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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Découverte 15 décembre 2015- Librairie Caractères- Issy- les- Moulineaux , en furetant !- Lecture reprise le 16 juillet 2023

***Lecture ébouriffante , singulière et captivante...avec l'amour de l' Art comme
" colonne vertébrale " de notre narrateur , figure peu banale...se situant loin des artistes de salon.. !

J'ai beau me fustiger régulièrement et de la plus verte façon, mes constantes boulimies me font inévitablement abandonner des lectures, de façon injuste et arbitraire...comme ce roman étonnant débuté fin 2015 et repris seulement en cet été 2023...

Le narrateur, Jim, un artiste peintre assez talentueux et côté, s'est retiré loin des villes, dans une nature où il espère à la fois l'inspiration pour sa peinture, pêcher, sa deuxième passion et surtout tenter de reprendre pied, après la mort violente de sa fille unique, Alse, âgée de seulement 15 ans....et la séparation qui a suivi d'avec sa femme ....

Notre anti- héros est en bagarre avec le monde entier; il ne trouvait son équilibre qu'entre l'amour pour sa fille et sa peinture...Comme c'est un impulsif, qu'il ne supporte ni la
" connerie", ni l'injustice, ni la violence, ni les abus des forts sur les faibles, il a toujours " fort à faire" et se retrouve régulièrement dans des situations délicates et embarassantes avec la
loi !

Le long passage qui suit donne une idée assez juste du caractère
" sanguin" de notre narrateur :

"" C'était quoi votre question ? Pourquoi le fils d'un simple bûcheron peint ?"
" C'est cela, a-t_il répondu en souriant.Pourquoi choisir d'être un artiste outsider dans un marché de l'art inconstant et capricieux, d'affronter les doutes et les tourments de la créativité ?
Je veux dire que cela revient quasiment à vouloir être pauvre, du moins durant les dix ou vingt premières années dans le meilleur des cas, non ? Et votre famille ne doit pas tellement pouvoir vous soutenir financièremnt, j'ai lu que vous aviez grandi dans une caravane en forêt . Pourquoi choisir l'art plutôt qu'un revenu décent et régulier en tant que bûcheron, comme votre père ?"
(...)

Je voyais bien que c'était la question du jour.Était-ce désinvolte de la part d'un fils de bûcheron d'aspirer à être artiste.C'était cette désinvolture qui expliquait cet art
" viscéral, musclé, exubérant et outsider".Ainsi qu'il l'avait décrit dans son introduction.J'ai pigé. Comment fonctionnait le monde de l'art: vous pouviez être un outsider du moment que vous gardiez votre pagne et votre lance, que vous restiez primitif.Que vous ne vous mettiez pas à avoir de trop grandes idées.

Je l'ai regardé. Je savais qu'il n'aurait jamais posé cette question à un étudiant sorti d'une école d'art.J'avais passé des nuits en prison à cause d'hommes comme lui, des hommes condescendants qui m'attaquaient.Me poussaient à me battre.J'avais payé des amendes, été mis en liberté surveillée. "

Revenons à l'histoire de Jim ...loin de la ville, il vit calmement dans une campagne retirée entre son amour de la nature, de la pêche, véritable passion à laquelle il réserve de nombreuses heures de liberté ...et bien sûr son métier de peintre, noyau vital, central , qui le fait "vivre ", dans toutes acceptations du mot...!

Tout aurait presque parfait si Jim n'était pas un jour " tombé " sur une scène scandaleuse et un " abruti fini", Dell, fermier et chasseur du coin ,en train de battre et massacrer une petite jument ! le sang de Jim ne fait qu'un tour, il fonce sur le malotrus et se bat avec lui. Il emmène la bête laissée dans un état préoccupant, appelle un ami éleveur, lui demande de l'aider, de soigner cette pauvre jument...qu'il protège et sauve d'une mort certaine !

Le surgissement de cette violence et barbarie gratuites vont l'affecter immensément !

Jusqu'à une nuit imprévue où Jim surprend Dell, à l'écart de ses compères, il va le tuer, sans préméditation, sa rage explosant contre ce prédateur détesté de tous; prédateur pour les jeunes femmes comme pour les animaux ou pour plus faibles que lui.!

Homme haï et craint de tous, appartenant à une famille du coin, qui compte dans la communauté, finalement, Jim a débarrassé la terre d'un être nuisible ...!

