Joli coup de coeur pour ce roman choisi au hasard (surtout à cause de Nantucket dans le titre ! et de l'année 69)
Une chronique douce-amère qui aborde plusieurs thèmes, et dans laquelle on se sent si bien que j'ai vraiment du mal à quitter l'île.
Je précise qu'il est possible qu'une partie du très grand plaisir que j'ai pris à cette lecture soit dû à des causes personnelles.
Boston, d'une part, et ces îles mythiques que je ne connais pas - je ne suis allée que jusqu'à Cap Cod - mais qui m'attirent terriblement. L'année 69 d'autre part, et toutes les réminiscences sur cette période.
Je ne sais pourquoi tous les romans (que je connais) qui se passent dans ces îles du Massachusetts, quel qu'en soit l'auteur, ont une ambiance particulière qu'on retrouve d'un à l'autre, l'ambiance Martha's Vineyard ?
Un été très particulier que cet été 69 pour toute la famille de Jessie. Famille qui se retrouvait habituellement chaque année à Nantucket, dans la maison d'une grand-mère très rigide.
Hélas, cette année-là, Jessie se demande comment elle va survivre à l'été, seule avec cette aïeule qu'elle a du mal à aimer.
Car sa soeur aînée, enceinte, a dû rester à Boston et leur mère doit bientôt l'y rejoindre. Leur autre soeur, la contestataire (on est un an après 68, et juste avant Woodstock) abandonne Nantucket pour Martha's Vineyard, par besoin de s'éloigner et de prendre son indépendance.
Mais surtout, Tiger le frère bien-aimé, vient de partir pour la guerre du Viêt-Nam, et l'angoisse est constante pour tous.
De surprises en imprévus, l'été ne va pas être aussi calme et solitaire que prévu.
Nous suivons à tour de rôle chaque membre de la famille, y compris Tiger à travers ses trop rares lettres. Et parfois nous remontons le temps des souvenirs, pour mieux comprendre chacun.
Jessie commence l'adolescence en cette période troublée. Sa mère ne voit pas d'autre issue que l'alcool pour tenir le coup dans l'incertitude constante du sort de son fils. La grand-mère se cramponne à sa "caste", l'aristocratie de Nantucket et de Boston, à son racisme aussi, mais qui est-elle vraiment ?
Pour Blair, la grossesse est un grand moment de remise en question, de son couple, d'elle-même, de son avenir. Et Kirby, tant de choses à en dire que je préfère vous laisser les découvrir.
Les personnages secondaires sont attachants aussi, Pick surtout, et son grand-père.
1969, c'est l'été du premier pas sur la lune, évènement mondial, mais aussi pour la famille de Jessie. du festival de Woodstock, qui la fait rêver. Mais le racisme est encore bien présent après la disparition de
Martin Luther King.
On va aussi croiser un autre évènement réel. J'en ignorais nom et lieu, mais je m'en souvenais, et j'ai vite compris dès que Kirby apprend prénom et circonstances, je vous laisse découvrir.
Et surtout la guerre du Viêt-Nam, qui n'était pour nous, comme pour la famille de Jessie, que des infos à la radio, toutes plus tragiques les unes que les autres. Mais quand un fils s'y trouve, c'est tout autre chose.
J'ai aussi croisé dans ce roman plein d'autres souvenirs plus doux, plein de détails qui m'ont renvoyé à mes propres souvenirs, pourtant bien loin de l'Amérique en cette fin de sixties.
Devine qui vient dîner ? Un des films qui m'a le plus marquée.
A Whiter Shade of Pale, seule et unique chanson de l'été dont j'ai le souvenir personnel, Procol Harum ayant accompagné une période marquante pour moi aussi.
Et puis,
Edith Wharton, ou du moins ses romans, tiennent une place brève mais importante, puisqu'ils vont changer le cours de la vie de Blair.
Et
le Temps de l'Innocence est toujours sur ma PAL, alors que j'aime beaucoup cette autrice.
Une jolie réflexion aussi sur l'amour maternel, et sur l'entrée en adolescence.
Un beau roman, qui m'a beaucoup touchée personnellement, mais que je vous conseille vivement de découvrir. Et je suis impatiente de lire d'autres romans de cette autrice.
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