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3,8

sur 404 notes
Un premier roman comme une gifle glacée. Caroline Hinault, agrégée de lettres et enseignante en lycée à Rennes, fut bien inspirée de troquer le Bic rouge et les copies contre la plume de l'écrivain!

J'ai dévoré ce court livre de 128 pages, à la couverture qui donne déjà le ton, avec ces baraquements sur leur étendue gelée, balayés par des vents blancs de neige. C'est dans ce paysage polaire, fascinante unité de lieu, que l'auteur dépeint Solak, une presqu'île imaginaire du cercle arctique, où elle dépose quelques bicoques et un drapeau, histoire de revendiquer ce territoire isolé. Les lieux sont gardés par trois militaires (un peu en surnombre pour veiller sur un seul étendard !) et un scientifique, chargé d'effectuer des relevés.

Le caractère désertique du cadre pourrait laisser présager d'un morne récit (peu de risque avec ce style littéraire affûté !). Or, celui-ci débute avec l'arrivée d'une nouvelle recrue, un des trois militaires de la base s'étant suicidé. le lecteur pénètre donc dans cette base polaire par le biais d'un hélitreuillage, permutant un cadavre avec un jeune soldat.

Voilà, Caroline Hinault vient de briser l'équilibre anémié qui régnait à Solak. Elle fait de ce jeune personnage ce qu'elle appelle un "accélérateur d'intensité narrative", car sa présence, mais aussi son mutisme, vont "rebattre les cartes" au sein de ce micro groupe.
En effet, celui qui sera nommé "le gosse" se révèle muet et donc peu enclin à la communication. Tendu, il écoute et observe, griffonnant régulièrement dans un petit carnet des pensées qu'il garde pour lui.
S'il est plutôt bien accueilli par le scientifique, surnommé Grizzly, qui lui fait partager ses connaissances et n'hésite pas à l'intégrer à ses missions de chercheur sur le terrain, ses deux collègues militaires sont plus circonspects à son égard. Piotr et Roq sont opaques et l'on pressent que leurs histoires personnelles sont lourdes. Car qui voudrait, comme Piotr, résider 20 ans sur une base polaire désertique ? Sans apparemment aucun espoir, ni volonté de retour. Quant à Roq, il ne cache pas sa brutalité, voire sa bestialité, qu'il canalise à peine à travers son activité favorite : chasser, tuer et tanner les peaux de tout ce qui bouge sur ou sous la banquise. le tout arrosé de pas mal de Vodka.

Avant tout, avant même le récit, Solak est un titre qui claque dans sa sonorité et qui reflète une écriture et un style acérés, percutants, révélant une forme de brutalité: par les mots choisis, mais aussi par la fulgurante véracité qui s'en dégage. Caroline Hinault sait à loisir asséner des constats d'une telle authenticité que lorsqu'elle les enduit d'ironie, sa plume se fait tranchante, et pourtant, paradoxalement, quelle poésie derrière ces mots incisifs ! Ces derniers sont assemblés pour contenir une colère et une violence ourdies, nous donnant la sensation continue d'une déflagration à venir.
Le récit se fait à travers un unique narrateur, Piotr, plus tout jeune, acceptant cet exil avec philosophie et résignation. Par sa narration à la syntaxe accidentée, Piotr mène ce monologue désillusionné et fataliste, promenant son oeil désabusé et paradoxalement contemplatif sur cette petite communauté, mais plus largement sur l'humanité. La force du récit lui doit beaucoup car Piotr est un personnage désamorcé mais qui sait voir la violence sans fard des autres.

Le roman se divise en plusieurs chapitres mensuels, d'août à mars, faisant ainsi se dérouler l'action peu avant la plongée dans la "grande Nuit", jusqu'au retour timide de la lumière. L'auteur nous entraîne dans une traversée sous tension de cette Nuit interminable, un huit clos dans un baraquement chaud, seul refuge dans cette étendue glaciale et hostile. Et alors que tous les dangers sont dehors, c'est à l'intérieur que réside la menace. le préambule au premier chapitre cueille le lecteur, en guise de bienvenue, par la sauvagerie qui se fait délivrance. Cette scène prendra tout son sens une fois le livre refermé et c'est un tour de maître que d'aboutir ce roman en apothéose, soufflant le lecteur et le renvoyant à ce préambule, bouclant ainsi la boucle.