Après son meurtre, sa bande dont son frère vont le soupçonner aussitôt ; ils vont vouloir se venger.Notre " artiste" redresseur de torts
( quelque peu expéditif, certes !) va se retrouver en " gibier traqué" par cette bande déchaînée !
Et on tremble avec lui ! Une vraie montée dramatique

Parallèlement, une enquête va être ouverte....Notre peintre poursuit son travail de peintre, s'attache à une jeune femme, Sofia, qui lui sert de modèle par périodes...et tout cela, en étant sur ses gardes, en déjouant les coups tordus et la traque des " affreux, sales & méchants..." !

Dans cette ambiance inquiétante à souhait, l'auteur nous offre quelques pauses calmes , heureuses, avec des descriptions magnifiques de paysages sauvages , d'une nature inspirante
ainsi que ses équipées de pêche ressourçantes....

il nous offre aussi de grands moments concernant son travail de peintre, et ses élans constants, salvateurs pour l'Art. La révélation qu'il eut un jour pour la peinture se révéla après un coup de colère, où il en voulait, une fois encore, à la terre entière ...il se rendit dans un Musée pour se calmer...et un déclic extraordinaire survint en admirant un tableau
d' Homer Winslow (*** d'autant plus ravie, personnellement, que j'adore l'univers et la palette de cet artiste).À la suite de cette révélation, il comprit qu'il avait trouvé " son essentiel"....

Je me permets d'insérer une longue citation épatante sur le don ou non de REGARDER une oeuvre :

""Un océan de femmes " était peut être un grand tableau. Il emmenait le regardeur en des lieux nombreux et divers, ce qui est l'apanage des grands tableaux. (...)

Un bon tableau devait faire ça. Inviter le regardeur à entrer en lui d'où qu'il se tienne, l'entrainer dans un voyage différent de celui qui expérimentera son voisin.J'adorais ça, observer plusieurs personnes regarder un tableau au même moment.Parce que c'était la transformation qu'il provoquait : devant une oeuvre de qualité un spectateur cesse de voir pour commencer à regarder, une action plus précise, une prise en chasse, une quête, comme on recherche le bateau d'un être aimé sur la ligne d'horizon, ou un élan entre les arbres.Devant un bon tableau, il cherche les indices de sa propre existence."

J'ai eu du mal à quitter notre " peintre en vogue, pêcheur ardent, " et surtout " philosophe artisanal"; j'adore ces derniers qualificatifs...qui confirme le ton de ce texte et la personnalité de Jim, ce peintre habité par son art, se moquant des mondanités et des singeries sociales...

Après cette lecture détonante et prenante ,envie et curieuse de poursuivre la connaissance des autres écrits de cet écrivain !







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Sublime roman, sublime personnage de peintre, d'une touchante complexité. On vit le deuil, on vit la violence inhérente à l'homme et aux Etats-Unis, on vit la paix les deux pieds dans une rivière et une canne à la main, ou posé devant un chevalet, on vit le désir et les regrets... Bref on respire et on retient son souffle en plongeant dans la vie de ce personnage torturé et profondément ballotté par ses instincts. La nature omniprésente côtoie le pire et le meilleur de l'être humain, l'accueille en son sein, et un dialogue ininterrompu se crée entre la nature et l'humanité défaillante.

Est-ce un polar, un western ou simplement une fresque grandiose de l'Amérique, de cette terre naïve et violente, innocente et pervertie?

C'est en tout cas une lecture qui nous emporte dans un souffle romanesque épatant et qui nous hante longtemps après l'avoir terminé.
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Je continue de découvrir Peter Heller avec ce roman, dans la tradition du roman noir américain. Pour l'histoire du moins, celle d'un homme poursuivi par un geste violent et irréfléchi qui entraîne une vengeance. Doit-il fuir ou l'affronter ? Cet homme est un artiste-peintre, amoureux de la nature, pêcheur à ses heures, et vivant en solitaire dans le Colorado depuis un drame familial… tous les ingrédients du roman noir, vous dis-je, mais avec le style de Peter Heller, donc toujours un grand plaisir de lecture.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Magnifiques aventures.
Le titre me surprend, tenterait-il de résumer le livre ? Je préfère le titre original "Le peintre" mais peut-être a-t-il été jugé trop bateau.

Ce roman est-il un polar, un roman d'aventures naturalistes, un roman noir ? Et puis pourquoi vouloir le classer ? Juste pour vous indiquer que c'est une opportunité de passer un excellent moment. Depuis la constellation du chien, je suis devenu fan et inconditionnel de Peter Heller. Je lirai tous ses romans. Facile, il n'y en a que quatre à ce jour.

