
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critiques presse (1)
LesEchos
11 septembre 2012
Au bout de ce faux roman-essai policier, qui parle surtout, avec tendresse, de la nostalgie et du combat de chaque jour contre la vieillesse, il y a forcément un (faux) épilogue. On ne vous dira pas à quelle sauce le gourou sera mangé, mais force est de constater qu'il n'y a qu'un « grand maître » : Jim Harrison, qui ne nous avait jamais aussi bien raconté l'Amérique.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (106) Voir plus Ajouter une citation
page 205 [...] Le son de cloches se révéla être la sonnerie de son portable. C'était Mona.
" Ça fait cinq fois que l'appelle. T'étais où, putain ?
- Je sors d'une bonne sieste réparatrice. J'ai eu une attaque de goutte.
- Tu as sans arrêt des attaques de goutte, mon chéri.
- J'ai beaucoup de mal à apprendre de mes expériences. Quoi de neuf ?
- J'ai diné avec Carla et ma thérapeute, et découvert des trucs zarbis. Pour commencer elles m'ont fait boire un chardonay californien infect qui avait un goût de beurre rance. Ensuite elles ont voulu me masser avec de la lotion Apache. Tu te rends compte ?
- J'ignorais que les Apaches s'étaient reconvertis dans les cosmétiques.
- Carla m'a donné le flacon. C'est fabriqué à Boulder, Colorado. Bref, on a fumé un joint, j'étais un peu pétée, j'ai somnolé sur le canapé et - tu vas pas le croire - quand j'ai ouvert les yeux Carla prenait une photo de moi avec la jupe relevée.
- Pardon ?
- Elle était à genoux devant moi et elle me photographiait l'entrejambe au flash. "Putain, je lui ai dit, tu fais quoi là ?" Elle m'a répondu que son petit copain adorait les photos de jeunes filles à la jupe relevée. Devine qui c'est son petit copain ?
- Facile. Le Grand Maître. Elle fait partie d'un vrai harem, j'en suis sûr. [...]
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Il passa une demi-heure assis sur une souche à regarder l'eau jusqu'à ce que sa transpiration eût séché et qu'il fut glacé, en se demandant vaguement comment les Ojibways, ou les Anishinabe comme ils s'appelaient eux-mêmes, les premiers habitants de la région, les vrais autochtones, voyaient ces cascades, puis il décida que c'était forcément un endroit sacré pour eux, même si cette conception de la nature était tout à fait étrangère à notre propre culture. Quand il se leva, il découvrit avec étonnement qu'un groupe d'une dizaine de corbeaux s'étaient réunis sans bruit dans les arbres derrière lui. Quand l'un deux croassa, il croassa en retour. Ces échanges de croassements se poursuivirent tout le long de son trajet dans le goulet de la rivière et jusqu'au lac. Son père lui avait appris de bonne heure à parler aux corbeaux, car ils adoraient ça et ils lui tenaient compagnie lors de ses promenades en forêt. En plus d'être simplement eux-mêmes, ces oiseaux abritaient peut-être des fantômes de ses ancêtres. Cette idée le fit frissonner sur le chemin, à la fois à cause de son caractère biscornu et parce qu'à Shingleton il avait oublié de prendre son petit déjeuner. Marion avait insisté sur le fait que la religion a tendanceà dépendre du paysage, et que l'austérité des croyance anishinabe confirmait cette théorie. Le christianisme pourrait mieux faire passer son message en y incluant les ours, les corbeaux et d'autres animaux, du moins le pensait-il, mais le désert où cette religion était née n'incluait aucune de ces merveilleuses créatures. Sans doute Sunderson devrait-il chercher quelles religions naissaient dans les jungles.
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Afin de retrouver énergie et moral, il fit halte à un diner pour son habituel petit déjeuner revigorant de saucisses aux œufs et de galettes de pommes de terre, que son médecin lui avait si souvent déconseillé. Tout en vidant un sachet de délicieuses pistaches locales, il remarqua les goitres de tous les retraités qui dévoraient d’énormes petits déjeuners tout en marmonnant la bouche pleine sur les dangers incarnés par Obama. Il n’avait jamais bien compris pourquoi tant de pauvres votaient à droite, alors que sous les Républicains les pauvres constituaient toujours la dernière roue du carrosse de l’État. Les pauvres sont invariablement trahis par l’Histoire, pensa-t-il en ressentant à la fois de la sympathie pour eux et de la compassion pour lui-même, car son propre intérêt pour l’Histoire semblait le trahir.
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L'année avant le divorce, ils étaient partis en vacances dans le nord de l'Italie, où son épouse avait connu une succession de transes paisibles devant l'architecture et l'art religieux tandis que lui, en tant qu'historien, constatait surtout le parasitisme de l'Église catholique. Voilà ce qui l'aiguillonnait réellement dans le cas de Dwight, car le Grand Maître avait réussi à convaincre soixante-dix personnes de renoncer à leur existence et à leur argent. En adoptant le mode de vie primitif du "passé avant le passé" comme l'appelait Dwight, ils connaîtraient un avenir radieux. Était-ce vraiment plus délirant que le dogme des mormons, ou même des catholiques ? L'idée que les gens gobent un argument aussi stupide le mettait en rogne.
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Après l'homme-lézard, le seul événement notable fut un gros serpent à sonnette traversant une piste. Ils descendirent de voiture pour le regarder et Bushrod prit un long bâton pour taquiner le reptile jusqu'à épuisement.
"J'ai gagné ce round, dit Bushrod.
- Le serpent n'avait pas de bâton, fit remarquer Sunderson.
- Que voulez-vous dire par là, jeune homme ?
- Essayez donc sans bâton."
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Videos de Jim Harrison (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jim Harrison
Vie de Guastavino et Guastavino, d'Andrés Barba Traduit de l'espagnol par François Gaudry
Devant la douleur des autres de Susan Sontag Traduit de l'anglais (États-Unis) par Fabienne Durand-Bogaert
le Style Camp de Susan Sontag Traduit de l'anglais (États-Unis) par Guy Durand
le Passé, d'Alan Pauls Traduit de l'espagnol (Argentine) par André Gabastou.
Mumbo Jumbo, d'Ishmael Reed Traduit de l'anglais (États-Unis) par Gérard H. Durand Nouvelle préface inédite de l'auteur
Dalva de Jim Harrison Traduit de l'anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent
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