Solak est court et intense, n'offrant que peu de répit au lecteur, dans son rythme mais surtout dans sa tension soutenue. Si le style m'a percutée au commencement, attisant tout mon intérêt, cette écriture tranchante et cette syntaxe hachée m'auront presque menée à l'overdose, mais c'était sans compter sur un dénouement qui m'a relancée dans ce "ring littéraire", achevant cette lecture en m'assénant un uppercut ! Caroline Hinault écrit sauvagement, comme un individu qui blessé gravement, plongerait à pleines mains dans sa blessure, et s'en repaît. Mais derrière son thème majeur, la violence et sa fatalité, subsiste encore, comme dans la boîte de Pandore, une ultime humanité.


À préciser que ce roman est publié aux éditions du Rouergue noir, qui proposent sur leur site internet 3 interviews vidéo de l'auteur, qui s'exprime sur "le lieu", "les personnages", "la révolte".
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Véritable coup de coeur pour ce début d'année. Certes ce n'est pas dans la lumière ni la joie,mais un tel roman est un cadeau littéraire précieux !
Je l'ai lu et ressenti un peu de la même façon que " le colonel dort" de' Emilienne Malfatto. C'est un écrit de la même veine.
A Solak,quatre hommes vivent dans les conditions extrêmes. A cause du climat et de la Grand Nuit bien sûr, mais pas seulement. Ils ne sont pas en mission guerrière contrairement au contexte du roman D E.Malfatto,mais ils sont pourtant bien en guerre!
Dans ce huis- clos, les conflits intérieurs font bouillir le sang comme la lave d'un volcan qui n'attend que l'éruption, alors qu'à l'extérieur règne le froid absolu.
Parmi ces hommes, trois militaires et un chercheur scientifique. Après la mort dramatique de l'un d'eux,un jeune homme vient le remplacer. Son allure chétive et son mutisme le place aussitôt en marge bien que son regard agisse comme un glaçon de plus dans cet univers glacial. Aucun n'est là par hasard. le narrateur, Piotr,le plus ancien sur cette banquise mortifère s'est convaincu qu'il existe une constante chez " les terriens", une combinaison indémèlable : la guerre,le pouvoir,la haine et l'argent. Alors,que peut-il se tramer entre ces quatre hommes ? Quel lien ténu peut-il exister entre eux? Peut-il se dessiner une issue à leur enfermement ?
La plume inscicive de Caroline Hinault m'a totalement captée, tenue prisonnière, à la fois choquée et séduite !
On la dirait parfois davantage trempée dans la testostérone que dans de l'encre,mais son efficacité est redoutable et sa beauté glaçant!
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En voilà une pépite, une merveille, autant dans l'histoire que dans l'écriture, le style ! J'ai tout de suite été transportée comme dans « Boreal » de Sonja Delzongle, mais aussi dans les livres du Canadien Giles Blunt.

« Quelque part au nord du cercle arctique, avant la fin du siècle passé ».

Au nord du Cercle Arctique, un hélico en vol stationnaire déroule un filin pour faire descendre un militaire, « un jeunot », et remonte le corps d'Igor, un autre militaire qui n'a pas supporté la nuit Arctique. Ils sont là pour veiller sur le drapeau de leur pays. Mais le jour qui dure des mois, et la nuit totale encore plus longue, sans parler du froid, peu de gens le supportent.

Le narrateur est Piotr, le vieux Piotr, qui est là depuis vingt ans. Il est là par désespoir, on ne sait pas, mais il est sûr de mourir ici. C'est le « chef », parce qu'il en faut bien un. C'est un calme. Mais qui ressent tout, et il le faut, ce calme, dans ces conditions extrêmes. Il y a aussi Roq, un autre militaire, qui a un passé trouble également. Il est à moitié fou, et pour tenir, il boit, justement l'hélico leur a descendu des caisses et des caisses de nourriture, et pour une fois, autant de vodka qu'il faut pour tenir pendant la Grande Nuit. Parce que veiller au drapeau et au territoire, ça ne demande pas beaucoup de temps. Il y a aussi Grizzly, surnom dû à sa taille et à sa démarche, qui doit repartir à la fin de la Grande Nuit, après quelques années ici. Il est climatologue, et passe son temps à faire des relevés, et revenu à « la Centrale », comme ils appellent leur base et leur lieu de vie, il cartographie, fait des graphiques et s'énerve que « les terriens » ne sentent pas ce qui est en train d'arriver. Il parle beaucoup des conséquences de la fonte glaciaire, ce qui met en rage Roq, qui est tout le temps saoul, et qui est quasiment illettré.

