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Citations sur Demian (193)

C’est alors que, grâce à un « hasard », comme on dit, je trouvai un refuge spécial. Mais il n’est point de hasard. Lorsque un homme trouve une chose qui lui est nécessaire, ce n’est pas au hasard qu’il le doit, mais à lui-même. C’est son propre besoin, son propre désir qui la lui procure.
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Le véritable Demian était celui que je contemplais en ce moment : de pierre, antique, animal, beau et froid, pétrifié, inanimé et secrètement plein d’une vie mystérieuse. Et tout autour de lui, ce vide silencieux, cet éther, cet espace sidéral, cette mort solitaire.
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Nous parlons trop, dit-il, avec un ton sérieux inaccoutumé. Les trop sages discours n’ont aucune sorte de valeur, aucune. En discourant ainsi, l’on ne parvient qu’à s’éloigner de soi-même. Or s’éloigner de soi-même est un péché. L’on doit pouvoir se retirer en soi, comme une tortue dans sa carapace.
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Peu soucieux de gloires mondaines, Hesse ne s’en chagrinait pas. Dans son ermitage sylvestre de Montagnola, dans le Tessin, il aspirait surtout à vivre en harmonie avec l’ordre du monde et à posséder la gloire intérieure.
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Hermann Hesse condamne également la philosophie hégélienne de l’histoire où le devenir se fait nécessité, le nietzschéisme mal compris dont les nazis se sont prévalus, la déification de la machine, la confusion intellectuelle née du désordre de nos connaissances et de la spécialisation à outrance, enfin l’amoralité et les appétits belliqueux. Hesse ne donne qu’une règle : « Rentre en toi-même et médite ! » Libre à nous de faire de cette prescription un principe, une règle de conduite, un idéal.
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Ce n’est pas le mal travesti en bien à la manière de Sade qu’il lui propose, mais une conception dangereusement élargie du bien. Il s’agit de concilier le divin et le démoniaque comme le font les initiés d’Abraxas, cette divinité qui est à la fois Jéhovah et Satan. Jéhovah ne représente que la moitié du monde, la moitié permise, lumineuse. Mais l’ombre aussi est digne de notre vénération.
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De même que la plupart des hommes, je ressentais le lent éveil de la sexualité comme ennemi, destructeur, interdit, comme une tentation et un péché. Ce qui excitait ma curiosité, ce qui me faisait rêver et me procurait à la fois volupté et tourment, le grand mystère de la puberté, ne cadrait pas du tout avec ma vie paisible d’enfant heureux, si bien entourée et protégée. Je fis comme tous. Je menai la double existence de l’enfant qui n’est plus un enfant
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Si la destinée humaine est mort et renaissance, beaucoup ne l’expérimentent que cette unique fois dans leur vie, alors que notre enfance se désagrège et, peu à peu, se détache de nous, alors que nous sommes abandonnés de tout ce qui nous était cher et que, tout à coup, nous sentons autour de nous la solitude glacée de l’univers. Et beaucoup demeurent pour toujours cramponnés à l’un de ces débris et, douloureusement, s’accrochent à un passé qui ne reviendra plus, au rêve du paradis perdu, le pire des rêves, le plus meurtrier.
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Lorsqu’un animal ou un homme tend toute son attention, toute sa volonté sur un but défini, alors il ne peut manquer de l’atteindre. C’est là tout.
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Chaque fois, je le regarde fixement, ce que, la plupart du temps, les gens ne supportent pas. Cela ne manque jamais de les troubler. Si tu veux obtenir quelque chose de quelqu’un, tu n’as qu’à le regarder à l’improviste tout à fait fixement dans les yeux, et s’il ne bronche pas, renonces-y. Tu n’obtiendras jamais rien de lui.
