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4,1

sur 629 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Simone a 20 ans. Issue d'un milieu populaire et désormais bachelière, elle est libre et ambitieuse, un brin révoltée, jolie… Elle a tout pour réussir sa vie, sauf qu'on est en 1940 et qu'"elle se trompe de camp". En effet, la jeune femme travaille pour les nazis, tant pour des raisons économiques (son salaire nourrit toute la famille) qu'emblématiques (elle aime l'ordre et le faste, succombe aux promesses de grande nation). Elle tombe amoureuse d'un officier allemand dont elle aura un enfant. A la libération, Simone est arrêtée, condamnée pour collaboration, tondue.
J'ai lu ce livre comme un bon roman : j'ai aimé cette femme plutôt insouciante et irréfléchie que foncièrement mauvaise. Elle pose aussi un regard impitoyable sur les libérateurs, fustige ceux qui ont retourné leur veste juste à temps ou bien leur chef dont le comportement en privé est intolérable.
Sans aucun manichéisme, Julie Héraclès raconte une époque troublée, où les jugements hâtifs des uns et des autres avaient pris le pas sur l'information et la réflexion.
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Il y'a quelques temps, j'ai vu un reportage sur "la tondue de Chartres" plus particulièrement sur la photo de Robert Capa. Je l'avais trouvé très intéressant.

Ici c'est l'histoire de Simone Grivise (la tondue de Chartres) que l'auteur nous retrace.
Un cas particulier de l'épuration après guerre. Des femmes accusées de collaboration horizontale, tondues et certaines lynchées par la foule.

C'est un roman à lire sans jugement.

Je recommande ce roman, on découvre Chartres et la vie de ses habitants pendant la guerre.
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Julie Héraclès, Vous ne connaissez rien de moi - 2023 -

Journal de lecture - 23 - 24 février 2024 -

« Librement inspiré de la photographie représentant une femme tondue tenant un nourrisson dans ses bras, prise par Robert Capa le 16 août 1944 à Chartres au moment de l'épuration sauvage menée par la population française après la Libération, ce roman met en scène Simone, une femme libre et passionnée qui ne compte pas se laisser abattre par ce déchaînement de haine. Premier roman. » ( Les libraires ) Prix Stanislas 2023 -

La narratrice Simone raconte le parcours qui l'a amenée à devenir une collaboratrice des Allemands dans les années de guerre. Ouf, ça donne un autre son de cloche et c'est difficile, au départ, d'acquiescer à ses positions si on a lu beaucoup de romans sur l'Occupation allemande. Simone a vingt ans, rêve de sortir de son milieu, voit grand et se questionne peu sur la politique toute tournée qu'elle est vers sa réussite personnelle. Cela n'en fait pas un personnage antipathique. Attendons voir comment nous réagirons à l'ensemble du roman. Mais, à mi-chemin déjà, je puis dire que c'est une oeuvre très prenante !

Lecture terminée, je sais que ce roman restera longtemps dans ma mémoire et que je ne raconterai pas ici les principaux faits pour laisser toute la place au suspense et à la découverte des changements intérieurs de Simone. Je l'ai lu avidement avec la soif de savoir, fascinée par les rebondissements de l'intrigue et la dėtermination du personnage principal. Je ne suis habituellement pas amateure des expressions familières dans une narration, mais ici elles collent bien à la narratrice et à sa fougue. Une lecture vraiment marquante pour moi et je vous laisse sur ces mots en exergue du roman et qui résument si bien tout la force du roman et l'impression qu'il m'en reste :

« Les salauds, les saints, j'en ai jamais vu. Rien n'est ni tout noir, ni tout blanc, c'est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c'est pareil… » Philippe Claudel, Les âmes grises.
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Simone attend dans la cuisine.
Elle sait qu'ils peuvent arriver d'un moment à l'autre.
Elle a mis une jolie robe pour rester forte dans l'épreuve qui l'attend.
D'ailleurs, elle ne sait pas vraiment ce qui l'attend.
Tout ce qu'elle sait, c'est que ce qu'on lui reproche était beau et qu'elle le gardera toujours comme un trésor…