Et il y a ce jeunot qui descend de l'hélico pour remplacer Igor. Il est assez frêle, mais son visage est particulier : une cicatrice boursouflée, et deux yeux très bleus qui semblent tout scanner. Piotr, dans ses pensées, se dit que ce sont des yeux à attirer des emmerdes. Les autres se présentent : le jeunot ne répond rien. Ils rentrent dans la Centrale, les trois anciens s'installent sur leur fauteuil près du feu, après avoir rentré les caisses de ravitaillement. Roq s'en prend au jeunot, qui ne répond rien et se contente d'écrire dans son carnet. Toute la soirée, Roq le provoque et finit par lui hurler qu'il est sourd comme un pot, ce jeune, et autres gracieusetés ..le jeune finit par écrire en gros sur son carnet : » JE SUIS MUET MAIS PAS SOURD, CONNARD »…

Piotr sent tout de suite que ça va mal finir. le Jeunot passe son temps avec Grizzly qui lui montre leur territoire, les glaciers, la mer qui va bientôt geler, et ses découvertes. Roq est enragé parce que le Jeunot n'a pas ramené de nouveaux magazines pornos. L'inaction est un poison. Et tout ça va bientôt exploser.

Dans un style qui m'a bluffée, à la fois fait de langage parlé, de descriptions surprenantes, profondes et condensées, ce roman, plein de suspense, fait de quatre personnages racontés par l'un d'eux, est une pure merveille. Je n'ai pas d'autres mots. C'est un coup de coeur, profond. C'est un des meilleurs romans que j'aie lu depuis longtemps.

(avec Hamnet que je dois encore chroniquer)

Ma note : 5,5 sur 5
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Mais qui êtes-vous, Caroline ??? (vous permettez que je vous appelle Caroline ?)
D'où venez-vous, de quelle planète ?
Par quel prodigieux maléfice avez-vous conçu Solak, ce diamant brut, solide, aiguisé comme une lame, tranchant comme un scalpel ?
Et Piotr, et Grizzly, et Roq, et le gamin, quelle faute impardonnable ont-ils bien pu commettre pour mériter l'exil dans cette prison de glace à la beauté terrible que vous leur avez bâtie, tout là-haut en plein coeur du cercle polaire arctique (qui dans votre Divine Tragédie, ressemble à s'y méprendre au dizième cercle de l'enfer) ?
Comment et pourquoi se sont-ils retrouvés là ?

Beaucoup de questions, très peu de réponses. Une vague mission d'étude climatologique, assortie d'objectifs militaires tout aussi confus ("garder un drapeau planté sur un glaçon", comme pour "revendiquer la propriété du blanc et du vide"...), mais pour le reste Solak reste un grand mystère. Un concentré de colère et de violence pure, sourde, quasi bestiale.
C'est aussi et surtout une claque magistrale assénée en pleine face par une plume merveilleusement affutée, une plume qui saisit le lecteur à la gorge à la manière d'un blizzard mordant et qui en peu de mots dit tout. L'isolement et la promiscuité, les idées noires corrosives, l'urgence de la survie, la nuit qui gagne et le froid qui rend fou.

Quelle épreuve !
Quel supplice que d'assister à l'inexorable chute des températures et d'observer, impuissants, le délitement des corps et les esprits !
Quelle terrible expérience que ces quelques mois passés hors du temps, sur cette base en lisière du monde, à embrasser à pleine bouche "la vraie solitude avec son haleine de renard crevé" !
Et quelle puissance d'écriture, quel saisissement dans les descriptions ciselées d'un univers hostile et clos, d'une banquise effroyable qui anesthésie tout !
N'y venez pas pour la frime, pour la soif d'aventure et de dépaysement, car "il y a loin du fantasme du grand frisson à la réalité de Solak, qui n'est rien que du néant au fond d'une grande bouche de froid". Ici les âmes sont mises à nues, la menace est partout, le silence règne en maître. Ici l'homme se fait bête, il se terre et se recroqueville. "Ici il n'y a qu'un mot-roi. S'adapter. S'adapter ou mourir, il n'y a pas d'entre-deux. Il y a le jour et la nuit, faut pas chercher à exister dans les interstices."