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Ce Dieu, celui du Nouveau comme de l’Ancien Testament, est sans doute une figure très haute et très belle, mais il n’est pas tout ce qu’il devrait être. Il est le Bien, le Beau, le Père céleste, l’Amour, rien de plus vrai ! Mais l’univers n’est pas fait de cela seulement ; or, le reste on l’attribue tout simplement au Diable, et ainsi, l’on escamote et passe sous silence toute cette seconde moitié du monde. On adore en Dieu le Père de toute vie et, d’autre part, l’on tait purement et simplement la vie sexuelle sur laquelle repose pourtant l’existence elle-même, et on déclare qu’elle est péché et œuvre du Diable. Que l’on vénère ce Dieu Jéhovah, je n’y vois aucune objection. Mais il me semble que nous devrions vénérer tout ce qui existe et considérer comme sacré l’univers tout entier, pas seulement cette moitié officielle, artificiellement détachée du tout. Aussi, devrions-nous, outre le culte de Dieu, célébrer le culte du Diable, ou plutôt, l’on devrait avoir un Dieu qui contînt le Diable en lui, et devant lequel l’on n’eût pas à fermer les yeux quand se passent les choses les plus naturelles du monde. »
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Je vois que tu penses davantage que tu ne peux l’exprimer. S’il en est ainsi, sache que tu n’as pas entièrement vécu ce que tu as pensé, et cela n’est pas bien. Seule la pensée que nous vivons a une valeur
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Nous parlons trop, dit-il, avec un sérieux inaccoutumé. Les trop sages discours n’ont aucune sorte de valeur, aucune. En discourant ainsi, l’on ne parvient qu’à s’éloigner de soi-même. Or, s’éloigner de soi-même est un péché. L’on doit pouvoir se retirer en soi, comme une tortue dans sa carapace.
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Ce qu’il adviendrait de moi m’était complètement indifférent. D’une façon particulière et peu élégante, j’étais entré en conflit avec le monde. C’était là ma forme de protestation. Je savais qu’ainsi je ruinais mon existence et parfois je considérais la situation de la façon suivante : si le monde ne pouvait utiliser des êtres tels que moi, s’il ne pouvait leur offrir de meilleure place, de tâche plus élevée, eh bien ! les hommes tels que moi ne pouvaient que se perdre. Tant pis pour le monde !
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La vie d’un buveur et d’un libertin est sans doute plus vivante que celle d’un bourgeois irréprochable. Et puis – j’ai lu cela quelque part – la vie d’un débauché est la meilleure préparation à la vie d’un mystique. Ce sont toujours des gens tels qu’un Augustin qui deviennent des saints. Il était aussi un viveur et un jouisseur.
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L’oiseau cherche à se dégager de l’œuf. L’œuf est le monde. Celui qui veut naître doit détruire un monde. L’oiseau prend son vol vers Dieu. Ce Dieu se nomme Abraxas
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Vous m’avez raconté, me dit-il un jour, que vous aimiez la musique parce qu’elle n’est pas morale. Mais, vous-même, ne soyez pas non plus un moraliste. Vous ne devez pas vous comparer aux autres, et si la nature a voulu faire de vous une chauve-souris, vous ne devez pas aspirer à devenir une autruche. Il vous arrive de vous trouver étrange, de vous reprocher de ne pas suivre la même voie que les autres. Défaites-vous de cette pensée ! Contemplez le feu, contemplez les nuages, et dès que les pressentiments seront venus et que la voix de votre âme commencera à parler, écoutez-les, sans vous demander auparavant si cela plaît à monsieur le professeur ou à monsieur votre papa, ou à un bon Dieu quelconque, car de cette façon, l’on nuit à soi-même ; l’on finit par ressembler aux gens du trottoir et par devenir un fossile. Mon cher Sinclair, notre Dieu se nomme Abraxas, et il est Dieu et Satan à la fois. Il renferme en lui le monde lumineux et le monde sombre. Abraxas n’est contraire à aucune de vos pensées, à aucun de vos rêves, ne l’oubliez jamais ! Mais il ne manquera pas de vous abandonner dès que vous serez devenu un être sans reproche et normal. Alors, il vous plantera là et cherchera un autre vase pour y déposer ses pensées.
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Vous avez dix-huit ans. Vous ne courez pas les filles. Vous devez avoir des rêves d’amour, des désirs d’amour. Peut-être sont-ils de telle nature que vous en êtes effrayé. N’en ayez point peur ! Ils sont ce que vous avez de meilleur. Vous pouvez me croire. J’ai beaucoup perdu du fait qu’à votre âge j’ai violenté mes rêves d’amour. Cela, il ne le faut pas. Quand on connaît Abraxas on n’en a plus le droit. Il n’est aucun désir de notre âme que nous devions craindre ou considérer comme défendu.