Je vous l'avoue tout de suite, il aurait été bien dommage de résister !
J'ai adoré écouter ce roman !
L'autrice s'est inspirée de cette photo de Capa prise à la fin de la guerre à Chartres.
L'histoire est celle d'une jeune fille qui entre dans la vie adulte à une période où rien n'était simple et qui rappelle celle de la photo.
Elle compose avec ses frustrations d'adolescente, ses rêves et ses envies, dans une société où sa place est complexe.
La succession de déceptions, de désillusions va la pousser dans des extrêmes que cette époque rend tragique et c'est finalement une vie bien ordinaire qui nous est racontée ici.
Simone appartient à une classe sociale populaire.
Sa mère a tenté d'en sortir mais sans succès car elle n'a pas les codes, et dans l'école où elle va, on lui fait bien sentir qu'elle devrait être ailleurs.
Alors Simone garde sa révolte, elle couve en elle et quand les Allemands arrivent, elle a un terrain tout trouvé pour laisser libre court à ce qui la hante.
Mais elle est aussi très jeune, en construction, un peu maladroite, elle aime, elle vit, elle choisit mal ses amis.

Nulle pitié cependant dans ces pages.
Le récit est habile et si l'autrice a dû subir les attaques de critiques trouvant que le roman vantait la collaboration, ce n'est pas l'impression que j'ai eu.
Simone est dépeinte avec ses vices et ses défauts.
Elle est volontiers vaniteuse, elle se préoccupe peu de son prochain, elle n'a pas de compassion, si ce n'est pour elle-même.
Elle se fait avoir, mais elle n'en tire que peu de leçon.
Il n'y a rien qui l'excuse si ce n'est la jeunesse (mais cela n'en est pas vraiment une).
Et puis il s'agit d'un roman, le nom de famille de Simone est modifié et rien ne dit que la vraie Simone ait vécu tout cela.

Le texte à la première personne rend l'histoire plus vivante, plus crue.
Les images sont fortes, Simone est humaine, et on le sent bien.

La version audio est à l'image du texte, vivante et forte.
La lecture d'Amélie Belohradsky est fluide, elle permet de bien identifier les personnages et les temps de l'histoire.
A la fin de l'enregistrement, l'entretien avec l'auteur est également une belle idée car cela permet de comprendre plein de choses.
Ces entretiens sont d'ailleurs souvent très riches !

C'est donc un vrai coup de coeur pour ce premier roman dont il faut espérer qu'il ne soit pas le dernier !
Lien : https://lirerelire.blogspot...
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Avant de publier, j'ai pris connaissance de certaines critiques qui, pour les plus sévères, accusent l'auteur de ce livre de ne pas avoir fait état de la vraie histoire de la tondue de Chartres. En quelque sorte, elle est accusée d'imposture historique du moins biographique. Je me souviens avoir lu avant même le début de ce roman une préface expliquant qu'il ne s'agissait pas d'une oeuvre biographique mais d'un roman s'inspirant de la vie de la tondue de Chartres. de fait, j'ai exclu dès le départ une lecture historique et ce d'autant plus que pour en être assez friande je sais que dans roman historique il y a roman, un style qui laisse souvent la part belle à l'imaginaire.
Pour en revenir à l'essentiel, je dois dire que j'ai été totalement happée par la lecture de ce roman construit en courts chapitres alternant passé et présent de la vie de Simone. le sentiment qui me vient en posant cet ouvrage c'est qu'effectivement il n'y a pas de blanc ou de noir, ce qui prédomine c'est souvent le gris. Vous ne me connaissez pas est à mon sens une grande leçon d'humilité. Nous ne savons pas ce que nous aurions fait à certains moments de l'histoire et asséner que notre position aurait été irréprochable ou encore juger sans connaître est un manque total de recul sur le genre humain et les chemins que l'instinct de survie peuvent nous offrir. Simone naît dans le dénuement, souffre d'humiliations dans sa jeunesse et voit dans le national-socialisme un rêve américain, un eldorado. Ayant faim de reconnaissance et faim tout court, elle oeuvrera pour trouver une place lors de l'occupation allemande toutefois, elle sera horrifiée par les crimes de l'Allemagne nazie. Alors oui vous me direz, par son action Simone participe à ces crimes, oui son inaction parfois les facilitera, mais notre auteur nous rappelle avec Simone combien le rejet de l'autre, les positions extrêmes sont souvent le fruit de la misère. Merci à Julie Heracles pour son roman, merci à elle de nous rappeler que nous ne sommes que des hommes avec nos faiblesse et que quoi qu'on en dise l'effet papillon conduit parfois à des positions inhumaines. Ignorer cet état de fait en jugeant ne permettra pas d'éviter que ces horreurs se reproduisent.
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«Aujourd'hui, les vainqueurs ont changé de camp. Je n'aurai droit à aucune clémence. La pute du Boche va être butée. »

Ce roman a pour point de départ la célèbre photo de Simone Touseau, la "Tondue de Chartres", prise par Robert Capa le 16 août 1944. Cette image est rapidement devenue emblématique de l'épuration sauvage qui a marqué la fin de l'Occupation en France. Ce roman est une fiction et si l'auteure décide de conserver le prénom de Simone, elle change le nom de famille par Grivise.

