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Citations sur Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 juin 1945 (96)

La hiérarchie à laquelle nous a habitués la Prusse militaire ne semble pas avoir cours parmi eux. Les étoilés n’appartiennent pas à une couche sociale particulière et ne sont en rien supérieurs à leurs hommes, ni par les origines ni par l’éducation. Ils n’ont pas de code d’honneur particulier non plus et, pour ce qui est de leur attitude envers les femmes, ils sont absolument pareils. Les traditions occidentales de la chevalerie et de la galanterie n’ont même pas effleuré la Russie.
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Homo homini lupus, voilà qui demeure vrai, en tout lieu et en tout temps. Et aujourd'hui plus que jamais, même entre frères de sang. Je veux bien croire tout au plus que les mères affamées donnent la priorité à leurs rejetons - sans doute parce qu'ils font partie de leur chair. Mais combien de mères n'a-t-on pas collées en taule, ces dernières années, parce qu'elles avaient revendu leurs tickets de lait ou les avaient troqués contre des cigarettes? Dans l'homme affamé c'est le loup qui l'emporte. Moi-même j'attends le moment où, pour la première fois de ma vie, j'ôterai le pain de la bouche d'un plus faible.
P. 291
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Drôle de période. On vit l'Histoire en direct, des choses que plus tard on racontera et on chantera. Mais, quand on est dedans, tout n'est que fardeau et angoisse. L'Histoire est lourde à porter.
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Aux environs de midi, il y a eu un enterrement dans la rue, je l'ai entendu dire, la veuve du pharmacien y était. Une jeune fille de dix-sept ans, éclats d'obus, une jambe arrachée, hémorragie fatale. Les parents ont enterré leur enfant dans le jardin de la maison, derrière un groseillier. Comme cercueil, ils ont utilisé leur armoire à balais.
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Parfois, je voudrais que tout soit fini, enfin. Drôle de période. On vit l’Histoire en direct, des choses que plus tard on racontera et on chantera. Mais, quand on est dedans, tout n’est que fardeau et angoisse. L’Histoire est lourde à porter.
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Vu dans la rue. Un homme qui tirait une charrette à bras, sur le charrette une femme morte, raide comme une planche. Mèches grises soulevées par le vent, tablier de cuisine bleu; les longues jambes maigres, dans des bas gris, dépassaient comme des piques à l'arrière de la charrette. Personne ou presque ne prêtait attention. Comme avant, pour l'enlèvement des ordures ménagères.
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Ce qu’il y a de drôle, c’est que les soldats commencent toujours par demander : « Tu as un homme ? » Quelle est la réponse la plus efficace ? Si l’on dit non, ils deviennent aussitôt gourmands. Si l’on dit oui pour avoir la paix, le questionnement continue : « Où est-il ? Il est resté à Stalingrad ? » ? (Beaucoup de nos hommes ont combattu à Stalingrad et portent alors une décoration spéciale.) Si l’homme toujours en vie est présent et qu’on peut le leur faire voir (comme le fait la veuve avec M. Pauli, bien qu’il ne soit que son sous-locataire et rien d’autre), ils font d’abord un pas en arrière. En soi, peu importe ce qui leur tombe sous la main, ça leur est parfaitement égal, ils prennent aussi bien des femmes mariées. Mais ils préfèrent tout de même ne pas avoir l’homme dans les pattes, et veulent donc l’envoyer paître, ou l’enferme, que sais-je ? Non pas par crainte. Ils ont bien vu qu’ici aucun mari n’explose aussi facilement. Mais il les dérange, du moins aussi longtemps qu’ils ne sont pas complètement bourrés.
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10 mai 1945 Voilà le cadavre de Berlin ... Sans le vouloir, la veuve et moi parlions tout bas, la gorge sèche, car la ville morte nous coupait le souffle.
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On ne se representera jamais assez a quel point les cultures anciennes avaient une vision du monde vague et floue.Fantomatique,un cauchemar,un magma de chuchotements vehiculant des choses effroyables et abominables,des malveillances et des jalousies divines
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Il semblerait que les livraisons de saucisson et de viande soient stoppées, une fois de plus. Sur le coup, cela agace les femmes plus encore que la guerre elle-même. C'est là notre force. Ce que nous ne perdons jamais de vue, nous les femmes, c'est la minute qui suit. Nous sommes toujours heureuses de pouvoir fuir les ruminations sur l'avenir et d'investir le présent immédiat. Pour l'instant, c'est le saucisson qui occupe la première place dans nos cerveaux, bouchant l'horizon des grandes causes encore éloignées.
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