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La communauté en soi, dit Demian, est belle. Mais ce que nous voyons partout se développer, ce n’est pas la communauté véritable. Elle naîtra du rapprochement de certains individus et elle transformera le monde pour quelque temps. Ce qu’on appelle communauté n’est que formation grégaire. Les hommes se réfugient les uns auprès des autres parce qu’ils ont peur les uns des autres. Chacun pour soi les patrons pour eux, les ouvriers pour eux, les savants pour eux ! Et pourquoi ont-ils peur ? L’on a peur uniquement quand on n’est pas en accord avec soi-même. Ils ont peur parce qu’ils ne sont jamais parvenus à la connaissance d’eux-mêmes. Ils se rassemblent parce qu’ils ont peur de l’inconnu qui est en eux. Ils sentent que leurs principes sont surannés, qu’ils vivent d’après de vieilles Tables de la Loi et que ni leurs religions ni leurs morales ne répondent aux nécessités présentes
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Il me semble avoir été en chemin ma vie entière et, maintenant, être arrivé à la maison. » Elle eut un sourire maternel. « Jamais on n’arrive à la maison, dit-elle amicalement, mais, là où des chemins amis se rencontrent, on a l’impression passagère que le monde entier est transformé en patrie. »
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Nous, les porteurs du signe, pouvions à bon droit passer aux yeux du monde pour étranges, insensés et dangereux. Nous étions des hommes éveillés ou en train de s’éveiller et nous aspirions à le devenir toujours plus complètement, tandis que les efforts des autres, leur recherche du bonheur, consistaient uniquement à adapter leurs opinions, leurs idéaux, leurs devoirs, leur vie et leur bonheur à ceux du troupeau. Chez eux, aussi, il y avait effort, force et grandeur. Mais alors que, selon notre conception, nous, les porteurs du signe, nous incarnions la volonté de la nature dirigée vers l’avenir, le nouveau, l’individuel, eux, s’étaient fixé comme but le maintien du passé. Pour eux, l’humanité – qu’ils aimaient comme nous l’aimions – représentait quelque chose d’achevé qui devait être conservé et protégé. Selon nous, l’humanité représentait un avenir lointain vers lequel nous étions en marche, dont l’image n’était connue de personne et les lois écrites nulle part.
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Je n’étais pas destiné à vivre dans la plénitude et le bien-être. J’avais besoin d’être harcelé et tourmenté. Je sentais que bientôt je m’éveillerais de ces belles images d’amour et que je me retrouverais seul, tout seul, dans le monde glacé des autres, où il n’y aura plus pour moi ni paix, ni vie en commun, mais solitude ou combat.
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L'amour ne doit pas prier, mais il ne doit pas exiger non plus. L'amour doit être assez puissant pour devenir une certitude. Alors au lieu d'être attiré, il attire.
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La vie de chaque homme est un chemin vers soi-même, l'essai d'un chemin, l'esquisse d'un sentier. Personne n'est jamais parvenu à être entièrement lui-même; chacun, cependant, tend à le devenir, l'un dans l'obscurité, l'autre dans plus de lumière, chacun comme il peut.
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Le cœur glacé, je dus voir se détacher de moi, et devenir passé, ma vie innocente et heureuse, et sentir l’autre vie pousser en moi des racines nouvelles, avides, qui m’attachaient au monde des ténèbres.
Pour la première fois, je goûtai la mort, et la mort est amère, car elle est naissance, angoisse, effroi d’un renouvellement terrible. 
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Mon histoire n’est pas agréable à lire. Elle n’est pas douce et harmonieuse comme les histoires inventées. Elle a un goût de non-sens, de folie, de confusion et de rêve, comme la vie de tout homme qui ne veut plus se mentir. 
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« Comme je suis heureux ! lui dis-je et je baisai ses mains. Il me semble avoir été en chemin ma vie entière et, maintenant, être arrivé à la maison. »
Elle eut un sourire maternel.
« Jamais on n'arrive à la maison, dit-elle amicalement, mais, là où des chemins amis se rencontrent, on a l'impression passagère que le monde entier est transformé en patrie. »
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C'est alors que l'âme célèbre son jour de fête ; c'est alors qu'il vaut la peine de vivre ! Rien dans la rue, aucune maison, aucun étalage, aucun visage ne me choquait. Tout était comme il le fallait, mais ne présentait pas la face vide du quotidien, de l'habituel ; au contraire, tout était nature en attente et se tenait prêt, plein de respect devant la destinée. Lorsque j'étais enfant, c'est ainsi que m'apparaissait le monde le matin des grandes fêtes, à Noël et à Pâques. J'avais oublié que le monde pût être si beau.
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