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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
44 avant J.-C. Jules César meurt sous les coups de ses collègues sénateurs qui, sans le savoir, viennent de donner le coup de grâce à la République. On sait tous comment les choses se terminent : la guerre civile fait des ravages et laisse le champ libre à Octave Auguste qui met définitivement fin à l'ancien régime et pose les bases de l'Empire. Mais imaginez que, au lieu de prendre la fuite vers l'Est, les conjurés s'étaient embarqués sur des navires et avaient mis voile vers l'Ouest. Imaginez maintenant qu'au terme d'un long voyage semé d'embûches, les survivants aient réussi à atteindre les rivages de l'Amérique et à y prospérer, sans jamais chercher à renouer contact avec le Vieux Continent. Imaginez enfin que des siècles aient passé, et que les descendants de ces pionniers aient finalement décidé de mobiliser une redoutable armée afin de se lancer à la conquête de la Terre de leurs ancêtres. Voilà le point de départ de « Reconquérants », un roman de Johan Héliot datant de 2001 qui a fait l'objet cette année d'une réédition dans la collection poche des Indés de l'Imaginaire (Hélios). On y suit un certain Getron, jeune métis mobilisé pour la reconquête organisée quinze siècles après l'arrivée des premiers Romains en Amérique. Entourés de milliers de ses semblables, notre héros débarque sur la terre de ses ancêtres et découvre un continent méconnaissable, peuplé de créatures étranges. le récit alterne entre les extraits du journal de bord du héros, et des chapitres rédigés à la troisième personne dans lesquels l'auteur s'autorise quelques changements de points de vue. En dépit de légers problèmes de rythme et de quelques facilités au niveau de l'intrigue, la lecture s'avère dans l'ensemble assez plaisante et séduit surtout par l'ingéniosité des références exploitées par l'auteur. Car si le style de Johan Héliot est toujours aussi soigné, et ses personnages sympathiques (à défaut d'être vraiment attachants), le principal attrait du roman réside incontestablement dans son univers.

L'ouvrage s'articule en cinq parties, elles-mêmes divisées en plusieurs chapitres (dont certains titres ne manqueront pas de faire poindre un sourire amusé sur les lèvres du lecteur) : la première relate les préparatifs de la Reconquête, la seconde la traversée de l'armée, les suivantes l'arrivée sur le Vieux Continent et le voyage jusqu'à l'antique Rome, et enfin la confrontation finale. le récit démarre très fort, avec un prologue intriguant qui nous narre le départ de Rome des opposants à César et leur arrivée en Amérique. Johan Héliot ne s'attarde toutefois pas sur les premières années de la colonie mais nous entraîne directement dans un XVe siècle qui n'a évidemment que peu de choses à voir avec celui que l'on connaît. Peu à peu, le lecteur parvient à mettre bout à bout tous les indices disséminés dans le texte et à se faire une idée assez précise de la philosophie et du fonctionnement de cette nouvelle civilisation née d'un exil précoce en Amérique. On découvre notamment que le sort des populations autochtones est a peu près identique dans cette uchronie à celui qui leur a été réservé dans notre monde (massacre, spoliation de terres, enfermement dans des réserves...). Il faut dire qu'en terme de conquête, Libertas n'a pas grand chose à envier à son ancêtre romaine, celle-ci ayant adopté plus ou moins la même politique expansionniste, mais cette fois au dépend des populations d'Amérique. On retrouve ainsi la même volonté d'étendre le « modèle romain » au reste du monde, modèle qui n'est évidemment autre que celui de la République, érigée ici en régime idéal devant être défendu avec un patriotisme inébranlable. Autre spécificité de cette nouvelle Rome : son niveau de technologie bien supérieur à celui de notre XVe siècle et qui lui permet notamment d'envoyer des troupes dans les airs. Bref, la découverte de cette civilisation à la fois très similaire à celle que l'on connaît, et en même temps très différente car plus avancée technologiquement, est un vrai régal pour le lecteur qui ne pourra qu'être sensible aux bonnes trouvailles de l'auteur.

Les deuxième et troisième parties mettant en scène le voyage de l'armée d'invasion et son arrivée sur le Vieux Continent sont en revanche un peu moins captivantes. le récit se fait moins rythmé et traîne un peu trop en longueur, retardant sans arrêt le moment de nous révéler ce qu'est devenu l'Ancien Monde. le seul véritable attrait de cette étape tient en fait à la découverte d'un étrange phénomène (sur lequel je n'insisterais pas pour ne pas vous gâcher la surprise) qui sert à expliquer l'absence de contact entre les deux continents pendant toutes ces années. le récit bascule alors de manière plus marquée dans la science-fiction, un genre avec lequel l'auteur de la Trilogie de la Lune est plus familier (on retrouve d'ailleurs ce même type de basculement dans son dernier roman, L'académie de l'éther). le récit se fait plus dynamique à mesure que nous sont révélés certains des mystères qui entourent le Vieux Continent et que l'on découvre quelles sont les civilisations qui y ont prospéré. L'auteur fait alors à nouveau preuve de beaucoup d'habilité et s'amuse à mêler à ce décor totalement fantasmé des éléments bien connus de notre histoire. Les Cités littorales dans lesquelles notre héros et ses compatriotes finissent par débarquer sont ainsi gouvernées par de grands aventuriers du XVe siècle (Khayr al Din Barberousse, Bortolomeu Diaz, Colombus, Vasco...) Outre tous ces clins d'oeil, l'intérêt de la seconde moitié du roman réside aussi et surtout dans le cadre dans lequel il prend place : des cités côtières opulentes unifiées sous l'emprise d'un roi vivant sous la mer, une forêt impénétrable peuplée de sylves, et les ruines d'une Rome à l'abandon peuplée d'étranges créatures mi-homme mi-loup. La dernière partie du roman donne lieu à une débauche d'action qui permet à l'auteur d'apporter une fin satisfaisante à son lecteur, toutes les interrogations soulevées trouvant une réponse.

