François Mitterrand m'explique que tant que les humains n'auront pas dépassé les clivages religieux, il y aura d'un côté les croyants et, de l'autre, les non-croyants, les laïcs. "La religion divise, précise-t-il, la spiritualité rassemble, parce que les spirituels ont une "communauté d'intériorité"; Vous voyez la France n'est pas prête pour la laïcité parce qu'elle n'a pas encore fait le chemin de l'intériorité. La vraie laïcité c'est l'intériorité." p.55
J’aime qu’on parle de spiritualité en termes d’interrogation ouverte. Je déteste les réponses radicales. La certitude en ce domaine m’irrite. C’est comme si on me claquait la porte au nez.
J'ai envie de reparler de Maurice Zundel parce que je n'ai jamais rien lu d'aussi apaisant .Nous passons notre vie, dit-il, à nous poser des questions et, ce faisant, nous approfondissons notre vie spirituelle. Rien ne nous interdit de penser que tout cet acquis spirituel ne subsiste pas sous une forme impossible à imaginer. Rien ne nous interdit de penser que "notre longueur d'onde caractéristique" n'ira pas informer d'autres corps, après notre mort.
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- Et ce qui m'a beaucoup émue, moi, c'est quand elle écrit : "Si Dieu ne m'aide pas, c'est moi qui vais l'aider. " C'est bouleversant, non ?
- C'est stupéfiant ! s'exclame le président. Cette vision d'un Dieu que l'homme va aider, comme s'il était faible, fragile. Rien à voir avec le Dieu tout-puissant que nous avons en tête !
- Oui, le Dieu d'Etty Hillesum, ai-je précisé, c'est le Dieu de saint François d'Assise, cette petite lueur d'amour et de lumière nichée au fond de soi, forte et fragile à la fois, dont nous avons la responsabilité.
Alors le médecin prend le temps de s'asseoir et de parler. Il reprend l'histoire de la maladie, et explique clairement qu'il n'a plus les moyens de guérir, mais que ce n'est pas pour autant qu'il ne reste pas du temps à vivre. Au fond, le médecin restitue au malade ce qui lui appartient : son temps de vie.
comme la mort est un mystère total, je me dis que la meilleure façon de s'y préparer est de vivre le plus consciemment possible. Que pouvons-nous faire d'autre ?
La morale, c'est ce qu'on a, par défaut d'éthique. La morale dicte des normes, tandis que l'éthique est une réflexion. On réfléchit sue la meilleure manière de se comporter, dans tel ou tel cas, faire le bien, ou du moins faire le moins de mal possible.
Je défends l'idée que la parole délivre
Les livres vous emportent dans les recoins secrets du monde et de la vie. Surtout quand ils sont écrits avec l'âme ! On voyage avec son âme dans les livres, non ? dit-il en me regardant. Qu'en pensez-vous ?
"Il soutient, ai-je poursuivi, que la relation au divin ne peut être qu'intime. Dieu n'a rien à voir avec ce Dieu extérieur perché sur un nuage, tel que le représente l'imaginaire populaire, et qui manipulerait nos vies. C'est une présence intérieure. Un force de la vie nichée au plus profond de nous-même, et la prière permet le contact intime avec cette présence. Chacun doit chercher au fond de lui la relation qui lui convient."