Mais ce réalisme foncier de la nature française se mêlait, chez eux, au romantisme naissant ; les admirateurs de l'antiquité connaissaient le moyen âge, les travaux de Mabillon, de Montfaucon, de Lacurne de Sainte-Palaye, la réédition de l'Amadis des Gaules, les romances déjà « troubadour » que publient les almanachs à partir de 1770 ; les illustrateurs, comme Moreau le Jeune, représentent des chevaliers empanachés ; Brenet peint Du Guesclin. La Pucelle de Voltaire est l'occasion de gravures à prétentions médiévales. A la fin du siècle, les antiquités nationales sont mieux connues. Lenoir les recueille au Musée des monuments français.
David fut proclamé le rénovateur de la peinture française. Jusqu'à la Révolution, il empruntera ses sujets à l'antiquité. « L'antiquité, disait-il, n'a pas cessé d'être la grande école des peintres modernes, la source où ils puisent les beautés de leur art. Nous cherchons à imiter les anciens dans le génie de leurs conceptions, la pureté de leur dessin, l'expression de leurs figures et la grâce de leurs formes. » Et David en ses toiles s'inspirait du Pâris Cavaceppi, de la Niobé, du vase Médicis, dressait des colonnes doriques, ordonnait ses compositions à la manière de bas-reliefs, réduisait le nombre des plans, éliminait le fouillis des peintres antérieurs. Il imposait à ses élèves la lecture de Plutarque et n'acceptait en son atelier que les jeunes gens capables de lire un texte latin. Il estimait qu'ils seraient ainsi habiles à exprimer les passions de leurs personnages ; car le peintre doit être psychologue.
La suprématie de David, consacrée par les titres et les honneurs dont le
combla Napoléon, ne fut pas acceptée sans résistance. L'antiquité aimable, gracieuse, pompéienne, l'antiquité de l'Anthologie, chère aux contemporains de Marie-Antoinette, aux peintres de l'Académie que David dénonçait en 1791 comme les suppôts de la corruption, cette antiquité-là survécut sous la Révolution et sous l'Empire. Menageot, Callet, Suvée, Vincent, Regnault n'en conçoivent pas d'autre. Les Trois-Grâces du dernier montrent toujours en leur chair dodue les fossettes de Boucher. Tous ces peintres répugnent aux oppositions violentes qui leur semblent vulgaires et gardent sur leurs palettes les couleurs claires de jadis. Certains se plaisent encore à ce fouillis, à ces mouvements de foules, à cette gesticulation que condamnaient les purs classiques.
Mais ce temps a préparé l'avenir. Le romantisme est fait en partie d'éléments apparus au XVIIIe siècle : le sentimentalisme, l'exotisme, le goût du moyen âge et de l'histoire nationale, la passion des littératures étrangères. A la beauté il opposa le caractère, à la raison le sentiment, au dessin la couleur, à l'antiquité les temps modernes, à Raphaël Michel-Ange, aux Carraches Rubens, au nu le vêtement, à la nature humanisée la nature sauvage.
Il ne faut donc pas mesurer l'art ni la littérature de cette époque à l'aune des sous-classiques. Leur classicisme n'était, d'ailleurs, qu'un faux classicisme. La Beauté, dont ils étaient les hérauts, n'était pas la beauté de la Nature.
50 ans de
peinture de van Dongen
A Paris, à la galerie Charpentier,Kees VAN DONGEN expose ses 50 années de
peinture. ARLETTY,
Sacha GUITRY, Messieurs
Louis HAUTECOEUR, Directeur général des Beaux Arts, Amédée BUSSIERE, Préfet de Police, Madame Otto ABETZ, épouse de l'ambassadeur d'Allemagne sont présents au vernissage.