Piotr l'a bien compris. À sa manière sèche et bourrue, avec ses mots de vieux soldat revenu de tout, il nous raconte la vie dans la Centrale, les mille dangers du dehors (Winter is coming !), l'agressivité de Roq, les secrets de Grizzly et le mutisme de cet étrange gamin qui vient de les rejoindre...
À mesure que la nuit et le froid gagnent du terrain, l'atmosphère sur le camp se fait plus électrique, et le lecteur comprend vite que le pire est inévitable. Alors il guette, retient son souffle, se demande lequel des quatre colocataires maudits sera le premier à perdre la raison. Il redoute l'implosion imminente du groupe, il s'attend à tout mais Solak lui réserve encore deux surprises de taille ... et tout ça en seulement 128 pages, c'est dingue !

Alors merci à vous, Caroline, pour ce roman coup de poing, bravo pour ce petit bijou brillant dans les ténèbres comme un cristal de glace.
Vous m'avez cueilli.
❄️ ❄️ ❄️ ❄️ ❄️
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Ouh que c'est sombre, que c'est violent, que ce premier roman noir de Caroline Hinault.
Nous voici hélitreuillés au bord de l'océan Arctique, dans une minuscule base militaire et scientifique nommé SOLAK. Ils ne sont que quatre à vivre là : soldats confinés du bout du monde, se considérant à part des "terriens", ils sont chargés de surveiller un drapeau et de veiller sur le travail d'un scientifique. Ces hommes vont se confronter à la sauvagerie du milieu dans lequel ils évoluent, alors que le lecteur se verra confronté à leurs sauvageries.
Dès les premières pages, la violence s'installe : nous écoutons le récit du suicide de l'un d'entre eux. Et cette nature désolée ayant horreur du vide, un petit nouveau débarque pour le remplacer.
Problème : il est muet. Ce qui ne facilitera pas son intégration, on s'en doute. Et puis d'abord, qu'est-ce qu'il fout là ce jeune blanc-bec ? Quelle faute a-t-il commise pour être ainsi envoyé dans ce lieu de désolation?
On l'aura compris, tous les éléments de la tragédie à venir sont en place. Un équilibre fragile entre les trois anciens, un élément perturbateur, et une tension qui montera crescendo jusqu'à l'explosion finale.
Tout le roman est construit sans pause, sans reprise de souffle. L'écriture de Caroline Hinault est aussi angoissante et violente que l'histoire qu'elle met en scène. le style est sûr, sans digression, chaque scène est savamment découpée. En bref , tout est fait pour que le lecteur, en quelques pages seulement, soit collé à la glace.
Un roman puissant, noir, âpre, brûlant comme la morsure de la glace.
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"Il a saisi la petite forme d'un geste fébrile, l'a serrée contre lui avant de la regarder comme un diamant dans une nappe de goudron."

Je ne m'attendais pas du tout à cette histoire ! Cette écrivaine est vraiment une belle découverte !
C'est glaçant, c'est brut, c'est poignant, c'est intense.
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A part “Roman noir” je ne sais pas définir ce livre où il n'y a pas d'action, sans histoire tissée, sans réelles relations sociales, juste la nuit, le froid, la haine !

4 hommes cantonnés dans des baraquements pour surveillés un drapeau sur un territoire au-delà du cercle polaire. Des militaires dont nous ne savons rien et ne saurons pas vraiment grand-chose à la fin ! Je n'ai pas réussi à me sentir touchée par les personnages, il manquait le petit quelque chose qui fait qu'on s'intéresse à des personnes mauvaises !

Choisi pour intégrer un challenge mais ma tête en l'air a fait qu'il ne peut pas aller ! Vite lu, il sera vite oublié car je n'ai rien à en raconter !

Challenge Riquiqui 2022
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De l'étonnement pour ce court ouvrage.
Un huis clos glacial et viril.
Quatre hommes et autant d'énigmes.
Une animosité latente qui part en spirale.
Quand, et comment ça va péter ?
Les humeurs et le climat ne sont que violences.
"Ces militaires qui gardent un drapeau sur un glacon"
Qui sont ils au juste?
L'écriture bouge avec le roman,
Le départ est presque trop écrit.
Puis ces "cromagnons" prennent la parole..
Alors les tons se mêlent et c'est réussi.
La fin est apocalyptique et ce n'était
pas envisageable autrement.
Très loin de l'happy ending
Très loin des sentiers battus
que nous parcourons habituellement .
C'est une belle surprise !

