Achille, fils unique

Moi qui ne suis pas un scientifique, j'adore ce qu'on fait en SVT cette année ; la reproduction sexuée des êtres humains. Il y en a bien sûr quelques-uns, comme Alban, qui ne cessent de ricaner et faire des observations niveau CM1, mais l'ensemble de la classe s'est passionné pour le sujet. Quelle drôle de machine hyper high-tech, le corps humain, quand même !

L'été et les vacances ne sont déjà plus qu'un très lointain souvenir. Le collège prend toute la place. Les cours, les profs (ceux qu'on aime, ceux qu'on déteste), les contrôles, les élèves (ceux dont on se fiche pas mal et ceux qu'on ne peut pas blairer), les filles... La fille... La seule que je veux, la seule que je vois qui elle ne me veut pas, ne me voit pas. Ou qui fait comme si elle ne me voyait pas.
J'enrage, j'écume...
Ça me saoule.

Mais je me demande, moi, ce qui est le mieux : ne pas avoir de père du tout et pouvoir se l'inventer tel qu'on l'aurait voulu, ou alors avoir un père, mais si absent, si lointain, si étranger, si peu "papa" qu'on ne peut s'empêcher de se poser une foule de questions à son sujet. Des questions comme : est-il vraiment mon père ? Et s'il l'est, pourquoi ne se conduit-il pas comme tel ? Pourquoi ne m'as-tu jamais dit que tu aimais ton fils et que tu étais fier de lui ?

Mais tous disent à peu près la même chose : que cette révélation a changé leur vie ! Qu'ils ont l'impression d'être amputés d'une partie de leur histoire, dont l'absence les empêche de se construire normalement, comme un puzzle dont il manque les pièces centrales. Et que même si les liens affectifs sont plus forts que les liens génétiques, tous aimeraient avoir des informations sur le donneur. (p.133-134)

- Les maths seraient donc ton tendon, cher Achille ? a raillé M. Grant pour détendre l'atmosphère.

En conclusion, et c'est cela qui nous intéresse, sache que les enfants peuvent avoir des traits et des particularités physiques que l'on ne trouve pas de manière visible chez leur père ou leur mère. Donc, finalement, chaque personne qui naît est unique. Comme toi, Achille ! (p.72)

En ce qui me concerne, ni frère ni sœur. Je suis fils unique, dans tous les sens du terme, bien sûr ! Tiens, faudrait que je la sorte à mon père, celle-là : (p.11)

Mon père reste à Twitter, les yeux braqués sur l'écran de son portable. Si ça continue, pour lui parler, il faudra que je m'ouvre un compte.

Mais je me demande, moi, ce qui est le mieux : ne pas avoir de père du tout et pouvoir se l’inventer tel qu’on l’aurait voulu, ou alors avoir un père, mais si absent, si lointain, si étranger, si peu « papa » qu’on ne peut s’empêcher de se poser une foule de questions à son sujet. Des questions comme : est-il vraiment mon père ? Et s’il l’est, pourquoi ne se conduit-il pas comme tel ? Pourquoi ne m’as-tu jamais dit que tu aimais ton fils et que tu étais fier de lui ?