Sex and sixty

(sonia) Être dans le plaisir que l'on se donne est extraordinaire ! J'ai envie de me le donner ce plaisir je le fais. Je dis souvent aux femmes qui se plaignent de ne pas avoir de sexualité : "mais vous avez des mains, utilisez-les!"

Je suis un peu sonnée par ce tableau désespérant qui semble confirmer la croyance, profondément enracinée dans notre inconscient personnel et collectif, que le sexe c'est pour les jeunes. C'est bien d'ailleurs la représentation qu'en ont la plupart d'entre eux : la sexualité d'une personne âgée ne peut être que transgressive, ridicule, déplacée et, devenu vieux, on plus inspirer ni éprouver du désir.

En Inde, le troisième âge est l'âge de la maturité, et la qualité de cet âge se doit de vivre pleinement est bien le Kàma, le désir amoureux et le plaisir.

Faire la tendresse.

C'est une jolie expression que j'ai entendue un jour d'un couple âgé, qui faisait encore l'amour, mais différemment.

Nous découvrons ensuite Robert, 90 ans, dans sa salle de bain où il fait du tai-chi, des sons thérapeutiques, des étirements savants. Son énergie, dont il prend grand soin, est impressionnante. Il se dit très heureux après une vie semée d'épreuves, jouissant "de sa grande autonomie".

Tomber amoureux à son âge? Il en rit. " Parce que être amoureux, c'est être malade. On ne voit pas clair. On ne voit pas la vérité de la personne. On est aveugle ! J'ai été amoureux, c'est de la folie, c'est perdre tout son bon sens, toute logique !

Non, il ne se pose même pas la question .

Je mesure alors combien les représentations de la virilité sont fortement ancrées chez l'homme comme chez la femme. Elles menacent l'épanouissement d'une intimité physique, dans le grand âge.

Les cabinets de sexologues se remplissent actuellement de sexagénaires qui veulent devenir des "sexigénaires".

Pour faire l'amour, il faut être deux. Et bien des femmes au-delà de 60ans se retrouvent seules, après un divorce ou un veuvage. Elles ne portent pas, comme les grands-mères d'autrefois, un petit ruban noir autour du cou, appelé alors un "je ne baise plus", mais c'est tout comme. Mis à part celles que les hommes n'intéressent plus du tout et qui se sentent même soulagées de ne plus être obligées de faire l'amour, celles qui trouvent "cette gymnastique bien compliquée", et sont tout à fait satisfaites d'avoir tiré un trait sur leur vie sexuelle, il y a toutes celles chez qui le désir n'est pas mort du tout. Elles aimeraient, dans leur for intérieur, rencontrer un nouvel amant, à défaut d'un compagnon de vie. Et pourtant, elles n'en rencontrent pas.

(Michèle) On se touche, on se tendre, on se caresse, on s'écoute, on se murmure, on échange, on se frôle, on s'explique, on se cherche, on se trouve, on se retrouve, on partage, on s'apaise, on ose, on ose tout, on sème, on s'aime!

(françoise simpère) "on nous parle sans cesse de biodiversité indispensable à la nature, dans les ressources en énergie, de la capacité à changer de travail, et en amour seulement on voudrait imposer la monoculture, qui dessèche et appauvrit les sols comme les sentiments"