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3,8

sur 405 notes
Presqu'île de Solak, au nord du cercle polaire arctique. Quatre hommes dans une station isolée que l'hiver emprisonnera bientôt pour six mois dans les glaces et la nuit. L'un des gars se fait sauter le caisson. En reste trois. Piotr le narrateur, vieux militaire reclus depuis vingt ans à Solak où il digère sa misanthropie. Son subalterne Roq, brute épaisse et bas de plafond qui prend un plaisir jouissif à dégommer tout ce qui porte une fourrure. Et puis Grizzly, doux poète passionné, un scientifique dont la mission est de sonder le glacier proche. L'histoire débute alors que le corps du quatrième larron est hélitreuillé vers l'ailleurs, et qu'en échange, les trois résidents héritent d'une jeune recrue à l'uniforme. Un bleu maigrichon et muet qui ne semble pas taillé pour l'endroit. Ainsi le décor est planté.

Solak, c'est d'abord une ambiance de huis clos au milieu d'une immensité dangereuse balayée par les vents. Solak, c'est aussi et surtout un style qui charge en bourrasques métaphoriques et en blizzard d'images tantôt charnelles tantôt minérales. Ce récit à la première personne jaillit de la cervelle du vieux Piotr avec une brutalité poétique. Il est étonnant de trouver une langue si belle et enluminée dans la voix intérieure de cet homme peu cultivé. Même si le discours est émaillé de vulgarités, de formules populaires et d'une syntaxe volontairement déconstruite, on ne parvient pas à se détacher d'une certaine impression de décalage entre l'homme et ses mots. Mais je n'ai pas pour autant boudé mon plaisir de caracoler au rythme de ces phrases si bien alambiquées. Car l'alchimie du vent, de la glace et de l'isolement opère avec un charme dont on pressent qu'il nous emmène vers le drame. La tension est savamment distillée et la conclusion bouleversante à souhait. Alors même si les ficelles de ce final m'ont paru un peu grosses, je retiens l'éclosion d'une plume de talent dont j'espère qu'elle n'a pas fini de nous montrer de quoi elle est capable.
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Pour un premier roman je trouve celui-ci réussi, dans un style particulièrement maitrisé. Quelques billets négatifs m'avaient un peu douchées. Hésitant à me lancer dans cette lecture. Finalement je n'ai pas lâché cette histoire, assez énigmatique, dans une région où le froid glacial et les paysages sont des personnages à part entière.
Trois hommes sont " abandonnés" sur ce bout de terre en Arctique. Deux militaires et un scientifique. Un hélicoptère amènera un nouvel arrivant, jeune , maigrichon et muet qui prendra la place de celui qui repart par les airs et dans un cercueil. Cet univers peut rendre fou.
Les 4 hommes doivent vivre ensemble, tenus à leurs occupations. Peu à peu on sent que l'atmosphère devient pesante et les sentiments s'exacerbent. L'histoire monte en puissance, on sait que tout cela va mal se finir. Piotr nous le dit au fil des pages.
" Qui sait vraiment quand commencent les drames, dans quel terreau pourri s'enfoncent leurs racines? "
Un monde d'hommes, violent et glacé, jusqu'au dénouement implacable et inattendu porté par une langue superbe.
C'est froid, saignant, cruel. Solak une bourgade imaginaire qui nous emmène hors de l'humanité.
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À un an d'intervalle, deux écrivains ont eu la même inspiration pour leur roman : Caroline Hinault, avec Solak et Olivier Bleys avec Antarctique. Deux huis-clos pesants mettant en scène des hommes reclus à l'intérieur d'une station isolée au coeur de l'hiver glaçant des antipodes. le continent antarctique d'Olivier Bleys a été remplacé dans Solak par un endroit situé dans l'hémisphère Nord, contenant, à lui seul, sa charge étouffante d'isolement.
Chargés de veiller sur un drapeau usé à la corde hissé au bout du mât de leur Centrale, deux militaires, un biologiste et une jeune recrue héliportée en août s'apprêtent à passer la saison froide en tête-à-tête forcé. Chaque chapitre porte son mois amenant inexorablement à la longue nuit hivernale, chacun s'enfermant dans ses pensées et ses tourments. La parole est portée seule par le narrateur, Piotr, vétéran de vingt années sur la banquise. Qu'ont-ils fait, pour certains d'entre eux, avant de se retrouver dans cet enfer blanc? Quel passé trouble cachent-ils?
Caroline Hinault nous tient jusqu'à la toute fin sur le fil du rasoir avec ce récit polaire aux retournements imprévisibles. Un texte court et percutant sur l'enfermement psychologique et physique qui trouvera sa place dans ma liste Grande Noirceur.
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Huit clos oppressant, personnages marqués, tous les ingrédients nécessaires à cette descente dans l'enfer blanc et froid des confins de la nature humaine. Mais, au-delà du récit lui-même, et peut-être même de l'émotion suscitée, c'est la profonde attention attachée à l'écriture, ciselée, précise tout en étant vindicative, un peu comme le serait l'écriture utilisée par les premiers écrivains, ceux qui transforment les récits à la première personne du singulier en textes posés sur le papier, en guise de témoignage. C'est gravé au couteau. C'est posé là. Ça a quelque chose de définitif.
Le genre d'histoire soufflé dans le fémur d'un mort.
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« Qui sait vraiment quand commencent les drames, dans quel terreau pourri s'enfoncent leurs racines ? Est-ce qu'on peut en démêler les ramifications jusqu'à leur origine première, jusqu'à la matrice ? Toutes ces questions, je me les suis posées déjà, il y a vingt ans, et voilà que ça recommence, même ici, dans le lieu le plus éloigné des hommes et de leurs grimaces. »

