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Citations sur Carol (10)

Alors Carol glissa son bras sous le cou de Therese, et leurs deux corps se touchèrent sur toute leur longueur, accordés comme une harmonie préétablie. Le bonheur était pareil à une vigne verte qui se répandait en elle, poussant de fines ramilles, éclosant des fleurs dans sa chair. Elle avait la vision d’une fleur d’un blanc pâle, tremblante comme si elle était vue dans l’obscurité ou à travers l’eau. Pourquoi les gens parlaient-ils du Ciel, se demanda-t-elle ?
« Dors », dit Carol.
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Janvier était tout. Et janvier était unique, une porte massive. Son froid emprisonnait la ville dans une bulle grise. Janvier était des instants et janvier était une année. Il entraînait les instants dans sa pluie et les figeait dans la mémoire de Therese : la femme qui grattait une allumette, à la recherche d’un nom sous une porte cochère, l’homme qui griffonnait un message à son ami au moment de la séparation, celui qui courait après un autobus et sautait sur le marchepied. Chaque geste humain semblait empreint de magie. Janvier, le mois aux deux visages, clochettes de bateleur, craquements de neige roide, pur comme tout commencement, grimaçant comme la vieillesse, mystérieusement familier et en même temps inconnu, tel le mot qu’on va saisir et qui vous échappe.
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Il y eut cependant des jours ou, en voiture, elles se promenèrent seules dans les montagnes, à la découverte. Une fois, elles tombèrent sur un village qui les charma et y passèrent la nuit, sans pyjama ni brosse à dents, sans passé ni futur, et cette nuit fut une de leurs îles dans le temps, préservée quelque part, dans le coeur ou la mémoire, intacte et absolue. Peut-être n'était-ce rien d'autre que le bonheur, pensa Therese, un bonheur total, rare sûrement, si rare que la plupart des gens ne devaient jamais le rencontrer. Mais si c'était simplement le bonheur, alors il avait dû dépasser les limites ordinaires et se muer en autre chose, une sorte de pression excessive, au point que le poids d'une tasse de café dans sa main, la rapidité d'un chat traversant le jardin, le choc silencieux de deux nuages, semblaient presque plus qu'elle ne pouvait en supporter. Et, de même qu'un mois auparavant elle n'avait pas compris le phénomène du bonheur soudain, elle ne comprenait pas son état présent, qui semblait un au-delà. C'était plus souvent pénible qu'agréable et elle craignait de souffrir de quelque handicap propre à elle seule. Elle avait aussi peur, par moments, que si elle marchait la colonne vertébrale brisée. Lorsqu'elle avait la tentation de s'en ouvrir à Carol, les mots se dissolvaient avant qu'elle pût les prononcer, tant elle manquait de confiance dans la normalité de ses réactions, uniques peut-être, que même Carol, alors, ne pourrait comprendre.
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Elle n'était toujours pas amoureuse de lui après dix mois de fréquentation et sans doute ne le serait-elle jamais. Il était pourtant la personne qu'elle aimait le plus, non pas de tous les gens qu'elle avait connus, mais du moins de tous les hommes. Parfois, elle se croyait amoureuse de lui, lorsqu'elle se réveillait le matin et contemplait le plafond, se rappelait brusquement la présence de Richard dans sa vie, son visage rayonnant après quelque geste tendre de sa part. Elle y croyait tant que son esprit vacant n'émergeait pas du demi-sommeil pour se laisser envahir de préoccupations concrètes telles que l'heure, le programme de la journée, tout ce qui fait la substance solide de l'existence. Ce qu'elle ressentait alors ne ressemblait pourtant pas à ce qu'elle avait entendu dire de I'amour. L'amour, disait-on, était un état de béatitude proche du délire.
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Son parfum, à nouveau, parvint à Therese, clair-obscur, légèrement sucré, évocateur d’une soie vert sombre, un parfum qui lui appartenait en propre comme à une fleur. Therese se pencha vers le parfum, les yeux baissés sur son verre. Elle aurait voulu bousculer la table et se jeter dans les bras de cette femme, enfouir son visage dans son écharpe vert et or.-
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Mon ange tombé du ciel.
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Son parfum, à nouveau, parvint à Therese, clair-obscur, légèrement sucré, évocateur d'une soie vert sombre, un parfum qui lui appartenait en propre comme à une fleur.
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Elles se regardèrent au même instant. Therese avait levé les yeux de la boîte qu’elle était en train d’ouvrir et la femme venait de tourner la tête vers elle. Elle était grande et blonde, longue silhouette gracieuse dans un ample manteau de fourrure qu’elle tenait entrouvert, la main posée sur la hanche.
Ses yeux étaient gris, décolorés et pourtant lumineux comme le feu, et ceux de Therese, captifs, ne purent s’en détacher.
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Je me demande si tu vas vraiment aimer ce voyage, dit-elle. Tu préfères tellement le reflet des choses, non ?
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La perle qui frémissait à son oreille ressemblait à une goutte d'eau qu'un souffle aurait pu détruire.
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