La mélodie du vent
Ce jour, j'ai entendu la mélodie du vent
Je le croyais auteur, il n'était qu'instrument
Mélodie déposée au creux de mon oreille
Arrivait c'est certain du pays des Merveilles.
J'étais à me laisser porter par le courant…
Du flot de mon chagrin, devant ta sépulture
Mon âme mise à nue, sans fards, sans armure…
Scrutait le marbre lisse et le poids du néant.
La froidure du temps paralysait mon corps
À lever le regard, je devais faire effort
C'est alors que le son me parvint aux oreilles
La symphonie du vent me parlait ton éveil.
Je le croyait auteur, il n'était qu'instrument
Impossible à saisir, sortait-il du levant ?
C'est un souffle de vie guidé par une main
Que ce souffle divin sur ta tombe au matin.
p.12
Tu ressembles au printemps
Tu ressembles au printemps et tu dois revenir !
Puisque tout recommence avec cette saison
Le soleil et les fleurs seront dans la maison
Si avec le printemps me revient ton sourire.
Tu ressembles au printemps, à sa prime jeunesse
Tu accueilles en ton sein, berceau du renouveau
Les délicats rayons du soleil… la caresse…
Chauffant sans la rider, de la terre, la peau.
Puisque tu lui ressembles éclatant de promesses
Quand tapisse à mes pieds ce délicat gazon
Où fourmillent de vie, jeunes pousses, à foison…
Surprises et étourdies, par autant de hardiesse.
Tu ressembles au printemps ! Et voici le troisième…
Qui arrive, je le sais, je connais bien son nom
Mais ne dissocie plus des autres la saison
Le printemps est sous terre ! Vite, que tu reviennes !
p.10
Louer ton âme en musique
Les mots ne seront jamais assez beaux
Pour parler de ton âme magnifique
Il me faudrait les écrire en musique…
Écoute ces notes d'Ouverture vers le haut.
À tes jeunes années, Prélude pour piano
Très vite en Harmonie, tu allas Crescendo
Et ta tonalité n'avait rien de Nocturne…
Tu préférais soleil… Pourtant ceux de Chopin…
Entrainaient… bien souvent dès le petit matin
Tes doigts sur le piano, tel un mouvement diurne…
Ont trouvé le Tempo, ta vie Prestissimo
Composé, orchestré, tu étais bien Maestro
Mais un jour suspendu, un terrible Impromptu
Une Fugue mortelle que tu n'a pas voulue…
Ce Requiem, mon fils, que tu aimais tant,
N'aura pas attendu, pour toi, la Valse des ans.
p.39
Une énigme
Voilà bien une énigme ce qui nous fait tenir
Comme une anesthésie nous protégeant du pire
Notre cerveau figé pour ne pas tomber fou
C'était ton enterrement et j'ai tenu debout !
Hébétée, engloutie par la cérémonie
« Pour Mignon » de Schumann mes oreilles asservies
Le temps ne comptait plus, j'aurai pu rester là
C'était ton enterrement et je ne pleurais pas !
Ce vingt six de septembre une partie de ma vie
S'est glissée près de toi, éternellement enfouie
Ton cercueil sur l'autel, je me dois d'être forte
C'était ton enterrement et je ne suis pas morte !
p.30
Des larmes d'amour
De velours frappé
De nacres irisées
La rose au matin
Aux portes de l'âme
Ouvre le sésame
De son cœur écrin
De la fleur éclose
Paupières mi-closes
Exhalent un parfum
Des larmes pétales
Perlent à ses joues pâles
Tracent leur chemin
Des larmes d'amour
Des larmes velours
Déversent sans fin
Flagrance d'espoir
Et de désespoir
Comme est le chagrin
p.38