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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le roman a beau se dérouler au milieu des beuglements du bétail, Kent Haruf ne transforme pas le Colorado en Far West. Il préfère faire vibrer les cordes les plus sensibles d'une poignée de personnages de la petite ville de Holt, se distinguant par leur manière de faire face aux difficultés de la vie avec une humilité et une générosité qui renforcent notre confiance dans le triomphe de la bonté.
L'histoire est à l'image des personnages, simple, sans fantaisie, sans dramatisation. Ce qui intéresse Kent Haruf, c'est la petite musique qui rythme la vie de chacun de ses personnages. Avec une précision et une minutie brutes, l'auteur dévoile leur quotidien avec une économie de mots comme s'il ne voulait pas qu'ils entravent les sentiments qui circulent entre ces individus. Il nous laisse sans distance possible pour être au plus près des personnages muets face à la douleur et qui jamais ne se dérobent face aux coups durs, ils ne cherchent pas autre chose que de consentir à une existence simple, avec amis, famille, maison.
Il n'y a donc pas de sentimentalité mais une douceur et une bienveillance qui se propagent tout au long du texte malgré l'abandon, la solitude, la maladie, le sentiment de perte.

Habité par la maternité sous toutes ses formes, le chant des plaines est dépourvu de toute prétention littéraire, il n'y pas d'exercice introspectif, d'analyse dense ou de lyrisme faulknérien. L'écriture est rudimentaire mais ça se lit pour la tendresse que peuvent susciter les personnages, et pour la célébration de valeurs de dignité et de solidarité qui font d'une petite communauté rurale une famille résiliente.
À lire si vous désespérez de la nature humaine.
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Une écriture dépouillée, simple, sans artifices pour faire partager au lecteur des vies simples, leurs joies, leurs peines, leurs errements, le bien, le mal, dans le Colorado profond, avec la vie d'une bourgade, d'une ferme et de tout un environnement magnifique qui est le cadre de ces histoires.

Car ce sont quelques destinées qui vont se croiser ou se perdre, cheminer ensemble ou s'en aller, telle cette vieille dame, vers une mort solitaire, soudaine, sans doute paisible.

Deux très jeunes frères, encore des enfants, deux vieux frères, paysans bourrus prêts à donner le meilleur d'eux-mêmes, simples dans leur existence, dans leur approche de la vie, du destin, des souvenirs préservés, leur père enseignant, et une très jeune fille, enceinte, sont les principaux protagonistes de ce roman.

Chacun d'eux porte son histoire, les jeunes en découvrant les choses de la vie, le bien et le mal, souffrant de l'éloignement volontaire de leur mère, les vieux découvrant autre chose que les vaches et leurs veaux, et surtout la fille qui va les réunir peu à peu, épaulée par une autre enseignante. Ces destinées vont se croiser quasiment le temps d'une gestation -- durée identique pour vache et femme -- qui enrichira leurs existences.

Les dialogues sont ceux de la vie quotidienne, ils ne s'encombrent pas de mots inutiles, l'essentiel étant toujours dit, sans détour. C'est probablement les échanges entre les deux garçons et entre les deux vieux qui portent la plus grande charge émotionnelle de ce court texte. La fille doit se déterminer seule dans ses choix et ses renoncements.

