Nous sommes sous l'influence de ma licorne, animal lunaire, fille de la nuit et de l'univers féminin...Le cerf est annonciateur de lumière, soleil levant montant vers son zénith. De par ta nature et ma tutelle, tu es déjà un familier de la lune, il te reste à conquérir seul ta force virile.
La possession des choses se nourrit des symboles qu'on y attache.
Un rire ténu accompagne Estéban lorsqu'il se penche pour se rafraîchir dans l'eau claire.
Qui se moque ainsi de lui ? Rien de visible, mais une voix flûtée chantonne :
— Par la magie du Faith fiada, qui, de l'homme ou du cerf, se présente ici ?
Estéban ne sait que répondre. Le rire reprend de plus belle.
Lorsqu'il aperçoit la licorne, elle se tient au loin près de la cascade, sous le voile de la brumisation qui teinte sa blancheur d'arcs-en-ciel.
Voyant Estéban s’assombrir, Marianne ajoute :
― Mais nous sommes liés, tous les trois… Une sorte de transfert en triangle d’amour de nos énergies… Il nous faudra encore beaucoup d’existences pour parvenir au terme de cette étrange alliance…
Puis, elle rit :
― Tu voudrais toujours agir en parfaite innocence comme s’il n’y avait jamais aucune conséquence à tes actes… Tiens, crois-tu prudent de venir visiter mes rêves : tu pourrais toujours y figurer en bonne place !
Estéban regarde Marianne et voit que sa pause abandonnée a pris une aura voluptueuse.
Mais elle rit encore, se moquant de lui :
― Quels que soient mes fantasmes, je ne te laisserais pas y accéder ! Tu ne le mérites plus… Tu gardes juste la possibilité de rester le Prince de ces lieux, ultime refuge dont l’hôtesse en est ta Marraine la fée. Maintenant, pars ! D’autres visions t’appellent…