Julie Héraclès construit son récit en alternant deux narrations : l'une relatant la fameuse journée du 16 août 1944, des pages pleines de tension, l'autre revenant sur son enfance et les années qui ont précédé ce jour terrible, qui nous éclaire un peu plus sur les raisons de ses choix et de ses actes.
Simone subit moqueries et humiliations, et « une drôle de boursouflure commence à me pousser du côté du coeur. Une poche remplie de bile, acide. La terre entière me débecte. » Habitée par la haine, elle veut se venger et voit dans la présence des Allemands le moyen d'y parvenir. Elle choisit son camp pendant l'Occupation et devient traductrice pour les Allemands.

Mais sa rencontre avec Otto Weiss bouleverse sa vie. Officier de la Wehrmacht, il n'est pas nazi dans l'âme et tente de lui ouvrir les yeux sur les crimes commis au nom de cette idéologie.

Le véritable défi de son roman était de trouver la "voix" de Simone. La relecture des romans de Céline a incité Julie Héraclès à lui donner cette voix nerveuse, argotique, voire vulgaire. Ce langage moderne peut paraître anachronique, mais il ne l'est pas. Et me concernant, c'est ce ton direct et incisif qui m'a happée dans l'histoire de Simone.

Une lecture singulière, bouleversante, qui interroge l'humanité. J'ai dévoré ce roman, véritable coup de coeur, en deux jours !
Lien : https://lavaliseauxlivres.wi..
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Un roman qui met en rage, et fait passer son lecteur par toutes les nuances de la colère et du chagrin... mais pas que. La couleur est annoncée dès le début : l'histoire, contée par son héroïne Simone, c'est celle de la "tondue de Chartres", cette femme immortalisée par un cliché de Robert Capa en 1944, marchant le crâne rasé au milieu d'une foule qui s'amuse de son sort, tandis qu'elle n'accorde d'attention qu'à son nourrisson. Il n'y a donc pas de surprise sur le dénouement, et le roman entrelace la narration de cette terrible journée d'août 1944 avec la trajectoire de Simone depuis l'enfance.
J'ai ressenti deux parties qui s'enchaînent naturellement : d'abord, de l'enfance à 1942. Une plongée dans la France provinciale de l'entre-deux-guerres. Simone grandit entre un père effacé dont on ne saura jamais trop ce que la guerre de 14 lui a fait, et une mère qui fait payer ses frustrations à son entourage. La crise économique amène son cortège de faillites et de jalousies ; certains cherchent des responsables à blâmer, murmurent contre "les Juifs et les métèques" et rêvent d'un homme fort qui redressera le pays. Pendant ce temps Simone, intelligente mais fille d'épiciers, se trouve en butte aux vexations de ses camarades de classe, puis rêve d'amour, et tombe de haut. Révoltée, l'adolescente développe un tempérament de feu, aspire à la liberté et à l'indépendance ; pour le plaisir de choquer tous ces gens qui la piétinent et qu'elle méprise, elle rêve de la "grande Allemagne" qui monte outre-Rhin, apprend l'allemand, où elle excelle. Il n'y a que deux lumières dans ce cortège de petitesses et d'humiliations : Madeleine, la grande soeur de Simone, mal-aimée par leur mère mais d'une loyauté et d'une gentillesse à toute épreuve, et Colette, sa seule amie au collège. Arrive la guerre.
Simone voit l'arrivée des troupes d'occupation comme un changement bienvenu : son opportunité pour une vie meilleure, peut-être. La famille a besoin d'argent, elle se fait engager comme traductrice auprès des autorités allemandes à Chartres.
Et là, arrive Otto. À partir de 1942, la trajectoire de Simone s'infléchit inexorablement vers le drame que l'on devine au bout, et pourtant à cette ombre se mêle enfin une vraie lumière. L'amour donné, reçu, le respect, tout ce qui a manqué jusque-là. Simone s'adoucit, mûrit, prend petit à petit conscience des horreurs qu'elle ne voulait pas voir. Tente de vivre malgré tout, d'être heureuse avec l'homme qu'elle aime. L'Histoire en décidera autrement. On ne sort pourtant pas meurtri du voyage, enfin pas trop. La flamme qui anime Simone brille fort au-dessus du bourbier de l'épuration. Et permet au lecteur de ne pas désespérer du genre humain.
Pour finir, le roman est à remettre en perspective par une recherche sur la bien réelle Simone Touseau, dont la Simone fictive s'inspire et donne une image peut-être plus innocente qu'elle ne l'a réellement été.
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Lu pour le prix Summer 2024

Un roman qui fait polémique.. .
Je l'ai lu comme il est annoncé : un roman dont les événements sont pure fiction...et non un livre historique.