Et puis, un cadre : celui des grandes plaines du Colorado, de l'élevage des bovins, avec les éoliennes grinçantes, témoins immobiles de la vie qui s'écoule à leurs pieds. Quelques descriptions de tout cet ensemble avec quand même le regret de n'avoir pas suffisamment entendu, de la plume de l'auteur, le chant des plaines.
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Kent Haruf (1943 – 2014) est un écrivain américain. Fils d'un pasteur méthodiste et d'une enseignante, il étudie à la Nebraska Weslayan University où il obtient son diplôme. Avant de commencer à publier ses oeuvres, il exerce différents métiers : agriculteur dans un élevage de poulets, ouvrier, bibliothécaire, enseignant dans un corps de paix en Turquie, puis enseignant à l'université. Son oeuvre est très mince, quatre romans dont celui-ci, le Chant des plaines, son premier ouvrage, datant de 1999.
Holt, une toute petite ville du Colorado et décor habituel des romans de l'écrivain. Victoria, dix-sept ans, enceinte, chassée par sa mère de leur maison trouve refuge dans un premier temps chez Maggie Jones, une enseignante de son lycée. Tom Guthrie, lui aussi enseignant dans ce lycée, vit seul avec ses deux gamins, Ike et Bobby, depuis que sa femme dépressive s'est éloignée pour faire une pause. Et puis il y a les deux vieux (pas ceux du Muppet Show !), Harold et Raymond McPheron, frangins, célibataires, taiseux, fermiers à l'écart de la ville chez qui tout le monde finira par trouver un réconfort imprévu.
Un de ces romans dont un résumé basique ne dit rien de son contenu. Ici aucun rebondissements spectaculaires, ni finale grandiose, même le cours du récit suit un rythme tranquille et c'est très logique, car nous partageons la vie de gens très simples, presque anonymes. Des gens qui doivent vivre avec des problèmes de tous les jours, une gamine qui se retrouve enceinte et seule, un père avec deux garçonnets dont leur mère s'est éloignée pour retrouver ses esprits avant de revenir, peut-être ?
Il y a des braves gens, tous ceux cités dans le résumé et puis bien entendu il y a ces connards habituels qui savent pourrir nos vies. J'écris « nos vies », car si le roman se déroule aux Etats-Unis, les acteurs sont universels. Il y a donc, le petit coq qui a séduit Victoria, et puis un crétin de cancre qui va pourrir l'air de Tom et faire souffrir Ike et Bobby lors d'une séquence qui m'a mis dans une rage folle.
Un livre tout simplement magnifique, peut-être celui qui m'a le plus ému de toute ma longue carrière de lecteur ! Pas moins. du début jusqu'à la fin, j'avais les larmes aux yeux, je ne crains pas de le dire. J'ai dit que l'histoire n'était pas tellement importante en tant que telle, mais la manière dont elle est écrite m'a terrassé. Kent Haruf utilise des mots d'une grande simplicité, décrit très précisément des situations très banales. Un autre pouvait écrire ce bouquin et nous rendre une copie bien nunuche, un truc pour midinette car il est vrai que nous flirtons avec cette ligne blanche mais Kent Haruf par je ne sais quel tour de magie, en fait une petite merveille.
Je ne suis pas réellement surpris car j'avais déjà lu cet écrivain et toujours j'avais adoré. Alors, si ce roman n'est pas encore passé entre vos mains, n'hésitez pas une seule seconde, vous adorerez ses personnages et leur humanité, de ceux qu'on aimerait voir plus souvent dans ce monde.


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Encore une belle découverte grâce au site et aux critiques lues un peu au hasard sur Babelio.

"Le chant des plaines" est un roman intense qui décrit des vies simples et ordinaires dans une certaine Amérique profonde dans laquelle j'aime me plonger.

On y suit tour à tour Victoria, jeune fille rejetée par sa mère parce qu'enceinte; Ike et Bobby, deux jeunes garçons dont la mère a quitté le foyer et qui se soutiennent dans les épreuves du quotidien; leur père Guthrie, cet homme courageux et juste qui fait de son mieux; les frères McPheron, deux frères vieillissants qui ont toujours vécus seuls dans leur ferme après avoir perdu leurs parents jeunes; ou encore Maggie Jones, une femme énergique et toujours prête à aider son prochain...

Un petit groupe de personnages dont les vies vont se mêler et se lier plus ou moins volontairement. Des personnages attachants qui feront face à l'adversité et la méchanceté humaine qu'ils ne vont pas manquer de rencontrer.