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Huis clos glacé et glaçant. On pourrait presque parler d'une oeuvre monochrome si l'écriture noire sur cette banquise intacte n'était pas ponctuée d'aspersions sanglantes.

Une écriture que l'on pourrait comparer à l'obsidienne car aussi noire et tranchante aussi obscure mais précieuse car elle porte en elle ce petit éclat dû à l'aspect vitrifié qui interpelle et émerveille et sollicite l'intérêt. Cet éclat brille via le prisme de la qualité du choix. Beaucoup de poésie dans les métaphores , de finesse dans le choix des comparaisons, de tact dans la sélections des termes pour exprimer avec grâce l'indicible. C'est mélanger la noirceur d'un récit de personnages aux prises avec leurs propres passions ou démons, qui luttent contre la folie qui découle d'une promiscuité choisie ou imposée on ne sait plus trop.

Lutter contre une nuit de 6 mois imposée par la latitude, une ambiance fuligineuse qui assombrit le jugement et pousse les protagonistes à se rincer la vodka, l'alcool phare pour résister à ces températures glaciales. Au coin du feu les langues se délient et certains gosiers aussi. Des comptes se règlent et la camaraderie n'est plus aussi au beau fixe que lors du jour sans fin.

J'ai apprécié fortement ce petit mix de racontar de Jorn Riel pour le côté promiscuité congelée et un sens du verbe et de la lecture d'âme qu'on pourrait rapprocher de celui de Benoît Philippon, le tout orchestré par Rouergue pour une fois de plus la qualité du texte noirs édité.

Un beau petit texte très travaillé sur le noir corsé dans l'enfer blanc.

Merci à O. Pour le coup de motivation à me pencher sur cette pépite et bravo à l'Auteure pour des personnages si convaincants et sa plume si immersive.
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Amateurs de huit-clos glaçant doublé d'une prose à la poésie enfiévrée, je vous conseille ce court mais intense roman noir.
Il met en scène quatre individus confinés dans une base russe au nord du cercle arctique. Alors qu'un fragile équilibre s'était établi entre les deux militaires, Piotr et Roq , et le scientifique surnommé Grizzly compte tenu de sa carrure impressionnante, l'arrivée d'une jeune recrue, un militaire semblant tout droit sorti de l'adolescence et venu remplacer un des membres s'étant suicidé, risque de briser cette stabilité déjà bancale. Vivre dans cet enfer de solitude, cette immensité blanche et froide enveloppée plusieurs mois de l'année par cette nuit qui ne semble jamais vouloir finir, est effectivement une épreuve dont certains ne sortiront pas indemnes. Un purgatoire propice à là rédemption et à l'oubli mais qui demande un effort incommensurable sur soi-même, une épreuve qui se paie cash compte tenu des conditions climatiques extrêmes. Il faut également supporter l'exiguïté des lieux ,cette promiscuité imposée qui peut mettre vos nerfs à dure épreuve . L'immensité hostile dehors, l'étroitesse des relations humaines à l'intérieur de la Centrale qui vous pousse dans vos retranchements existentiels ...jusqu'à commettre possiblement l'indicible.

Un premier roman qui marque. Une montée en abime angoissante et un final surprenant et détonnant.
La chronique d'un drame annoncé par différents signaux glissés par l'auteure au cours du récit. On sent que l'étincelle peut s'allumer à tout moment entre ces quatre individus dont on sait peu de choses de leur passé et des raisons qui les ont emmené à Solak. Piotr, le chef et l'ancien de la bande, 20 ans de Solak au compteur (et notre narrateur ), Roq ,un chasseur brutal qui tente de noyer ses manques dans les verres de Vodka , Grizzly, le scientifique, écologiste dans l'âme et qui garde - sauf exception - un calme olympien quelle que soit les circonstances ; le « gosse» est le dernier maillon de cet étrange équipage, un jeune homme muet qui s'exprime par écrit et qui tranche avec la voracité verbale de Roq. Comme nos deux militaires aguerris le jeune homme semble cacher de lourds secrets qui se dévoileront de manière fulgurante plus tard dans le roman.
Vivement le prochain !
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