Dans le cadre de la rentrée littéraire de printemps, Occitanie Livre & Lecture reçoit des auteurs et autrices pour présenter leur récente parution. C'est au tour de Olivier Bleys de présenter son roman "Antarctique", aux éditions Gallimard.
Modération Jean-Antoine Loiseau.
Merci à la librairie Sauramps pour son accueil.
Quel prodige que la vodka! Même si le thermomètre descend à moins cinquante, à moins soixante, elle ne gèle pas... Par grand froid, on la voit seulement ralentir. Ce qui semblait de l'eau devient comme un sirop épais. Vodka magique! C'est notre trésor à nous les Russes...
Vadim se rangeait volontiers du côté de l'ours, du morse ou du sapin de Sibérie, des êtres simples et forts qui ne maniaient pas le langage mais s'imposaient à tous par leur stature.
Peut-on faire un écrin aux joyaux de notre mémoire ? Peut-on, aux plus beaux d'entre eux, réserver des niches que le temps ne puisse forcer, sur lesquelles la mort n'ait pas d'emprise ?
Il lui semblait parfois que l'univers du café était secrètement sexué ; aux dames les inoffensives machines à filtre, qui égouttent la boisson dans un cône de papier d'ailleurs assez vulgaire ; aux mâles les dangereuses, les viriles machines à vapeur, qui soufflent leur gaz sur une poudre émue, avant d'éjaculer l'espresso monté en crème.
Ce qui paraît de l'eau, n'est pas de l'eau, mais un fluide corrosif dont l'acidité culmine pendant la quatrième éclipse, celle d'Isakar , tous les dix jours environ .
L'arbre portait un nom savant : Rhus Verniciflua. Et d'autres, communs : arbre à laque, sumac au vernis, sumac d'Extrême-Orient. Mais les gens du quartier l'appelaient familièrement "l'arbre qui pleure", la coutume fixée depuis des millénaires d'inciser son bois pour épancher la sève-une sève qui, au terme de mélanges et de patientes cuissons, pouvait s'étaler sur des meubles et recueillir à leur surface le reflet arrondi de la lune" (p. 12)
De ce moment, le café est devenu mon seul lien à Ornella ; la tasse, le sanctuaire où j'honorais sa mémoire ; mon talent de torréfacteur, une offrande à cette femme que j'ai passionnément aimée.
Comme dit le proverbe, « il faut boire de la vodka en deux occasions seulement : quand on mange et quand on ne mange pas ! »
Rien de plus sordide qu'un mourant qui, l'hostie déjà en bouche, marchande le prix des cierges !
- Oreste, prends le conseil d'un aîné : garde tes distances avec les femmes ! Le diable les a créées pour notre pénitence et, tout bien pesé, les servitudes qu'elles nous imposent excèdent de beaucoup les plaisirs qu'elles nous procurent. Bah ! C'est l'évidence ! Les jeunes gens sont bien sots d'être fidèles. Combien d'hommes s'en sont repentis, à l'âge mur, en découvrant trop tard qu'une seule femme ne pouvait les satisfaire, et qu'ils avaient usé leur vigueur dans des bras exigus ?