Le style est moins ciselé et légèrement moins original que dans le précédent, ce qui rend la lecture extrêmement fluide. La part belle est faite à l'aventure brute, au milieu de la nature, là où l'on croit qu'il ne se passe rien alors que tout vit autour de nous. On redoute la banalité et une histoire d'américains, mais il n'en est rien.
C'est la vie qui nous est dépeinte. L'auteur écrit avec sa plume, le peintre brosse, les deux nous offrent des tableaux. le premier des paysages réalistes, le second les méandres de son esprit.
C'est magnifique et tellement bien exprimé. Nous sommes dans les paysages, nous voyons les décors et les personnes.

Je sens qu'à ce niveau je ne vous ai pas convaincus car j'étais dans le subjectif. Passons à l'histoire, haletante. Il y a une aventure très forte durant tout le livre.

Depuis le Portrait de Dorian Gray, je n'avais pas lu un livre avec d'aussi belles considérations sur le beau et sur l'art. le héros n'est d'ailleurs pas sans ressemblance avec Dorian dans son immortalité malgré tout, jusqu'au final étonnant, venant réveiller les derniers chapitres qui étaient un peu mornes.

Lien : https://www.patricedefreminv..
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PEINDRE, PÊCHER ET LAISSER MOURIR de PETER HELLER
Jim a 45 ans, il peint, il pêche, il a une petite notoriété. Steve est son galiériste, bonnes nouvelles il a vendu une toile 22000$ et a obtenu qu'il fasse le portrait des deux filles d'un client pour 35000$. Jim peut paraître un homme paisible mais il supporte mal l'injustice ou la maltraitance, il a d'ailleurs failli tuer un homme dans un bar et vient de casser la gueule d'un type qui frappait un cheval. Sofia pose pour lui, nue, pour 25 euros de l'heure, bientôt elle ne fera pas que poser! Jim est hanté par la mort de sa fille, Alce, il doit également digérer le départ de sa première femme Christine puis celle de Maureen, la seconde mais il ne l'a jamais aimée! Il a beaucoup bu pour oublier mais il a dépassé cette addiction, c'est une femme, Irmina qui l'a sorti de cette ornière. Son voisin à la campagne c'est Willy qui élève des rennes ils ont vite sympathisé sur le dos des types qui maltraitent les chevaux. D'ailleurs Jim en allant pêcher aperçoit Dell l'homme qu'il a frappé et pris de fureur lui fracasse la tête avec un caillou. le lendemain Dell est retrouvé mort. Peu de gens sont ennuyés par sa mort,l'homme était un sale type. Mais le shérif enquête et Dell avait un frère, encore plus désagréable que lui et un ami qui entend bien le venger. Jim va donc devoir aller en ville peindre les deux fillettes tout en évitant le shérif et les vengeurs de Dell. L'affaire s'annonce compliquée…et violente.
HELLER nous propose un Jim torturé par son passé, la perte de sa fille dont il se sent en grande partie responsable et cette violence qu'il porte en lui qui peut surgir à tout moment tel un volcan qu'on croit endormi. Un très beau roman porté par une riche écriture qui vous emportera.
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J'ai terminé la lecture de ce livre, il y a quelques jours. La lecture de cet opus a été lente, mais pas douloureuse, même si j'ai eu du mal avec les dialogues. Interlignes qui n'en finissent plus, qui dit quoi à qui etc.

En dehors de tout cela, j'ai été placé en face d'un artiste qui oscille entre le bon, la brute et le truand en même temps. Une personne nostalgique et mélancolique à fleur de peau. Ce coté brut de décoffrage, mais version Verlaine ascendant Van Gogh ne m'a pas déplu, bien au contraire, j'ai été agréablement enchanté par cet homme dont le sens omniprésent de l'injustice lui fait démarrer au quart de tour quitte à faire fuir les poissons dans l'eau et faire des ricochets dans les rivières.

Au niveau de l'histoire, même si le contexte ressemble à une balade champêtre version rock and roll avec des loubards, eux aussi, à fleur de peau qui s'émerveillent devant un tableau ou une bière, des tensions qui ne demandent qu'à exploser dans une vague Némésis, une traque à ne plus finir, j'ai néanmoins trouvé celle-ci un peu longue. Les touches d'humour parviennent toutefois à édulcorer certains passages. Toutefois ce coté virilité versus sensibilité refoulée est quelque chose qui me fut agréable à lire et à découvrir. Les hommes, ces fragiles enfants...