L'autrice a imaginé à partir d'une photo prise e 1944 le personnage de Simone Grive.
Cette femme a été tondue à la libération...
Elle raconte l'enfance de Simone Grivise, une enfant intelligence, ambitieuse, qui en grandissant est fascinée par l'Allemagne.
Elle a soif de réussite..elle n'hésite pas à se venger si on ne l'a respecte pas, elle n'a pas froid aux yeux. Elle accepte de travailler pour la Feldkommandantur et tombe amoureuse d'un Allemand , Otto, dont elle sera enceinte.

Simone est une femme très complexe, elle est intelligente, mais elle ne se rend pas compte des mensonges des Allemands et elle n'imagine pas ce qui se passe réellement, car le pire est inimaginable. Pendant tout le roman on est dans la tête de Simone, on vit avec elle, on suit ses idées, ses reflecions.

C'est un livre bouleversant, j'ai beaucoup aimé le style de l'autrice. le roman est très bien rythmé et j'ai beaucoup aimé l'écriture.
Un personnage que j'ai vraiment apprécié c'est Madeleine la soeur de Simone, une soeur comme on aimerait avoir qui conseille et toujours présente dans les moments difficiles. Pour moi, ce premier roman est une réussite et mon premier coup de coeur de l'année !
Je l'ai dévoré.
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Magnifique ! Ce roman raconte l enfance, la jeunesse et la vie de jeune femme de Simone à Chartres dans les années 40 et pendant la guerre. On y découvre ses blessures, sa vision de la guerre et surtout son amour très beau pour cet officier. La guerre les sépare et les plonge dans des souffrances qui vont bien au delà de l armistice.
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Ah, mais quel livre audio incroyable ! Premier coup de ❤️ de l'année et merci à Netgalley et à audiolib pour m'avoir permis de découvrir cette pépite !

Vous ne connaissez rien de moi raconte l'histoire romancée de Simone Touseau, la tondue de Chartres, devenue tristement célèbre le 16 Août 1944, et immortalisée par le photographe Robert Capa. Cette photographie l'immortalise avec sa fille, Catherine, un bébé de quelques mois, alors qu'elle vient d'être tondue après avoir été accusée de collaboration et d'avoir entretenue une relation amoureuse avec un allemand. Julie Héraclès nous raconte donc l'histoire de Simone Trivise, (renommée dans le roman), une jeune femme qui a choisi le camp allemand, passionnée, orgueilleuse, avec une haute opinion d'elle même, et qui finira même par avoir honte de son pays et de ses concitoyens.

Ce roman a fait polémique ! On a reproché à l'autrice de vouloir réhabiliter la vraie Simone Touseau. Mais en lisant ce livre, je n'ai pas eu l'impression d'assister à une réhabilitation.
Au contraire, l'autrice met en avant une jeune femme complexe et arrogante, qui ne pardonne rien. Après avoir subi quelques humiliations et quelques peines, elle choisit le camp allemand et ne le regrette pas une seule fois. L'autrice nous propose un véritable roman historique, parfaitement bien documenté, qui nous permet de voir la seconde guerre mondiale, du côté collabo. Elle nous présente l'avant guerre et la guerre, comme je l'avais rarement vu : les dénonciations, la collaboration, le service de travail obligatoire (STO), l'administration allemande de l'époque, la période de l'épuration à la libération, etc.

Ce récit est à la fois bouleversant et captivant. Même si j'ai trouvé Simone antipathique, je me suis plongée dans son quotidien sans aucune difficulté. L'écriture de l'autrice est presque orale. Simone, qui est la narratrice, emploie un language populaire, parfois vulgaire, ce qui donne un réalisme incroyable au roman.

Vous ne connaissez rien est un roman historique remarquable, d'une intensité saisissante ! Cette plongée en plein coeur de Chartres, cette ville occupée, adulée pour sa cathédrale vaut clairement le détour !
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