Un très beau roman plein de sensibilité que je quitte avec regret mais dont je vais apparemment pouvoir retrouver les personnages dans un autre de ses romans. Et je ne suis pas étonnée car la fin laisse des possibilités de suite...il reste des "dossiers" inachevés...Tant mieux !
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Après l'excellent « Nos âmes la nuit », j'ai eu envie de lire un autre roman du même auteur. Ici aussi nous sommes entourés de gens simples qui vont se croiser. Deux vieux frères célibataires vachers qui vont accueillir une adolescente enceinte et ainsi faire éclore leurs tendresses et protections. D'autres personnages attachants à découvrir dans ce Colorado qui apaise avec des mots simples sans fioritures.
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Au début de la lecture j'étais un peu gêné par les descriptions trop détaillées à mon goût mais on s'adapte vite à cette écriture descriptive. C'est à partir du 19ème siècle que des écrivains comme Zola, Hugo ou Flaubert ont développé les détails. Cela a pour effet de ralentir l'intrigue mais dans ce livre ce n'est pas gênant. Toutefois, aujourd'hui cette façon d'écrire est perturbante, quelque peu dépassée dans notre monde qui va vite. Pour Kent Haruf ce mode descriptif invite le lecteur à s'imprégner des lieux et des personnages. Cela concourt à la connaissance de l'Amérique profonde, thème principal de l'écrivain, et cela confirme d'une certaine façon la réalité des lieux et des personnages. Des tranches de vies dans une Amérique mais qui pourrait aussi bien se situer dans la campagne de France.

Excellente idée que d'indiquer à chaque nouveau chapitre les protagonistes, on est tout de suite au courant des personnages concernés.
La relation entre Guthrie et Ella s'est délitée au fil des années (page 171-178). Ella est dépressive et son comportement appelé « Sortilèges silencieux » l'isolera de sa famille. Kent décrit parfaitement cette séparation impactant la vie de leurs enfants, mais faites de « façon raisonnée et raisonnable »contrairement aux couples qui se déchirent tous les jours.
Description de la vie de l'Amérique profonde que l'on n'a pas l'habitude de connaitre. Une Amérique de la solidarité. Maggie est très prévenante lorsqu'elle apprend les problèmes de Victoria qui est enceinte.
Victoria, abandonnée par sa mère, sera accueillie par deux vieux frères fermiers. Après la naissance de son bébé à l'hôpital, Victoria dit à Harold « Il faut bien qu'elle commence à s'habituer à vous ». Ainsi la vie continue dans cette partie du monde comme ailleurs avec ses joies et ses peines.
De nos jours, si une telle description n'est pas indispensable, elle est cependant essentielle. Cela enrichit la lecture du roman, son atmosphère, ses personnages. Cela nous révèle une vision de l'homme et du monde où tout passe si vite même la lecture.
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La douceur que dégage ce livre... Un certain sens de la loyauté aussi.
Un livre tout de silence et de pudeur.
Les personnages font vibrer quelque chose en nous de difficilement définissable, quelque chose comme une tendre admiration, quelque chose qui induit la compassion.
Leurs chemins se croisent dans cette petite ville où tout se sait. Deux vieux frères célibataires apprennent à connaître une jeune fille mère, un père et ses deux garçons, une mère en dépression, une femme solide et son père en déroute, des destins au quotidien, de l'entraide aussi.
Pas d'événement extraordinaire, juste leur vie, leurs difficultés, leurs questions...
C'est simple, c'est beau, sans ornement ostentatoire, une petite réalité toute en douceur.
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A peine terminé « Nos âmes la nuit », j'ai eu envie de lire un autre ouvrage de Kent Haruf pour rester dans l'ambiance de son écriture. Et je n'ai vraiment pas été déçue. J'ai tellement aimé ces deux frères célibataires, déjà âgés, qui acceptent tranquillement qu'une gamine enceinte vienne s'installer chez eux, bouleversant toutes leurs habitudes de vieux fermiers vivant éloignés du village. Et j'ai aimé aussi tous les personnages dont la vie s'imbrique dans cette histoire. Il ne se passe rien de vraiment important mais on est heureux d'être présent dans tous ces moments du quotidien que nous conte Kent Haruf avec tant de tendresse pour ses personnages.
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Un roman foisonnant où s'entrecroisent, au gré des différents chapitres et des différents narrateurs, les vies de quelques habitants de Holt, une petite ville du Colorado.

