On doit à
Lian Hearn la flamboyante saga
le Clan des Otori : je ne vous cacherai pas qu'il s'agit d'une série de livres que j'affectionne tout particulièrement. Alors lorsque j'ai appris la publication chez Gallimard d'une nouvelle série reprenant les ingrédients de la précédente – culture nippone médiévale, jeux de pouvoir, batailles épiques, je me suis vite laissée séduire. Au cours de ma lecture, la comparaison entre les deux sagas a été inévitable. Shikanoko se déroule dans le même univers, mais s'agissant d'un prequel, les événements y sont antérieurs à ceux du Clan des Otori. Et malheureusement, ce retour aux sources demeure en deçà de l'original.
Kazumaru, fils d'un seigneur, subit la malveillance de son oncle qui tente de l'assassiner pour prendre possession du domaine familial. Recueilli dans la forêt par un sorcier qui lui confectionne un masque aux propriétés magiques. Il devient alors Shikanoko, « l'enfant du cerf », et rejoint pour survivre une troupe de bandits. Pendant ce temps, à la capitale Miyako, l'empereur se meurt et son héritier légitime est en danger. Les deux familles nobles et ennemis historique Kakizuki et Miboshi choisissent leur camp et se préparent à la guerre. Shikanoko ne se doute pas encore qu'il va avoir un rôle à jouer dans ce conflit.
D'un chapitre à l'autre, on découvre le point de vue d'une panoplie de personnages très variés dont les destinées s'entrecroisent. La trame narrative est bien remplie : une foule d'événements se déroule à la fois, formant un récit où se mêle épique, magie et politique. Toutefois, j'ai quelque peu eu l'impression que
Lian Hearn choisissait sur la forme la simplicité du roman jeunesse. Les événements s'enchaînent en effet trop rapidement alors qu'on aimerait s'attarder plus longtemps dans cet univers. Par ailleurs, les nombreux personnages souffrent eux aussi de ce train infernal, parce qu'on a guère le temps de s'y attacher. En comparaison,
le Clan des Otori bénéficiait d'un rythme plus posé, avec plus de détails et de descriptions – bref, de profondeur, le destinant à un lectorat plus large.
Néanmoins le tout réussit à séduire. La dimension fantastique très présente, qui puise son inspiration dans le folklore traditionnel japonais, est très plaisante. Il y a peu de longueurs et l'intrigue est solide. Et L'enfant du cerf conserve un caractère chevaleresque, épique, enchanteur, tel une antique chanson de geste du fond des âges.
En conclusion, je pense que cette nouvelle série s'adresse aux nostalgiques qui sont déjà familiers de l'univers de
Lian Hearn. Est-ce que je lirai la suite ? La réponse est oui, parce que je veux connaître la suite de cette histoire dont je devine le potentiel, car les talents de conteuse de l'écrivaine ont conservé leur magie. Et, honnêtement, l'objet-livre est tellement sublime que je veux toute la série sur mes étagères.
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