Solak ne sera clairement pas mon prochain lieu de villégiature.

Presqu'île perdue au nord du cercle Arctique, c'est un lieu sauvage, âpre, totalement inhospitalier pour l'homme. C'est pourtant dans ce désert glacé qu'une base a été installée pour assurer la souveraineté sur ce petit bout de territoire. Quatre hommes y vivent, complètement isolés du monde et livrés à eux-mêmes. Quand l'un d'eux se suicide, victime de la solitude extrême et de la folie des lieux, un jeune soldat vient le remplacer.

Dès son arrivée, la tension est palpable dans la base et semble pouvoir dégénérer à tout moment. Ce sentiment de malaise, de violence contenue, hante le récit qui se lit presque en apnée. Une impression accentuée par le fait que le roman soit court (124 pages) et peut donc être lu d'une seule traite.

La tension va aussi crescendo à mesure que la base s'enfonce dans la nuit polaire. le froid s'intensifie de plus en plus, les vents deviennent violents, la lumière disparaît peu à peu et oblige les hommes à rester enfermés dans la base, seuls face à leurs démons. Car si on excepte Grizzly, le scientifique en mission pour quelques mois, les autres sont des militaires et n'ont pas atterri là par hasard. On devine que chacun à de lourds secrets à cacher pour se retrouver ici, à Solak.

Les personnages sont durs, froids, difficile d'avoir une quelconque empathie pour eux. Ils manquent à mon sens d'un peu plus d'épaisseur, mais il me semble que Caroline Hinault ait laissé à dessein plané le mystère sur leurs histoires.

Le roman est à l'image de Solak, saisissant, brut, violent, parfois cru aussi. J'ai parfois frôlé mes limites de tolérances pour une lecture, mais cela ne m'a pas empêché de le lire en entier, accrochée par une intrigue dramatique plutôt captivante.