Autre point de vue que j'ai relativement apprécié est la partie art. le coté m'as-tu-vu des galeries d'art, les noms totalement ubuesques donnés au tableau, des mélanges entre art et pêche qui n'aurait sûrement pas détonné à cinq heures du matin sur TF1,

Dans l'ensemble, c'était une découverte assez étonnante, il faut juste aimer le genre. Un coté ready-made abstraction cubisme réaliste. C'est de l'art, tout un art. Mais personnellement cela m'a bien enchanté.

Sur ce, je m'en vais peindre ma jument libérée.
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Un livre-coup de poing.
Bien-sur, on retiendra le titre, magistral.
Bien-sur, on retiendra la violence. Cette façon si directe de percevoir et d'agir.
Bien-sûr, on retiendra les images, celles qui abiment et celles qui soignent.
Bien-sûr, on retiendra la musique. Celle de l'eau et celle des corps qui tombent.
Bien-sur, on retiendra les silences. Ceux d'avant et ceux d'après.
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Art et grands espaces, tout était réuni dans ce roman pour me plaire. Et si ce n'est pas un coup de coeur, j'ai néanmoins passé un très bon moment en compagnie de Jim Stegner.

Jim, peintre à succès et pêcheur amateur, s'est récemment installé dans une petite ville du Colorado. Alcoolique repenti, hanté par le souvenir de sa fille assassinée, Jim n'aspire qu'à se consacrer pleinement à ses passions. le jour où il est témoin d'une scène d'une violence inouïe commise sur une jument, Jim n'hésite pas à intervenir, déclenchant ainsi un engrenage de violences.

Que j'ai aimé le personnage de Jim qui par certains aspects m'a rappelé Walt Longmire : un amoureux des grands espaces, un homme d'empathie, sensible à l'art et à la beauté, toujours prêt à prendre la défense des plus faibles, cachant sa tendresse pour le monde sous une bougonnerie factice. Un cow-boy au coeur tendre. Mais Jim est un personnage torturé. Ancien alcoolique, l'envie d'alcool est toujours présente. Omniprésent aussi le fantôme de sa fille Alce. Jim est assailli des souvenirs tantôt joyeux de l'enfance, tantôt grinçants de l'adolescente et l'horreur de l'assassinat. Chez Jim, violence et colère affleurent sous la surface. Dans le passé cela lui avait déjà valu de nombreux ennuis, mais cette fois il est allé jusqu'au meurtre

Il y a une étrange dichotomie entre les portraits de Jim, le meurtrier et de Siminoe, la victime. Siminoe est une ordure, prêt à battre à mort une jument sans aucuns scrupules, braconnier, colérique et violent. Peut-on éprouver de la compassion pour un tel homme ? Pourtant au fur et à mesure du roman, on découvre le passé de cet homme et c'est par la bouche de son neveu que l'on découvre que même cet homme était capable de bonnes choses. Jim de son côté éprouve-t-il de la culpabilité pour avoir ôté la vie à un homme ? Pas vraiment, ce sont plutôt les conséquences de cet acte et la spirale de violence qui s'ensuit qui occupe ses pensées. La frontière est donc floue entre la victime et le coupable, entre le mal et le bien.

Étrangement, cette période de troubles et de violences, sera une période de rédemption et de résilience pour Jim. le chemin émotionnel qu'il parcourt est émouvant. Et ce sont notamment les femmes qui vont l'aider dans cette quête de lui-même. Son amie Irmina et son modèle Sofia, présentes à ses côtés, rocs qui l'ancrent dans le présent, mais aussi les absentes, sa fille Alce et son ex-femme Christine, qui l'aident à avancer malgré les souvenirs douloureux.

Ce sont aussi l'art et la nature qui vont aider Jim. Tous ces événements et toutes ces émotions inspirent à l'artiste de nouvelles toiles, il est pris d'une folie créatrice et peint de façon presque obsessionnelle. Tout aussi obsessionnel est son besoin de pêcher. Par l'art il exorcise ses émotions, par la pêche il retrouve la sérénité.

Un joli moment de lecture et un auteur que j'ai envie de continuer à découvrir.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Cette histoire m'a transporté. D'abord acheté et lu par mon père, j'ai trouvé ce livre dans sa bibliothèque. le titre (Français, car en Anglais il est différent, plus simple), les thèmes abordés, la couverture, le papier... j'ai été attiré. Pourquoi? Est-ce que je retrouve de mes démons dans ceux du narrateur? Je crois. L'évasion et la complexité offertes par l'histoire m'ont transporté comme rarement.
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