Que j'ai détesté ce livre. je ne suis même pas arrivé à la fin. je ne suis pourtant pas hermétique au genre. Je l'ai entamé sans à priori.
Je me suis accroché pendant 450 pages, on ne peut pas m'accuser de ne pas avoir persévérer. Mais j'ai beaucoup de mal avec l'aspect très "américain" de ce livre. Il met en place un modèle binaire entre les gentils (nous, les USA) et eux (les autres, et plus précisément les musulmans, depuis que l'URSS a sombré). Il justifie allègrement la surveillance à outrance, Echelon et toutes les dérives (mais vous comprenez bien, nous on est les gentils et on doit se défendre contre eux, qui ne recule devant rien)... en fait, j'ai l'impression d'y voir une illustration de l'état de guerre permanente chère à
George Orwell. Volilà ce qu'illustre ce livre. il valide une idéologie discutable en y opposant la peur du terrorisme bactériologiste, oinventant une figure de terroriste assez improbable, et auquel on dénie soigneusement toute forme d'humanité. Autant l'humanité du héros est mise en avant dans ses questionnements, ses doutes... autant le terroriste est animé d'une haîne viscérale et d'une obstination sans borne. Il n'est qu'une machine à tuer qui ne se consacre qu'à son but. On lui consacre bien quelques pages pour expliquer son parcours, mais elles ne servent juste qu'à essayer d'expliquer que ce qui a motivé la haîne des USA au Sarrasin, ce n'est pas tant les USA que les dictatures arabes et le terrorisme palestinien.
Le livre ne semble qu'être construit qu'autour de la peur savamment entretenue d'une attaque inévitable, qui nécessite des mesures extraordinaires. L'intrigue insiste donc sur les stéréotypes habituels, recyclant les figures traditionnelles (dont le hacker original contraint de travailler pour le gouvernement) et distillant de petites phrases anodines mais qui en disent long sur la tonalité generale. Cela peut sembler dérisoire mais lorsque que
Terry Hayes décrit le président des USA, il insiste sur son côté humain et empathique, sur le fait qu'il n'est pas issu du système. Il est en fait un ancien homme d'affaire spécialisé dans le rachat d'entreprises en difficulté pour les redresser, mais qui a eu l'occasion de relever un nouveau défi (sous-entendu se mettre au service du peuple, bien que cela soit mal payé). Et de glisser qu'il n'aime pas les syndicats parce qu'il vaut mieux s'arranger avec le patron. Cette petite pique est noyée dans beaucoup de choses, mais elle indique bien que nous sommes dans un monde vu par le prisme des ultra-conservateurs. La référence appuyée au 11 septembre est évidemment bien présente, jouant sur la carte de l'héroïsme ordinaire et de l'émotion.
Mais si l'intrigue est bonne, on pourrait faire abstraction de ce contexte pour se laisser porter par le rythme de l'histoire.
Malheureusement,
Terry Hayes semble avoir écrit son roman en pensant à l'adaptation en mini-série, plus sur le schéma de Homeland que d'un film. Il tire donc en longueur, multipliant les sous-intrigues. Il en résulte une mise en place de 400 pages, rien de moins. Voilà ce qu'il faut pour que les enjeux soient enfin définis. Entretemps,
Terry Hayes a multiplié les matrices d'épisodes pour faire monter la sauce, mais de manière purement artificielle. Il complexifie artificiellement le tout en jouant sur la chronologie, mais sans que ce soit autre chose que du bricolage. Un gros livre en toc, mâtiné d'une idéologie discutable.