C’est ainsi qu’après avoir relégué cette industrie dans l’île de Murano il décréta que, sous aucun prétexte, les verriers ne pourraient quitter l’île, et que la peine de mort serait prononcée contre tout artisan reconnu coupable d’avoir divulgué les secrets de la fabrication. L’impunité n’était même pas assurée au délinquant par sa fuite à l’étranger ; les émissaires du farouche Conseil des Dix savaient l’y retrouver et exécutaient la terrible sentence.
L’application de ces mesures sévères assura à Venise, pendant plusieurs siècles, la suprématie dans la fabrication du verre.
A la prise de Constantinople, les Vénitiens appelèrent les verriers byzantins. En raison de la prodigieuse activité des Vénitiens et des débouchés nombreux que leur commerce étendu leur avait créés, la verrerie devint très florissante, et les produits de Venise acquirent rapidement, dans le monde entier, une réputation justement méritée.
Jaloux de conserver une supériorité que cherchaient à enlever à l’industrie vénitienne les nations voisines, ses tributaires, et désireux tout à la fois de ne pas laisser échapper une source aussi féconde de revenus, le Conseil des Dix édicta les lois les plus rigoureuses.