Il y a Guthrie, le professeur d'histoire du lycée et ses deux fils, âgée de 9 et 10 ans, deux intrépides débrouillards blessés par l'absence de leur mère gravement dépressive.
Il y aussi Victoria, une jeune fille de dix sept ans, tombée enceinte après avoir cédée à un beau jeune homme rebelle et immature du comté d'à côté, et dont la mère ne laisse aucune chance et la mets à la porte.

Et surtout, il y a les deux frères Mcphéron, les deux vieux fermiers qui ne se sont jamais quittés, deux hommes bourrus et maladroits au grand coeur.

Kent Haruf nous embarque dans le comté de Holt, ses étendues planes à perte de vues, son petit lycée et ses nombreuses fermes. Il y a les vaches à insiminer, les chevaux à nourir, les cours à préparer, les journaux à livrer, un bébé à couver et les élèves à supporter... L'auteur parvient à rendre le quotidien et l'intimité de tous ses personnages bouleversants et attachants car il les décrit avec tendresse, respect et humour.
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Être écrivain, c'est sans doute savoir mettre des mots - et les bons mots - sur ce que ressentent les êtres humains et sur ce qu'ils pensent, donc sur ce qui se passe à l'intérieur d'eux ; mais c'est aussi savoir raconter une histoire intéressante et prenante en les regardant de l'extérieur.

Kent Haruf a su faire ça dans "Le chant des plaines" : un lieu, Holt, une petite ville du Colorado, et quelques personnages, une famille avec un père Tom Guthrie professeur de lycée, une mère dépressive qui va quitter son foyer et deux jeunes garçons de 9 et 10 ans, Ike et Bobby ; il y a aussi une jeune lycéenne de 17 ans, Victoria, qui attend un bébé, une prof attentive et généreuse, Maggie Jones ainsi que deux vieux fermiers, Harold et Raymond, des frères célibataires et solitaires qui semblent ne s'intéresser qu'à leur troupeau de vaches.

Quand sa mère la met à la porte de chez elle pour cause de grossesse inattendue, la jeune Victoria cherche refuge chez Maggie qui saura l'accueillir avec tendresse ; mais celle-ci a chez elle son vieux père sénile et ne pourra pas l'abriter très longtemps.
Tom Guthrie va avoir des problèmes avec un élève récalcitrant et vicieux, sa femme est malade et veut partir, les enfants sont laissés à eux-mêmes ; Victoria n'a aucune idée de ce qu'elle et son bébé vont devenir, et les deux vieux croûtons comme les appelle Maggie, s'ils ont un coeur en or, sont plutôt grognons et taiseux...

Toute l'histoire pourrait paraître au départ un peu triste et pas très engageante ; mais l'auteur a un humour très fin et le récit, s'il présente des moments durs de la vie quotidienne est transformé par ces passages très drôles, et par la bienveillance qui va mener les personnages - certains, pas tous, il n'y a pas que de la bonté ici - les uns vers les autres.

À l'écoute de leurs tracas et moments de bonheur, Kent Aruf avec sensibilité et délicatesse, décrit la vie de ces habitants attachés à leur ville de l'Amérique profonde ; il les suit attentivement, les rendant attachants et tellement humains !

Une seule envie : lire la suite !

Premières phrases : " Cet homme était là, Tom Guthrie, à Holt, debout devant la fenêtre de la cuisine, fumant des cigarettes et contemplant son arrière-cour où le soleil venait juste d'apparaître. quand le soleil atteignit le haut de l'éolienne, il observa ce que cela faisait, ce rougeoiement croissant du soleil levant sur les pales d'acier et l'ailette au-dessus de la plate-forme de bois. Au bout d'un moment il posa sa cigarette, il monta à l'étage, passa la porte close derrière laquelle elle reposait, dans la chambre d'amis obscure, assoupie ou pas, et il enfila le couloir menant à la pièce tout en verre dans laquelle les deux garçons dormaient, au-dessus de la cuisine."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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