Qui a tué Harriet Monckton ?
Novembre 1843 – Bromley – le corps d'une jeune femme est retrouvé dans les latrines de la chapelle de son village. Suicide, meurtre ? L'autopsie révèle que la mort est due à l'ingestion d'une dose motelle d'acide prussique et que la victime était enceinte de près de 6 mois lors de son décès. Scotland Yard finit par s'intéresser de plus près à cette affaire au bout de quelques années et interroge à nouveau ses proches et les témoins de l'époque.
Les soupçons se portent alors sur plusieurs protagonistes : le jeune amoureux, timide et discret ; le révérend de la paroisse, confident d'Harriet ; l'ancien propriétaire londonien, le premier amour ; ou la collègue enseignante, amie aux sentiments amoureux non partagés.
Et Harriet ? Qui est-elle réellement ? Selon les différents témoignages, elle apparaît multiple : travailleuse, douce, naïve, mais aussi moderne, entière, manipulatrice, séductrice... Et selon chaque angle choisi, un nouveau coupable idéal apparaît.
Mais qui a tué Harriet Monckton ?
Incroyable mais ce roman se base sur un « cold case » daté du milieu du 19eme siècle.
Elizabeth Haynes s'est ainsi appuyé sur les rapports et les témoignages de l'époque pour faire le récit le plus complet possible des événements qui ont conduit à la mort d'Harriet. L'histoire, racontée par plusieurs voix dont celle d'Harriet elle-même, invite le lecteur à se faire sa propre idée sur l'affaire et sa résolution (qui n'a jamais abouti officiellement).
Intrigue policière victorienne, ce polar historique met aussi en avant la condition féminine, à une époque où la femme n'existe qu'en tant qu'épouse ou mère. Imaginez donc le destin d'une jeune femme qui voulait s'émanciper par le travail en devenant institutrice !
L'empathie de l'auteur pour la jeune femme, dont elle a découvert le destin tragique par hasard aux archives nationales de Kew, est palpable page après page ; un intérêt sincère pour Harriet qui était coupable d'être célibataire (ou plutôt non mariée), coupable d'envisager son avenir comme enseignante, coupable d'être belle mais surtout d'être pauvre.
Il devait y en avoir des jeunes femmes ainsi maltraitées dans cette société victorienne bien-pensante, et c'est certainement leur courage et leur ténacité qui aura fait avancer la cause féminine en Angleterre, posé les premières pierres de l'émancipation.
Un combat de longue haleine et encore à mener.