Si l'on est croyant et encore naïf, on peut se révolter contre Dieu et lui demander de laisser enfin cet homme en paix, ou quelque autre bêtise de ce genre. Mais ce ne serait qu'une réaction sans consistance. Nul n'est jamais parvenu à mesurer le degré accidentel qui marque l'union du destin et du blasphème.
Dix-neuf ans est l'âge du parfait fantassin qui acceptera de mourir sans un murmure, le coeur brûlant de patriotisme. C'est également l'âge auquel l'imagination naissante du poète s'élève à des hauteurs vertigineuses et où il subit avec une douleur heureuse les assauts de ce qui est le Dieu, en lui. C'est encore l'âge auquel une jeune femme a le plus de chance de se marier réellement par amour. Et ainsi de suite. Les rêves sont des chasseurs d'âme et quarante ans plus tard, Tibey se sentait acculé.
Chacun rêve d'une part de mystère dans son existence, mais rares sont ceux qui font ce qu'il faut pour la mériter.
Elle était comme l'eau qui gèle dans le rocher et qui le fait éclater. Susannah n'était pas plus fautive que l'eau quand le rocher se brise.
Il se disait qu’il est préférable de mourir lorsque les choses vont bien plutôt que mal. Le lit de mort se trouve alors débarrassé de ces terreurs que Nordstrom estimait un peu frauduleuses.
Seul, Un Coup regarda Ludlow ouvrir sa missive; contrairement aux autres, il ne craignait pas le pire car il possédait ce fatalisme des Cheyennes pour qui ce qui est arrivé ne peut plus être modifié. On ne pouvait rien changer au cours des choses; autant jeter des pierres à la lune. (Légendes d’automne, p. 256)
Nous revenons maintenant à notre point de départ et le récit devient chronologique, une illusion bien rassurante pour ces gens qui demeurent encore soumis aux notions du passé, du présent et du lendemain.
On peut malgré tout passer outre à l’incohérence de ses souffrances et s’intéresser à ce que nous aimons appeler les faits, une notion que nous utilisons avec soulagement chaque fois que nous désirons nous extirper du bourbier où s’est enlisée notre existence.
Qui connaissait-il ? Que savait-il ? Et qui aimait-il ? Assis sur cette souche, écrasé sous le poids du décès de son père, allant jusqu’à souffrir de la mort prochaine qui allait dépouiller les arbres de leur feuillage multicolore, il comprit que la vie se réduisait à ce qu’on en faisait au jour le jour…Toutes les choses de la Terre étaient uniques, y compris lui-même, tout se modifiait en permanence. Il prit conscience qu’il ne pouvait percevoir ce changement, car lui aussi changeait avec tout le reste…Regardant autour de lui, il comprit qu’il s’était perdu, mais ce constat le laissa de marbre, car il savait aussi qu’il n’avait jamais été trouvé.
L'homme qui renonça à son nom
Qui connaissait-il ? Que savait-il ? Et qui aimait-il ? Assis sur cette souche, écrasé sous le poids du décès de son père, allant jusqu’à souffrir de la mort prochaine qui allait dépouiller les arbres de leur feuillage multicolore, il comprit que la vie se réduisait à ce qu’on en faisait au jour le jour…Toutes les choses de la Terre étaient uniques, y compris lui-même, tout se modifiait en permanence. Il prit conscience qu’il ne pouvait percevoir ce changement, car lui aussi changeait avec tout le reste…Regardant autour de lui, il comprit qu’il s’était perdu, mais ce constat le laissa de marbre, car il savait aussi qu’il n’avait jamais été trouvé.