« Parfois je rêve que la neige et la glace, la banquise tout entière, par fidélité à mon âme nécrosée, sont noires. Totalement noires. Une étendue d'obscurité laquée qui s'étendait à l'infini comme un voile de deuil givré. »
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Quelle solitude, quel désespoir, quelle violence!
Caroline Hinault, dans ce premier roman, décrit les conditions extrêmes dans lesquelles vivent 4 hommes, livrés au grand froid, juste après le suicide de Igor, leur compagnon.
Le quatrième arrivé est un jeune homme muet "le gamin" auquel on ne donnera pas de prénom tout au long de ce livre.
Il y a aussi Roq, le violent, le cynique et Grizzly le scientifique. le narrateur, c'est Piotr, dont on ne connaîtra pas l'histoire.
Piotr et Roq sont deux militaires au passé trouble.
La présence du gamin, observateur sans voix , qui écrit beaucoup dans ses carnets, exacerbe les rancoeurs.
Il fait de plus en plus froid, de plus en plus nuit dans cette histoire...Et l'on va vers un dénouement inquiétant. le lecteur sent monter l'angoisse au long des pages.
Ce roman n'est pas sans me rappeler les écrits de Franck Bouysse.
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Au Nord du cercle polaire, un drapeau russe dans une station gardée par trois militaires, de peur que quelqu'un ne veuille annexer ce bout de banquise. Ce sont deux rustres, Piotr et Roq, deux punis, mis au placard sans que l'on sache pourquoi. On devine des histoires dramatiques. le troisième, "le gosse", un jeune homme dont la présence est encore plus énigmatique. Muet, fragile, il va ébranler le frêle équilibre de ce huis clos glacé. La quatrième personne, Grizzly, est un scientifique venu faire des analyses dans la région, représentant d'un autre monde vomi par Roq.
C'est Piotr qui raconte. Caroline Hinault nous livre son monologue intérieur de août à mars durant la grande nuit polaire. J'ai d'abord été gênée par la syntaxe, puis je suis entrée dans ce langage imagé, truffé d'expressions populaires, dans cette écriture inventive. Piotr nous décrit la vie quotidienne dans l'immensité vide qui ressemble à un tombeau, les tâches qu'il faut accomplir pour vivre, survivre, les occupations qu'il faut trouver pour rester dans l'humanité. Même si comme Piotr, on méprise les "Terriens". D'ailleurs, il est là depuis vingt ans et ne souhaite pas revenir à la civilisation.
Tout le long du livre, les tensions montent, le drame va arriver. Mais ce qui arrive est tellement inattendu !! L'autrice nous bluffe complètement.
Pour conclure, un livre court mais très dense, un style qui m'a happée, un sujet particulier. Je suis très curieuse de découvrir un prochain deuxième roman de Caroline Hinault.
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Un choix audacieux pour ce premier court roman, un huit clos entre hommes dans le grand nord. C'est dur et laisse peu de place à l'espoir mais cela nous entraine nous aussi et, alors que la chaleur nous environne, on en arrive à presque sentir ces lames de froid. le twist final est peu être un peu trop appuyé, chacun verra. L'homme est cruel envers lui même et parfois envers la nature qui celui rend bien parfois. Je suivrai avec curiosité le futur roman de cette auteure.
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Dans ce huis-clos polaire, la tension mise en place au fil des pages est bien gérée. On sent qu'à un moment ou à un autre ça va finir par basculer du mauvais côté. Sauf que la fin, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais tout tient en 10 petites pages comme écrites à la va-vite. Ça m'a fait penser à une phrase prononcée un jour par un commercial dont le style n'avait rien à envier à celui de Jean-Claude Convenant de Caméra Café : « Pif, paf, pouf, l'affaire est dans le pouf ». Eh oui, on a la classe ou pas…
Mais bon sang, qui a dérangé l'auteure pour que le dénouement soit aussi expéditif ???
Son éditeur l'a pressée de rendre sa copie ?
Ses enfants lui ont crié « j'ai faim, quand est-ce qu'on mange ??? » ?
Des valises à finir de préparer pour partir en vacances ?
Sa voiture à aller chercher chez le garagiste avant qu'il ferme, parce que ma ptite dame, 18h c'est 18h, je ne vous attendrai pas.
Ah flute, flute, flute. Mais laissez les auteurs vivre et écrire !!
C'était bien parti pourtant. Des mecs pas très causants, pas très recommandables, qui tentent de survivre au nom de la patrie, au nom de la science, au nom de…l'habitude d'être là. II y a le blanc du froid. Il y a le rouge sang de ces animaux qu'ils pêchent et chassent. Il y a le noir de la nuit qui durent des jours entiers. Et le gris/maronnasse de leur cabanes dans lesquels ils passent le temps. Des disputes il y en a, mais ils gèrent l'effort pour ne pas qu'elles dégénèrent trop. Ils doivent une certaine humanité, perdus qu'ils sont au milieu du froid noir et blanc. Jusqu'à ce fameux dénouement dont je ne vous dévoilerai rien. Il est expédié certes, mais il est inattendu.
Malgré tout, l'écriture est belle, tranchante comme la glace. C'est de la belle ouvrage. J'ai toutefois eu l'impression désagréable d'avoir déjà lu ce type d'histoires. J'ai même été vérifier dans ma liste de livres lus si je n'avais pas fait erreur, mais non.
Alors, faut-il le lire ? Si vous voulez. Pour l'écriture et la surprise de la fin, même si celle-ci n'est pas assez exploitée à mon goût. Quant à moi, j'attends les romans suivants de l'auteure avec impatience…
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Un challenge de lecture qui me demande de lire un roman dont le titre ne contient qu'un seul mot ... et voilà comment Solak a été propulsé tout en haut de ma Pile A lire ! 

Et quelle claque à sa lecture ! 

D'abord j'ai eu froid, très froid, à lire les conditions de vie de ces deux militaires, Piotr et Roq le chasseur, et d'un scientifique, Grizzli, ravitaillés une fois l'an juste avant que tombe la nuit polaire, et qui cette fois, accueillaient un nouveau soldat en échange du cercueil de leur collègue suicidé. 

C'est Piotr, le vétéran, le chef, présent depuis 20 ans sur ce bout de terre loin de tout qui raconte, un chapitre par mois, ce qui se passe cet hiver là. 

A peine le nouveau formé que la nuit est arrivée, et avec elle, les excursions dangereuses sur la banquise pour aller vérifier les sondes de Grizzli, les longues soirées à jouer au cartes, s'ennuyer, picoler, vivre rudement dans la promiscuité, les opinions opposées, la rudesse de Roq, cherchant à tout prix à tuer la faune locale pour en retirer les fourrures dont il fait commerce.

Une montée des tensions tout au long des chapitres qui s'écoulent aussi lentement que les mois de cet hiver polaire ... 

Jusqu'au dénouement à la veille du printemps, un dénouement rude violent, auquel je ne m'attendais absolument pas et qui m'a laissée souhaiter que le roman se poursuive encore un peu pour que tous les fils laissés pendants trouvent leur place ! 

Une belle découverte
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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