Johan Héliot signe avec « Reconquérants » une uchronie qui séduit surtout par son décor et par l'habilité avec laquelle l'auteur parvient à mêler à cette Amérique et ce Vieux Continent revisités des événements ou des personnages qui font échos à notre propre histoire. Si certains personnages auraient mérité d'être davantage étoffés et quelques chapitres mieux rythmés, l'ensemble reste malgré tout de bonne facture et ravira sans aucun doute les amateurs d'histoire et de mythologie. A découvrir.
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Découvert grâce à Boudicca, cette simple référence, perdue dans l'impressionnante bibliographie de Johan Heliot, aurait sinon échappé à mon attention. Cela aurait été bien regrettable.

Voici un ouvrage pour le moins particulier, car il est difficile de lui coller une étiquette. L'auteur semble d'abord composer une sorte d'uchronie (dans laquelle nous découvrons une civilisation romaine qui se serait installée de l'autre côté de l'Atlantique) avant de virer au roman d'aventures (la dite civilisation entend bien refaire le chemin inverse pour aller réaliser quelques audacieuses conquêtes). Pour complexifier tout cela, il y d'abord une petite nuance de fantasy (une petite bande d'amis qui va vivre de belles aventures) qui va prendre une importance sans cesse grandissante.

L'orientation fantaisiste mettra du temps avant de dévoiler tout son potentiel. L'acclimatation se fera progressivement, avant de faire une pause afin de permettre au lecteur de découvrir un nouveau monde, puis de faire valoir ses droits dans l'intrigue et prendre toute la place disponible…

Pendant ce temps l'intrigue suit un fil rouge relativement convenu (le héros est amené à se dépasser et à réaliser son destin tout en entrant dans le monde adulte et en sauvant le monde au passage).

Les personnages sont sympathiques, le style demandera quelques efforts et réservera quelques petites déceptions (des sauts assez déconcertants entre une narration omnisciente et un discours indirect sous exploité). Il faudra accepter la part grandissante laissée à la magie… mais malgré tout cela le charme prend, notamment grâce à un mélange des genres plutôt réussi.

Voici un ouvrage à réserver aux adeptes de fantasy, désireux de découvrir quelque chose d'original. Malgré un nombre de pages somme toute limité (un peu plus de 300), cette lecture demandera du temps pour être appréciée à cette juste valeur. Bien qu'il s'agisse d'un roman d'un seul tenant, il y a ici du potentiel pour une suite… affaire à suivre !
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En conclusion, l'idée de départ était vraiment excellente! Johan Héliot a en effet transposé de manière ingénieuse et imaginative le mode de vie romain dans une nouvelle civilisation sur le continent sud-américain et a développé un univers dense et solide dans ses deux premières parties. Malheureusement, à partir de la troisième, j'avoue avoir été plutôt désarçonnée par le virage pris par le cours du récit. Je ne m'attendais pas du tout à une évolution de Reconquérants vers de la Science Fantasy et j'ai trouvé cela dommage, mais c'est juste une question de goût. Si le côté audacieux m'avait plutôt séduite dans Grand Siècle, pour ma part, il s'agit plutôt d'un défaut dans Reconquérants. J'avais le sentiment de lire un roman trop farfelu, surréaliste et confus.

Retrouvez ma chronique complète sur mon blog :
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Après l'assassinat de Jules César, Rome vit une période de chaos. Cherchant leur salut au-delà des mers, Lucius Nilghy et quelques compagnons embarquent sur des vaisseaux, passent les Portes d'Hercule et après une longue traversée abordent un continent inconnu. Ils fondent la ville de Libertas, capitale de Terra Publica, nouveau pays dont ils veulent faire un modèle de démocratie. Mais la nostalgie de leur terre d'origine demeure ancrée dans l'esprit de ces pionniers et de leurs descendants. 1500 ans plus tard, un jeune citoyen nommé Geron est enrôlé de force dans le corps expéditionnaire commandé par le cynique légat Cneus Salveris. Cinquante navires de guerre se lancent à la redécouverte de l'ancien Empire romain. Mais bien des surprises vont attendre les reconquérants...
Un livre étrange, dans le style uchronique qui permet de revisiter l'histoire réelle et d'en inventer une autre plus bizarre, plus fantastique. Mais là réside la principale difficulté : savoir marier L Histoire et la Fantaisie pour produire quelque chose d'intéressant et de vraiment original au risque de cumuler les défauts des deux genres. Dans « Reconquérants », L Histoire se taille la part du lion (on sent une vraie érudition de l'auteur ou, à tout le moins, un solide travail de documentation sur la Rome Antique) alors que la fantaisie pure n'obtient que la portion congrue en dépit de la présence de force vortex, dragons, livre magique et autres chimères. Autant les descriptions du monde décalé sont abondantes, autant l'intrigue manque de rythme et d'originalité. C'est un peu dommage car le style de l'auteur, de belle facture classique, est clair et agréable à lire. On ressort de cette lecture avec une impression mitigée...
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Pour résumer, Reconquérants est un roman one-shot qui marque par l'originalité de son univers et le traitement de son uchronie plus que par ses personnages ou son intrigue très classique. Certains éléments sont parfois trop rapides et quelques descriptions trop longues, il n'en reste pas moins que je salue la performance et l'imagination de Johan Heliot qui signe un texte pas parfait, mais disposant de certaines qualités qui raviront les fans du genre.
Lien : https://ombrebones.wordpress..
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