Citations sur Demian (193)
Je ne sais si, une fois, il sera accordé à vous, à moi, et à quelques autres ; de renouveler le monde – cela, nous le verrons. Mais nous devons le renouveler chaque jour en nous, sinon nous n’arriverons à rien.
Aussi, c’est à chacun de rechercher ce qui lui est « permis » et ce qui lui est « défendu », défendu en propre. On peut ne jamais rien faire de défendu et, cependant, être un grand coquin, et le contraire est possible également.
On adore en Dieu le Père de toute vie et, d’autre part, l’on tait purement et simplement la vie sexuelle sur laquelle repose pourtant l’existence elle-même, et on déclare qu’elle est péché et œuvre du Diable.
L'oiseau cherche à se dégager de l'œuf. L'œuf est le monde. Celui qui veut naître doit détruire un monde. L'oiseau prend son vol vers Dieu. Le Dieu se nomme Abrax.
Nous parlons trop, dit-il, avec un sérieux inaccoutumé. Les trop sages discours n'ont aucune sorte de valeur, aucune. En discourant ainsi, l'on ne parvient qu'à s'éloigner de soi-même.
Je vois que tu penses davantage que tu ne peux l'exprimer. S'il en est ainsi, sache que tu n'as pas entièrement vécu ce que tu as pensé, et cela n'est pas bien. Seule la pensée que nous vivons a une valeur.
Ces hommes qui se rassemblent si anxieusement sont pleins de crainte et de méchanceté. Aucun d'eux ne se fie à l'autre. Ils restent attachés à des idéaux qui n'en sont plus et lapident celui qui en révèle un nouveau.
Les choses que nous voyons sont les mêmes que celles qui sont en nous. Il n'est pas d'autre réalité que celle que nous portons en nous-mêmes. C'est pour cela que la plupart des hommes vivent de façon aussi irréelle, tenant les images extérieures pour la réalité et ne laissant pas s'exprimer le monde qui est en eux. Cela n'empêche pas d'être heureux. Mais lorsqu'on connaît l'autre aspect, on n'a plus le choix de suivre le chemin de la majorité.
La vie de chaque homme est un chemin vers soi-même, l'essai d'un chemin, l'esquisse d'un sentier. Personne n'est jamais parvenu à être entièrement lui-même; chacun, cependant, tend à le devenir, l'un dans l'obscurité, l'autre dans la lumière, chacun comme il le peut.
« Comme je suis heureux ! lui dis-je et je baisai ses mains. Il me semble avoir été en chemin ma vie entière et, maintenant, être arrivé à la maison. »
Elle eut un sourire maternel.
« Jamais on n'arrive à la maison, dit-elle amicalement, mais, là où des chemins amis se rencontrent, on a l'impression passagère que le monde entier est transformé en patrie. »